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Un monde parallèle |
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ATTAC « appelle tous les citoyens, les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la résistance à dépasser les enjeux sectoriels et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des désordres sociaux et non plus à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau programme de la résistance pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales ».
Je tiens donc en tant que citoyen à apporter ma contribution à l’élaboration de ce programme de résistance ;
· Parce que la démocratie doit permettre l’expression de tous, surtout quand le sujet est aussi grave,
· Parce que depuis des années j’écoute tous ceux qui prennent la parole régulièrement, j’ai lu des centaines de livres, articles, sans jamais pouvoir intervenir, répondre,
· Parce que je crois, sans qu’il soit question de mon ego, que mon parcours de vie m’a permis d’être confronté à la réalité et de penser cette réalité
Nous nous trouvons, que ce soit au niveau mondial, européen, national embringué dans une société qui construit son action sur la violence, sur le mythe de la violence : elle est le moteur de l’idéologie néo-libérale.
Violence militaire, policière, terroriste, économique, sociale, éducative, écologique, sexiste, sexuelles, raciste, parentale, culturelle, médiatique, politique, juridique, législative et je ne pense pas avoir fait le tour de la question. Quand on veut faire ce qu’on veut d’une planète et de ses habitants, il faut d’abord les soumettre par la violence. Et là, le système est passé maître en la matière, car s’il utilise la violence directe avec ses armées, polices, services secrets, il utilise aussi la violence indirecte avec les médiats, la publicité, le chômage, l’exclusion, la pollution et d’une manière encore plus fine, s’appuie sur la violence qu’il génère (le terrorisme, les révoltes) pour exercer encore plus de répression.
Le plus grand dénominateur commun de tous les combats a été, est et sera la violence et tous ses avatars. Ce serait peut-être sur cette base que pourrait se construire le nouveau comité national de la résistance : rassembler sur le plus grand dénominateur commun. Il n’est pas question d’une dissolution : chacun garde sa spécificité qui sera primordiale pour l’élaboration du programme.
Une fois l’objectif identifié : abolir la violence, il faut définir la méthode, le moyen d’y arriver. La fin et les moyens sont indissociables comme l’arbre de la semence. Ainsi donc l’action ne peut-être que non-violente : la violence engendre la violence. C’est ce que ghandi appelait la non coopération non violente constructive.
Le système dans sa globalité est injuste, inhumain et certaines lois bien plus encore : le devoir de tout citoyen libre est de combattre. Ne pas respecter la loi devient légitime. La non coopération ou désobéissance civile sera constructive parce que son esprit est positif : il ne vise pas à s’opposer mais à proposer, la lutte contre doit laisser la place à la lutte pour.
Il est question ici de construire un nouveau monde en même temps qu’il faut combattre les injustices et la violence de ce monde-ci. Construire un autre monde, un monde parallèle, non-violent, démocratique, juste, propre, riche des ses diversités, donc utopique. Oui, nous devons revendiquer de nouveau l’utopie et tout mettre en œuvre pour l’atteindre, se mettre dans une quête commune sinon la terre se transformera en une immense porcherie industrielle.
En plus, ce qu’il y a de remarquable dans cette proposition, c’est que tous les ingrédients pour la réaliser existent. Il suffit juste, comme disait josé Bové, de globaliser les luttes pour globaliser l’espoir.
De quoi je parle ?
D’avoir un pied dans le système parce qu’on y travaille, parce qu’il ne faut pas l’accepter, parce qu’il faut le combattre, et un pied dans l’autre monde.
Mais avant de poser son pied dans ce nouveau monde, nous devons être imprégné d’un certain état d’esprit. Il ne s’agit pas d’arriver comme des colonisateurs, incapable de recevoir et prêt à tout voler, à tout violer. La non violence ne peut s’enraciner que dans le terreau de la démocratie, une démocratie populaire dans laquelle, comme dit Castoriadis, chacun est capable de gouverner et d’être gouverné. Il ne faut pas s’y tromper, la non violence n’est pas une théorie mais un chemin à faire et à défaire, un rapport à l’autre et à soi, à son corps. Ce monde parallèle, et c’est là la principale difficulté, ne doit pas être la réplique du monde actuel en plus gentil. Arrêter de parler en notre nom : il faut faire vivre la démocratie, mettre à la poubelle « le chef » tel qu’il est défini par le Medef et par la doxa libéraliste, mondialiste, affairiste et faire vivre la citoyenneté. Une fois cela posé mais pas acquis (on ne peut que tendre vers l’idéal mais ne jamais l’atteindre, c’est la différence avec la consommation), on peut commencer à construire tous ensemble.
