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Violence et changement social |
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VIOLENCE ET CHANGEMENT SOCIAL
La question de la violence est récurrente de tout processus de transformation sociale. La violence est partout dans l’Histoire, sa condamnation aussi d’ailleurs, et il est de bon ton aujourd’hui de croire, de faire croire ou de feindre de croire que, la transformation sociale étant terminée (que mettre à la place du marché ?), la violence doit l’être également.
L’Etat, l’autorité, s’est toujours attribué le monopole de la violence, du moins de la violence légale ; de la violence légitime, et a toujours déclaré illégitime la violence qui s’opposait à lui. Un tel constat ne règle pas le problème posé par la violence, mais au contraire le repose indéfiniment.
On associe trop facilement « force » à « puissance » voire à « justice »... c’est vrai dans le monde animal du moins pour les deux premiers termes... le troisième n’y ayant aucun sens. Dans la société humaine le problème est beaucoup plus complexe car, contrairement au monde animal, l’acte individuel et/ou collectif se fait consciemment et au nom de « valeurs ». Ainsi, la violence humaine n’a rien à voir avec la violence animale. La première est consciente, sociale et politique alors que la seconde est essentiellement instinctive... et ce qui fait l’ « inhumanité » de la violence humaine, c’est justement le fait qu’elle est humaine...
SUR LA LEGITIMITE DE LA VIOLENCE
Il n’existerait aujourd’hui, dans la société, que deux types de violence, la bonne, la légitime, la juste et l’autre, la mauvaise, l’illégitime, la perverse et inacceptable.
Au-delà de l’argument fallacieux qui fait de toute autorité le dépositaire légitime de la violence, le statut de la violence, de la force, dépasse le cadre strict de celui de la légitimité du pouvoir. En effet, tout pouvoir a toujours su fonder, et justifier, sa légitimité, de même qu’il a toujours su justifier, avec les meilleurs arguments du monde, l’utilisation de la violence contre ses opposants. Notons que la légitimation de la violence passe par la prise et la possession du pouvoir par ceux qui exercent celle-ci...Exemple ? La violence des nazis durant la République de Weimar est « devenue légitime » dés 1933... On peut multiplier les exemples historiques à l’infini. La légitimité de la violence change quand change le pouvoir. Ce n’est donc pas sur ce terrain que l’on peut arriver à comprendre quel est le statut de la violence.
La question essentielle serait plutôt : Que préserve réellement un système économique au point d’être susceptible d’utiliser la violence ? Il faut alors dépasser le cadre du simple discours idéologique qui masque la réalité du pouvoir, et du système, et examiner quels sont les mécanismes, les principes, de son fonctionnement.
L’économie de marché, ou la démocratie marchande, met en avant la légitimité populaire du pouvoir. La légitimité du pouvoir étant fondée sur le peuple, toute violence exercée contre le pouvoir s’exerce donc contre le peuple (on peut tenir le même raisonnement quand c’est Dieu qui légitime le pouvoir). Raisonnement logique, mais volontairement incomplet. Le fait que le pouvoir soit légitimé par le peuple n’exclu absolument pas que le système qui le sous-tend soit un système d’exploitation qui instrumentalise l’individu... le salariat en est la plus parfaite démonstration. Or, par sa nature même, ce système va être, et est, générateur de conflits, parfaitement identifiés, fondés sur les conditions de production et de répartition des richesses, bref d’existence. Rapport qu’il cache, comme l’ont fait tous les systèmes de domination dans l’Histoire, derrière le paravent d’une morale qu’il a ajusté à ses intérêts et d’une idéologie mystificatrice. La manipulation consiste en effet à affirmer le caractère « naturel » et « indépassable » de ce système, et l’organisation politique basée sur une alternance factice, qui le perpétue, sans pour cela résoudre les conflits, d’où une situation apparemment paradoxale d’un peuple qui conteste systématiquement un système dont il reconduit non moins systématiquement au pouvoir ses gestionnaires
Cette situation aboutit à un paradoxe surréaliste : la violence populaire est déclarée illégitime par un pouvoir légitimé par le peuple. L’ambiguïté est totale et tout à fait propice au statut quo, mais aussi, ce à quoi nous assistons aujourd’hui, à la juridiciarisation, voire criminalisation de la contestation sociale (voir l’article « VERS UNE SOCIETE POLICIERE ? »).
