L'énergie nucléaire est la meilleure |
La construction d'un EPR en France est absolument nécessaire pour garantir dans les décennies à venir, et tout au long du XXI ème siècle, une énergie propre et sûre à nos concitoyens, tout en limitant les tensions géostratégiques (le risque de guerre du pétrole, déjà très réel, ira en augmentant à mesure que le pétrole s'épuisera), ainsi que la pollution et l'effet de serre qui résultent d'une trop grande utilisation des énergies fossiles. Plusieurs dizaines de milliards de tonnes de CO2, NOx, cendres, particules diverses souvent toxiques et gaz de combustion des énergies fossiles sont rejetés chaque année directement dans l'atmosphère.
Actuellement plus de 80% de l'énergie consommée dans le monde est d'origine fossile, c'est-à-dire produite à partir de gaz, pétrole ou charbon, contribuant massivement à l'effet de serre. Le nucléaire bien construit et bien exploité (et tout particulièrement l'EPR), avec son volume très raisonnable de déchets confinables et confinés, recyclables (et, en France, recyclés) est une énergie propre et sûre, pour notre génération et les suivantes.
Alors que les tensions sont vives autour des pays du Golfe, que l'effet de serre continue à s'accroître et que les pays en voie de développement consomment de plus en plus d'énergie, il importe que nous, les pays riches, donnions l'exemple, en apprenant à économiser l'énergie et à produire notre énergie de la manière la plus propre possible, en évitant tout gaspillage.
Il nous faut donc un réacteur nucléaire pour que l'énergie produite en France, en Europe et dans le monde soit la plus propre possible, pour faire face aux besoins croissants en énergie dans différents pays, et pour remplacer les réacteurs nucléaires actuels lorsque ceux-ci parviendront en fin de vie. Je suis favorable pour toutes ces raisons à la construction d'un EPR, et j'approuve aussi les énergies renouvelables (dont le potentiel est toutefois très limité), toutes les énergies propres étant nécessaires.
L'avenir climatique de nos ancêtres, il y a 10 ou 20.000 ans, pouvait leur apparaître incertain mais, à l'évidence, il ne dépendait pas de leur comportement : ils pouvaient bien sacrifier quelques mammouths en pensant amadouer les forces naturelles, cela ne changeait pas grand-chose à la manière dont le climat planétaire allait évoluer quelques siècles plus tard.
Ce pouvoir de modifier le climat qu'ils n'avaient pas, nous l'avons malheureusement acquis à nos dépens, et pour la première fois de son histoire, l'homme est devenu un agent climatique. Comment ? En émettant massivement des gaz à effet de serre, qui sont venus significativement renforcer un effet (de serre) qui existe naturellement depuis plusieurs milliards d'années sur notre planète et sans lequel la température moyenne serait de -15°C, température à laquelle la vie telle que nous la connaissons n'existerait probablement pas.
Les gaz à effet de serre, dont les principaux sont la vapeur d'eau (0,3 % de l'atmosphère), le gaz carbonique (0,04 %) et le méthane (0,0002 % !), sont transparents au rayonnement reçu par la terre, permettant ainsi à l'énergie provenant du soleil de parvenir jusqu'au sol. Ils sont par contre opaques au rayonnement infrarouge émis par notre planète, empêchant alors l'énergie de repartir aisément vers l'espace.
Mais notre espèce a brutalement rompu l'équilibre : depuis 1850, nous avons augmenté la concentration atmosphérique de gaz carbonique de 30 %, et nous l'avons doublée pour le méthane, ces deux faits étant sans précédent depuis au moins 400.000 ans. La température moyenne de la planète, qui était stable depuis 10.000 ans, pourrait grimper de quelques degrés en un siècle si nous poursuivons des émissions sans cesse croissantes. Cet ordre de grandeur est connu depuis fort longtemps : c'est un scientifique Suédois, Svante Arrhenius (Prix Nobel de chimie 1903), qui l'a exposé le premier, en 1896.
Quelques degrés de hausse de la moyenne planétaire, ce n'est pas une peccadille : c'est ce qui sépare une période "chaude", comme celle que nous connaissons aujourd'hui, d'une ère glaciaire, pendant laquelle le Nord de l'Europe et le Canada sont recouverts d'une couche de glace de plusieurs kilomètres d'épaisseur, la mer est plus basse de 120 mètres, et la France ne porte qu'une maigre steppe gelée, bien incapable de nourrir quelques millions d'individus. En outre une déglaciation met environ 10.000 ans à se produire : s'il est impossible de savoir avec précision ce que donnerait une hausse de quelques degrés de la moyenne planétaire en un ou deux siècles, il est à craindre que cela se rapproche plus d'un "choc climatique" que d'une affaire de pulls en plus ou en moins l'hiver.
Une évolution aussi rapide de la température du globe pourrait signifier un dérèglement important du cycle de l'eau, avec des inondations et des sécheresses de plus en plus sévères, l'accroissement de l'intensité des ouragans, la fonte possible du Groenland et d'une partie de l'Antarctique au bout de cinq à dix siècles (la mer monterait alors de 12 mètres) ou la disparition du Gulf Stream en quelques décennies, ce qui pourrait abaisser la température moyenne de l'Europe de l'Ouest de 5° à 6°C, sonnant peut-être le glas de toute l'agriculture française. Nous risquons également la mort des coraux, la migration rapide en direction des pôles de maladies tropicales diverses (fièvre jaune, paludisme, dengue, et autres amabilités), pouvant agresser aussi bien les plantes et les animaux que l'espèce humaine, et nous n'avons bien sûr pas idée de toutes les mauvaises surprises possibles. Toutes ces éventualités ne sont pas des chimères de romancier de science fiction, mais sont très sérieusement documentées dans la littérature scientifique et technique disponible.
La réponse de nos sociétés à des troubles climatiques brusques reste aujourd'hui inconnue, mais il importe de se rappeler que tout ou presque, dans le monde qui nous entoure, est adapté aux conditions climatiques locales : c'est vrai de l'agriculture et des forêts, des bâtiments, des voies de communication, et même de notre garde-robe....
Alors, si nous voulons réagir, que faire ? Les gaz à effet de serre ont une durée de vie qui dépasse le siècle une fois émis, alors qu'il ne faut que quelques mois pour qu'ils se répartissent de manière homogène dans l'atmosphère. Leur lieu d'émission étant sans importance pour la perturbation climatique, cela condamne l'humanité à se mettre d'accord autour d'une réduction effectuée de concert, faute de quoi un seul "mauvais élève" peut réduire à néant les efforts de tous les autres pays. Cela n'exclut pas, pour autant, la vertu de l'exemple, que l'on oublie trop souvent à mon sens.
Jusqu'où réduire ? Pour arrêter d'enrichir l'atmosphère en gaz carbonique, il faut diviser les émissions mondiales de ce gaz par 2 au moins. Si chaque terrien dispose du même "droit à émettre" dans un tel contexte (le monde est alors parfaitement équitable !), les Français devront diviser leurs émissions par 4, ce qui signifie diviser par le même facteur notre consommation de pétrole, de gaz et de charbon (le nucléaire et les renouvelables restant disponibles, avec des potentiels fort différents selon les voies envisagées). Les Américains devraient diviser leurs émissions par 12, et les Chinois ne pourraient guère les augmenter au-dessus du présent niveau. Avec les technologies en vigueur, il suffit, pour atteindre ce plafond, d'effectuer un seul vol transatlantique, ou de se chauffer quelques mois au gaz naturel, ou de faire 5 à 10.000 km en voiture, ou d'acheter quelques dizaines à quelques centaines de kg de produits manufacturés (qu'il a bien fallu produire et transporter), ou de manger une centaine de kg de viande de boeuf (le recours à l'agrochimie et aux engins agricoles faisant qu'il y a des "gaz à effets de serre" dans à peu près tout ce que nous mangeons).
C'est dire que stabiliser la perturbation climatique suppose un changement radical de notre projet de société et non quelques corrections mineures à la marge. Au "consommons toujours plus !" il faudrait substituer un "Émettons toujours moins !". La croissance perpétuelle de notre consommation matérielle, en particulier, n'y survivrait probablement pas. Mais si nous voulons être sûrs de guider nos propres enfants vers un monde accueillant, avons-nous vraiment le choix ?
En 1970, les réserves de pétrole, publiées par les compagnies pétrolières, permettaient de couvrir 30 ans de consommation, laquelle était de l'ordre de 2,4 milliards de tonnes par an. Ces réserves se montaient donc à environ 72 milliards de tonnes de pétrole cette année-là.
En 2000, après avoir consommé du pétrole pendant 30 ans, pour environ 90 milliards de tonnes, soit plus que les réserves connues en 1970, nous disposons de 140 milliards de tonnes environ de réserves, sans compter ce que l'on appelle les réserves de pétrole "non conventionnel" qui viennent s'y rajouter, et dont l'estimation du potentiel est tout sauf simple.
Est-ce le rajout du pétrole non conventionnel qui a permis cet apparent miracle, qui est que les réserves ont pu ainsi croître et multiplier au fur et à mesure que nous les consommons, alors que la Terre est finie ? En fait les réserves qui ont cru en apparence ne concernent que le pétrole "conventionnel". Toute la réponse à cette énigme apparente tient dans la définition d'une réserve, qui n'est pas une notion purement physique, mais une notion physico-technico-économique.
En outre la définition des réserves n'est pas la même selon les pays !
Les Américains les définissent comme "l'ensemble du pétrole que l'on considère raisonnablement pouvoir extraire à l'avenir à partir des réservoirs connus, compte tenu des conditions techniques et économiques du moment". Elles portent aussi le nom de réserves prouvées.
