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Dossier de l’association de sauvegarde des Beaumettes |
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Introduction Habitants et voisins Agriculture Environnement Archéologie L’eau Viabilité du projet Conclusions et perspectives Annexe
Face au projet de golf de L’Hospitalet du Larzac, l’Association de sauvegarde des Beaumettes s’est constituée.
Elle a rédigé un dossier, reproduit dans cet article.
ASSOCIATION DE SAUVEGARDE DES BEAUMETTES
12230 L’HOSPITALET DU LARZAC
« Si le LARZAC était un oeuf, l’Hospitalet en serait le jaune ! »
Frédéric HERMET
Notre association est composée de femmes et d’hommes originaires d’ici ou d’ailleurs qui ont choisi de vivre un peu ou beaucoup à l’Hospitalet ou dans son voisinage. Nous sommes soucieux de nos impôts, de nos patrimoines, de notre qualité de vie et/ou de travail ainsi que de celles de nos voisins, de nos enfants, de ceux qui habiteront nos villages après nous.
Le projet golfo-immobilier « Domaine des Grands Causses » de l’Hospitalet du Larzac dépasse le cadre de la commune et le court terme : il aura des conséquences sur l’agriculture, les autres communes, les cantons, le PRGC, les utilisateurs des ressources en eau, l’image du Larzac, les habitants permanents et temporaires ...
Nos remarques ainsi que celles des associations et fédérations (Grands Causses, Fédération de pêche...) n’ont amené aucune modification du projet.
Aussi nous avons rassemblé un certain nombre d’éléments qui démontrent l’absurdité du projet et proposons une alternative respectueuse intégrée dans un projet d’avenir.
Nous demandons aux différents décideurs de se positionner clairement et aux pouvoirs publics de faire respecter les lois en vigueur (loi sur l’eau, loi Montagne, lois sur l’environnement...).
1 - HABITANTS ET VOISINS
2 - AGRICULTURE
3 - ENVIRONNEMENT
4 - ARCHEOLOGIE
5 - EAU
6 - VIABILITE DU PROJET
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
ANNEXE
L’Hospitalet est la plus petite commune du LARZAC avec une surface de 1200 hectares. Elle fait partie du Parc Régional des Grands Causses et est au coeur du Pays templier. L’habitat est dispersé. Elle a été fortement amputée par le passage de l’autoroute A75. Beaucoup de maisons du village ne disposent pas de jardin de proximité mais permettent de se retrouver en quelques minutes en pleine nature aux Beaumettes. La construction de l’espace golfo-immobilier va réduire cet espace sauvage, constitué de pelouses sèches où fleurissent les orchidées et les anémones, terrain de jeux des enfants avec sa baume, lieu de promenade des moins jeunes, territoire de chasse, de collecte des pignes, grisets et oreillettes, patrimoine gratuit de tous, dernier lieu d’espace à proximité du village ...
A tout cela se rajoute des inconvénients pour la population locale
absence de continuité avec le village ;
circulation importante (600 personnes 300 véhicules) dans la traversée du village en particulier pour les riverains de la départementale D23. La plupart des maisons donne directement sur cette route ;
projet démesuré par rapport à la population (150 habitants) avec possibilité de conflits entre l’ancien village du bas et le nouveau village du haut ;
retombées des charges à moyen terme sur le village (parties communes du projet, voies de circulation, réseaux, sécurité...) ;
aucune concertation avec les habitants des hameaux limitrophes du projet (Rouquet et Mas Trinquier, commune de Sainte Eulalie du Cernon) ;
il existe certainement des communes plus grandes, mieux placées. Pourquoi n’ont-elles pas des projets de ce type ?
mise en danger de l’activité agricole (voir carte) pour les agriculteurs du Rouquet et du Mas Trinquier (4 familles) et leurs troupeaux (2500 ovins) qui se trouvent en bordure du complexe (600 personnes) et qui n’ont pas été concertés : le nombre, la présence d’animaux de compagnie (chiens... ), la pratique de loisirs motorisés (moto verte, quads, 4X4...) pertuberont le fonctionnement des exploitations.
