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Le Larzac 2003 a donné naissance à Gardarem la Tèrra
Au forum "Occitanisme et luttes sociales", naissance en direct du mouvement Gardarem la Tèrra Samedi 9 août, 13h00 Forum Seattle, Larzac. Plus de 1000 personnes réunies pour débattre ensemble du thème « Occitanisme et luttes sociales », annoncé dans le programme officiel. Le débat s'élargi et des propositions d'après Larzac 2003 fusent dans l'assistance : « il faut que ce forum aboutisse sur du concret et sur la naissance d'un nouveau mouvement qui prenne part dans le débat public mondial. Le Larzac 2003 doit mener des propositions concrètes, doit donner naissance à des idées et des actions d'ordre nouveau ». Après de longues discussions et propositions dans toute l'assemblée, les propositions aboutissent vers 14h30 : Gardarem la Tèrra sera le nouveau nom de ce Mouvement Civique d'Opinion Mondiale que vient d'inventer Larzac 2003, 30 ans après Gardarem lo Larzac. Les points principaux de ce mouvement né de la lutte pacifiste du Larzac sont décidés ensemble (lire plus bas). Aussitôt les 1000 personnes rassemblées dans ce forum commencent à scander ensemble « Gardarem la Tèrra ! Gardarem la Tèrra ! ». José Bové lui-même reprendra le dimanche 10 dans son discours de clôture sur la grande scène Larzac cet appel universel qui vient de naître quelques heures auparavant. Des feuilles circulent, les inscriptions et les prises de contacts pour construire ensemble ce nouveau Mouvement affluent de toute part. Joan-Daniel Esteve, un des intervenants présent à la table ronde de ce Forum les rassemblent et affirme que tous les inscrits marqués sur ces feuilles seront re-contactés dans les jours qui suivent car ce Mouvement vient de naître de ce qu'il faut désormais appelé le Peuple de la Terre. Manifeste : GARDAREM LA TÈRRA Il y a trente ans, les agriculteurs du Larzac menaient une lutte, qui devait se terminer par une victoire, contre la dépossession de leurs terres par l¹État militariste. Elle attira l¹attention du monde, suscita la convergence des luttes sociales, réunit sur le plateau toute une jeunesse européenne, vit passer des pacifistes venus de l¹autre face de la terre. Maîtrisée dans tout son développement par les paysans eux-mêmes, elle reste exemplaire : elle a prouvé que des hommes et des femmes résolus agissant pour une juste cause peuvent gripper les décisions de la machine étatique ; par sa dimension planétaire elle annonçait le mouvement actuel passé par Seattle, Davos, Gênes, Porto Alegre ; riche de contenus dégagés tout au long du pacifique combat, elle donnait une espérance au peuple de la Terre soumis aux impérialismes. Trente ans plus tard, le devoir des hommes libres est de rendre hommage aux paysans du Larzac, et en conséquence d¹affirmer leur solidarité avec ceux qui portent les formes nouvelles de leur combat jusqu¹à affronter la répression. Trente ans plus tard, les impérialismes sont rassemblés dans le pouvoir d²une oligarchie mondiale politico-financière maîtresse de la Planète à travers un système économique global et un État hégémonique possesseur d¹une puissance absolue de mort. L¹expérience vient d¹en être faite en Afghanistan et en Iraq. Pour mettre la main sur les ressources et les relations stratégiques principales de l¹économie du pétrole, une guerre a été déclenchée au mépris de toutes les conventions internationales, avec les moyens les plus terrifiants, en faisant servir l¹hypocrisie et le mensonge les plus éhontés que l¹histoire ait connus. On sait maintenant que les motifs invoqués (la présence d¹armes de destruction massive) étaient des faux, et l¹on attend la suite de ce qui, au nom d¹une lutte contre le terrorisme, a été déclaré une guerre permanente. Mais les résultats en apparaissent déjà piteux. Il y a une résistance des peuples contre laquelle l¹inintelligence surarmée ne peut rien, que tuer, toujours tuer.