Dans le reste du monde, les réserves correspondent à l'addition des réserves prouvées, définies ci-dessus, et de 50% des réserves probables, qui correspondent à ce que l'on pense pouvoir produire à partir des réservoirs prouvés ou probables aux conditions économiques et techniques d'un futur proche.
Ces réserves ne désignent donc pas ce qui reste encore sous terre, mais seulement la fraction de ce pétrole sous terre que nous pensons pouvoir faire sortir avec les techniques disponibles aujourd'hui (ou dans un futur proche) et dans des conditions économiques favorables (en clair que le cout d'extraction ne soit pas supérieur au prix de vente présent ou futur). Une réserve est donc une notion subjective par nature.
Une fois que l'on a compris la définition des réserves, on se dit alors qu'il doit y avoir au moins 4 manières de les "faire croître" : nous pouvons découvrir de nouvelles ressources sous terre, conventionnelles ou pas. Sans changer les conditions techniques ou économiques, cela conduit alors les réserves à des montants supérieurs. Sur ce point, toutefois, il vaut mieux parler d'une connaissance améliorée de ce que la Terre contient que d'une "augmentation des ressources". En effet, les stocks d'hydrocarbures mettant des dizaines de millions d'année à se constituer, nous pouvons considérer qu'ils sont donnés une fois pour toute. Nous ne pouvons donc augmenter les ressources, simplement découvrir celles que nous ne connaissions pas encore. Les concentrations de pétrole ainsi découvertes s'appellent, dans le jargon des pétroliers, des "réservoirs", des "gisements", ou encore des "ressources en terre".
Nous pouvons améliorer les conditions techniques, ce qui, en Français ordinaire, signifie que nous savons récupérer une part plus importante du pétrole contenu dans les réservoirs. Si le taux de récupération augmente suffisamment, cela peut augmenter très substantiellement les réserves (actuellement le taux est de l'ordre de 35% : toute amélioration de ce taux de 1% - c'est à dire en le passant de 35% à 36%, puis de 36% à 37%, etc - augmente les réserves d'une à deux années de consommation).
les conditions économiques peuvent changer : si le prix de vente du pétrole est de 20 dollars le baril, cela n'a pas de sens pour les compagnies pétrolières de chercher à extraire du pétrole avec un coût d'extraction de 25 dollars le baril, même si les quantités qu'elles pourraient ainsi extraire sont potentiellement très importantes. Si le baril passe à 60 dollars (ce n'est pas encore le cas ! mais tant que notre civilisation est massivement dépendante du pétrole, il n'est que d'attendre...) alors les gisements où le coût d'extraction est de 25 dollars le baril vont rentrer dans les réserves, pour la fraction techniquement récupérable bien sur.
la valeur de l'action des compagnies pétrolières étant proportionnelle à la quantité de réserves qu'elles déclarent posséder, et les quotas de production des pays de l'OPEP (2/3 des réserves mondiales, voir ci-dessous) étant proportionnels aux réserves qu'ils publient, il est aussi facile de comprendre que les réserves peuvent varier - par exemple passer d'une estimation haute à une estimation basse, ou l'inverse - sans modification de quelque paramètre technique que ce soit, simplement parce que l'appréciation de ce qui est "raisonnable" a changé.
Quelle combinaison de facteurs a permis cette "croissance" ces 30 dernières années ? Avons nous découvert de nouvelles ressources physiques ?
La première idée qui vient à l'esprit, naturellement, quand on constate que les réserves ont augmenté malgré une consommation croissante, est que l'on a découvert de nombreuses poches de pétrole nouvelles, et que ces découvertes font plus que compenser notre consommation. Eh bien....depuis 20 ans c'est parfaitement faux.
Depuis 1980, nous consommons chaque année plus que nous ne découvrons de ressources "physiques" dans le sol (il s'agit bien là du total des ressources physiques, encore appelées "réservoirs", et non de ce que nous parviendrons à en extraire, qui sera encore inférieur). En particulier, les "champs géants", c'est à dire ceux qui "font la différence" au niveau du total mondial des ressources, n'ont fait l'objet d'aucune découverte significative depuis 1980. Des découvertes ont encore lieu pour des petits champs, mais les "champs géants" à plus de 2 milliards de barils pièce, n'ont fait l'objet de quasiment aucune découverte depuis 1980. Les "grands champs" (de 500 millions à 2 milliards de barils) ne s'accroissent quasiment plus depuis 1990.
En outre les petits champs sont moins commodes à exploiter que les grands.
L'essentiel de la production de pétrole du Moyen Orient - qui totalise 2/3 des réserves mondiales et un tiers de la production mondiale - provient de champs découverts il y a fort longtemps.
Dire que les découvertes annuelles sont actuellement inférieures à la consommation annuelle, c'est donc dire que la réévaluation, ou même la constance, des réserves, doit venir "d'autre chose" que des découvertes. En clair, les réserves n'ont pas augmenté parce que nous avons mis la main sur de grandes quantités de nouvelles ressources physiques. Il nous reste donc à explorer les conditions économiques, la technologie, et...le reste. En fait technologie et économie sont un peu liées : si la technologie devient plus performante, le prix d'extraction diminue toutes choses égales par ailleurs.
Les conditions techniques ont-elles changé ?
Au début de l'exploration pétrolière, tout ce que l'on savait faire était de forer jusqu'à la poche de pétrole, puis d'attendre que, sous la pression du gaz généralement associé au pétrole, ce dernier veuille bien avoir l'obligeance de remonter tout seul. Bien évidemment, dès que la pression du gaz n'est plus suffisante, il ne remonte plus rien. En outre avec le fait de se contenter de planter "bêtement" un tube à la verticale, on ne peut pas nécessairement récupérer le pétrole de manière importante dans toutes les parties de la poche. Depuis cette époque les techniques de forage on considérablement progressé : on sait désormais forer "de travers", à l'horizontale, avec plusieurs branches.
Il est également possible d'injecter de l'eau, de la vapeur, ou du gaz sous pression dans une poche pour favoriser la récupération d'une fraction plus importante du pétrole qui s'y trouve. Le "taux de récupération" du pétrole peut énormément varier d'un champ à l'autre, avec une médiane qui se situe aux alentours de 35%.
Même sans découvrir de nouveaux champs, une augmentation de ce taux de récupération augmente mécaniquement les réserves, et les compagnies pétrolières expliquent volontiers que ce taux est passé de 25% à 35% durant les 30 dernières années, ce qui, sans avoir découvert de nouvelles ressources en terre, engendre donc une hausse de presque 50% des réserves (dont il est rappelé qu'elles sont déclarées par les opérateurs). Il y a bien évidemment une limite à la réévaluation qui découle des progrès techniques, car les taux de récupération ne sont pas seulement fonction des méthodes employées, mais aussi - et surtout, disent les géologues - des caractéristiques physiques du réservoir (taille et forme des pores, par exemple), et du pétrole (viscosité par exemple).
Le taux actuellement constaté n'est ainsi que de 3% pour certains réservoirs dits "compacts fracturés", où l'huile circule très difficilement, et la technique ne pourra pas beaucoup augmenter ce chiffre, mais de plus de 80% lorsque la roche qui contient le pétrole est très poreuse, avec des pores qui communiquent bien, et un pétrole assez fluide, comme en Libye ou au Canada.
Certaines études suggèrent en outre que les progrès techniques ne permettent pas d'augmenter significativement la fraction récupérable d'une poche de pétrole, mais surtout de la faire sortir plus vite. Comme l'estimation des ressources en terre - donc des réserves - est parfois basée sur le débit des puits qui sont forés dedans (et augmentent avec ce débit, bien sur), on comprend que ce n'est pas sans importance !
La production augmente, alors que peu de pétrole est découvert, et que la fraction récupérable des réservoirs déjà découverts n'augmente pas à très grande vitesse : les réserves, exprimées en années de production, diminuent donc. En fait, la question intéressante n'est pas tant de savoir ce qui se passe sur les réserves que sur la production. En effet, c'est bien cette production qui, à court terme, permet ou non de satisfaire une demande. Et la bonne question est : peut-on alors avoir une idée de la date où la décroissance de la production va s'amorcer, non pas conjoncturelle parce qu'une guerre a endommagé les puits ici, ou qu'il y a une petite récession là, mais structurelle, parce qu'il ne reste plus assez en terre ?
Il reste bien sur deux autres possibilités :
que nous limitions de nous-mêmes notre consommation de pétrole à cause du changement climatique que son usage engendre,
que notre humanité n'entame sa décroissance (qui finira par arriver, le tout est de savoir quand !) avant même que les réserves de pétrole ne soient épuisées ou que le changement climatique ait eu des conséquences majeures, parce qu'un autre facteur limitant se sera manifesté.
La question du "pic de production" donne lieu à une vraie bataille de chiffres entre experts, mais l'information importante est finalement celle-ci : entre les optimistes et les pessimistes, il n'y a aujourd'hui que 15 à 20 ans. En d'autres termes, alors que les pessimistes voient le pic de production d'ici à 5 à 10 ans, les optimistes ne le voient "que" d'ici 20 à 30 ans.
Les "pessimistes" se basent sur le modèle exposé ci-dessous, qui a parfaitement fonctionné pour les Etats Unis et s'énonce comme suit : la courbe de la production suit, avec un décalage constant (35 ans dans le cas des Etats Unis), la courbe des découvertes. Après tout, on peut le comprendre : avant de produire du pétrole, il faut l'avoir trouvé !
Nous ne sommes plus très éloignés du pic de production, donc du début de la décroissance structurelle de la production. En fait si on prolonge la tendance des réserves telles qu'elles sont déclarées par les opérateurs, on va vers une hausse, mais si on s'appuie sur les données "techniques" sur les ressources en terre, publiées ou estimées par des géologues (tels Petroconsultants), pour obtenir les réserves, alors la tendance à la baisse constatée depuis 10 ans devrait se poursuivre.
