Je vais exprimer une opinion un peu différente.
José Bové est un citoyen comme les autres et qu'il soit le représentant d'un mouvement ne change rien à l'affaire : il n'est pas au-dessus des lois.
Quand un citoyen détruit le bien d'autrui, que ce dernier porte plainte, la justice condamne ce citoyen et, suivant la gravité des faits, il peut aller en prison.
C'est ainsi que le système judiciaire français fonctionne et cela me paraît tout à fat normal.
Ce qui est, de mon point de vue, très gênant dans le "cas Bové", c'est que ce qu'il (il n'était pas seul, mais on va simplifier) a détruit est de nature polémique : des plants transgéniques.
Tant que la culture en pleine nature, à titre d'expérimentation, de ce type d'OGM sera tolérée par les autorités politiques (et donc, policières et judiciaires) françaises, les citoyens, aussi célèbres fussent-ils, qui les détruiront seront passibles de poursuite (et il ne faut pas compter sur les scientifiques attachés aux fabricants de ces OGM ou sur les agriculteurs qui acceptent de louer leurs champs, pour absorber le manque à gagner de ces destructions et ne pas porter plainte).
Il est par contre navrant de constater que ces essais sont autorisés, mais que le président de la république affirme haut et fort ses craintes vis à vis des OGM.
Il y aurait-il duplicité ?
D'un coté, on veut le beurre en encourageant la recherche "sauvage" (comment les expérimentateurs comptent-ils s'assurer de la non-prolifération des plants en question ?) sur les OGM pour ne pas être en retard quand le moratoire sur les OGM sera levé ; d'un autre coté, on veut l'argent du beurre, en caressant le bon peuple (qui vote avec ses tripes plus qu'avec sa tête) dans le sens du poil, jusqu'à temps que les scientifiques de renom aient réussi à convaincre cette masse bêlante (et votante, je le rappelle) qu'il n'y a pas de danger et que les bovéistes ne sont qu'une minorité d'agités, qu'il faut traîter en tant que tels.
Alors, qu'on considère José Bové (que je respecte pour son engagement) comme un "martyr" ou un "prisonnier politique" ne change rien à l'affaire : le gouvernement actuel (les précédents n'ont pas fait beaucoup mieux) est dans une logique d'acceptation à terme des OGM pour des raisons de commerce pur et dur.
Maintenant, la destruction de plants d'OGM est un moyen de se faire entendre, certes.
Mais, comme on l'a vu avec les grèves, qui sont maintenant traîtées par les média comme un signe extérieur de la mainmise d'une "minorité de privilégiés qui voulaient empêcher les indispensables réformes" sur l'espace de liberté de tous (et non plus comme un moyen de revendication nationale), il est relativement "facile" de changer le coté sympathique d'un José bové en "un groupe d'agitateurs qui essaient de freiner les indispensables progrès scientifiques".
Et faire peur ou mettre en colère les "français d'en bas" avec ça...
Voilà, comme d'habitude, je n'ai pas de solution, mais je voulais recadrer cette question.