Pour réduire la mortalité liée aux accidents de la route, le ministère de l'intérieur dépense des milliers d'euros tout en espérant tirer des bénéfices de l'opération. La police : une nouvelle entreprise qui gagne !
Nous l'avons tous appris par la presse, de nouveaux radars automatiques vont être mis en place sur les routes de France pour traquer les conducteurs trop pressés.
Les 100 premiers appareils seront installés d'ici la fin de l'année, et les 1.000 radars suivants seront mis en place progressivement en 2004 et 2005. Si j'ai bien compté, cela fait au total 1100 radars.
Coût de l'opération ? Notre bon ministre de l'intérieur, qui a sans doute dû se faire taper sur les doigts en annonçant la facture, tente de moucher toutes les oppositions en rétorquant aussitôt :
"En achetant en masse ces appareils, l'Etat compte faire baisser le coût de ces radars à 80.000 euros par unité. Le système devrait à terme s'autofinancer". Vous l'avez bien compris, c'est d'abord le contribuable qui paiera la facture : celui qui roule trop vite, bien sûr... ou tous les autres si cela ne suffit pas à amortir les frais.
Car elle est salée, la facture.
Faisons les comptes : 80 000 euros X 1100 = 88 000 000 euros, soit plus de 577 000 000 francs, pour ceux qui ont encore du mal avec notre monnaie européenne. Voilà qui laisse songeur. Voilà qui nous permet aussi de comprendre comment sera financée la baisse des împôts promise à ceux qui ont la chance d'en payer. De nos jours, c'est la police qui est chargée de renflouer les caisses de l'Etat.
Imaginons maintenant que nos concitoyens n'aient pas envie de rembourser les radars à Sarko. Imaginons qu'ils se mettent tous à rouler à 70 km/h, juste pour moucher Sarko. Belle panique sur les routes, mais on aurait le temps d'admirer le paysage. Et puis, réduire sa vitesse, c'est aussi réduire ses émissions de CO2. Et c'est justement ce qui me met la puce à l'oreille. Si nous ne remboursons pas les radars à Sarko, parce que nous décidons de rouler moins vite, parions que Sarko nous annoncera bientôt une réduction des vitesses autorisées, sous le beau prétexte de respecter les engagements de Kyoto.
Au delà de cette hypothèse, se profile également un danger, bien plus grand celui-là. Fidèle à la ligne de conduite néo-libérale, Sarkozy propose aux forces de l'ordre de s'auto-financer, de se comporter en somme comme une entreprise soumise à un impératif de rentabilité. La prévention n'étant généralement pas rentable, on privilégiera naturellement la répression ; pire, on n'hésitera sans doute pas à se montrer particulièrement zélé, motivé en outre par la promesse de primes.
Le 24 septembre 2003, devant des milliers de policiers et de gendarmes, Sarkozy déclarait : "Allez partout ! (...) Interpellez ! ", " vous êtes partout chez vous".
On ne saurait être plus clair.
Bienvenue à Sarkoland.
Sarah
Création de l'article : 27 octobre 2003
Dernière mise à jour : 27 octobre 2003
Page visitée 240 fois
|
|
Discussion associée à l'article.
Vous pouvez réagir à cet article ; le contenu n'est filtré ni par l'auteur de l'article, ni par le collectif.
Répondre à cet article |
|