En fait nous avons raisonné jusqu'à maintenant comme si il y avait juste UNE réserve, UNE production, et UNE consommation. Mais tout cela est réparti dans le monde : il y a des réserves à plusieurs endroits, et des consommateurs à plusieurs endroits aussi ! Et le point intéressant, c'est que les réserves - donc la production - sont essentiellement......ailleurs que là où le pétrole est consommé. Le Moyen Orient, qui ne consomme "que" 6% du pétrole mondial, détient les deux tiers de ce qui "reste à extraire".
Toutefois ces chiffres ne prennent pas en compte les réserves de pétrole non conventionnel, qui sont situées pour une large part au Canada (on avance un chiffre qui donnerait au Canada la 2è place mondiale, après l'Arabie Saoudite, avec 15% des réserves mondiales )
Si l'on sait, en particulier, que l'Arabie Saoudite détient à elle seule le quart des réserves planétaires, et que l'Irak possède les deuxièmes réserves au monde, avec 10% du total mondial, la situation géopolitique de ce début de XXIè siècle peut être lue de manière assez évidente ! En outre, les réserves par zones géographiques, exprimées en années de consommation, montrent que les USA, qui pour le moment produisent 40% de leur demande, vont devoir aller trouver ailleurs le précieux liquide dans pas très longtemps.
L'Amérique du Nord ne pourrait produire que pour encore 13 ans (et les seuls Etats Unis 10 ans), l'Europe pour encore 8, etc.
Avant que le monde ne soit à court de pétrole, il y aura surtout une dépendance accrue à l'Amérique Latine pour une petite partie et au Moyen Orient pour une large part.
Les USA n'ont par ailleurs que très peu d'espoir de récouvrir de nouvelles ressources de manière significative, tout ayant été exploré dans tous les sens chez eux (cela est par contre controversé en ce qui concerne le Canada, où existent de gros gisements de sables asphaltiques, mais dont l'intérêt de l'exploitation fait l'objet de larges débats).
En d'autres termes, actuellement dépendants de l'étranger "lointain" et "instable" (Venezuela, Moyen Orient, Russie) à 40% seulement, dans 15 à 20 ans les USA seraient à 75% dépendants du Moyen Orient. N'y a-t-il pas là une explication intéressante aux intérêts aigus manifestés pour le rétablissement d'un régime "ami" en Irak ? Il faut plaindre les pauvres Pakistanais, Coréens du Nord, Zimbabwéens et encore quelques autres, qui ont un dictateur - ou assimilé - mais pas de pétrole !
Si l'on essaie maintenant de voir qui est "optimiste" et qui est "pessimiste" dans cette discussion sur les réserves, on note un fait intéressant : les "pessismistes" sont plutôt les géologues, c'est à dire ceux qui traitent les données techniques du terrain. Les "optimistes" sont ici plutôt les économistes, c'est à dire ceux qui prolongent volontiers à l'avenir les tendances passées ("les découvertes et améliorations techniques ont toujours compensé la consommation, donc il en sera de même à l'avenir"). Il est évident que les pessimistes finiront par avoir raison, et les optimistes finiront par avoir tort. Le tout est de savoir quand !
La faiblesse du raisonnement des économistes est évidente : elle repose sur un credo, qui contredit le fait que le monde est fini. Mais le raisonnement des géologues souffre aussi de faiblesses, non sur l'issue ultime, mais sur son échéance précise, car les données géologiques sur la quantité de pétrole qu'il y a sous terre ne sont pas publiques.
Plus nous avons de pétrole, plus le risque de changement climatique augmente !
Et le gaz, c'est pareil ? Puisqu'il n'y a plus de pétrole, consommons du gaz ! Avant toute chose, rappelons que de consommer du gaz engendre aussi des émissions de gaz carbonique, gaz à effet de serre. Recourir massivement au gaz, sans même parler de la question des réserves, est une "fausse bonne idée" sur le long terme, comme pour les autres ressources fossiles carbonnées.
Cela étant, pour le gaz, les réserves se définissent exactement de la même manière que pour le pétrole : elles correspondent non pas à ce qu'il y a dans la terre, mais à ce que nous savons en faire sortir. Il y a toutefois une différence de taille, c'est que pour le pétrole le taux de "jaillissement naturel", c'est à dire la fraction du pétrole en terre qui sort tout seul sous la pression (du gaz également présent dans la poche, en l'occurrence) est de l'ordre de 20%, alors que pour le gaz nous sommes plus près de 80%.
Les possibilités de réévaluation des réserves par suite de progrès techniques sur les méthodes d'extraction, ou de hausse des prix sont marginales. Pour augmenter les réserves, il faudra nécessairement trouver de nouveaux gisements....ou réaliser que les estimations initiales sur la taille des réservoirs étaient trop conservatrices !
Le gaz ne permet donc pas autant cette "réserve d'optimisme pour l'avenir" que le pétrole nous a offert, avec la réévaluation des réserves à réservoirs constants (ou presque). Par contre le gaz partage une caractéristique avec le pétrole : les réserves de gaz ne sont pas plus illimitées, ni mieux réparties.
Si par miracle nous parvenions à tripler les réserves connues de gaz et de pétrole, le problème n'est plus celui de la disponibilité des combustibles fossiles, mais celui du gaz carbonique dégagé par leur usage.
Que le nucléaire civil tienne une place de choix dans la thématique "environnement" est une évidence. Les discussions dans ce domaine sont bien sur aussi anciennes que la technique elle-même, mais depuis quelques années l'éventualité d'un recours accru à l'électronucléaire pour aider à une baisse rapide des émissions de gaz à effet de serre a donné un nouveau souffle à ce débat. C'est généralement le côté négatif de cette technique qui est souligné : le discours le plus fréquemment relayé par les media est de considérer que le nucléaire civil est potentiellement porteur de désagréments qui ne cèdent en rien à ceux du changement climatique, et donc qu'il faut se passer de cette marge de manoeuvre pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
Les arguments présentés à l'appui de cette position semblent souvent tellement forts qu'il est tentant de considérer la question comme définitivement tranchée (en défaveur du nucléaire bien sûr). Pourtant les choses sont loin d'être aussi évidentes : à bien y regarder, de nombreux inconvénients invoqués sont soit basés sur des faits inexacts, soit applicables à d'autres domaines où pourtant il ne nous viendrait pas à l'idée d'objecter de la sorte. Il convient de prendre un peu de hauteur de vue et de se poser quelques questions simples.
"Avoir 80% de l'électricité produite par du nucléaire est une exception française"
Cela est parfaitement exact. Mais notre pays a bien d'autres singularités, par exemple celle de posséder plus de fromages que de jours dans l'année, ou encore de financer fortement le cinéma d'auteur. Toute "exception française" est-elle répréhensible, et devrait-elle être supprimée au nom d'un quelconque principe d'uniformité ? Il est amusant de constater que les adversaires de la "mondialisation", population qui présente un assez fort taux de recouvrement avec les personnes engagées contre le nucléaire, réclament dans un autre contexte le "droit à la différence", différence qui sert ici de repoussoir ! En fait, se contenter d'invoquer la forte proportion du nucléaire dans la production électrique française comme raison d'en faire moins est essentiellement commode pour ne pas examiner les choses au fond : être hors de la norme ne signifie pas que l'on ait tort ou raison de ce seul fait. Tout dépend des circonstances...
"le nucléaire, ce n'est pas démocratique"
Il est parfaitement exact qu'aucune consultation démocratique explicite n'a précédé la décision d'investir dans l'électronucléaire en France dans les années 70. Mais cette modalité de production d'énergie ne détient pas le privilège d'être la seule dans ce cas : aucune autre n'en a jamais fait l'objet. A-t-on consulté les électeurs d'un quelconque pays occidental avant de se lancer dans la "civilisation du pétrole" ? A-t-on organisé un référendum avant de construire les barrages français, ou le plus grand du monde, celui des Trois Gorges en Chine ? A-t-on consulté les électeurs où que ce soit dans le monde avant de construire des centrales électriques à charbon, grosses émettrices de gaz à effet de serre ? A-t-on consulté les électeurs européens avant la rédaction de la directive européenne sur l'énergie renouvelable, qui est directement à l'origine du foisonnement des projets éoliens, ou celle sur la déréglementation des marchés de l'électricité, qui va favoriser les investissements de court terme, donc inciter au remplacement des centrales nucléaires en fin de vie par du gaz, et donc favoriser l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre à consommation constante ? Enfin notons que les entités opérant dans le nucléaire sont, en France, des entités publiques (enfin pour le moment....), et sont, de ce fait, bien plus soumises au "contrôle démocratique" que les pétroliers.
En prolongeant un peu le propos, nous pouvons aussi noter qu'un débat démocratique sur le nucléaire civil pris isolément n'aurait probablement pas grand intérêt, ou plutôt on en viendrait rapidement à discuter de l'énergie en général, ne pouvant alors éviter d'aborder :
la quantité globale d'énergie que nous souhaitons consommer (savoir si il faut recourir ou non au nucléaire est une question qui n'a de sens que pour un niveau donné de consommation d'énergie),
les alternatives possibles. Maintenant que les inconvénients liés à la consommation d'énergie fossile, en particulier, sont bien connus, pas de nucléaire (et donc éventuellement du gaz, ou du pétrole, pour en remplacer une partie, avec plus d'émissions de gaz à effet de serre), est-ce nécessairement plus écologique que du nucléaire ? Il est intéressant de noter que, déjà en 1970, les auteurs du "rapport du Club de Rome" considéraient que non !
Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de raison particulière de dissocier la discussion sur le nucléaire en particulier de la discussion sur l'énergie en général. Or personne, parmi les écologistes "officiels", n'a jamais prôné un référendum sur l'énergie.
Enfin, autant les antinucléaires sont prompts à dénoncer le "manque de démocratie" qui a entouré le démarrage des programmes électronucléaires, autant ils ont souvent essayé d'obtenir la sortie du nucléaire sans passer par la case "vote explicite". La manière dont la "sortie du nucléaire" a été gérée en Allemagne ou en Belgique reste difficile à qualifier de modèle d'expression citoyenne, car la décision a résulté d'un accord électoral entre partis de la majorité, non du résultat d'une consultation sur ce sujet pris de manière isolée.
Si nous continuons de regarder chez nos voisins, nous notons même ce fait étonnant : les décisions récentes favorables au nucléaire civil sont le fruit d'une consultation démocratique explicite (en Finlande c'est un vote au parlement précédé d'un long débat qui a conduit à la décision de construire une nouvelle centrale nucléaire, et en Suisse un référendum d'initiative populaire a conduit les électeurs à se prononcer en mai 2003 en faveur du maintien du nucléaire dans leur pays), alors que les décisions récentes "contre" en Europe (Allemagne, Belgique) sont le produit d'une initiative gouvernementale sans consultation explicite.
En France, les Verts français - donc contre - ont essayé d'obtenir un "accord programmatique" avec les Socialistes sur cette question, sans réclamer le moins du monde que l'électeur tranche directement et explicitement. Bien évidemment, un vote classique ne permet pas de dire que les citoyens sont contre (ou pour) : quand un candidat promet de secourir les pauvres, d'augmenter les bas salaires, d'améliorer l'enseignement ET de sortir du nucléaire et qu'il est élu, peut-on en conclure que ses électeurs sont tous des anti-nucléaires ?
Pour finir par une réflexion parfaitement "pieds dans le plat", il faut se garder de considérer toute décision comme parfaite dès lors qu'elle est démocratique : Hitler a été porté au pouvoir de manière parfaitement démocratique ! Que l'on ne se méprenne pas : je suis profondément démocrate. Mais entre être favorable à un système et le parer de toutes les vertus, il y a une marge que Churchill ou Tocqueville ont si bien immortalisée...
"EDF (le nucléaire français) est en situation de monopole"
Cela était vrai aussi avant qu'EDF ait du nucléaire ! Et la compagnie nationale a été en situation de monopole dans bien des pays occidentaux, avec des centrales à charbon ou à pétrole...
Et puis, en matière de production d'électricité "de masse", qu'un oligopole d'acteurs privés soit préférable à tous points de vue à un monopole public reste à prouver.
"On peut remplacer le nucléaire par des énergies renouvelables et des économies d'énergie"
Cette affirmation est qualitativement parfaitement exacte. Toutefois, avant d'en tirer des conclusions pratiques, elle demande à être complétée par la réponse à ces deux questions :
pourquoi affecter en priorité d'éventuelles économies d'énergie - dont je suis un fervent partisan - à la "sortie du nucléaire", et non à la "sortie du fossile" ? Supposer que la sortie du nucléaire est prioritaire implique que le changement climatique ou la dépendance de l'extérieur sont des facteurs de trouble de deuxième ordre devant le nucléaire civil. Est-ce si évident ?
les renouvelables sont-elles plus écologiques que le nucléaire ?
Cette deuxième question surprendra peut-être, mais finalement sa réponse est loin d'être évidente. En effet, les énergies renouvelables ne sont pas uniquement vertueuses, ne serait-ce que parce qu'elles requièrent souvent une très grande occupation des sols pour fournir des quantités significatives d'énergie. Par exemple, remplacer une centrale nucléaire par de l'hydroélectricité (renouvelable) impose de noyer une vallée (le potentiel de ce que l'on appelle les "micro-centrales" est très faible). Est-ce souhaitable ?
Remplacer une centrale nucléaire par l'énergie du vent impose de construire quelques milliers d'éoliennes ET de construire des centrales à énergie fossile ou des barrages pour les jours ou les heures sans vent (voir détails sur l'éolien). Est-ce un bon arbitrage ? Même remplacer le nucléaire par des panneaux photovoltaïques conduirait aujourd'hui à une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre car la fabrication dedits panneaux est encore une industrie assez consommatrice d'énergie et assez polluante. Si le potentiel du solaire à moyen terme est cependant très important, est-ce vraiment pour remplacer le nucléaire qu'il faut y recourir ?
Certes, "on peut" remplacer le nucléaire par des renouvelables et des économies d'énergie. Mais la bonne question est : ne vaut-il pas mieux remplacer d'abord le pétrole, le gaz et le charbon par ces énergies et ces économies ?
"Le nucléaire ne fait que 6% de la consommation d'énergie dans le monde aujourd'hui, donc ce n'est pas une solution à l'effet de serre"
Le nucléaire ne fournit effectivement que 6 à 7% de la consommation d'énergie dans le monde aujourd'hui, à égalité avec l'hydroélectricité. Comme les émissions de CO2, le principal gaz à effet de serre, sont le fait des 85% restants (hors hydroélectricité et nucléaire, donc) on entend parfois l'argument comme quoi nucléaire ou pas de nucléaire, cela ne fait pas de différence dans la lutte contre les gaz à effet de serre. Mais en raisonnant de la même manière, on peut aussi disqualifier le solaire et l'éolien, qui ne représente chacun que bien moins de 0,1% de la consommation mondiale d'énergie aujourd'hui !
Plus sérieusement, cet argument assimile abusivement présent et futur, considérant, sans autre forme de démonstration, que 6% aujourd'hui condamnent pour l'éternité le nucléaire civil à ne faire que 6% tout au plus demain. Bien évidemment, on ne peut pas jauger du potentiel d'une marge de manoeuvre en se contentant uniquement de regarder ce qu'elle vaut aujourd'hui, sans aucune considération sur ce qu'elle pourrait valoir demain avec des hypothèses différentes, mais toujours plausibles.
"Le nucléaire, cela fait plein de déchets dont personne ne sait quoi faire"
Hélas, toute activité humaine engendre des déchets, et bon nombre d'entre eux sont produits en telles quantités qu'ils posent plus de problèmes que ceux du nucléaire civil.
Le nucléaire est-il vraiment un producteur significatif de déchets, même toxiques (tous les déchets industriels spéciaux le sont plus ou moins), dans l'ensemble de nos activités industrielles ? Il sera peut-être utile de préciser que les "déchets nucléaires" désignent uniquement, le plus souvent, les déchets de haute activité. Selon les technologies utilisées, ce qui est un déchet dans un contexte donné peut devenir une matière première pour produire de l'énergie dans un autre contexte. C'est notamment le cas du plutonium, matière fissile qui est généralement considérée comme un déchet, mais peut aussi servir de combustible dans un réacteur à neutrons rapides.
Même en se restreignant à l'énergie, le nucléaire n'a pas le monopole de la production de déchets : tous les modes de production d'électricité en font ! Lorsque l'électricité est produite à partir de combustibles fossiles, le déchet s'appelle entre autres...le gaz carbonique, gaz à effet de serre (la première source d'émission humaine de ce gaz, au monde, est précisément la production d'électricité). A tout prendre, qu'est-ce qui est préférable : avoir des déchets solides (nucléaires), que l'on peut mettre dans une poubelle (la Hague), et surveiller, ou avoir des déchets gazeux (le CO2), qui, dès qu'il part dans l'atmosphère, échappe à tout contrôle, et est susceptible d'engendrer des conséquences globales et irréversibles sur des milliers d'années ?
Lorsqu'il s'agit de charbon (50% de l'électricité dans les pays de l'OCDE aujourd'hui), il y a également des cendres (et des polluants divers) : délivrer la même puissance que celles de nos centrales nucléaires avec de la houille nous gratifierait de plus de 20 millions de tonnes de cendres par an (contre actuellement 40.000 tonnes de déchets radioactifs tout compris, soit 2% de cette quantité, et seulement 200 tonnes de très radioactives, soit un dix-millième, en tonnage). Et, à puissance produite équivalente, les cendres de charbon émettent plus de radioactivité que les déchets nucléaires ! Cela est du au fait que le charbon contient beaucoup d'impuretés, dont quelques éléments radioactifs, qui ne sont pas combustibles et que l'on retrouve dans les cendres.
"Mais les déchets sont actifs pendant des centaines de milliers d'années."
Cela est parfaitement exact, même si leur activité décroît au cours du temps, de telle sorte qu'ils ne sont pas dangereux au même niveau pendant toute cette durée, l'essentiel de la dangerosité concernant les 1000 premières années : au bout de ce laps de temps, les déchets ne sont pas beaucoup plus radioactifs que l'uranium initialement mis dans le réacteur.
l'essentiel de la radioactivité du combustible usé provient des produits de fission, dont la radioactivité repasse en moins de 1.000 ans sous celle du combustible initial.
c'est le plutonium qui est responsable essentiel de la caractéristique "longue durée de vie", mais après retraitement il disparait des résidus, et peut servir de combustible dans les filières appelées communément "surgénérateurs" (dont Phénix et Superphénix sont des prototypes).
Mais dans les déchets industriels spéciaux, qui mobilisent d'ordinaire moins l'attention, il y a des composés chimiques dont la "durée de vie" est aussi très importante (les polluants organiques persistants, par exemple), voire infinie, et si nous confinons 200 tonnes de déchets nucléaires chaque année, nous dispersons dans le même temps 100.000 tonnes de pesticides de synthèse dans la nature, dont la toxicité aiguë est parfois proche de celle des déchets nucléaires, et les effets sur l'environnement bien plus importants.
