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Quelle place pour le travail social ?
Le silence du monde du travail social, pourtant très touché par la mondialisation et le néolibéralisme, ne doit pas faire oublier que des espaces de résistances sont possibles et nécessaires et qu'ils doivent être mis en place au plus vite. Depuis la fin de l'ère de la charité et du service social « d'usine » nous avons vécu une période d'une richesse incroyable au niveau du travail social comme dans bien d'autres niveaux, pendant les années 60 et 70. Une profonde remise en question de l'utilité du travail social a surgi de ces réflexions pour amener la volonté de certains de ne pas servir le pouvoir au travers de leurs actes professionnels mais plutôt de d'amener les usagers à leur propre « libération ». Il s'agissait non plus de ne donner que les moyens de survivre mais bien de mettre à disposition des outils permettant aux personnes d'acquérir une conscience politique et culturelle et d'en percevoir la nécessité absolue pour « être au monde ». Nous avions compris l'engrenage dans lequel notre profession était plongée : au service du politique nous ne pouvons que satisfaire, par l'intermédiaire de notre exercice professionnel, les intérêts de ces derniers. Cependant nous disposions, du moins en France, d'outils précieux pour à la fois travailler dans les fonctions publiques et autres, sans pour autant « servir » nos employeurs (secret professionnel, missions d'accès aux droits, conscientisation…). L'austérité des années 80 et 90, la mort médiatiquement programmée des sociétés dites « utopistes » a replongé le travail social dans le faire et le « faire-faire ». La loi sur le RMI a amené la notion de responsabilisation de la misère (« nous te donnons une allocation et mettons à ta disposition des outils d'insertion, si ta situation ne s'améliore pas c'est de ta responsabilité ») tout en positionnant l'Etat comme irresponsable des situations dramatiques que vivent ses citoyens. Tout ceci sous l'œil hagard des travailleurs sociaux soulagés d'apporter une « réponse » à leurs usagers. Depuis c'est le calme plat, quelques soubresauts de temps en temps mais rien à l'horizon. Une conférence a lieu tous les quatre ans sur la « Mondialisation, travail social et citoyenneté » (la dernière a eu lieu à Montpellier en 2002) mais cela ne reste qu'une grande réunion de travailleurs embourgeoisés qui ne souhaite pas aborder Le problème politique. L'Association Nationale des Assistants de Services sociaux, fort d'être à l'origine du code de déontologie des travailleurs sociaux n'est pas parvenu à prendre des positions franches et nettes sur les sujets politiques préférant préserver la sympathie de ses adhérents diverses et variés. Au final nous ne sommes pas représentés dans le débat public et notre absence au Larzac est très significative de ce phénomène. Pourtant nous sommes aux portes de la misère et nous mesurons tous les jours les dégâts de JP Pernaut et de ses acolytes. Nous voyons les ravages des nouvelles lois de ce gouvernement comme des précédents. Il semble urgent de se mobiliser mais surtout de sensibiliser l'opinion sur un autre travail social qui refuserait la soumission aux politiques. Nous devons aujourd'hui entrer dans les débats et trouver notre place dans les espaces de résistances qui sont créés ici et ailleurs.
Sisyphe, 1er octobre 2003
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