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J’écris ton nom : Liberté, mais pour combien de temps encore ? |
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J’écris ton nom : SECURITE (1)
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom...
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Sécurité (1)
(1) Aux puristes passéistes qui s’opposent encore à la bonne marche du monde, il conviendra de remplacer le mot sécurité par liberté pour avoir la version de ce même texte avant les lois du 5 février 2004.
Paul Eluard in Poésies et vérités, éd. de Minuit, 1942
Vous vous demandez sans doute quel esprit malade a pu écrire ces quelques lignes. J’aimerais vous dire que cette version de ce poème est issue seulement de mon imagination délirante. Hélas, il se pourrait bien que cette nouvelle définition de la liberté soit légalement admise le 5 février prochain par les lois proposées à l’assemblée nationale par M. Sarkozy.
Mais comment en est on arrivé là ?
D’abord, il y a la phrase de M. Jospin, sous la pression de l’extrême droite : « La sécurité est la première des libertés ». Ensuite, il y a l’application à la lettre de ce principe par la droite au pouvoir, il faut alors comprendre : « la sécurité, c’est la liberté » et prochainement « la liberté, c’est la sécurité ».
Etre libre ce n’est plus seulement choisir ces chaînes mais c’est en train de devenir « la liberté, c’est être enchainé. »
Je joue sur les mots me direz vous... Mais je ne suis pas le seul car les textes de loi en passe d’ëtre votés à l’assemblée vont dans ce sens, dans l’indifférence générale.
En effet, le système législatif et exécutif, jusqu’alors indépendants l’un de l’autre, ce principe garant des libertés individuelles est en train de devenir obsolète, vidé de son contenu par une volonté d’efficacité de la répression de la déliquance.
Demain, les juges et les avocats seront remplacés par des procureurs, sous la responsabilité directe du Ministère de l’Intérieur. On aura alors à faire à une bureaucratie sécuritaire telle que ne l’ont jamais rêvées les dictateurs du siècle dernier car cet état de fait légitime son droit par l’alibi d’une parodie de démocratie.
Le problème, c’est que ce système n’est plus basé sur l’idée de responsabilité mais sur l’idée de culpabilité. Ce système se nourrit de la peur des gens et de leur résignation, tellement habitués à se méfier de son voisin, on en oublie de revendiquer son droit d’exister autrement que dans une société où tout est marchand, y compris les prisons dans un avenir pas si lointain que ça.
Quand la légalité devient illégitime, il est de notre devoir, en temps que citoyens responsables d’invoquer la désobéissance civile.
Il est grand temps de réagir : Un collectif va se créer à Millau, sous l’impulsion de l’association « Construire un Monde Solidaire » afin de veiller au plus élémentaire de nos droits : Le droit à l’information sur les décisions qui vont régir nos vies demain.
Nul n’est censé ignoré la loi mais on ignore ce qui se cache derrière les lois.
Manu, un citoyen
Création de l'article : 1er février 2004
Dernière mise à jour : 5 février 2004
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Cet article a suscité 2 messages sur son forum
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> J’écris ton nom : Liberté, mais pour combien de temps encore ?
2 février 2004
Regardez donc ce qui se passe en ce moment avec le procès Juppé. C’est absolument extraordinaire. Culpabilité sans condition pour les petits délinquants et amnistie totale pour les petits copains et menace des juges. C’est absolument ignoble ! Mais le plus incroyable, c’est qu’il y aura encore des français pour voter pour un tel parti !
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> J’écris ton nom : Liberté, mais pour combien de temps encore ?
2 février 2004, par Manu
Je ne pense pas spécialement du bien de ce parti, mais à partir du moment où les principes de liberté Egalité Fraternité ne sont pas respectés, la désobéissance civile est plus qu’un droit, elle devient un devoir !!!
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