Le parathion, par exemple, a tué des enfants suite à des absorptions de 2 milligrammes de produit, soit une quantité voisine de ce qu'il serait nécessaire d'absorber en déchets nucléaires à haute activité pour tuer un adulte (environ 0,5 mg). Voici donc 200 tonnes de déchets nucléaires soigneusement confinés d'un côté, et 100.000 tonnes de produits chimiques très actifs, dont certains sont presque aussi dangereux que les déchets nucléaires, dispersés allègrement dans la nature de l'autre, et pourtant, envisageons-nous de renoncer d'abord à la viande abondante, dont la production de masse rend nécessaire l'agriculture intensive ?
Enfin les déchets nucléaires, contrairement à une idée répandue, peut-être parce que c'est le même adjectif que l'on emploie pour ce qui touche à l'énergie atomique (la bombe nucléaire, la centrale nucléaire, les déchets nucléaires, un peu comme si on disait une usine chimique, une bombe chimique - à la place d'une bombe conventionnelle - et des déchets chimiques - à la place des polluants...), ne peuvent en aucun cas "exploser" ou encore se déplacer très loin en cas de fuite ou de problème quelconque. Une rupture de confinement pose un problème uniquement local (les déchets ne sont pas des explosifs !), dont l'ampleur n'aurait rien à voir avec, par exemple, celle d'un accident industriel majeur (AZF).
Voici une question simple : à choisir, ne vaut-il pas mieux échanger un problème qui dure sur 1.000 ans, mais que nous sommes capables de transmettre à nos héritiers immédiats dans des conditions acceptables, contre un morceau d'un problème majeur qu'est le changement climatique, dont les effets catastrophiques peuvent survenir en moins d'un siècle, peuvent subsister pendant des milliers d'années (ou même plus), et que nous ne savons pas, aujourd'hui, transmettre dans des conditions acceptables à nos enfants ?
"Le retraitement des déchets nucléaires est une ineptie, qui coûte cher"
Il existe bien d'autres filières de recyclage et de récupération qui ne sont pas immédiatement rentables économiquement au moment de leur mise en oeuvre. Appliquer cet argument sans discernement conduirait donc à jeter à la poubelle - sans mauvais jeu de mots - bien d'autres opérations de "valorisation", par ailleurs parées de toutes les vertus par les mêmes qui refusent la récupération des éléments encore exploitables dans le combustible "usé". Le coût du retraitement n'est pas décisif dans le prix du kWh, et cela permet par contre d'exploiter un peu mieux le "contenu énergétique" du combustible (mais beaucoup moins que si l' on recourrait à la surgénération). En bref, il faudrait recycler tous les déchets sauf ceux-là ? Comprenne qui pourra....
"Selon des critères privés le nucléaire ne peut survivre ; il faut obligatoirement des subventions pour le faire survivre"
Il y a trois choses à répondre à cela.
une réponse de principe : le fait qu'une activité soit subventionnée n'est pas nécessairement le signe qu'elle est nuisible pour la collectivité. Le Réseau Ferré de France n'est pas non plus rentable et ne peut survivre que subventionné. Faut-il supprimer le chemin de fer ?
Deux contestations du fait même :
les comptes d'exploitation des sociétés "commerciales" du nucléaire, telles EDF (qui, achetant actuellement à tour de bras des centrales à charbon, à gaz et à pétrole à l'étranger est de moins en moins une société "tout nucléaire", ce qui devrait réjouir les adversaires de ce mode de production) ou Areva, sont parfaitement bénéficiaires, et ceux des organismes publics qui ne vendent rien, tels le CEA, n'ont pas plus à l'être que ceux du CNRS (ou de la police !),
le courant produit par une centrale nucléaire, sur sa durée de vie, est ce que l'on fait de plus économique avec le système de prix actuellement en vigueur.
"Le nucléaire est une activité très dangereuse"
Hélas pour nous, nombre de nos activités sont plus ou moins dangereuses ! Conduire est dangereux (et le risque n'est pas choisi pour le piéton qui se fait écraser, contrairement à un argument souvent utilisé), fumer est dangereux (idem : le fumeur passif ne choisit pas grand chose), boire de l'alcool est dangereux, avoir des usines chimiques est dangereux. La bonne question est : le nucléaire est-il plus dangereux que le reste de nos activités industrielles ?
Que dire des morts survenus dans les mines de toute nature (quelques milliers par an rien que pour l'extraction du charbon en Chine)ainsi que des décès dus aux ruptures de barrages.
Le nucléaire civil a tué quelques dizaines de personnes en 30 ans. Dans le même temps, les raffineries, oléoducs et ... les fabriques de feux d'artifice en ont tué quelques milliers, et l'industrie chimique au moins autant. Envisage-t-on, à chaque fois qu'il y a une usine qui explose, de se passer de la chimie ou de pétrole, à chaque fois qu'une fabrique de pétards explose, de supprimer le 14 Juillet, ou, après chaque week-end de Pentecôte, qui fait 3 fois les morts de Tchernobyl, de se passer de la voiture ?
La bonne question ne me semble pas être de savoir si le nucléaire "est dangereux", mais s'il est plus ou moins dangereux que :
nos autres activités industrielles (la réponse est non : il est moins dangereux que la chimie, de très loin, comme l'attestent ces statistiques des Nations Unies),
les autres modes de production d'énergie par lequel il faut le remplacer si nous nous en passons.
Pour cette deuxième question, voici la conclusion de l'Organisation Mondiale de la Santé. Il se trouve, en outre, que j'en connais personnellement un ancien sous-directeur général, actuellement à la retraite, que j'ai le plus grand mal à imaginer comme étant aujourd'hui à la solde de quelque groupe de pression que ce soit, et donc qui n'aurait pas manqué de souligner si ces chiffres étaient fantaisistes. Mais il est vrai que le jugement de personne n'est infaillible ! "Mais Tchernobyl aurait tué des dizaines de milliers de personnes..."
En ce qui concerne l'accident de Tchernobyl, la majorité des informations qui circulent sont de 3è main, quand ce n'est pas plus. Or il existe aussi des informations de "première main", c'est à dire les rapports rendus par les médecins qui ont directement conduit les études épidémiologiques sur les personnes qui ont reçu des rayonnements ionisants à la suite de cet accident.
Une étude épidémiologique est une étude statistique, menée sur un grand nombre de personnes, qui vise à savoir si il existe un effet discernable à moyen terme pour une cause donnée qui n'a pas d'effets immédiats, et si oui de l'estimer ; il en existe par exemple pour la pollution automobile, le tabac, ou encore l'exposition à telle ou telle substance supposée toxique. Ces études sont les seuls moyens à la disposition de la médecine lorsque l'effet n'est pas certain. Elles portent généralement sur un très grand nombre (de quelques milliers au moins) de gens qui ont été exposés à un agent supposé nuisible, pour comparer leur évolution avec celle d'un groupe témoin, non exposé.
En ce qui concerne Tchernobyl, l'agent pathogène supposé est le surplus de radiations reçues. Un rassemblement des résultats des nombreuses études menées est périodiquement effectué, et au moins deux documents de synthèse sur les conséquences sanitaires de cet accident ont été rendus disponibles par une institution internationale que l'on peut difficilement soupçonner d'être à la solde des "nucléocrates" :
une publication effectuée en 1994, par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), "Nuclear Power and Health",
une publication effectuée périodiquement par l'United Nations Scientific Committee on the Effects or Atomic Radiation (UNSCEAR), division des Nations Unies, la dernière datant de 2001
Ces deux rapports indiquent que l'accident a fait quelques dizaines (de 30 à 50) de morts à relativement bref délai (essentiellement parmi les premiers "liquidateurs", qui étaient majoritairement des pompiers), a incontestablement provoqué un surplus de cancers de la thyroïde d'environ 2.000 cas (lesquels ont fait à peu près 10 morts à ce jour ; c'est un cancer qui, pris à temps, se soigne assez bien), et que pour le reste il n'est pas possible de caractériser un surplus de pathologies (leucémies, cancers solides, malformations à la naissance, etc) lié à l'accident de Tchernobyl.
Mais n'est-ce pas que "on nous cache tout on nous dit rien" ? A chacun de juger si les médecins (car il s'agit pour l'essentiel de médecins hospitaliers, spécialistes du traitement du cancer) qui ont conduit ou expertisé les dizaines d'enquêtes épidémiologiques citées par l'OMS et l'UNSCEAR sont tous des vendus... Allons plus loin : alors que les lobbies du pétrole et celui de l'automobile, autrement plus riches et plus puissants que celui du nucléaire, n'ont pas pu empêcher les médecins de dénoncer les inconvénients de la pollution automobile ; alors que l'industrie chimique, qui est aussi autrement plus puissante que celle du nucléaire, n'a pas empêché l'Organisation Mondiale de la Santé de dire que Bhopal avait fait des milliers de morts, par quel miracle ce même organisme (l'OMS) se serait alors "écrasé" devant Framatome et Westinghouse pour les morts de Tchernobyl si des études médicales faites dans les règles de l'art avaient anoncé des milliers de morts ?
