Tri Marrant, la gestion des déchets |
J'étais sur le Larzac pendant 10 jours, bénévole parmi des milliers d'autres qui ont bossé pour mettre en place et faire fonctionner cette audacieuse entreprise. De nombreuses commissions sont constituées, parmi lesquelles la commission « TRI MARRANT » à laquelle je suis d'emblée affectée n'ayant pas de préférence particulière.
En auto gestion, nous nous débrouillons avec les moyens dont nous disposons :
Le matériel que nous devons nous procurer et qui circule selon les besoins entre les différentes commissions,
les bénévoles (que j'évalue, pour cette commission, à 700 personnes environ sur les 10 jours) venant donner un coup de main pour quelques heures ou quelques jours,
notre point d'accueil spécifique (qui déménage au gré des activités, du montage et démontage des structures de toiles, tentes et chapiteaux à l'intérieur de la zone réservée au Q.G. organisation). Il faut de la place pour tout le monde, pas facile de pousser le matériel déjà installé et de se retrouver parfois en plein soleil pour bricoler et accueillir les personnes venues aider.
Nous sommes nourris midi et soir par « Sauce Cévennes », l'équipe cuisine dans son autobus installé à l'intérieur de la zone réservée à l'organisation, crudités à volonté, bons petits plats et bonne humeur, toujours.
3 temps sur ces 10 jours : avant - pendant - après
1 - Avant le rassemblement
Coordination avec les professionnels qui doivent enlever les bennes pleines de déchets et vider les containers (mise en place de circuits, heures de passage, etc…)
Mise en place de toute l'organisation matérielle du site (hors camping et parkings trop vastes. Là, chacun est responsable de ses déchets, nous ne prévoyons pas de ramassage pendant les 3 jours du rassemblement). Fabrication et mise en place de supports en bois en forme de « T » destinés à soutenir les sacs poubelle (le sol se révèle dur, la barre à mine et la masse sont souvent nécessaires), fabrication de 1000 cendriers de table (culs de bouteilles en plastique qu'il faut couper et remplir d'un fond de terre) à disposer sur les stands et les buvettes, fabrication de gros cendriers (grosses boîtes de conserve) à fixer aux poteaux, mise en place de containers incitant au tri sélectif (bouteilles en plastique, verre, compost, autres déchets), étiquetage et installation de pancartes pour que le tout soit lisible et éviter ainsi le plus possible les mégots et autres déchets au sol. Vaste chantier à peine achevé jeudi soir alors que certains participants sont déjà là pour s'installer et qu'un violent orage endommage bon nombre de panneaux en carton installés pour faciliter le tri sélectif.
2 - Pendant le rassemblement
Le site est divisé en 7 zones, une équipe de 3 à 6 bénévoles se rend sur chaque zone toutes les 2 heures entre 8h et 22h. pour amener les sacs pleins près des containers, les remplacer par des vides et ramasser tout ce qui se trouve au sol, mégots compris. Des gants sont fournis à chaque bénévole et constituent, avec le chapeau et la bouteille d'eau, l'équipement de base ! Je m'occupe avec d'autres plus particulièrement de l'accueil de ces bénévoles, gère le planning et envoie des équipes pour des besoins imprévus et immédiats.
Deux moments de boulot particulièrement intense : le nettoyage de la scène « Larzac » le samedi et le dimanche matin après les concerts de la nuit. Dimanche matin, ce sont 4 heures de travail qui seront nécessaires à une équipe de 50 à 100 personnes très motivées…
3 - Après le rassemblement
Gros boulot lundi 11 août où nous gérons comme nous pouvons, submergés par la tâche. Il faut évacuer des dizaines de tonnes d'ordures des différents lieux, des campings et des parkings aussi, situés parfois à plusieurs kilomètres, charger sur des remorques et centraliser le tout à la déchetterie installée sur le site. Beaucoup de bénévoles sont présents, il faut être le plus organisé possible, savoir à tout moment ce qui est fait et ce qui reste à faire.
Mardi 12 : Finitions au sol sur tous les terrains occupés par les participants. Il s'agit de laisser les lieux impeccablement propres, nous ramassons tout ce que l'on peut trouver dans les haies et dans les prés. Pour nous donner du courage et gérer au mieux, nous hachurons sur le plan toute zone définitivement nettoyée. La journée n'y suffira pas même si nous avons bien avancé. Mercredi sera encore nécessaire. Les bénévoles partent un à un, quelques « acharnés » trient encore à la déchetterie bouteilles en plastique, bouchons, carton, compost, verre.
Mercredi 13 : Fin du boulot de finition, tournées de tracteurs et camions pour centraliser les sacs encore nombreux sur le site alors que les dernières structures de toile tombent et sont évacuées une à une.
Jeudi 14 : Toutes les zones ont été nettoyées. Les paysans ont commencé à passer les disques sur les terrains.
Sacré pari que celui d'un site propre pendant les 3 jours, et pari gagné. Autre pari ambitieux, celui du tri des déchets. Partiellement gagné celui-là et belle réussite quand même étant donné le peu de temps dont nous disposions pour la mise en place avant le rassemblement. Travail dantesque !
Je n'étais qu'une petite goutte dans cet océan de solidarité, je veux garder de cette expérience unique, l'émotion que j'ai eue lors des séances d'ouverture et de clôture (les seuls moments du rassemblement auxquels j'ai assisté), la formidable mise en commun des énergies pour réussir et le déferlement de cette foule très nombreuse venue pour aider, partager, s'informer, débattre, organiser la lutte.
Eclatante démonstration que d'autres mondes sont possibles !
Cathy Fritzen Castres (Tarn)
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