Il fait chaud, ça maçonne, jardine, cuisine, discute, comme d'ab. Mais le doute s'immisce parfois dans nos cœurs. Quels sont nos priorités, nos moyens ?
Pour celles et ceux qui ont déjà eu l'occasion de lire le précédent article de Baluet rappelant brièvement notre histoire et les problématiques sociales et politiques soulevées pendant quatre années d'occupation de terres en friche et de ruines restaurées, il est inutile de reparler de nos problèmes de procès avec les propriétaires des lieux. Ceux-ci ayant détruit leurs maisons et abandonné à la friche leur patrimoine pendant plus de trente ans nous avaient promis un bail ou une vente le plus rapidement possible pour, finalement, au bout de quatre années d'installation nous expulser.
La délibération du procès au tribunal de grande instance du 8 juillet a été en notre défaveur.
Nous voilà sommés de quitter les lieux avant le 11 novembre 2003, de payer les frais de tribunaux, les frais d'avocat de la partie adverse, et 50 € d'astreinte par jour d'occupation supplémentaire.
Nous avons investi nos faibles revenus et quatre années de nos vies ici. Dernièrement, un camion de sable, de la chaux, du bois ont été achetés afin de continuer à nous sortir de la précarité. De nouvelles clôtures ont été préparées. Et nous voilà obligé de choisir : ou bien nous recherchons un autre terrain dès maintenant en abandonnant la lutte, ou bien nous partons sur la route avec notre cheptel en dénonçant au passage l'injustice que nous venons de vivre, ou bien encore nous résistons assumant le risque de rester hors la loi et endettés pour de nombreuses années en vers notre cher trésor public.
Il est difficile de demander du soutien tout en conservant notre autonomie d'action. Nous ne voulons pas porter des étiquettes qui ne nous représenteraient qu'en partie. Nous avons justement appelé notre association "La Sauce Baluet" afin de bien conserver l'idée que notre action est le fruit de nos décisions collectives.
Evidement, nous adhérons à différents mouvements socio-écolo-libertairo-sympatico-solidaires en mettant plus particulièrement notre énergie sur le problème de l'accès à la terre pour d'autres projets que la spéculation abusive, non soucieuse de l'avenir de notre planète et du bien être social commun. Le droit de regard sur les transactions foncières par l'ensemble de l'humanité nous paraît primordial.
Le fait de faire appel, voire de continuer en cours de cassation, nous semble un moyen pour dénoncer les paradoxes du droit de propriété. Comment un droit peut-il être "inaliénable et sacré" si son application sans restrictions entraîne des déséquilibres sociaux et écologiques ? Pourquoi ce droit s'est-il unifié dans ses trois composantes alors qu'avant 1789, il y avait une pluralité de droits individuels et collectifs sur les biens fonciers et qu'en aucun cas la composante abusus (titre) n'était surdéterminante par rapport à l'usus et au fructus ?
L'outil juridique existe pour nous défendre, mais nous accorder le droit de rester pourrait peut-être remettre en cause de plus gros abus de propriété qui parfois affament des peuples entiers et détruisent un écosystème vital à la survie de notre planète.
Notre lutte est un grain de sable que nous nous efforçons de placer dans les rouages des rouleaux compresseurs du capitalisme sans limites.
baluet
Création de l'article : 8 septembre 2003
Dernière mise à jour : 7 septembre 2003
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> Expulsion imminente
9 septembre 2003
Bon courage pour votre lutte, merci de résister à la "machine" économique actuelle...Il faudrait réunir nos volontés dès aujourd'hui, à la veille de la réunion privée de Cancun, pour rechercher un monde plus humain et solidaire, et empêcher cette voie économique (des humains l'ont choisi un jour...)de privatiser toujours plus la sphère de l'économie, de dominer les Etats, de dominer les cultures, de favoriser les riches aux détriments des pauvres...Le capital devrait servir tout le monde.....Aimons nous les uns les autres.
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