Tout l’argent gagné d’un côté (le mauvais, sic) est investi de l’autre côté : ainsi nous échappons au paradoxe quotidien de nourrir son gardien, de fabriquer ses chaînes.
Comment ?
Déjà faisons le point tous ensemble de tout ce qui existe et qui participe de ce nouveau monde. Par exemple, un des gros problèmes quotidiens, c’est la grande distribution. C’est elle qui a modifié notre vie, notre alimentation, notre consommation, nos coutumes, notre environnement, pour générer toujours plus de profits. Il faut donc les boycotter, en même temps, mettre au point un système de production et de distribution respectueux de la diversité, de la planète et de sa population, un système local pour permettre le rapprochement entre consom’acteurs et producteurs et éliminer les transports, source de gaspillage d’énergie fossiles et de pollution.
Tout cela existe au niveau des produits frais : c’est par exemple le réseau Alliances, constitué d’une multitude d’AMAP (association pour le maintien d’une agriculture de proximité). La consommation devient un acte politique : des citoyens se sont rassemblés et ont établis un contrat les liant avec un producteur auquel ils achètent à l’avance sa production. Les consom’acteurs s’engagent. Il s’opère un renversement de la situation habituelle dans laquelle le producteur prend tous les risques (météo, nuisances diverses) et doit chercher à écouler ses produits. Il n’y a aucune régulation en terme de quantité et de qualité. Les seules régulations se font du fait de la grande distribution qui sélectionne les produits les moins chers correspondants à leurs critères (conservation, présentation). Dans le cas de l’AMAP, les consom’acteurs rencontrent le producteur, élaborent avec lui un cahier des charges qui définit la qualité (bio) et la quantité puis acceptent de prendre le risque « mauvaise récolte », réduisent de fait les problèmes de pollution liés au transport et favorisent la réapparition de la diversité végétale. De plus, comme il y a rencontre entre consom’acteurs, les AMAP peuvent être à l’origine de collaborations avec d’autres producteurs (légumes, fruit, œufs, viande, fromages). Les consom’acteurs construisent petit à petit cet autre monde et se libèrent de leurs chaînes.
C’est l’ancien système de la tontine qui réapparaît avec des habits neufs. Il faut faire le tour de tout ce qui existe, de toutes les compétences, de tous les savoirs faire, coordonner, amplifier, préparer l’avènement de la société de consom’action. La coordination peut s’envisager à un niveau national avec toutes les associations qui se sentent concernées par le programme et la méthode. Chaque association doit s’appuyer sur sa spécificité pour l’intégrer dans cette nouvelle démarche.
On pourrait concevoir par exemple une association dont le champ d’action est le logiciel libre, réfléchir sur la manière de diffuser, en se servant du réseau, le plus largement possible ces logiciels, pour que tous les citoyens puissent lâcher windows même s’il est craqué, et pourquoi pas réfléchir sur la création d’un nouveau fournisseur d’accès et surtout sur la manière de faire disparaître la fracture numérique (mettre au point, avec des vieilles machines et ces logiciels, des ensembles peu onéreux qui permettent de se connecter, de communiquer, d’être reliés).
Chaque domaine de la vie peut être abordé, avec les associations concernées et, chaque fois, l’enjeu est d’arriver à faire des propositions qui respectent le cahier des charges du monde parallèle : mutuelles, banque, santé, énergies, déchets, alimentation, culture, pourquoi pas des labos de recherche, etc....On peut imaginer l’éclosion de « nouvelles entreprises » dans tous les domaines, responsables, démocratiques, propres.
Les associations porteuses des démarches d’échange de savoirs, de savoirs faire, celles qui ont initié les SEL, ont devant elles une tâche immense qui pourrait être facilitée par l’existence d’un réseau informatique.
Il y a devant nous un chantier extraordinaire, de quoi donner de l’espoir et une place à tous les désespérés de la société de consommation.
Ainsi donc « un autre monde est possible », non violent, démocratique, utopique et ça fait du bien d’y penser.