LE PIEGE DU SPECTACLE DE LA VIOLENCE
L’image de la violence est mystificatrice. Renvoyant dans notre inconscient aux rapports de force entre animaux, répondant probablement à la partie animale de notre cerveau, elle est l’expression d’un stade d’évolution que nous avons dépassé. Nous l’avons vu, les rapports humains sont des rapports conscients et politiques... ils ont dépassé le stade de l’instinct.
Pourtant, et peut-être à cause de cela, le spectacle de la violence nous fascine et nous trompe sur son efficacité réelle. Dans un rapport de force politique (au sens large), la violence n’est qu’un paramètre, autrement dit, elle n’est que l’ élément d’un tout, et c’est la structure de ce « tout » qui lui donne son sens. Ainsi, la violence (l’instrumentalisation de l’individu) qui est à la base du système marchand disparaît en tant que spectacle dans la rationalité de celui-ci, de même que la soumission au Moyen Age disparaissait dans l’allégeance dans la foi en la divinité. L’exploiteur s’est toujours appuyé sur le consentement de l’exploité à se complaire dans l’illusion du « naturel », du « logique », de la « fatalité » qui fonde sa soumission... à défaut il lui a toujours fourni des arguments pour s’en convaincre (Dieu, la patrie,...).aujourd’hui, le marché.
Le système marchand a atteint un haut degré de sophistication en matière de justification morale de ses principes. Il a pour cela la « rationalité », celle qui déclare « équitable » l’échange marchand, « qui pourrait remettre en question le calcul économique aux bases mathématiques ( ?) incontestables ( ?) »... et de cette « équité » basée sur la logique, il passe logiquement à l’ « équité » sur le plan moral. Quoi donc trouver de mieux qu’une rationalité scientifique fondant une valeur morale... Cette dernière est forcément universelle, incontestable et...harmonieuse, et donc exempte de tout germe de violence La mystification n’a plus à s’inventer des Divinités et autres entités au fondement « scientifique », et pour cause, fragile. On peut dire que la « mystification » est scientifiquement fondée et justifiée... c’est ce qui fait la force de persuasion de ce système. La rationalité du système masque le rapport de domination (le salariat) sur lequel il se fonde. De même que la foi justifiait et masquait l’exploitation, la rationalité du système marchand justifie et masque le rapport de domination qui le fonde.
Il faut donc inverser la vision de la réalité. La violence primaire n’est pas celle qui s’exerce pour combattre l’exploitation, mais c’est l’exploitation elle-même. C’est l’institutionnalisation (en système économique) de la violence sociale et économique qui masque sa vraie réalité et qui révèle en fait une autre violence qui n’est que son expression « en creux ». Ainsi la violence exercée par une révolte n’est que l’image symétrique de l’exploitation qu’elle combat.
Tout système a donc tout à fait intérêt, et il ne se gène pas, à présenter la violence exercée contre lui comme une remise en question, un atteinte à l’ordre... dont il est le représentant et le garant... ce qui, d’un certain point de vue et tout à fait exact... oubliant simplement d’expliquer l’origine et le sens de la contestation dont il est l’objet.
LA VIOLENCE EST-ELLE NECESSAIRE ?
Contrairement à ce qui nous porterait spontanément à croire que l’ « on combat la violence par la violence », l’Histoire nous montre que la violence brutale, physique, primaire, ne saurait être considérée comme l’élément essentiel du changement, elle en est tout au plus un élément marginal, en ce sens que ce qui fait le changement ce n’est pas la violence, mais au contraire la construction, l’élaboration de nouveaux rapports sociaux... ce qui est, il est vrai, une forme de violence faite au système en place. Une révolte, aussi violente soit-elle n’a jamais rien changé, du moins de matière fondamentale et déterminante. Que dans cette œuvre de construction, de nouveaux rapports, la violence s’exprime, c’est quasiment inévitable, et ce pour une raison simple : tout édifice social, nie ses contradictions et résiste aux forces du changement... et en dernière instance, il utilise la force brutale.... Et alors il se dévoile dans ce qu’il est réellement.