incompatibilité avec la loi Montagne et avec certaines actions entreprises sur des parcelles en bordure du prof et mesure article 19 sur l’ agro pastoralisme.
inconvénients pour les futurs résidents (mouches, odeurs...) avec des conflits en perspective ;
EXPLOITATIONS AGRICOLES SITUEES A MOINS DE 1 Km DU PROJET
LIEU |
CHEPTEL OVIN |
LE BOUQUET |
400 |
LE BOUQUET |
1300 |
LE BOUQUET |
360 |
LE MAS TRINQUIER |
390 |
NB : dans un rayon de 5km, il existe 5 autres élevages ovins.
incompatibilité avec la loi Montagne : pas de continuité avec le village...
impacts paysagers : construction de la partie immobilière au sommet d’une colline de sorte que le complexe sera visible de toute une partie du Larzac central, des routes Templières et de l’A75 ;
incompatibilité avec la démarche entreprise par M GODFRAIN pour l’inscription du Larzac au patrimoine de l’UNESCO ;
construction sur une zone dolomitique à la flore et à la faune rare : une première estimation (voir annexe) d’une association naturaliste a montré l’existence d’une vingtaine d’espèces d’orchidées et d’une quarantaine d’espèces d’oiseaux, qui seront fortement menacées par les 600 personnes prévues en période de pointe ;
les arguments écologiques du projet (norme HQE) ne tiennent pas par rapport à l’ensemble des dommages causés à l’environnement et à l’eau.
Les travaux nécessiteront des fouilles archéologiques préventives ainsi que le laissent supposer des observations de terrain :
ce projet se trouve sur le tracé du chemin médiéval de « La Rouge » à proximité de l’abri préhistorique du Roc Troué et du vicus galloromain de l’Hospitalet.
certaines structures sur le sol, des « clapasses » avec des morceaux d’amphores et de tuiles romaines, la découverte de pointes de flèches et de chopper laissent à penser qu’il y a eu une occupation du lieu (station de surface à la préhistoire, occupation gallo-romaine, médéviale ...).
Cette année de sécheresse superfcielle a mis en évidence les enjeux d’une bonne gestion des ressources en eau. Or les conséquences hydrologiques du projet sont particulièrement préoccupants. Pour commencer nous citerons avec son accord, Laurent BRILLES, auteur de la thèse
DEPOTS ET ALTERITES DES PLATEAUX DU LARZAC CENTRAL Causses de l’Hospitalet et de Campestre (Aveyron, Gard, Hérault). Evolution morphogénétique, conséquences géologiques et implications pour l’aménagement.
Voir http://www.karstologie.com/these-ka...
« ... A partir de ces observations, nous pouvons apprécier la précarité et la fragilité de cette couverture. Ceci est encore plus vrai dans des secteurs où l’on note une certaine vigueur du soutirage karstique, comme dans les environs de l’Hospitalet. De fait, tout aménagement conduisant à une concentration de l’eau en surface aboutit fatalement à une réactivation du karst sous-jacent... Si cette constatation met en évidence des complications géotechniques difficiles à résoudre, elle prend une toute autre ampleur au sujet de la protection des eaux souterraines. .. Cet aspect revêt une importance toute particulière quand on sait que l’A 75, dans sa traversée du Larzac, recoupe le bassin versant de 75 % des sources émergeant du Larzac septentrional, ce qui correspond à 90 % des eaux du causse captées pour l’alimentation en eau potable. La pertinence d’une étude géomorphologique en amont de tout aménagement lourd est ici clairement démontrée... »
Cette thèse se complète par l’étude réalisée par Alain THOMAS et ses étudiants, université Paul Sabatier, Alain BAUDRAS et Axelle CAILLET de la Fédération des Grands Causses qui montre grâce à une étude sur la présence d’invertébrés que la qualité en eau des résurgences (Durzon, Espérelle...) est déjà fortement altérée.
