LES PROFITS NE SONT PAS LE SEUL MODE DE FINANCEMENT DES BIENS DE PRODUCTION
Sans doute faut-il prévenir le lecteur que les propos tenus ne correspondent pas à ceux qui nous sont assénés à longueur de temps dans les médias.
Si vous lisez ce texte, c'est sans doute que vous recherchez une autre définition du profit que celle qui vous est donnée en permanence et dont vous voyez les effets sur l'évolution du monde.
1. Définition
Le profit n'est rien d'autre qu'une méthode d'appropriation du pouvoir d'achat des salariés, rendue possible par le rapport de force existant entre les entrepreneurs et les salariés qui subissent, faute de pouvoir faire autrement (incapacité à créer un rapport de force opposé, malgré le rapport du nombre qui leur est favorable), le « racket » quotidien des entreprises lors de leurs achats. Cette méthode de financement des entreprises ne peut exister qu'avec la caution des gouvernements qui autorisent juridiquement cette pratique, et même en vivent, puisque les entreprises transfèrent une partie de ces profits à l'État, par le mécanisme de l'impôt.
2. Justification du profit
Il est une partie des rémunérations des salariés, celle qui correspond à la contrepartie des rémunérations des salariés ayant produit des biens de production, qui doit servir à acquérir les biens de production. Confisquer le pouvoir d'achat des salariés pour financer l'acquisition des biens de production peut sembler logique. L'équilibre économique s'en trouve satisfait. Le pouvoir d'achat restant aux salariés correspond alors à la valeur des biens de consommation produits. Avec leur pouvoir d'achat restant, les salariés acquièrent les biens de consommation. Avec les profits réalisés, les entreprises acquièrent les biens de production. Toute la production est vendue. Le système économique fonctionne parfaitement bien.
Dans un système collectiviste, le fonctionnement serait le même. Il serait également nécessaire de prélever la part de rémunération correspondant à la contrepartie de la valeur des biens de production pour équilibrer l'offre et la demande de biens de consommation. L'État, représentant l'ensemble de la population, serait alors propriétaire des biens de production. Les salariés seraient alors collectivement propriétaires des biens de production par l'intermédiaire de l'État. Cette différence est fondamentale.
3. Dérive
S'il est nécessaire d'équilibrer l'offre et la demande de biens de consommation et de prélever le pouvoir d'achat des salariés correspondant aux biens de production, il n'est pas nécessaire pour autant d'en supprimer la propriété aux salariés pour la transmettre aux actionnaires.
Sous prétexte que les actionnaires prennent des risques en investissant leur épargne dans les entreprises, il est admis de rémunérer cette épargne, en prélevant sur le pouvoir d'achat des salariés qui n'épargnent pas, les sommes qui serviront à distribuer des dividendes aux actionnaires. Seulement, ce n'est pas le risque qui est rémunéré. A partir d'un investissement initial que les salariés les mieux payés (dont les entrepreneurs) sont seuls à pouvoir réaliser, les salariés à qui l'on a déjà prélevé une partie de leur pouvoir d'achat pour l'affecter aux salariés les mieux payés, se voient déposséder par le système des profits de la part d'épargne qui devrait être la leur, puisqu'ils la financent. La question qui est posée est la suivante : Pourquoi les épargnants qui investissent directement dans l'entreprise sont-ils rémunérés avec le pouvoir d'achat des salariés, alors que les salariés qui financent indirectement les entreprises par le système des profits, ne reçoivent même pas de titre de propriété en échange de ce financement ?
Ainsi, les salariés les mieux rémunérés, dont les entrepreneurs, s'accaparent, par le système des profits, la propriété totale des biens de production et même d'avantage, puisque les actionnaires n'investissent plus dans les entreprises que s'ils peuvent recevoir en contrepartie, des rémunérations dont les taux, par rapport aux gains de productivité que créent les investissements, sont souvent plus élevés. Ainsi, malgré la croissance constante des gains de productivité qui devraient permettre la croissance du pouvoir d'achat des salariés, la répartition des richesses est telle, en raison du mécanisme des profits, que les salariés ont un pouvoir d'achat stable ou réduit, alors que les actionnaires augmentent le leur régulièrement. Quand les profits sont trop importants, le risque de déséquilibre de l'économie est important puisqu'il est nécessaire d'adapter la production au pouvoir d'achat disponible. Moins de biens de consommation pour les salariés et plus de biens de consommation de grande valeur pour les bénéficiaires du transfert de pouvoir d'achat. Le pouvoir d'achat ôté aux plus pauvres ne permet donc plus l'acquisition de toute la production, sauf par les mécanismes du crédit. Mais l'utilisation intense du crédit pour réguler l'offre et la demande des biens disponibles sur le marché, pour les salariés qui ne peuvent pas épargner, conduit au surendettement. Quand le crédit a atteint certaines limites, le problème d'adéquation du pouvoir d'achat avec l'offre se trouve à nouveau posé. Il n'y a plus de moyen d'ajustement entre l'offre et la demande. C'est la crise.