Mais ce n’est pas tout. Le monde parallèle ne peut pas échapper à un positionnement commun vis-à-vis de l’ensemble des médias. Serge Halimi les a remarquablement analysés, tout comme Chomsky. Il est temps de s’affranchir des médias, que ce soit au niveau des représentants du monde parallèle mais aussi au niveau des citoyens. Chacun nous pouvons nous engager à débrancher la télévision, la radio, ne plus payer la redevance qui alimente un service public à genoux devant la pensée unique, celle qui privilégie l’économie, la finance, celle qui présente toujours la seule solution, celle qui confond pédagogie et démocratie, celle qui nous compare à des enfants dans une cours de récréation (« Mr le premier ministre, je vous remercie d’avoir sifflé la fin de la récréation » Medef). On ne peut pas continuer à se plaindre de la bêtise, du manque d’objectivité et de créativité, du soutient inconditionnel à la société de surconsommation et rester impuissant. Nous pouvons construire notre système d’échange d’information. Ce sont ces nouveaux médias qui créeront le lien entre tous les citoyens du monde parallèle et qui permettront aux autres de comprendre la démarche et d’entendre d’autres chansons, au propre comme au figuré.
Et la lutte dans tout cela ! Elle peut s’amplifier, se généraliser et surtout s’améliorer. Les citoyens du monde parallèle le sont aussi de l’autre côté et leur engagement dans la lutte sociale doit s’affirmer. C’est à cette étape que l’on retrouve la notion de non coopération non-violente et constructive. Là encore, globalisons les luttes pour globaliser l’espoir. D’abord un engagement de chacun, un peu comme les faucheurs volontaires de la Conf’ : un contrat entre le collectif « Le monde parallèle » et le citoyen, qui définit la non coopération non-violente, ces risques vis-à-vis de la loi et l’engagement du collectif quant à la mutualisation des risques.
On a bien vu l’inutilité des manifestations, la déception, le sentiment d’impuissance. Il est temps de définir une autre forme de combat, qui ne s’appuie plus sur les médias, ni sur la compréhension de nos gouvernants. Il ne s’agit plus de quémander : le monde que nous voulons, nous le construisons, avec nos cœurs, nos mains, nos couleurs, nos peurs, nos faiblesses, nos rires, nos rêves. Nous arrêtons une bonne fois pour toute de croire au messie : le changement vient de l’intérieur et s’exprime collectivement. Cela passe par des changements de comportements, des renoncements : la décroissance ne viendra jamais d’en haut, c’est nous qui l’imposerons car le mythe de la croissance relié à celui de la violence restera longtemps l’idéologie de nos gouvernants.
En même temps que nous construisons, nous ne pouvons pas nous extraire de cette société malade : il s’agit donc de lui poser des limites, fermement mais non violemment
Pascal Filippozzi
filippozzi
Création de l'article : 29 mars 2004
Dernière mise à jour : 26 mars 2004
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Un monde parallèle
9 octobre 2006, par queen malory
j’ai une téhorie sur les mondes parallèles si chaque monde équivaux à une décision après chaque décision prise on voie d’infini possibilité exple : j’arrive a un carffour j’ai 4 possibilité alors ils exixte a se moment 4 mondes qui prenne forme de chaque pssibilité a chaque penssée un monde voie le jour donc si l’on multiplie par chaque possibilitée par chaque projets et ce à chaque hetres humain animaux ou chose vivant sur terre la quantitées de monde et inchiffrable( les dinosaure sont encore existant dans l’un des mondes)
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Un monde parallèle
19 février 2006, par
un mode paralle le trop de la bombe c’est geniale bon mertcidgnmognvhzrpjgsn kb ,bpozjvs po"v oprjgkf jblk jglr bknejlvf jncvnhj,vk,pl,vkhbp , mockqjgcob iugon kjbv^àe mhnvn zi f z jfàçu po fouj cy hf7 /9 6878 g98 h" 67gé75gz54hzr $p ²_²àéjr’ gt +h7(87 +SQ¨PIKCP9SJ %
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> Un monde parallèle
9 octobre 2004
Bonjour pascal
Je partage ta conception d’un monde que nous devons construire, et l’heure n’est plus aux manifestations, appels au bon sens de nos gouvernants. Il faut proposer un nouveau modèle de consomation, le réaliser à petite échelle et prouver qu’il est non seulement viable, mais surtout rentable.
A défaut de changer les mentalités, ce qui nous prendrait certainement quelques millenaires, changeons les habitudes de vie, changeons les modèles économiques.
Je suis un nouvel observateur, car prise d conscience ne suffit pas pour passer à l’action. MAIS JE SUIS AUJOURD’HUI déterminé a faire avec tous ceus et celle qui en ont assez de tous ces mouvements dont l’action si elle n’est pas récupérée par des intèrets aucultes NE FAIRA TOUT AU PLUS QUE STIGMATISER un monde qui tourne à l’envers.
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