La non utilisation de la violence n’est donc absolument pas garantie.
Remettre en question le système marchand c’est lui faire exprimer à un moment donné ce qu’il est par essence : un rapport de violence devenu insupportable. Le remettre en question, en envisageant une alternative sociale et politique ne peut que lui faire exprimer les véritables intérêts et objectifs qui sont les siens. Montrer, démontrer concrètement qu’il est condamné par une structure économique et sociale fondée sur d’autres principes éthiques entraînera une riposte, expression de la violence qui le fonde. Alors les apparences tombent et il révèle sans fard ce qu’il est : un rapport de domination, une structure d’instrumentalisation des hommes, des femmes,... de la Nature, qu’il soumet à ses intérêts.
Attaqué par la violence seule, la force, l’insurrection, voire le terrorisme, un système économique et social, à l’échelle de l’Histoire n’a aucune chance de le mettre à bas... l’exemple soviétique en est la plus parfaite illustration. Un système ne s’abat pas sous les coups d’une force, mais par la putréfaction des rapports sociaux qui le fondent. (voir l’article DECADENCE). L’élaboration de nouveaux rapports sociaux est l’élément essentiel de cette décomposition. La stratégie du changement consiste donc plus à construire des rapports sociaux alternatifs qu’à attaquer de front le système et ce d’autant plus qu’il bénéficie de deux avantages non négligeables : il a la force brutale matérialisée par la possession du pouvoir protégé par ses mercenaires armés (police-armée) et il a son idéologie qui a pour fonction de délégitimer aux yeux du plus grand nombre la violence qui lui est faite.
La pratique violente pure, même accompagnée de tout un discours incantatoire, véhément et idéologique (souvent fondé sur rien de concret) est donc, même si elle peut faire illusion (par sa brutalité), historiquement, inefficace. Le terrorisme de masse (attentats aveugles) ou individuel (assassinats ciblés) en tant que pratique politique en vue d’un changement est politiquement absurde. On ne construit pas un monde nouveau sur la terreur.
Le fascisme (forme de terrorisme d’Etat) est la forme politique qu’a pris le système marchand quand il a pensé que ses intérêts étaient menacés... contrairement aux discours pseudo humanistes officiels qui veulent nous faire croire que le fascisme est une aberration de l’Histoire (demandez à Papon qui a servi les deux formes !.).
Sans pour cela en arriver au fascisme (encore que... faudra voir l’avenir), le système marchand est prêt à tous les crimes et toutes les infamies pour sauvegarder ses intérêts vitaux. (demandez aux pays coloniaux et/ou néo colonisés ! demandez aux exclu-e-s,...)
La violence exercée comme moyen de défense à l’encontre d’un système oppresseur, comme moyen de protection d’un mouvement de libération, pour défendre des valeurs, est moralement et historiquement juste. Mais elle ne saurait cependant constituer la forme unique et essentielle du combat, elle est tout au plus, à l’échelle de l’Histoire, un moyen de préserver les acquis et un moyen de protection des nouvelles structures (éléments essentiel du changement) mises en place. Cette violence prendra alors un véritable sens pour celles et ceux qui l’exerceront... et y gagnera une légitimité.
Le choix de l’adoption du principe, du moment et de la forme de l’exercice de la violence renvoie à la question de la légitimité historique de celle-ci, c’est-à-dire de sa place dans le processus de changement des rapports sociaux et du degré de résistance de l’ancien régime. Plus les forces du changement seront fortes dans l’élaboration de nouveaux rapports sociaux, plus la violence de l’adversaire sera dérisoire et moins nous aurons à l’exercer. Faisons en sorte que l’utilisation de la violence, de la part de l’adversaire, soit l’expression et l’aveu implicite de sa faiblesse politique face à une situation qu’il ne contrôle plus...
