Mercredi 10 septembre
Les "internationaux", militants altermondialistes debarqués de tous les continents, se préparent à se fondre dans la Marche paysanne internationale, marche anti-OMC, marche fédératrice. Ce sont des milliers de personnes rassemblées autour de la Casa de la Cultura, lieu oú depuis trois jours des ateliers de reflexión paysans planchent sur la souveraineté alimentaire, la privatisation des semences agricoles et la cohésion des luttes paysannes.
Des paysans donc, mexicains surtout, venus des Etats de Tabasco, Oaxaca, Chiapas,... Beaucoup ont fait vingt heures de bus, sont arrivés avec leur famille, leurs habits traditionnels et leurs hamacs. Des paysans coréens aussi, dont les rires portent cette belle pagaille oú tous ces mondes se mélangent : militants occidentaux, étudiants latinos et grand-meres mayas.
Le cortége s'ébranle, la marche est tranquille. Lorsqu'ils sont enfin devant les grilles de police bloquant l'acces á la conférence de l'OMC, les paysans mexicains forment des files, tandis que les coreens se presentent aux policiers en rangs sérrés, immobiles. Certains militants demantèlent les barrières, pas eux. Pourtant les positions paysannes sont dures : "L'OMC doit sortir de l'agriculture, jamais les peuples unis ne seront vaincus". Des mouvements de foule houleux s'etalent sur deux heures d'expectatives. Un paysan coréen meurt, éventré. Sur le coup, personne ne comprend la scene.
Monsieur Lee, on l'apprendra plus tard, s'est lui meme donné la mort, une pancarte au cou : "L'OMC tue !" Les paysans rebroussent chemin : "Nos ennemis ne sont pas les policiers, mais le libéralisme et le capitalisme sauvage." clame un représentant de Via Campesina.