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Rechercher autre chose, mesurer autrement
Extraits et commentaires d'un article de Sylvain Côté, "Rechercher autre chose, mesurer autrement" paru dans Les nouveaux utopistes du développement durable, aux éditions Autrement. Les mesures de la croissance économique ne prennent pas en compte le bien-être des peuples. Le gouvernement Raffarin, comme ses prédécesseurs, garde les yeux rivés sur les chiffres de la croissance, faisant peser sur les citoyens la menace du chômage si la croissance ne revient pas, culpabilisant chacun en insistant sur le fait que la croissance, en France, repose essentiellement sur la consommation des ménages(1). Cette analyse qui associe la croissance économique au progrès social relève de vues tout à fait idéologiques. "Un des phénomènes économiques majeurs des dernières années est l'écart des taux de croissance et de bien-être, notamment au sein des divers pays de l'OCDE. Alors que l'on était habitué à voir les courbes de la croissance et du bien-être évoluer en parallèle depuis les années 1950, ces dernières ont commencé à diverger de façon importante à partir du début des années 1980." Ainsi, au Royaume-Uni par exemple, depuis le début des années 1980, "le PIB par habitant augmentait de 40%, quand l'indice de bien-être économique fléchissait de près de 10%." La raison d'un tel paradoxe est pourtant très simple : les mesures de la croissance reposent essentiellement sur le PIB, qui donne une image faussée du développement d'un pays. Le calcul du PIB est en effet basé sur la circulation de la monnaie. S'il se produit par exemple une catastrophe naturelle, le PIB peut augmenter parce qu'il y aura circulation d'argent pour financer la reconstruction, alors que l'événement ne contribue pas au bien-être de la population. "Il n'est donc pas surprenant que le PIB ne prenne pas en considération une foule de facteurs qui contribuent au bien-être humain tels que la qualité de vie, un environnement naturel de qualité, la durée du travail, l'espérance de vie, des communautés plus solidaires, la stabilité politique et le bien-être physique et moral des individus. Il ne prend pas en compte non plus la richesse qu'une génération transmet à ses descendants. Bien que nous sachions que ces choses sont importantes et contribuent directement au bien-être humain, indirectement à l'économie, et dès lors qu'aucune transaction monétaire n'y prend place, ces facteurs demeurent exclus du PIB." "De nouveaux critères ont été créés pour évaluer le bien-être humain : indice du bonheur, indicateur de progrès réel (IPR), indicateur du développement humain élaboré par les Nations Unies (IDH), indice de santé sociale de Fordham, indice de bien-être économique durable (IBEED) et indice du bien-être économique élaboré par l'économiste canadien Lars Osberg." Ces indices restent lacunaires, mais il n'empêche que "le travail conceptuel sur le bien-être doit continuer dans une perspective de développement durable". Reste maintenant à faire savoir à nos gouvernements que nous exigeons autre chose que les traditionnels chiffres de la croissance, qui ne suffisent plus à nous convaincre que tout est bien dans le meilleur des mondes. P.S. Note : (1) "la consommation des ménages demeure le seul moteur de la croissance en France." - AFP, 14 août 2003
Sarah, 27 août 2003
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