Enfin, plus sérieusement, trois éléments doivent rester présents à l'esprit :
Seules 20 ou 30.000 personnes ont reçu du fait de l'accident une irradiation supérieure à ce que nous recevons - sans protester en général ! - pour un examen au scanner,
Cancers et malformations congénitales surviennent "normalement" partout dans le monde : Tchernobyl ou pas, un quart de la population meurt de cancer, et une fraction des naissances a toujours produit des enfants anormaux. Un de mes grand'parents est né sourd, et je suis sur que c'était avant Tchernobyl ( !), et ma soeur est handicapée mentale, et, comme elle est née en 1960, je suis aussi sûr que ce n'est pas Tchernobyl. Le fait de montrer un enfant handicapé à la télévision ne prouve rien : il y en a toujours eu. La bonne question est de savoir si il y en a plus que d'habitude (le fait de tous les rassembler dans un même hôpital ne signifie pas non plus qu'il y en ait plus que d'habitude. L'Ukraine a connu après Tchernobyl une récession majeure, avec toutes sortes de conséquences négatives sur la santé, dont une baisse de l'espérance de vie. Une situation identique (baisse de l'espérance de vie, hausse de la morbidité) se constate en ex-URSS, où il n'y a pas eu d'accident de centrale : le simple constat d'une augmentation des décès n'est pas suffisant pour en attribuer d'autorité la responsabilité exclusive à Tchernobyl, ou à quelque autre cause isolée du reste. Va-t-on aussi attribuer les handicapés mentaux qui peuplent les orphelinats de ce pays comme des rejetons de Tchernobyl ?
"Le nucléaire empoisonne les populations avec les rayonnements"
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, voici comment se décomposent les rayonnements ionisants qui nous recevons chaque année, sachant que la dose annuelle reçue par Terrien est de 3 mSv en moyenne (le Sievert, Sv en abrégé, est l'unité de dose reçue pour les rayonnements ionisants), mais peut varier d'un facteur 20 d'un endroit à l'autre de la Terre sans que cette variation soit à l'origine de conséquences sanitaires particulières.
Même question que pour Tchernobyl : les médecins nous racontent-ils tous des salades ?
"Tchernobyl a contaminé l'environnement pour des siècles"
Il faut savoir que "l'environnement", c'est à dire essentiellement ce qui n'est pas l'homme, est généralement bien moins sensible aux rayonnements ionisants que notre espèce : une dose mortelle pour nous n'affectera quasiment pas un végétal, un micro-organisme, un insecte, un lézard, ou même certains mammifères : l'homme étant l'une des plus évoluées des espèces, elle est de ce fait l'une des plus sensibles aux rayonnements ionisants.
En outre, si un animal devient malade à cause d'une irradiation (qui ne le rend pas lui-même fortement radioactif !) ou présente un défaut à la naissance de ce fait, il lui arrivera ce qui arrive à toute bestiole affaiblie ayant des prédateurs : il se fera manger. Là où la conséquence est considérée comme inacceptable pour nous (2% de morts parmi la population, par exemple) elle passe inaperçue dans l'environnement : 2% de morts en plus une année donnée pour des animaux non menacés (rats, cerfs, vers de terre, sangliers ou que sais-je), cela est d'une part difficilement détectable, et d'autre part sans effet notable au bout de quelques années.
Ce qui pose problème, en fait, et que l'on désigne généralement par "contamination de l'environnement", n'est pas le dommage de long terme causé aux alentours (lorsqu'un incendie brûle des arbres centenaires, la durée de reconstitution n'est pas immédiate non plus), somme toute bien moins important que l'idée que l'on en a, mais le fait que les terres locales sont devenues indisponibles pour un usage agricole : les végétaux poussent très bien, car ils ne sont pas gênés par le surplus de radioactivité, mais ils présentent parfois (de manière un peu "aléatoire", car il arrive que cela varie fortement d'une parcelle à l'autre) une concentration en isotopes radioactifs (Césium notamment) qui les rendent impropres à la consommation humaine avec les normes que nous nous sommes fixées (et il y a matière à un long débat pour savoir si la norme se justifie d'un point de vue sanitaire ou environnemental, parfois...).
Toutefois, et même si cela va peut-être choquer certains lecteurs de voir les choses présentées comme cela, l'accident de Tchernobyl a paradoxalement aussi eu une conséquence positive sur "l'environnement", tout simplement en conduisant à l'évacuation des hommes dans un rayon de 30 km autour de la centrale, devenus inhabités depuis 15 ans. Car la suppression de quasiment toute présence humaine (l'homme est de très loin le premier "prédateur" du milieu naturel) fait plus que compenser le fonds de radioactivité supplémentaire que l'accident a engendré près de la centrale ! Des comptages effectués semblent indiquer, par exemple, que bon nombre d'animaux prospèrent désormais dans la "zone interdite" bien plus qu'avant l'accident.
Quoi que cela ne soit pas du tout politiquement correct d'énoncer les choses ainsi, on pourrait dire, en caricaturant à peine, que Tchernobyl a converti, de force, des terres agricoles (et une ville) en réserve naturelle (une "réserve naturelle" n'est en effet rien d'autre qu'un endroit où l'homme est prié de ne pas habiter, et de se déplacer sur la pointe des pieds). Le niveau de radioactivité y est certes plus élevé qu'avant l'accident, mais comme il est exposé plus haut cela ne gêne pas l'immense majorité des êtres vivants qui s'y trouve.
Il a certes fallu déplacer environ 130.000 personnes pour cela, mais le barrage des trois Gorges en Chine, destiné à utiliser une énergie parfaitement "propre" et renouvelable, a nécessité le déplacement de plus d'un million de personnes et annihilera toute vie non aquatique (et non pas 2%) à l'emplacement du futur lac de barrage, qui va couvrir environ 50.000 km2 (contre environ 2.800 km2 de zone évacuée à Tchernobyl). Alors, où est la vérité ... ?
"Avec des centrales, la bombe n'est pas loin"
Il s'agit d'un argument exact dans le raisonnement mais qui méconnaît profondément le mauvais côté de la nature humaine : la majeure pays des pays qui ont des centrales nucléaires ont eu la bombe AVANT d'avoir disposé du nucléaire civil, comme cela a été le cas pour bien des technologies du reste. Le risque de voir des centrales civiles mises au service de la prolifération militaire - qu'il faut absolument éviter, en cela je suis parfaitement d'accord - est donc, hélas pour nous, faible : la bêtise a généralement déjà été faite.
Même aujourd'hui, il reste plus simple et moins onéreux de construire directement une installation permettant de fabriquer de l'Uranium 235 de qualité militaire qu'une centrale nucléaire civile pour extraire ensuite le plutonium 239 des produits de fission.
Faut-il alors, au nom d'un regret, "faire comme si" nous pouvions revenir en arrière ? Pouvons nous sérieusement supposer que la suppression du nucléaire civil rendrait plus facilement envisageable celle du nucléaire militaire ? Ne vaut-il pas mieux, dans le contexte actuel, éviter les raisons de se battre, les difficultés d'accès à l'énergie ou les conséquences du changement climatique pouvant constituer autant d'occasions de le faire ?
Faut-il interdire aux USA - qui ont déjà un arsenal considérable - de nucléariser une plus forte proportion de leur production électrique, au motif que cela leur permettrait d'avoir la bombe ? Faut-il interdire à l'Espagne ou au Canada d'avoir plus de centrales nucléaires pour le même motif, l'un et l'autres ayant déjà des centrales civiles ? Faut-il l'interdire aussi à la Chine, qui a déjà l'arme nucléaire ? Or si nous mettons tous ces pays qui ont déjà la bombe ou des centrales civiles bout à bout, c'est plus de 80% de la production d'électricité mondiale qui est concernée.
En fait, recourir massivement au nucléaire dans les pays de l'OCDE permettrait précisément de laisser le gaz et le pétrole aux pays les plus pauvres - et souvent les plus instables - que l'on ne souhaite pas voir s'équiper d'installations électronucléaires (je serais effectivement inquiet d'apprendre qu'il y a une centrale nucléaire au Soudan) tout en divisant rapidement par deux les émissions mondiales de gaz carbonique, condition sine qua non pour arrêter d'enrichir l'atmosphère en gaz carbonique et donc stopper - avec un délai de quelques siècles - la hausse des températures.
Mais, bien entendu, il est toujours possible de dire que la simple présence de centrales nucléaires "quelque part" permet un trafic de plutonium et donc la fabrication de la bombe "ailleurs".Celaest vrai sur le papier, mais en fait fabriquer une bombe nucléaire est une opération relativement lourde et longue, et tout baser sur le trafic de plutonium en provenance d'autres pays serait vraisemblablement bien plus compliqué et aléatoire que de construire son propre dispositif d'enrichissement de l'uranium 235. En clair, le risque de voir des bombes apparaître là où nous n'en avons pas envie existe, mais l'existence de centrales nucléaires civiles supplémentaires hors de ces pays ne change pas significativement ce risque.
Il y a parfois un autre argument, plus "philosophique" celui-là, qui consiste à dire que les technologies d'inspiration militaire doivent être systématiquement écartées pour la vie civile. L'application de cet argument devrait hélas me conduire - entre autres - à ne rien publier sur Internet, cet outil étant dérivé d'Arpanet, réseau de communication militaire du Pentagone...
"Le chauffage électrique est une gabegie"
Cet argument, souvent présenté comme antinucléaire, n'est en fait pas spécifique à cette forme de production d'électricité : il tend à récuser, d'une manière générale, l'idée de recourir à l'électricité pour se chauffer, en expliquant que la perte au moment de la conversion de la chaleur en électricité (dans la centrale) est trop pénalisante et qu'il vaut mieux utiliser directement la chaleur chez soi. De fait, si l'électricité est produite avec des combustibles fossiles, il vaut effectivement mieux brûler directement ces combustibles dans une chaudière domestique que de commencer par en faire de l'électricité pour ensuite utiliser cette électricité pour se chauffer (le rendement est moitié moindre en passant par l'électricité).
