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Désobéissance civile ou comment faire déboucher les luttes actuelles ?

Les organisateurs du village intergallactique d'Annemasse et l'association Alternative Non Violente ont proposé en soirée du vendredi 8 août dans le Chapiteau appelé "Porto Alegre" un débat sur le thème de la désobéissance civile.

Alain Refalo de l'associatrion Alternative Non Violente a rappelé certains fondamentaux concernant la désobéissance civile. L'action de désobéissance civile se distingue de l'objection par le fait qu'elle implique plusieurs personnes dépassant une simple prise de position personnelle. Cette action se situe aussi dans la non violence bien qu'elle implique d'enfreindre la loi quand elle est injuste. C'est tout le sens de ces luttes qui s'inscrivent dans la durée comme le combat des paysans du Larzac contre l'extension du camp militaire qui a durée 10 ans ou encore la lutte d'indépendance de Gandhi qui s'est étalée sur une période de 30 ans. Alain Refalo a aussi rappelé des exemples récents de désobéissance civile comme le renvoie des papiers militaires ou le refus de l'impôt dans les années 70 ou encore plus dernièrement les actions de réquisition de Droit au Logement ou des cinéastes mobilisés contre la loi debré concernant les étrangers. Il rappelle aussi une parole de José Bové "les formes de résistances que l'on emploi portent en elles le type de société que l'on veut construire". Une des régles importantes étant que les actions doivent se faire au grand jour, ce qui implique d'assumer aussi la répression qui peut s'en suivre. Dans la durée et dans le cadre d'actions bien pensées, le pouvoir se trouve confronté au dilemme suivant : ne pas réprimer et être affaibli par le fait que des individus enfreignent la loi ou les réprimer et prendre le risque d'un retournement de l'opinion publique. Un autre aspect important et que cette remise en cause de la loi entraine aussi la nécessité que l'on ai des propositions qui doivent faire progresser la loi dans le sens de plus de justice. Ainsi transgresser la loi n'est pas une fin en soi mais implique la participation du plus grand nombre pour avoir une efficacité.

Un militant du mouvement des Disobbedienti italiens évoque les actions menées récemment en Italie contre la guerre en Irak ou pour le démantellement des centres de détention pour immigrés. Il explique que nous ne devons pas nous contenter de dénoncer simplement des injustices mais qu'il faut aussi descendre dans la rue. Il partage profondément la lutte des Paysans Sans Terre des pays du sud comme il approuve les actions menées par la Confédération Paysanne de destruction ciblée des plans de maïs transgénique. Le débat a tourné principalement autour de l'idée que les dernières mobilisations contre la guerre en Irak ou en France contre la réforme des retraites n'ont pas permis d'arréter le processus. La question se pose donc de mettre en place des actions plus radicales et avec toute la répression du mouvement sociale et plus particulièrement des actions de désobéissances. On y va ou pas ? C'est une question individuelle qui reste encore difficile à résoudre. La mobilisation des masses reste une question qui semble cruciale avec quand même une prise de conscience qui doit se faire : que nous sommes dans une société confronté à une même guerre globale et permanente.

Il y a cette pression des médias qui tendent eux aussi à criminaliser les mouvements sociaux en stigmatisant les grévistes qui compliquent la vie des usagers, en faisant le jeu du pouvoir qui tente de faire passer des actions comme celle de José Bové comme des actes de délinquance. Alain Réfalo évoquera le procès de Nuremberg sur le régime nazi où des personnes ont été condamnées pour crime d'obéissance. Décidément, face à l'injustice, le devoir de désobéissance reste une notion à défendre et la lutte s'inscrit dans la durée.

Guillaume Bertrand.

Reporter web, 9 août 2003