l’alimentation en eau potable est insuffisante en l’état actuel, sur un territoire où c’est une ressource rare et précieuse. Le réseau actuel alimente toute une partie du LARZAC. L’alimentation des résidences, du complexe (piscine, centre de remise en forme...) et la mise en sécurité (bornes incendie) nécessiteront un renforcement du réseau existant. En l’état actuel, lors du pompage à la source du DURZON, on constate une baisse de son niveau de quelques dizaines de centimètres. En période de pointe, ce pompage est pratiquement ininterrompu, or le DURZON, grâce à un débit relativement constant, alimente en eau froide la DOURBIE favorisant la résistance à l’étiage de cette dernière et une richesse halieutique à préserver. Ce phénomène a été mis en exergue par cette année de sécheresse. L’Aveyron est une destination pêche (2500 pêcheurs) dont les retombées touristiques et économiques sont importantes.
Il est nécessaire qu’il y ait un débat sur les priorités d’utilisations en amont et en aval (habitants, agriculteurs, artisans, pêcheurs...) afin de préserver ce bien précieux et d’éviter de futurs conflits... Ce qui va dans le sens du Président du Conseil général, M. PUECH qui demande à ce que « Tous les responsables du département participent à un état des lieux » Midi Libre du mardi 4 novembre.
les forages prévus pour arroser le golf vont se faire sur des réseaux hydrologiques compliqués et risquent d’accentuer les phénomènes cités précédemment. Les sols dolomitiques ne retenant pas l’eau, les quantités d’eau utilisées seront importantes surtout l’été où les périodes de sécheresse de juillet et août sont habituelles. « Il importe de réserver les nappes profondes pour la consommation d’eau » comme le signale M.FREY, directeur de l’Agence de l’eau ML DU 3/11/2003.
vues la sensibilité du milieu et l’absence de filtrage des sols, le traitement des eaux usées a été envisagé sommairement : le système d’épuration proposé (capacité et système retenu) est insuffisant. En particulier le système d’épuration retenu nécessite une fréquentation régulière et des conditions climatologiques stables ce qui ne sera pas le cas.
Il ne tient pas compte des périodes de fréquentation maximale, ni de phénomènes météorologiques fréquents (marinades avec précipitations importantes (200mm) en quelques heures) qui entraîneront les résidus dans les nappes souterraines...
Ces résidus se rajouteront aux produits d’entretien du golf (engrais et phytosanitaires...) et auront une conséquence importante sur la qualité des eaux des bassins du Cernon et du Durzon.
Afin que ce projet ne se termine pas par une friche ou sous perfusion d’argent public, il n’y a aucune garantie sur la viabilité et la durabilité d’un tel projet ;
pas d’expérience du promoteur sur le produit golf ;
pas d’investissement du promoteur à moyen terme : il construit, il vend...
interrogations sur la capacité financière à terminer le projet ;
création d’emplois très minimes (emplois saisonniers ....) reconnue par le promoteur et nécessité économique d’avoir des emplois aidés pour la viabilité du golf ;
interrogations sur l’activité golf en ce lieu zone ventée, froide d’octobre à mai, chaude et aride de juin à septembre (voir photos), terrains inappropriés : dolomies ne retenant pas l’eau ; On ne parlera pas de l’activité thalassothérapie évoquée en complément afin de ne pas passer pour des plaisantins ;
une étude par un entrepreneur millavois pour un golf avait montré de grosses incertitudes sur sa viabilité ;
le golf de Millau a fermé après quelques années d’existence ;
problème des parkings non présentés dans le projet ;
pas d’extension possible pour un passage à un 18 trous ce qui semble être la logique à prévoir à moyen terme pour ce type de produit touristique ;
gigantisme du projet (50 « granges » soit 150 logements, alors que des villages de vacances de taille plus modeste ont du mal à fonctionner malgré les perfusions d’argent public des collectivités (Cornus) ;
interrogations sur la caution financière pour réaliser le projet ;
peu d’attractivité commerciale du lieu d’implantation des granges : dans sa publicité, le promoteur utilise une photo (voir annexe) qui ne correspond pas au site alors que la réalité est tout autre : situation au sommet d’une colline aux conditions météorologiques difficiles (zone ventée, froide d’octobre à mai, chaude et aride de fin juin à la mi- septembre ... ), absence d’arbre et difficulté d’en faire pousser (pas de sol)...
