Scientifiques et industriels, sans conscience ... |
Si la communauté scientifique avait élevé la voix, le débat sur les OGM aurait pris une autre tournure et la science en aurait largement bénéficié. La science mais aussi l'environnement et nous tous. Et maintenant ils pétitionnent pour la recherche ....
Voici ce qu'on peut lire, ce lundi 29 septembre 2003, sur Cyberpresse : Qu'attend-on pour interdire les PBDE ?.
J'ai remarqué cette phrase : "Chez les animaux de laboratoire, les PBDE causent des dommages au cerveau, au foie et au système reproducteur. Ils sont aussi soupçonnés d'augmenter les risques de cancer. ".
Ce qui signifie que des recherches en laboratoire permettent de tester ces produits sur les animaux.
Des produits qui ont été très largement utilisés.
Avant, ou après que ces tests aient été conduits ?
Des produits qui, lorsque leur synthèse a été réalisée, sont apparus comme une excellente solution pour résoudre des problèmes d'ignifugation.
Des produits qui, maintenant, sont omniprésents dans la biosphère avec de graves inconvénients.
Sans qu'on puisse les en extraire.
Cela pourquoi ?
Pour une rentabilisation immédiate, pour gagner les quelques années qu'il aurait fallu consacrer à une étude plus approfondie des effets de ces produits sur le vivant.
Quelque(s) scientifique(s) de grand renom avait probablement proclamé à l'époque "ces produits, d'une grande stabilité, ne font courir aucun risque à l'homme et à l'environnement" sans portant s'être donné les moyens de le démontrer.
Dans l'enthousiasme, probablement, avec l'impression que cette innovation qu'étaient les PBDE constituait l'une de ces multiples facettes d'un irrésistible "progrès en marche" ...
Sans conscience qu'il pouvait y avoir un revers à la médaille, et cette histoire de PBDE vient peut-être à point pour nous mettre en garde.
Il est à craindre qu'avec les OGM nous puissions avoir des surprises comparables à celle que nous font aujourd'hui les PBDE.
Les 1500 scientifiques signataires d'une pétition demandant une attitude plus dure envers les auteurs de destruction de cultures transgéniques prétendent défendre "la recherche".
Il pourrait nous sembler, à nous les ignorants qui ne sommes pas estampillés "Académie des Sciences", que ces gens défendraient encore mieux la science EN EXIGEANT QUE BEAUCOUP PLUS DE RECHERCHES soient effectuées AVANT qu'un OGM puisse être cultivé en milieu ouvert et commercialisé.
Des RECHERCHES DE LABORATOIRE, EN LABORATOIRE, en milieu confiné donc.
Leur position actuelle favorise la dissémination immédiate des OGM, et donc les entreprises qui en bénéficieront.
Si ces scientifiques avaient au contraire choisi de s'opposer aux entreprises ? et à la dissémination immédiate ? tout en leur proposant des programmes de recherche dans le domaine des effets sur la santé (humaine et animale) et sur l'environnement ils auraient probablement obtenu, avec le soutien des gouvernements et des citoyens, à la fois l'interdiction de disséminer et les crédits nécessaires à la conduite d'investigations poussées qui changeraient totalement le faciès du débat que nous connaissons sur les OGM.
Car sans l'appui de la majorité de la communauté scientifique internationale ces entreprises auraient eu beaucoup de difficultés à imposer des cultures d'OGM en plein champ, où que ce soit dans le monde.
Il y a maintenant environ 7 ans que des OGM sont cultivés à grande échelle.
Ce sont déjà 7 années d'études perdues : 7 ans de travaux scientifiques et combien de précieuses connaissances auraient été accumulées, par combien de chercheurs ?
Car il aurait fallu renforcer les effectifs, multiplier le nombre de laboratoires, renforcer globalement "la recherche" : rien d'autre que ce que pourraient souhaiter les signataires de la pétition.
C'est un énorme gâchis dont la responsabilité incombe d'abord et avant tout à la communauté scientifique.
Qu'on ne s'y trompe pas, le refus majoritaire des OGM en France, mais aussi dans d'autres pays, peut être lu comme étant d'abord un reproche adressé globalement "aux chercheurs" : celui de n'avoir pas été complet dans leur travail de recherche, et de n'avoir pas fourni aux citoyens l'ensemble des éléments qui leur permettraient d'accepter les OGM, ou certains OGM, en bonne connaissance de cause.
Du fait qu'une première pétition avait été signée PAR DES SCIENTIFIQUES (environ 700 ou 800), en soutien à José Bové sur le thème de l'application du principe de précaution, on ne peut arguer qu'il existerait une différence de raisonnement inhérente à la qualité de la personne, le scientifique ayant un raisonnement opposé à celui du citoyen non scientifique.
D'ailleurs certains citoyens non scientifiques ne verraient rien à redire à la généralisation des cultures OGM.
Les opinions sont donc très partagées, aussi bien chez les scientifiques que chez les citoyens.
Comment, alors, du point de vue de la démocratie, le débat doit-il être tranché ?
Par une commission d'experts recrutée parmi les scientifiques ? Mais lesquels ?
Par une consultation citoyenne ? La réponse semble acquise, à 70% de refus.
L'académie des sciences a produit un rapport dont seuls des extraits ont été mis à la disposition du grand public : veut-on vraiment que les citoyens puissent se faire une opinion ?
La publication intégrale du rapport RST 13 est demandée, depuis sa parution, en html sur Internet afin que chacun puisse à la fois le consulter et le commenter en établissant des liens vers chaque paragraphe ? sans grands résultats.
Cette forme de participation citoyenne serait pourtant susceptible de faire évoluer le débat : pourquoi négliger cet apport ?
Qui a intérêt à l'opacité ?
Tout cela ne peut qu'inciter chaque citoyen à se montrer de plus en plus méfiant à l'égard de "la science", et à refuser qu'on la lui serve sans un droit de regard extrêmement critique.
Dorénavant la meilleure façon de "défendre la recherche" consistera à se munir de la patience indispensable à ce qu'elle s'accomplisse vraiment, et nécessitera d'imposer aux entreprise qu'un certain niveau d'achèvement soit atteint avant toute commercialisation.
De nouveaux et passionnants échange en perspective, dans notre monde de "communication".
jcm
Création de l'article : 30 septembre 2003
Dernière mise à jour : 29 septembre 2003
Page visitée 244 fois
|
|
Discussion associée à l'article.
Vous pouvez réagir à cet article ; le contenu n'est filtré ni par l'auteur de l'article, ni par le collectif.
Répondre à cet article |
|