Effet de serre, CO2 et réchauffement - Etat des lieux |
Que sait on vraiment sur le réchauffement climatique et l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ? Que peut on prévoir pour le futur ? D'après une synthèse récemment publiée par l'Académie des Sciences.
L'Académie des Sciences a récemment (Juin 2003) publié un mémoire intitulé - Effet de serre, impacts et solutions : quelle crédibilité ? - Plusieurs scientifiques y font le point sur les climats actuels et passés, et sur les modèles qui tentent de prédire l'évolution climatique future. Y sont discutées en particulier la crédibilité et les limites des observations et des prédictions scientifiques dans ce domaine.
S'informer des conclusions d'un tel état des lieux permet d'éviter les rumeurs plus ou moins approximatives, et doit nous servir de base pour réfléchir sur les moyens et actions futurs. Je vous propose un résumé de la première partie de ce mémoire, consacrée au climat actuel et passé et aux prédictions des modèles. La deuxième partie est consacrée aux effets du réchauffement et aux options possibles, en particulier pour la production d'énergie. Je n'ai pas pour l'instant repris les conclusions de cette partie. Les articles d'origine, pas si difficiles à lire, peuvent se trouver dans toute bibliothèque universitaire scientifique.
Tout d'abord, une remarque utile : l'effet de serre existe depuis toujours sur notre planète ... et heureusement ! Il résulte des propriétés physiques des différentes molécules qui constituent l'atmosphère. Un peu comme les vitrages d'une serre, certains gaz (surtout le gaz carbonique - CO2 - et le méthane - CH4 ) renvoient vers la terre une partie du rayonnement infrarouge qu'elle émet après avoir été chauffée par le soleil. Sans cet effet, la température moyenne de la Terre serait plus basse de 33 degrés, donc inférieure à zéro presque partout. Les problèmes futurs ne viennent donc pas de l'effet de serre lui même, mais de son augmentation. On parle d'effet de serre additionnel.
D'un point de vue historique, l'ensemble des scientifiques s'accorde sur une augmentation de la température de 0,6 degrés (plus ou moins 0,2) au cours du XXème siècle. Cette augmentation s'est faite en parallèle d'une hausse, de plus en plus rapide, de la teneur de l'atmosphère en CO2. Hausse qui est sans conteste d'origine anthropique. Ont également été démontrés : une décroissance des surfaces couvertes par la neige et la glace de mer (banquise) dans l'hémisphère nord ; un recul des glaciers et une montée du niveau des mers de 10 à 20 cm. Beaucoup de spécialistes (pas tous néanmoins) pensent donc que l'augmentation de la teneur en gaz à effet de serre a déjà produits des changements climatiques incontestables et mesurables.
Le passé beaucoup plus ancien (jusqu'à 400 000 ans) est étudié grâce aux bulles d'air conservées dans les glaces des calottes du Groenland et de l'Antarctique. On y détecte toujours une relation directe entre température de l'air et teneur de l'atmosphère en gaz en effet de serre. Bien sur, ces variations anciennes étaient naturelles et lentes (cycles climatiques glaciaires) contrairement à celles dues aux pollutions d'origine humaines.
S'il s'agit maintenant de prévoir de manière scientifique l'évolution future, il faut passer par des simulations numériques. Ces modèles tentent de faire fonctionner sur ordinateur la très complexe machine climatique. Beaucoup de phénomènes et de paramètres doivent être pris en compte, certains difficiles à calculer correctement (cycle de la vapeur d'eau et formation des nuages, recyclage du CO2 par la biosphère et les océans...). Ces difficultés provoquent une dispersion importante des résultats obtenus par les différents modèles existants (une dizaine dans le monde). La dispersion des résultats vient aussi des incertitudes sur l'évolution future des émissions humaines de gaz à effet de serre. Dans ce domaine, les scénarios à l'échelle du siècle sont basés sur d'incertaines hypothèses concernant la démographie, le comportement des humains, les choix des sources d'énergies, etc...
Tout bien pesé, il apparaît que tous les modèles prévoient un réchauffement, et que l'ampleur de ce réchauffement à la fin du siècle pourrait être compris entre 1,4 et 5,8 degrés en moyenne à l'échelle du globe. A une échelle beaucoup plus détaillée (pays, région), il est encore impossible de prévoir de façon sure l'évolution future (réchauffement, sécheresse ou augmentation de l'humidité, tempêtes, vents...).
Pour finir, je citerai quelques phrases de conclusions empruntées aux experts :
"... le message qualitatif des climatologues est clair : les émissions et les concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre devraient continuer à croître et à entraîner un réchauffement marqué de notre planète. Au plan quantitatif, il importe de réduire les larges incertitudes concernant l'amplitude de ce réchauffement. Cet objectif, important pour la crédibilité, implique le développement des recherches sur le climat, étant bien établi qu'il est nécessaire de réduire, de toute façon, ces émissions de gaz à effet de serre."
"... le blocage actuel vient de la position des Etats-Unis, fondée essentiellement sur des raisons économiques."
"... le remède passe par des solutions très contraignantes, car mettant en jeu l'activité économique et sociale de l'ensemble des habitants de la planète, de la production d'énergie à l'agriculture, à l'habitat, et plus encore aux transports..."
Effet de serre, impacts et solutions : quelle crédibilité ? - Académie des Sciences - Comptes Rendus Géosciences, vol. 335, 2003.
Infos tirées principalement des articles de : M. Petit (présentation du mémoire ; pages 497-501) ; J.C. André ("Sur la Crédibilité des conséquences de l'effet de serre" ; pages 503-507 ; J. Jouzel ("Climats du passé - 400 000 ans - : des temps géologiques à la dérive actuelle" ; pages 509-524) ; H. le Treut ("Les scénarios globaux de changements climatiques et leurs incertitudes" ; pages 525-533) ; C. Lorius ("Effet de serre : les lacunes du savoir et de la perception" ; pages 545-549).
Robin
Création de l'article : 30 septembre 2003
Dernière mise à jour : 16 octobre 2003
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> Effet de serre, CO2 et réchauffement - Etat des lieux
12 octobre 2003, par
sur ce sujet, il serait intéressant d'avoir les données concernant le niveau maxi des émissions de gaz à effet de serre à atteindre dans l'optique d'une stabilisation de leur concentration dans l'atmosphère à un niveau "soutenable"…
- 60% pour la France ?
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> Effet de serre, CO2 et réchauffement - Etat des lieux
30 septembre 2003, par
Sur ce sujet, l'un des sites de référence, très bien documenté, est celui de Jean Marc Jancovici
L'effet de serre
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