` Trente ans plus tard, les périls que faisaient courir à la vie sur notre planète une course effrénée à la croissance économique pilotée par les logiques de profits et de puissance en sont arrivés à la phase d¹urgence. Les responsables en sont le même système économique, le même État hégémonique, qui refuse de se soumettre aux premières régulations préconisées à l¹échelle internationale, le même groupe. de personnes, pilleurs et tueurs de la Terre. Pendant qu¹ils renforcent leur pouvoir et vassalisent un à un les États quémandeurs, une grande partie de l¹humanité meurt de faim, de misère, de maladies non soignées. Les déserts avancent et les peuples meurent. Mais le sursaut du Larzac est devenu universel. Nous avons assisté en cette année 2003, dans le rues des cités du globe tout entier à la mobilisation contre la guerre, pour la vie, de ce qu¹il faut bien appeler le ³Peuple de la Terre². Pour les trente ans du Larzac, c¹est à ce Peuple que nous faisons appel, et lui proposons les trois objectifs de survie et peut-être d¹épanouissement qui sont nées ici . Ce sont trois principes qui ont la valeur d¹une déclaration universelle des droits : 1 Le Peuple de la Terre a droit à la vie, quel que soit son lieu d¹habitat et son degré de développement matériel et social. Jusqu¹à ce jour il s¹est fié et confié à des organisations partielles et rivales, qui ont eu en leur dernier parcours la forme de l¹État. Il en est résulté des guerres perpétuelles, une soumission des faibles aux forts, des injustices efroyables et une humanité saignée à blanc. Aujourd¹hui la plupart des Ètats sont devenus des organisations désuètes, incapables, devant la globalisation qu¹elles soutiennent, d¹assurer la décision économique en leur cadre, et l¹État hégémonique universel en gestation illimite leurs inconvénients et leurs crimes. En dernière instance, l¹Organisation des Nations Unies a été bafouée par les États Unis d¹Amérique et frappée d¹inanité. En conséquence, l¹objectif politique du Peuple de la Terre ne peut être que la gouvernance universelle (un système fédéral démocratrique mondial) à substituer aux États et au désordre de l¹impérialisme capitaliste. 2 Les peuples et les pays ont droit à la vie, c¹est-à-dire au plein développement en leurs lieux et selon lOirisation de la variété culturelle. Le droit au pays a été proclamé il y a trente ans sur le Larzac. Il l¹a été en occitan (Gardarem lo Larzac) dans une langue que l¹État français avait longuement maintenue dans ses geôles culturelles. Le temps est venu de dessiner les instances de la vie mondiale (et pour nous d¹abord européenne) selon un organisation à étages, depuis la cellule de base de la vie sociale (appelée généralement le pays) jusqu¹à l¹interrégionalité la plus vaste, en passant par la région telle que la dessinent sa culture historique et ses relations naturelles. Il est grand temps d¹instaurer la démocratie mondiale contre le tribalisme étatique, c¹est-à-dire l¹autonomie universelle. 3 La vie a droit à la vie. Devant les risques qu¹elle court présentement du fait d¹une exploitation sauvage pour le profit des maîtres du jeu capitaliste, une régulation est nécessaire. Seule une autorité du ³Peuple de la Terre² dont l¹organisation contraindrait les rivalités et effacerait l¹hégémonie est capable de l¹imposer ; Ce que nous proposons, ce n¹est pas une régression vers les formes de vie idylliques d¹un pseudo-âge d¹or, ce n¹est pas un rêve de paradis écologique,ce sont des choix démocratiques fondés sur un calcul sévère des inconvénients et des avantages de l¹innovation et de l¹exploitation techniques Aucun progrès matériel n¹est condamnable en soi ( la vie sur la terre est une évolution, que l¹homme relaie). Ce qui l¹est, c¹est sa retombée destructrice et son utilisation perverse par des pouvoirs sans scrupules Si nous lançons aujourd'hui cet appel à un avenir que certains diront utopique, ce n'est pas que nous méprisions les analyses et les programmes. C'est parce que nous croyons que le mouvement large et profond qui a commencé à faire apparaître un "Peuple de la Terre", capable déjà de bouleverser l'histoire des sociétés humaines, inventera, dans l'avance et le combat, les formes d'organisation qui lui seront nécessaires. Nous serons avec lui pour cela avec décision et réalisme. Nous ne nous substituons pas à lui. Sur le Larzac, le 9 aoûit 2003, nous prenons le risque de dire cette espérance, à la mesure du danger. Gardarem la Tèrra. Vive le Peuple de la Terre.Visca lo Pòble de la Tèrra. GARDAREM LA TÈRRA joanda@free.fr
Reporter web, 14 août 2003
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