Humeur à chaud : À propos de l'incarcération du syndicaliste José Bové |
Aux Armées, où la discipline est une pièce maîtresse du dispositif, on sait très bien, face à une désobéissance qui aboutit à un bon résultat, mettre à la fois quelques jours de « gnouf » ou d'arrêt, et simultanément décorer d'une médaille.
Le Président de la République est patron des Armées, il serait bien venu, la loi appliquée, de vite prononcer la grâce de José Bové. Attendre le 14 juillet aurait quelque chose d'indécent : ce jour-là on fête en effet la prise d'une prison. D'autant que cette grâce-là n'a rien à voir avec les grâces communes. Ce serait celle faite à la nécessaire désobéissance civile quand dans la démocratie, l'exercice de la citoyenneté, sa clé de voûte, est remis en cause.
Le syndicalisme de la Confédération paysanne est, de tous, celui qui sur les manipulations génétiques du vivant, des plantes, au monde animal, à l'espèce humaine a rendu transparent la manipulation du citoyen, en réveillant l'opinion, aidé en cela par les dégâts multiples de cette conception du progrès, hors contrôle de la Cité et qui a transformé nos vaches herbivores en carnivores, rendues folles de cela, et non sans danger pour l'homme.
Cessons les amalgames plus que douteux entre délinquance et désobéissance civile. C'est quelques jours à peine après que la Cour de Cassation ait absous les acteurs du sang contaminé qu'on incarcère, à grand spectacle, José Bové, et des militants syndicaux d'une imprimerie qui a fermé boutique.
La Cour de Cassation a jugé de la conformité au Droit, pour l'opinion, la justice n'y trouve pas son compte. L'insécurité ambiante exigeait de la fermeté, un effet psychologique y a trouvé sa traduction effective.
L'excès de fermeté appliquée à mauvais escient à l'égard du syndicalisme va trop entretenir la satisfaction des uns et la colère des autres pour que ceci soit mis à l'actif du Gouvernement.
C'était pourtant aujourd'hui, après les retraites, le moment ou jamais, en matière de fermeté, de savoir faire le service minimum.
Henri Vacquin 25 juin 2003
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