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Qu'est-ce que la désobéissance civile, comment la mettre en oeuvre ?
Ce débat était proposé dans le cadre des échanges libres, par le village intergalactique et Alternative non violente. Débat auquel ont participé Alain Refalo (Alternative Non Violente), Franco et Luca Blasi (DISOBEANTI ITALIANI ), Steve Bruere et Marie Bardet du Village Intergalactique. Alain refalo a commencé par un utile rappel historique et s'est proposé d'"éclairer le concept". Dès l'époque de l'esclavage aux USA, Toro fonde le devoir de désobéïssance sur l'idée que l'obéissance à la loi engage la responsabilité du citoyen (les condamnés de Nuremberg l'ont été entre autres pour crime d'obéissance. Gandhi a mené ses premières campagnes en Afrique du Sud contre les lois discriminatoires... Martin Luther King a combattu contre les lois d'apartheid et pour l'égalité raciale et sociale. L'insoumission au moment de guerres coloniales, la lutte du Larzac, celles contre le développement des armes nucléaires... les actions actuelles contre la mondialisation libérale (dont la lutte contre les OGM) se situent dans cette perspective... En démocratie, le principal argument couramment utilisé est que la Désobéïssance Civile n'est pas légitime puisque l'on est en démocratie, et donc qu'on a des moyens légaux de s'exprimer. Or le problème n'est pas là : lorsqu'il y a contradiction entre la loi et le droit, la transgression de la loi est justifiée par un droit supérieur : Bové invoque ainsi que la convention Européenne des droits de l'Homme reconnait le droit à un environnement sain, ce que les expérimentations OGM en plein champ risquent de détruire. La Désobéissance Civile est une action collective, organisée, non violente (il doit y avoir cohésion entre fin et moyens), au grand jour (assummée dans ses actes et leurs conséquences - ce qui la distingue de la délinquance), elle s'inscrit dans la durée (10 ans au Larzac contre l'extension du camp militaire), et positive en ce sens qu'elle met en place des alternatives à ce qu'elle prétend combattre (Gandhi a organisé le filage et le tissage indien en même temps qu'il lançait le boycott des produits anglais). Elle procède par étapes, utilisant en premier les actions légales. Elle nécessite impérativement des objectifs clairs. En jugeant de manière individuelle des actes collectifs, les magistrats occultent leur caractère pour mieux les criminaliser. Luca Blasia évoqué longuement l'expérience italienne, soulignant comment le débat violence/non violence avait évolué vers un débat conflit/consensus. Il a souligné la nécessité de l'élaboration d'alternatives face aux systèmes que nous voulons vaincre : les batailles de Via Campesina ou de la Confédération paysanne sont celles du mouvement altermondialiste... Le débat a permis de souligner des points importants, par exemple le caractère personnel d'un tel engagement (même dans le cadre d'une action collective), l'impérieuse nécessité de la préparation (psychologique, en équipe), la nécessité d'obtenir un large soutien pour une action (même si, de fait, elle est réalisée par un petit nombre de personnes), la difficulté d'expliquer et populariser les actions (la "violence " d'un arrachage de maïs ou du démontage d'un Mac Do n'ont rien à voir avec celle qui jette des salariés à la rue, et pouquoi le droit de propriété serait-il supérieur au droit du travail ?). Elle nécessite aussi la mise en place d'équipes juridiques, médicales ... pour faire face aux conséquences ou aux suites des actions. Des propositions d'actions ont été faites qui seront réétudiées demain. Les mouvements contre la guerre en Irak et les mouvements sociaux de la période récente ont également été largement évoqués, bien que le problème de mener des actions de désobéicence civile à ces occasions n'aient pas été clairement posés en France. Enfin il faudra que le débat sur la construction des alternatives avance de manière significative, et nous avons encore énormément de travail de réflexion à mener...
Reporter web, 9 août 2003
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