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Chimères et réalités sur les déchets nucléaires |
Article refusé car en désaccord avec le comité de lecture
Agiter des fantômes de la mort du nucléaire civil comme bouc émissaire facile pour un tremplin vers une carrière politique ou financière ou pour rouler pour le lobby du gaz et celui du charbon est inadmissible.
Chaque Français "produit" environ 3 tonnes par an de déchets divers, dont environ 100 kg de produits toxiques (produits chimiques, métaux lourds, etc...) dont certains ne sont pas dégradables (par exemple le mercure, le plomb, le cadmium, etc). Sur ces 100 kg par an, 1 kg est un déchet nucléaire, dont seulement 100 grammes sont des déchets radioactifs dits à "vie longue". Ces déchets "à vie longue" sont vitrifiés afin de les rendre inoffensifs. A l'inverse des metaux toxiques, qui ne sont pas dégradables et vont donc rester toxiques jusqu'à la fin des temps, la nocivité des déchets radioactifs, qu'ils soient à "vie courte" ou à "vie longue" diminue avec le temps pour devenir nulle.
Toutes activités humaines entraînent la production de déchets solides, liquides et/ou gazeux qui, dans le sens le plus large du terme, sont des substances, des matériaux et des objets, des restes de produits naturels ou de procédés de fabrication, de transformation ou d'utilisation, dont le recyclage devrait être envisagé alors qu'ils sont la plupart du temps abandonnés. Les sous-produits, qui sont alors des déchets, sont classés suivant leur origine et leur composition. On distingue les déchets urbains, les déchets agricoles, sylvicoles, industriels, les déchets minéraux et métallurgiques, les déchets sanitaires cliniques et hospitaliers, les déchets de la construction et de la démolition, les boues des stations d'épuration et les déchets d'origines multiples, parmi lesquels figurent les véhicules et l'électroménager lourd. Au sens scientifique strict du terme, tous ces déchets contiennent des isotopes radioactifs. Si la législation appliquée à l'industrie nucléaire leur était appliquée un certain nombre de ces déchets devraient être considérés comme des déchets radioactifs et traités comme tels.
Au sens législatif, l'industrie nucléaire et les industries de la santé sont les deux principaux producteurs de déchets radioactifs. Doit-on aussi supprimer la médecine nucléaire ?
A l'inverse de la plupart des autres déchets dont la toxicité reste permanente et ne diminue pas avec le temps, les déchets radioactifs présentent l'avantage d'une nocivité qui diminue en fonction du temps, pour finir par disparaître totalement. L'industrie nucléaire française produit 1kg par habitant et par an de déchets radioactifs, dont quelques grammes de déchets à vie longue, chiffres à comparer avec les quelques 2 500 kg de déchets par an et par habitant provenant du reste de l'industrie.
Les déchets nucléaires sont d'origine et de nature diverses. Deux paramètres permettent d'apprécier les risques qu'ils peuvent représentés :
l'activité qui traduit la toxicité, c'est à dire son impact potentiel sur l'homme la durée de vie, c'est à dire la période correspondant à une diminution de moitié de son activité. Les déchets radioactifs sont classés en deux catégories : les déchets à vie courte les déchets à vie longue Les déchets à vie courte De faible et moyenne activité, ils comportent des radioéléments dont la nocivité devient négligeable en moins de trois cent ans. Ils représentent 90% du volume total des déchets nucléaires (environ 20 000 mètres cubes par an), pour 1% de leur radioactivité totale. Compte tenu de leur faible radioactivité, ces résidus peuvent être stockés en surface en toute sécurité dans des structures en béton protégées par une couche de terre étanche. Ouvert en 1969, le premier centre de stockage situé près de La Hague est maintenant fermé. Il a reçu environ 530 000 mètres cubes de résidus radioactifs, en provenance de l'industrie nucléaire mais également de diverses origines (sources radioactives à usage médical, etc...). Les premiers chargements ayant été effectués en 1969 ont dès à présent perdu toute nocivité pour la santé humaine ou pour l'environnement.
Depuis 1992, un nouveau centre de stockage a été ouvert dans l'Aube à Soulaines. Il est destiné à recevoir 1 million de mètres cubes de déchets et devrait rester opérationnel jusqu'en 2032.
Les déchets à vie longue recouvrent deux types de produits distincts : d'une part des produits de faible et moyenne activité mais à longue durée de vie, essentiellement des déchets produits par l'entretien des ateliers des usines de retraitement ; d'autre part des produits qui contiennent, étroitement mêlés, des radioéléments très radioactifs mais à courte période (les produits de fission) , et des radioéléments peu radioactifs à période longue (les actinides mineurs).
Ces sous-produits de la fin du cycle du combustible sont vitrifiés, assurant ainsi un confinement totalement sûr pour des centaines de milliers d'années. Ces résidus vitrifiés sont actuellement stockés sur leur lieu de confinement en attendant que les sites définitifs de stockage à grande profondeur soient prêts.