concentration importante de personnes sur un lieu résidentiel sans âme et dans de petites granges alors que l’évolution de la consommation touristique montre une tendance à la recherche de gîtes authentiques dans des terroirs de caractère ;
absence de logique collective
- ce projet ne s’inscrit dans aucune logique ni cantonale, ni de pays (templiers ou Parc), ni du département...
- suréquipement en bassins nautiques réalisation par la ville de Millau d’un espace aquatique d’une qualité remarquable, construction de la nouvelle piscine de Saint-Affrique, piscine de l’Hospitalet, de Nant, de Cornus, plan d’eau à Saint Jean du Bruel...
ce projet ne respecte pas la vocation d’espace ouvert que doit garder le Larzac, ni les activités traditionnelles souvent gratuites (promenade, chasse, cueillette, pêche...) pour les gens du coin, les millavois, les habitants du croissant méditerranéen, les touristes...
Pour toutes les raisons évoquées, ce projet est irréalisable. Il sort de tout schéma d’aménagement cohérent. Si malgré tout, ce projet se réalise, cela voudra dire que l’Aveyron et ses ressources sont à vendre au détriment des habitants anciens ou nouveaux, des touristes,,de leur travail, en particulier de l’élevage ovin, de leurs loisirs, en particulier des loisirs encore gratuits (bol d’air, promenade, collecte...), de leur cadre de vie, des ressources vitales (eau...) au bénéfice de quelques uns (quelques golfeurs, un promotteur...). Nous sommes partisans d’un développement qui prenne en compte les ressources et les gens. N.B. : quand il y a des projets de construction d’HLM, de résidences ou des actions favorisant l’installation d’artisans, il va sans dire que nous soutenons entièrement ces projets.
L’association préconise un aménagement respectueux de l’environnement, des habitants et des riverains et des utilisateurs des différentes ressources. Par exemple, un parcours de lecture du paysage gratuit agrémenté de panneaux explicatifs, partant de la place du village suivant la faille via le chemin du Caron, remontant et contournant le bois des Beaumettes et revenant sur le village permettrait de valoriser la beauté du site, les paysages et sa géomorphologie complexe, la faune et la flore. La réalisation serait confiée au Parc Régional des Grands Causses qui a montré son savoir-faire, appuyé par les organisations de protection de la nature Le financement pourrait être assuré par l’accompagnement du viaduc.
Nous n’avons pas reproduit l’annexe "Intérêt naturaliste du terrain des Beaumettes - Commune de l’Hospitalet du Larzac - Etude préliminaire"
Le site est classé ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique).
Cette annexe contient entre autres un inventaire de la faune et flore présentes sur le site.
Auteurs divers
Création de l'article : 17 février 2004
Dernière mise à jour : 12 avril 2004
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Dossier de l’association de sauvegarde des Beaumettes
10 janvier 2006
Je suis absolument contre ce projet et de tout coeur avec les habitants de l’Hospitalet du Larzac. Christine DEHOURS de Montlhéry (91)
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> Dossier de l’association de sauvegarde des Beaumettes
28 avril 2005, par
entierement d’accord avec votre article. il faut défendre le futur site proposé par m. godfrain au patrimoine de l’unesco et surtout pour proteger la ressource en eau. je prépare un courrier en qualité de citoyen et un autre au nom de l’association de bassin versant de la riviere tarn (halieutitarn) pour l’envoyer a la préfete. de tout coeur avec vous.
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