Le Larzac va donc connaître
à nouveau un de ces gigantesques rassemblements qui ont
marqué son histoire récente. Trente ans après
le premier d'entre eux (en 1973, pour soutenir les paysans en
lutte contre l'extension du camp militaire), trois ans après
le dernier (en 2000, pour soutenir les dix inculpés dans
l'affaire du démontage du Mac Do), des dizaines de milliers
de personnes vont se réunir à nouveau pendant trois
jours sur notre haut plateau, pour répondre à l'appel
lancé par la Confédération Paysanne.
Il y a trente ans, les paysans du Larzac
criaient déjà à la face des gouvernants de
l'époque, "Nous ne sommes pas à vendre !"
Il y a trois ans, les mêmes criaient à la face de
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), "Le monde n'est
pas une marchandise !" Dès lors, le lien est fait.
Car le rassemblement de cet été a été
imaginé pour mettre dans la ligne de mire de l'ensemble
du mouvement social, le prochain sommet de l'OMC, qui se déroulera
peu après au Mexique. Et il y a urgence, car l'OMC s'apprête
ni plus ni moins à poser la touche finale à la privatisation
globale de la planète, avec des conséquences désastreuses
et irréversibles pour l'ensemble de l'humanité.
Le programme ? La transformation effective de l'ensemble des
activités humaines, des êtres vivants et des ressources
naturelles en marchandises, pour le seul bénéfice
des firmes transnationales. Les moyens ? L'éradication
pure et simple de toutes les législations nationales, dorénavant
considérées par les maquignons libéraux comme
des obstacles à leur insatiable voracité, maquillée
en soit-disant "libre commerce". Le
danger est tel que si l'OMC réussit son coup, c'en est
fini de la démocratie elle-même. Une démocratie
certes mal en point un peu partout dans le monde (et au nom de
laquelle, soit dit en passant, les Anglo-Saxons viennent d'écraser
le peuple irakien sous les bombes), mais qui constitue néanmoins
le fondement du bien-être de l'humanité toute entière.
C'est dire l'ampleur du défi qui nous est imposé.
Car plus que jamais, notre avenir, et celui des générations
futures, est entre nos mains. Si nous ne réagissons pas
aujourd'hui, si nous ne faisons pas tout ce qui est en notre pouvoir
pour bloquer cette machine infernale, demain,
il sera trop tard. C'est la raison pour laquelle nous avons
décidé de réunir cet été toutes
les forces vives opposées à la marchandisation du
monde. Du Larzac doit retentir un formidable coup de semonce destiné
à alerter l'ensemble de l'opinion publique. Car la mobilisation
contre ce projet démocraticide de l'OMC, qui concerne directement
chacune et chacun d'entre nous, doit être maximale.
Il faut à tout prix que Cancun soit un
second Seattle.