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Pas Solidaire du Sarkoval, par Mélanie

Alors que pendant deux mois, nous nous organisons avec les représentants du collectif des sons pour un bon déroulement des deux événements (Larzac 2003 et Technival), car eux aussi veulent lutter à l'intérieur du mouvement techno pour des prises de conscience : "la fête libre n'est pas à vendre"

Arrive le jour "J".
Présents sur le site Larzac 2003, les collectifs en question distribuent des flyers, certains avec la mention "restez ici pour le technival du 15 août". C'est étrange, durant la dernière réunion, on s'était compris, le site du Larzac devait être rendu tel quel à M. Valette, paysan. Il avait déjà beaucoup donné. De plus, M. Sarkozy, qui se veut organisateur au nom de l'état, possède sur le Larzac un immense terrain militaire inexploité, une terre sans vie.
Pourquoi cette position, mis à part des enjeux politiques ?
Comment se fait-il qu'on réquisitionne des terrains privés, si ce n'est pour diviser des personnes qui se voulaient alliées pendant deux mois contre ce gouvernement ? (pratique classique des politiques occidentales dans le tiers-monde)

"Construire un Monde Solidaire" a les yeux grands ouverts !
On se réunit donc une dernière fois avec Lionel (représentant du collectif des sons), pour trouver une entente et continuer le combat.
L'idée du camp militaire reste pertinente, tous les paysans unis (Conf + FNSEA !) sont présents. 70 tracteurs sont prêts à accompagner le mouvement techno et à rester avec eux durant l'événement face aux forces de l'ordre.
Mais le discours de ce représentant du collectif des sons a alors changé : "Notre public, ce sont des anarcho-nihilistes qui ne comprennent rien". On se pose déjà la question : quel intérêt peut-il avoir à organiser des rassemblements pour un public qu'il traite de moins que rien ?...

Ensuite, ils osent nous faire croire qu'avec l'infoline, ils ne pourront pas prévenir tout le monde pour se regrouper.
Pendant huit ans, j'ai fait des dizaines de technivals et on s'est toujours tous retrouvés au même endroit pour faire la fête et échanger grâce à la boîte vocale. Alors ? ? ? ? ? ?

Suite à toutes ces contestations, Sarkozy accepte d'interrompre ses vacances et de recevoir à Toulouse mercredi 13 août, les maires des communes concernées, les représentants du collectif des sons, et Construire un Monde Solidaire,... pour une entente. Rien de plus à la sortie, si ce n'est que Sarko réquisitionne le chantier de l'A75 (je vous laisse imaginer le site : longue bande étroite et goudronnée, peu d'hectares pour un collectif qui en demande 80). Si le technival se fait là, les sons systèmes seront obligés de déborder sur des terres agricoles.
De toute façon, on le savait déjà, Sarko l'avait annoncé dans les journaux avant même la réunion.

A ce moment, le pouvoir est entre les mains du collectif : vont-ils accepter ce lieu chaotique, tout en sachant parfaitement qu'ils investiront les terres des paysans du Larzac et que les contribuables paieront la note ?
Ou choisiront-ils de s'allier à la lutte avec tous ces paysans, en choisissant symboliquement de squatter le camp militaire, de le récupérer pour un week-end face au gouvernement Sarko ?
Les 70 tracteurs sont prêts, quelques travelers aussi ; on part avec un petit groupe sur le camp. On n'attend plus que le collectif des sons.

Or, devant les caméras, Lionel Proto annonce : "On ira où Sarko nous dira".
C'est ainsi que le mouvement Larzac 2003 s'est achevé.

Je regrette de ne pas avoir eu le temps de coopérer avec tous les sound-system militants alternatifs présents sur le rassemblement des 8/9/10 août et de m'être fait balader par des collabo du star-system pendant des mois.

NE LAISSONS PAS AUX COLLABOS LES RÊNES DU MOUVEMENT ALTERNATIF TECHNO ! ! ! !

Représentants du collectif des sons, croyez-vous vraiment que les forces de l'ordre auraient pris votre matériel, sachant que 70 tracteurs de tous les partis vous auraient accompagnés ?

Mélanie

Catherine, 20 août 2003