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Le nucléaire en débat : 30 ans après...

Il y a trente ans se tenait le même débat : pour ou contre le nucléaire ? Quelles alternatives ? Aujourd'hui, après 30 ans de croissance et de consumérisme irraisonnés, les solutions demeurent abstraites. Les quelques initiatives locales, comme en Bretagne par exemple, se voient enrayées par l'absence d'une réelle volonté politique. Exemple : l'énergie éolienne.
D'ailleurs, le développement du parc nucléaire français se poursuit. Stéphane Lhomme, de "Sortir du nucléaire", le confirme d'emblée, en ouvrant le débat qu'il anime, "Energies et services publics" samedi 9. En introduction, son annonce tombe comme un couperet : le projet d'un réacteur "nouvelle génération" est en cours, le premier d'une série de 40 ! Présent pour en défendre l'idée, Claude Aufort, de CGT Energies, a rappelé la position pro-nucléaire de la branche Energie du syndicat : "Nous avons un devoir de solidarité en direction des pays en voie de développement. Dans quelques décennies, les ressources en gaz et pétrole seront épuisées. Utilisons le nuclaire" argumente le porte-parole. Huées générales dans un débat qui se voulait pourtant démocratique.
A sa gauche, autre point de vue, celui de Michèle Dessenne, représentante d'ATTAC, la virulente associaton qui se positionne aujourd'hui dans le... non-positionnement : "Attac ne se dit ni pour ni contre. Nous voulons décloisonner le débat et gérer des désaccords positifs pour construire des alternatives". Applaudissement général.
Au-delà des divergences de points de vue, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 5 ans pour construire un site de production nucléaire, 18 ans de production, 33 ans pour le démantèlement, sans compter le transport de la dite-énergie, l'enfouissement des déchets et les siècles de production que l'on ne peut chiffrer. A l'encontre de ce que l'on a longtemps voulu nous faire croire, l'énergie nucléaire n'est pas la plus économique. Consommer intelligemment de l'énergie propre, produite sur place, créérait des emplois locaux et réduirait les coûts.
Au sortir de ce débat, des ébauches de réponses et surtout une expérience démocratique autour de nouveaux enjeux planétaires : énergie pour tous, croissance modérée ou décroissance ?

Sur la lancée de l'expression démocratique, la conclusion de ce compte-rendu n'appartient qu'à ses auteurs : Une des solutions à la réponse énergétique mondiale serait la décroissance, et non pas la croissance modérée, ce concept qui semble faire consensus. La décroissance, fruit de la volonté citoyenne avec ou sans volonté politique. En effet, nous sommes un milliard et demi environ à avoir un libre accès, quoique payant, à l'énergie. Quand on parle d'énergie pour tous, on pense aux 7 milliards de terriens, et plus bientôt. Il serait dangereux que ces 7 milliards consomment autant que nous qui consommons déjà bien trop. _ Cela multiplierait les problèmes écologiques. Pour que "d'autres mondes existent" - slogan du Larzac 2003 -, apprenons d'abord à moins consommer... Contribuons, chacun pour tous, à ce que demain existe !

Carole Bourgeois et Didier Sicard

Reporter web, 9 août 2003