Il existe une troisième catégorie de déchets, qualifiés de très faiblement radioactifs qui ne représentent aucun danger pour la santé humaine ou pour l'environnement mais qui ne peuvent pas être entreposés dans les décharges industrielles classiques, la loi interdisant que l'on dépose dans ces décharges toute matière radioactive. Il serait ainsi nécessaire de prévoir dans les années qui viennent des décharges spécialisées pour recueillir ces déchets, décharges dont la conception sera quasiment identique à celle des décharges classiques. A titre anecdotique remarquons que l'application stricte de la législation actuelle conduirait à interdire l'ensevelissement des morts dans les cimetières, ces derniers ne répondant pas aux normes réglementaires afférentes aux déchets (très faiblement) radioactifs (présence de l'isotope potassium 40 dans les os). Toujours dans le même ordre d'idée, les ordures ménagères (présence de carbone 14) ne devraient pas être brûlés (la loi interdit l'incinération des résidus radioactifs), mais conditionnées pour être stockées dans ces décharges spécialement conçues pour recevoir les déchets très faiblement radioactifs.
La réglementation, définie par les ministères de la Santé, de l'Environnement et de l'Industrie fixe à 5 mSv la limite annuelle d'exposition du public à la radioactivité d'origine industrielle. Les mesures faites systématiquement dans l'environnement permettent de calculer l'impact sur la santé publique lié à la consommation de chaque produit alimentaire.
Dans le Nord Cotentin, où est situé l'usine de retraitement et de recyclage de La Hague, le niveau de radioactivité des principaux produits alimentaires ne présente aucune anormalité :
Les poissons : 0,00008 mSv : il faudrait consommer chaque jour au moins 4100kg de chair de poisson, pour atteindre la limite annuelle. Le lait : 0,00162 mSv : il faudrait consommer tous les jours au moins 3080 litres de lait, pour atteindre la limite annuelle. Les mollusques : 0,00061 mSv : il faudrait consommer tous les jours au moins 130 kg de chair de mollusques pour atteindre la limite annuelle.
P.S.
Petit rappel à la légère : Pendant que l'on glose savamment sur les prétendus dangers du nucléaire en se gargarisant avec l'assurance typique de ceux qui sont persuadés d'avoir raison et en prenant soin de laisser ses oeillères, 6 millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de la consommation d'énergies fossiles (explosions, ruptures de pipe lines, cancers, asthmes, maladies du mineur, etc.)
walter
Création de l'article : 22 décembre 2003
Dernière mise à jour : 22 décembre 2003
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> Chimères et réalités sur les déchets nucléaires
28 décembre 2003, par
Cet article est vraiment interessant, non pas pour son contenu mais pour la methode utilisee. Un procede tres representatif des methodes du lobbying moderne. Le celebre "marketing viral" par exemple ...
Ces procedes sont tres repandus dans la nucleaire, l'agro-alimentaire et la politique. Mutatis mutandis, on retrouve des textes similaires dans les "argumentaires" appuyant la destruction de la retraite par repartition cet ete ...
Dans tous les cas la bonne question a se poser, la seule d'ailleurs, c'est "a qui profite le crime" !
La plupart du temps on ne peut guere avoir que des presomptions, tant les veritables commanditaires de ces operations de "desinformation" mettent de soin a brouiller les pistes.
Pour en revenir a cet article, et aborder le fond du probleme, on peut observer l'amalgame (bien pratique !) qui est fait entre les dechets "nucleaires" et les autres types de dechets.
C'est que derriere cette logorhee, il s'agit de masquer le veritable probleme : car il n'y a aucune comparaison possible entre les dechets "ordinaires" et les residus des exploitations atomiques. Ces derniers sont hautement radioactifs et toxiques, ils ont des durees de vie quasi infinie et leur diffusion provoquerait des zones "mortes" de centaines de km carres ...
Ce n'est pas vraiment un hasard si la plupart des centres nucleaires doivent etre proteges 24H/24 par des forces militaires armees de batteries anti missiles !
Bizarrement, cela surprendra notre "auteur", on ne trouve pas ce genre de deploiement autour des sites de dechets fossiles, menagers ou hospitaliers :-)
Toujours dans le registre de la desinformation, nous avons droit a des informations detaillees sur la typologie des dechets nucleaires, dont seule une infime partie serait veritablement dangereuse. Or dans le domaine de la toxicite nucleaire, le qualitatif l'emporte largement sur le quantitatif ! Il suffirait d'une infime quantite de plutonium pour devaster toute une ville ... bien plus que les "faibles" quantites produites en France chaque annee ..
Par ailleurs, un autre aspect du probleme est encore plus inquietant : des etudes medicales nombreuses et concordantes ont montre la dangerosite des emissions de faibles quantites de produits radioactifs. Je n'ai pas les references en tete mais je pense aux etudes epidemiologiques sur le taux de cancer autour des centrales nucleaires. Pour ceux qui veulent en savoir plus ... Medline est votre ami !
Un autre aspect qui est pudiquement passe sous silence par l'auteur c'est le point de vue financier. L'elimination des dechets coute cher et s'etend sur des siecles. Il s'agit d'un secteur a faible rentabilite (nulle en fait) et aucune entreprise privee ne le prendra en charge. D'un autre cote sous l'influence des neoliberaux l'Etat se desengage de toutes ces taches non vitales. Dans un proche avenir, les decharges nucleaires ressembleront a de vastes terrains vagues contenant, a l'abandon, en surface ou en profondeur, des quanites immenses de polluants radioactifs ...
Voila notre avenir, si nous n'arrivont pas a stopper le nucleaire !
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