4. Alternative aux profits
Le profit est-il une nécessité pour financer les entreprises ? C'est ce que les tenants du système économique actuel cherchent à faire croire. Si cette méthode de financement est adoptée majoritairement par ceux qui entreprennent, c'est parce qu'ils espèrent pouvoir s'enrichir personnellement. Il existe d'autres méthodes d'organisation de l'activité économique. Les coopératives en sont une. Il y a deux méthodes pour financer les investissements (nouveaux biens de production moins amortissements). ·
Le financement par surévaluation du prix par rapport au coût. Les profits qui résultent d'une telle pratique, ont la particularité de déposséder les consommateurs de la propriété de l'outil de production qu'ils financent. ·
Le prélèvement social qui ôte, par un prélèvement à la source, la partie du pouvoir d'achat des salariés correspondant aux biens de production en leur conservant la propriété de l'outil de production, collectivement. Contrairement aux profits qui ont la particularité de s'ajouter aux coûts de revient, le financement des biens de production par les prélèvements sociaux n'a pas d'influence sur les prix. Une troisième méthode, sur le principe coopératif, pourrait consister à distribuer des parts sociales aux consommateurs (coopérateurs) en fonction des achats effectués dans l'entreprise et des profits réalisés. Dans ce cas, la propriété de l'outil de production serait individuelle et croîtrait proportionnellement aux achats dans la coopérative. Les risques en cas de problèmes ne seraient pris que par les coopérateurs.
Une solution alternative, l'économie démocratique. Cette gestion allie la propriété collective des biens de production et la gestion individuelle. S'il est nécessaire de remettre en cause la propriété individuelle des biens de production, pour éviter les dérives dues à la concentration de la propriété de l'outil de production et du pouvoir entre les mains d'une minorité, il n'est pas souhaitable de concentrer le pouvoir de gestion entre les mains de politiques (Étatisation) comme il ne l'est pas de le concentrer, entre les mains d'administrateurs de multinationales. L'économie démocratique est donc un concept qui permet une gestion individuelle de biens de production qui demeurent la propriété collective de tous ceux qui adhèrent à cette méthode de gestion.
Accepter le financement social, par prélèvement sur les rémunérations brutes, est certes moins attrayant pour les entrepreneurs qui n'accumulent pas la croissance de la valeur de l'entreprise pour leur propre compte ou pour celui des actionnaires. Mais le financement social qui permet à tous les salariés de conserver la propriété des biens de production, même collectivement, est sans doute la voie que devront explorer ceux qui cherchent réellement une alternative aux profits. Les entrepreneurs conservant la possibilité de s'enrichir un peu plus que les autres salariés grâce à des salaires plus importants qui pourraient leur être accordés en fonction de réels critères de la croissance de richesse qu'ils permettraient.
L ' économie démocratique, contrairement au collectivisme d'État, permet aux individus de changer de lieu sur la planète, et de participer partout ou des individus auront adopté ce système. A terme, l'économie démocratique devrait être adoptée par toutes les populations, à part celles qui subiraient encore la pression de dictateurs.
5. Conclusion
S'il est indispensable de financer les biens de production, contrairement à ce que l'on nous assène quotidiennement, les profits ne sont pas la seule façon de pouvoir le faire. Certes, cette méthode de financement privilégie ceux qui osent entreprendre, mais aussi ceux qui n'ont comme mérite que d'avoir les moyens financiers d'investir (pour des raisons qu'il serait intéressant d'analyser), et qui perçoivent plus de revenus sans rien faire que les salariés qui fournissent le travail permettant le transfert de pouvoir d'achat.
L'économie démocratique est un concept alternatif offert à tous ceux qui cherchent réellement des solutions pour sortir du système économique actuel. Contrairement au système actuel qui cherche à s'imposer à toutes les populations de la planète par un rapport de force, afin d'accroître la fortune et le pouvoir de ceux qui le promeuvent, l'économie démocratique est une méthode de gestion proposée à tous, sans aucune obligation d'y adhérer. Seuls ceux qui n'ont pas intérêt à demeurer dans le système actuel seront sans doute intéressés. A chacun alors de faire découvrir l'économie démocratique à son entourage, sachant que plus il y aura d'adhérents prêts à se lancer dans l'expérience et plus il sera facile de la réussir. L'expérience ne pouvant se concrétiser qu'avec un minimum d'individus dans un maximum de secteurs de l'économie. Si vous êtes tentés par le projet faites-le savoir. Avant, consultez des documents plus complets sur le sujet. N'hésitez pas à demander un complément d'informations.
Voir économie démocratique
http://perso.wanadoo.fr/essais.bc/economie%20democratique%20global.htm
sur le site
http://perso.wanadoo.fr/essais.bc/
bc33910
Création de l'article : 4 octobre 2003
Dernière mise à jour : 17 octobre 2003
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> Profit et alternative
10 novembre 2003, par
entre la propriété individuelle mise en place en 1789 et la propriété collective, il y a la propriété commune à un groupe. Celle-ci a été interdite en 1789 et 1790 : loi le chapellier, décrêt d'allarde.
la propriété communautaire a été mise en place par les bénédictins et les ordres chevaliers à travers l'organisation en réseau des abbayes, des villes libres. Vers 1 300, 90% des propriétés foncières étaient gérées en France par cette propriété communautaire sur laquelle le roi ne pouvait pas prélever d'impôts.
Le réseau des abbayes bénédictines depuis l'an 500, réalise chaque année un profit suffisant à son développement ou a sa sauvegarde. Les peuples "primitifs" savaient gérer d'une manière commune leurs propriétés individuelles : les femmes travaillaient ensemble toutes les terres du village et la récolte étaient partagées selon un prorata calculé à partir des surfaces de chaque champ.
le système de pouvoir économique libéral repose bien sur la propriété individuelle des moyens de production et il y a bien ici un abus du droit de propriété mais ce système fonctionnera aussi longtemps que nous ne le changerons pas, mieux, que nous ne le quitterons pas pour une organisation en réseau.
www.fileane.com travaille sur le développement des organisations en réseau. Cela va plus loin qu'une économie démocratique.
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