Mais en France, personne ne peut directement exploiter la chaleur d'un réacteur nucléaire chez soi ( !). La bonne question devient alors de savoir si il vaut mieux - du point de vue de l'environnement - se chauffer avec de l'électricité nucléaire, même avec les pertes de conversion et de transport de l'électricité, ou se chauffer avec "autre chose". Si "autre chose" est du gaz ou du fioul, l'électricité française se positionne mieux.
Si "autre chose" est du bois ou du solaire thermique, il vaut effectivement mieux utiliser ces sources renouvelables, mais pas nécessairement pour moins produire d'électricité nucléaire. On pourrait aussi utiliser cette électricité devenue "inutile" pour remplacer du pétrole...
"le nucléaire coûte cher"
Qu'est-ce que parler argent ? C'est rajouter une couche d'hypothèses ou de règles du jeu au monde réel. Ainsi, un prix n'existe pas dans l'absolu. Il existe pour un système économique donné (économie de marché ou économie planifiée), un niveau de correspondance entre offre et demande donné, un niveau de technologie donné, un système fiscal donné, et, si le prix résulte pour partie d'un investissement, des taux d'intérêt en vigueur.
Quand il se dit que quelque chose "coûte cher", est-ce parce que la matière est rare, que la technologie n'est pas au point, que la fiscalité est importante, que les taux d'intérêt sont élevés, que la demande est trop forte... ? En fonction de la réponse, ce n'est pas la même conclusion qu'il faut en tirer. Pour en revenir à notre nucléaire, dire "qu'il coûte cher" dépend donc de quoi on parle :
Suppose-t-on qu'il coûte-t-il cher au consommateur ? Ce serait inexact, en tout cas, de dire qu'il coûte plus cher que les autres modes "classiques" de production : sur la durée de vie d'une centrale, le kWh électronucléaire est l'un des moins chers et des moins volatils. Toutes les énergies renouvelables coûtent bien plus cher que le nucléaire. Est-ce une raison pour ne pas s'y intéresser ?
Suppose-t-on que le nucléaire coûte cher en importations ? Lorsqu'un Français consomme une tonne équivalent pétrole d'énergie, il en coûte à la France moins de 10 euros de minerai d'uranium si cela est de l'électricité nucléaire, mais notre pays doit débourser plus de 200 euros s'il s'agit de pétrole. Le fait que le consommateur paye aussi cher son essence à la pompe que son électricité domestique correspond notamment au fait que le nucléaire nécessite plus d'emplois en France que le pétrole pour une même quantité d'énergie finale mise à disposition.
Suppose-t-on qu'il coûte cher en préparation de l'avenir ? Par unité d'énergie produite, la recherche sur le nucléaire civil coûte deux fois moins cher que la prospection pétrolière,
Suppose-t-on qu'il coûte cher en dégâts causés à l'environnement ou aux populations ? Un étude récente du Conseil de l'Europe indique qu'en ce qui concerne les "coûts cachés" (ce que les économistes appellent les externalités) liés à la consommation d'énergie, notamment les émissions de gaz à effet de serre pour les énergies fossiles, "il n'y a pas photo", pour reprendre une expression célèbre : la prise en compte de ces externalités est bien plus défavorable aux combustibles fossiles qu'au nucléaire.
Enfin suppose-t-on qu'il coûte cher à cause du futur démantèlement des centrales ? Ce coût est déjà inscrit dans les comptes d'EDF.
Non seulement la plupart des affirmations de "cherté" de l'énergie nucléaire sont parfaitement inexactes, mais, encore une fois, la discussion sur l'économie est finalement secondaire : celle sur la disponibilité de ressources et les dommages réels causés à l'environnement est bien prioritaire. Or dans chacun de ces deux domaines l'énergie nucléaire se positionne plutôt mieux que ses concurrents immédiats, aptes comme elle à la production d'électricité en masse. Et puis, encore une fois, invoquer (à tort en ce qui concerne le nucléaire) le coût comme argument conduit à disqualifier aussi les énergies renouvelables, généralement considérées par les anti-nucléaires comme "parfaites". Alors ?
"Le nucléaire ne permet de faire que de l'électricité"
L'éolien, l'hydraulique et le solaire photovoltaïque aussi, et pourtant ce sont des modes qui sont généralement bien considérés par les adversaires du nucléaire, à l'exception de la grande hydraulique (non sans raison).
Loin de moi, cependant, l'idée que ces formes d'énergie sont sans intérêt. Mais en quoi faut-il se désintéresser d'une source d'énergie parce qu'elle ne permet de faire "que de l'électricité" ?
En outre il serait théoriquement parfaitement possible d'exploiter aussi la chaleur des centrales nucléaires (actuellement rejetée dans les rivières ou dissipée dans les tours de refroidissement), si nous nous donnions la peine de nous creuser un peu la cervelle : la cogénération nucléaire, quoi !
"Le nucléaire dépend d'une source fossile limitée : l'uranium"
Cela est aujourd'hui parfaitement exact : les centrales actuelles ne savent "brûler" que de l'Uranium 235, matériau fissile (la fission est "l'éclatement", suite à l'absorption d'un neutron qui le rend instable, d'un gros noyau en deux noyaux plus petits, avec émissions de plusieurs neutrons et de rayons gamma, en libérant de l'énergie). L'Uranium 235 est peu abondant dans la nature sous forme exploitable (il y en a beaucoup dans l'eau de mer, mais à une concentration très faible). Avec la technologie en vigueur, le nucléaire dispose de ressources qui sont du même ordre de grandeur que celles de pétrole, mais guère plus.
Mais il n'y a pas qu'une seule énergie nucléaire. Une autre filière, "durable" celle-là, permettrait de contourner ce problème : la surgénération, qui désigne une réaction produisant, dans un premier temps, plus de matériau fissile qu'elle n'en consomme. Cela s'obtient en utilisant des éléments dits "fertiles", tels que l'Uranium 238 ou le Thorium 232 (nous aurions alors quelques millénaires devant nous). Un atome "fertile" a besoin de 2 neutrons (au lieu d'un seul) pour fissionner : un premier neutron - à la bonne vitesse - le rend fissile, et après avoir reçu un deuxième neutron, il fissionnera à la manière de l'Uranium 235.
Les éléments fertiles sont bien plus abondants que l'Uranium 235 : environ 200 fois plus pour l'Uranium 238, par exemple, et 4 à 500 fois plus pour le Thorium 232. Les surgénérateurs ont d'autres avantages : ils permettent de "brûler" le plutonium issu du retraitement des centrales classiques ou du démantèlement des armes nucléaires et font moins de déchets finaux que les réacteurs classiques.
Mais comme il est techniquement plus facile de gérer des matériaux fissiles que fertiles, et surtout que les matériaux seulement fertiles sont inappropriés pour faire des armes, dont la fabrication a généralement été la raison première de s'intéresser au nucléaire, c'est d'abord aux matériaux fissiles que l'attention a été portée, malgré qu'ils soient les moins abondants.
Cela ne signifie pas que la surgénération - donc l'exploitation des matériaux fertiles - soit hors de portée. Nous avons par exemple eu un surgénérateur raccordé au réseau en France : Superphénix. Il n'a pas été abandonné parce que "cela n'aurait jamais marché", puisque la centrale a fourni du courant pendant un an à EDF. Certes, elle n'a pas fonctionné dès le premier essai, et a connu des ennuis technique divers, mais que les choses ne marchent pas du premier coup est plus la règle que l'exception en matière de recherche ! Que Superphénix ait correctement fonctionné ou pas, son abandon a de toute façon été essentiellement politique, consécutive à l'arrivée des Verts au pouvoir, dont la lutte contre le nucléaire civil (étonnamment on ne les entend jamais pester contre le nucléaire militaire) est le ciment fondateur.
Il existe aujourd'hui dans les cartons des projets divers de surgénérateurs, utilisant des technologies différentes de Superphénix (qui présentait des faiblesses, assurément, par exemple utiliser du sodium fondu comme fluide de transport de la chaleur, cela n'enthousiasmait pas grand monde...). Mais seront-ils lancés à temps pour nous offrir la marge de manoeuvre qu'ils nous permettraient ? Il faudrait en effet quelques dizaines d'années, difficilement compressibles, entre la décision de construction d'un prototype et le raccordement au réseau d'une installation commerciale : en aucun cas un recours significatif au nucléaire ne peut s'actionner à bref délai le jour où nous déciderons que nous avons assez vu le pétrole comme cela.
Enfin, à plus long terme (mais les spécialistes pensent qu'il est illusoire d'espérer quoi que ce soit avant 50 à 100 ans) la fusion, qui est aussi une énergie nucléaire, sera peut-être mise au point. Il est du reste assez amusant que les "antinucléaires" soient plus "anti-fission" (contre l'uranium), ou "anti-surgénération" (contre le plutonium) que "anti-fusion" (contre le tritium), alors que, fondamentalement, ce sont uniquement des manières distinctes d'exploiter une même énergie nucléaire (c'est à dire qui provient du noyau de l'atome, nucleus en latin). La fusion n'est-elle pas parfaite, aujourd'hui, essentiellement parce qu'elle est toujours virtuelle ?
"Un pays avec des centrales nucléaires est un pays indéfendable"
Admettons qu'aujourd'hui nous n'ayons plus de nucléaire. Aucune combinaison d'énergies renouvelables ne pouvant fournir la consommation actuelle de la France (et il s'en faut de beaucoup), cela signifie que notre société dépendrait essentiellement du gaz, du charbon et du pétrole, tous importés en quasi-totalité. Un pays dépendant à presque 100% de l'étranger pour son approvisionnement en énergie est-il parfaitement défendable ?
Admettons qu'il faille encore augmenter les émissions de gaz à effet de serre, comme le propose le réseau "sortir du nucléaire", en remplaçant le nucléaire par du gaz (et qui partage cette position avec les dirigeants d'un certain nombre de grands acteurs parfaitement capitalistes et privés de l'énergie, ce qui ne manque pas de sel) ; cela figurait aussi dans le programme de campagne des Verts aux présidentielles. Un pays qu'un climat devenu fou rend invivable est-il parfaitement défendable ?
Et Ben Laden, direz vous ? En temps de guerre ou de terrorisme, cette dernière éventualité ayant donné lieu à de nombreuses déclarations tonitruantes récemment, il vaut bien mieux bombarder un coeur de ville ou une tour de la Défense qu'une centrale nucléaire (ou La Hague) si le but recherché est de maximiser le nombre de décès, comme en atteste le recul dont on dispose maintenant sur les conséquences de Tchernobyl. Enfin une centrale nucléaire est plutôt plus résistante qu'une centrale à gaz (à cause des enceintes en béton), quand, de toute façon, un pays ennemi serait tenté de bombarder les centrales pour couper l'approvisionnement en électricité.
De ce fait, toute centralisation de la production d'électricité est un facteur de vulnérabilité en cas de conflit, que ce soit avec du nucléaire, des barrages, ou autre chose, et les risques sanitaires ne sont pas maximaux avec le nucléaire. La rupture d'un barrage, par exemple, n'est pas nécessairement une catastrophe préférable à un bombardement de centrale nucléaire, et n'est pas moins difficile. Faut-il aussi interdire les barrages pour cette raison, en rappelant qu'ils ont fait bien plus de victimes à ce jour que les centrales nucléaires ?
"Le "lobby" du nucléaire n'est pas transparent !"
Cette affirmation correspond à une certaine réalité, mais les choses sont, encore une fois, moins simples qu'il n'y paraît.
D'abord, le "lobby" du nucléaire ne ressemble pas à un "lobby" habituel, comme, par exemple, celui de la chimie, des constructeurs d'automobiles ou de l'agriculture céréalière, car, contrairement aux cas de figure donnés en exemple, ou les constituants du "lobby" sont des entreprises privées, l'essentiel des acteurs du nucléaire civil sont des administrations (CEA), ou des entreprises publiques (EDF, Areva). Evidemment, si, pour des raisons qui m'échappent encore du reste, Areva et EDF sont "privatisées", cet argument deviendra caduc ! Il y aura alors bien un "lobby nucléaire".
C'est une distinction importante : lorsque le "lobby" est constitué d'acteurs privés, il est le bailleur de fonds de l'Etat, à travers les impôts qu'il paye, l'activité qu'il engendre, et, quelques fois (voir Enron, ou "affaire Elf") il est aussi le bailleur de fonds des partis politiques, voire des hommes politiques eux-mêmes. Si nous voyons les choses de manière cynique, en pareil cas le "lobby" peut menacer d'aller faire ses affaires ailleurs, emportant au passage impôts sur les bénéfices, charges sociales et emplois, et cela lui donne incontestablement des moyens d'action importants pour faire valoir ses vues.
Lorsque le "lobby" est constitué de hauts fonctionnaires (cas du CEA), c'est l'Etat qui est son bailleur de fonds et son donneur d'ordre. Le "lobby", en l'espèce, est alors plus dépendant de la puissance publique, qui décide de son budget, de ses lieux d'implantation, de son programme d'activité, et indirectement de ses effectifs, que la puissance publique n'est dépendante du "lobby". En outre, autant il est juridiquement facile, pour une société privée, de créer une coquille dans les Iles Caïman pour alimenter quelques comptes bancaires discrets qui permettront de disposer d'arguments très "convaincants", autant détourner des fonds avec la comptabilité publique, ce n'est pas facile !
Il n'y a donc pas de "lobby" nucléaire au sens où cette expression s'emploie habituellement. Il existe par contre, de manière incontestable, une technostructure, composée de fonctionnaires ayant un esprit de corps certain. Mais cet esprit de corps existe aussi à la SNCF ou chez les médecins : faut-il supprimer les trains parce que nous ne supportons pas "l'esprit de corps" des cheminots et les grèves qui en découlent parfois ? Faut-il supprimer les soins pour éradiquer "l'esprit de corps" des médecins qui en sont chargés ?
Ensuite il y a deux filières relativement distinctes dans le domaine nucléaire :
Celle des applications militaires, qui est effectivement assez peu communicante, mais ils sont payés pour ! Les avionneurs de la défense, les fabricants de chars d'assaut ou, avant leur interdiction, de mines anti-personnel ne sont guère plus prompts à venir parler de ce qu'ils font sur la place publique.
Celle des applications civiles, qui ne sont pas particulièrement "opaques" : EDF ou Areva sont soumis à des obligations de communication de multiples résultats de mesures physiques, qui viennent s'ajouter aux mesures habituelles de contrôle financier, rendant la connaissance de ce qui s'y passe dans la norme de ce qui est connu ailleurs, voire au-dessus. Là encore, c'est la comparaison qui est seule pertinente : est-on bien mieux renseigné sur ce qui se passe au sein des compagnies pétrolières, qui, en caricaturant à peine, ont parfois fait et défait des gouvernements africains ou, comme aux Etats-Unis, largement contribué à inspirer la politique énergétique du pays ?
Les régimes qui prospèrent grâce à l'argent du pétrole (Arabie Séoudite, Emirats divers, Iran, Irak, Russie, Lybie, Algérie...) sont-ils des modèles de transparence et de démocratie ? En conduisant en voiture, nous finançons indirectement des coupeurs de mains ou de têtes, des lapideurs de femmes adultères, et la mafia russe : est-ce tellement mieux que de financer les salaires de quelques employés français qui, le plus souvent, sont des fonctionnaires parfaitement fréquentables ? En France, le ministre chargé de l'énergie dicte-t-il réellement sa volonté à la première compagnie pétrolière du pays, dont il me semble avoir aperçu plus souvent le nom à la rubrique judiciaire des journaux que celui du CEA ?
Rien n'est simple ! Je ne dis pas que le nucléaire civil, c'est Alice au pays des Merveilles, et, surtout, je ne prétends pas - et ne prétendrai jamais - que de mettre du nucléaire partout est la solution à tous nos problèmes énergétiques. Mais il n'y a que la comparaison qui vaille, et, pour produire une quantité d'énergie significative, nombre des alternatives "classiques" (gaz, pétrole, charbon, grande hydraulique), ou renouvelables (éolien de masse, ou biocarburants, par exemple), présentent plutôt plus d'inconvénients que le nucléaire civil. Dans un monde où nous accepterions de limiter notre consommation d'énergie, ce qui me paraît assez indispensable si nous voulons éviter de gros ennuis un jour, produire cette énergie résiduelle en incluant du nucléaire me semble parfaitement recevable.
Mais, encore une fois, il ne suffirait pas de tout miser sur le nucléaire pour "sortir du fossile", c'est à dire arrêter la consommation de masse de ces combustibles éponymes. Y parvenir nécessite de recourir à la fois aux économies d'énergie (avant tout) ET au nucléaire ET aux renouvelables, notamment le solaire et la biomasse, sans négliger aucune marge de manoeuvre : devant une menace telle qu'un "choc climatique", pouvant déstabiliser la biosphère dans son ensemble, est-ce de bon ton de faire la fine bouche devant un élément de solution au motif qu'il présente quelques risques, alors qu'ils sont secondaires devant ceux qu'il permettrait d'éviter ? En clair, jusqu'où pouvons nous refuser de hiérarchiser les risques ?
Que l'on ait été anti-nucléaire en 1970, non seulement je peux parfaitement le comprendre, mais dans le contexte de l'époque c'était au contraire assez logique pour qui se préoccupait de l'avenir de la planète :
Les essais atmosphériques militaires battaient leur plein : le nucléaire s'est d'abord illustré aux yeux du grand public de cette manière là, ce qui a probablement contribué - avec raison - à lui donner une mauvaise "image de marque", mais mon propos ne porte que sur le nucléaire civil,
La technologie civile était récente, donc on ne disposait pas de recul pour juger de ses effets sur les populations,
Bien évidemment, notre civilisation est mortelle, et la bonne question est juste de savoir si notre comportement actuel nous hâte significativement vers sa fin ou pas.
Mais que l'on refuse en 2003 toute idée de nucléaire civil pour lutter contre des menaces bien plus ennuyeuses (changement climatique, troubles géopolitiques liés à l'énergie fossile) que celles liées aux déchets ou à la possibilité d'un accident majeur de centrale, cela me semble désormais relever d'un choix sentimental et non découler d'un raisonnement "rationnel". Ce n'est bien sûr pas illégitime de faire des choix purement sentimentaux (j'en fais tous les jours : je n'ai jamais cherché à justifier par des choix rationnels mon amour de la couleur pourpre ou de mes enfants), mais il est alors honnête de le reconnaître et de le dire, ce qui est rarement le cas pour le nucléaire civil.
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walter
Création de l'article : 21 décembre 2003
Dernière mise à jour : 21 décembre 2003
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> L'énergie nucléaire est la meilleure
16 janvier 2004, par
L'article est assez convaincant, mais il néglige un point qui me semble interressant, que pourrait t-on espérer comme rendement des énergies renouvelables si on consacrait un budget recherche sur ces questions qui ne serait que la moitié du quart de ce qui a été consacré au nucléaire ? la réponse plus que probable est que les rendements pourrait être tellement optimisés que la question du nucléaire ne se poserait pas. Je suis d'accord pour dire que l'on ne doit pas sortir du nucléaire de façon précipitée, mais je ne suis pas d'accord pour ire qu'il faut relancer un nouveau cycle du nucléaire, ni en France, ni ailleurs.
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