Patrick MIGNARD
Patrick MIGNARD
Création de l'article : 4 mai 2004
Dernière mise à jour : 22 avril 2004
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> Violence et changement social
23 novembre 2004, par
Vous avez dit violence ? Aujourd’hui, la violence soulève des débats récurrents et les publications ne manquent pas qui en dissertent avec plus ou moins de bonheur, les prises de positions sont souvent passionnées voire violentes. Cette situation révèle l’importance des enjeux... mais est-on sûr d’y avoir bien réfléchi ? Etant donnés le piétinement et l’absence de perspective politiquement satisfaisante, un peu de recul par rapport aux formes de violence plus ou moins cataloguées dans l’opinion publique et dans les discours officiels, n’est sans doute pas sans intérêt. Au sein du monde dans lequel nous vivons, l’usurpation d’une fonction pour laquelle on ne possède pas les qualifications requises, est la première, la plus constante et la pire des violences, puisque la plus insidieuse, jamais décriée et même toujours encouragée ! En principe, l’imposture concerne le fait de tromper autrui à son insu, mais dans le cas présent la tromperie a quelque chose de tout à fait singulier, car elle se réalise avec la complicité de ceux qui sont trompés, sans qu’on puisse déterminer le degré de responsabilité des uns et des autres, comme si le véritable imposteur était d’un autre monde et qu’il tirait les ficelles d’une illusion collective. En langage religieux, cette imposture...ferait penser au diable... à s’y méprendre !
A ce titre, c’est toujours l’intelligence qui est la première violentée.C’est de cette première violence que dérivent toutes les autres violences, et vouloir comprendre la violence tout en voulant ignorer cette violence originelle, est encore une violence... ! Nous n’en sortirons pas, sans prendre le problème à sa racine ! Ce que nous nous proposons précisément de faire dans cet article.
Au nom de « l’intelligence », on nous demande de ne rien accepter sans le soumettre à l’analyse. Or, toute analyse est essentiellement une confrontation avec ce dont on est sûr. La certitude est donc un préalable à toute analyse, et logiquement, on ne saurait exiger d’elle qu’elle en soit un résultat ! A moins que les exigences de l’intelligence n’aient rien à voir avec la réalité, nous sommes forcés d’admettre qu’il y a nécessairement des certitudes premières qui ne dérivent d’aucune analyse, mais qui, étant consubstantielles à l’intelligence, permettent au contraire d’envisager l’analyse, en vertu d’un principe de cohérence logique inhérent au Réel ou à la Vérité. Confronter des analyses, sans se préoccuper des certitudes qui les sous tendent, relève d’une « prouesse intellectuelle » dont nous n’avons pas le secret et suppose l’étrange faculté de ne pas s’embarrasser avec les exigences de la logique tout en se réclamant de l’intelligence ! Bien plus modestement, pour y voir clair, nous, nous avons besoin que les axiomes ou les dogmes nous soient clairement exposés. A nos yeux, nos discussions n’ont de sens, logiquement parlant, qu’avec ceux avec lesquels nous partageons les axiomes qui y sont impliqués. Nous dirons donc que notre intelligence discursive a besoin de savoir la base axiomatique ou le cadre dogmatique dans lequel elle opère. Toute autre forme « d’intelligence » discursive, non seulement nous est étrangère, mais nous agresse littéralement, c’est à dire fait violence à notre intégrité mentale, qui n’a d’autre ressource que de s’en détourner. Cette violence n’est pas répertoriée dans la législation française, ni dans aucune législation moderne, mais elle n’en est pas moins d’actualité... bien au contraire ! Pour atténuer cette violence, sans doute faudrait-il...à la liberté d’expression, opposer l’expression de la liberté, si contrariée par la première qui noie, sous le volume de ses productions, les rares œuvres dues à la seconde. Mais cette perspective est d’avance compromise dans un monde qui ne sait même plus faire la distinction entre œuvre et production, pas plus qu’entre opinion et point de vue, ou entre rassemblement et union. Respecter était une manière de connaître. La violence, elle, ne respecte pas et le manque de respect est une violence, mais la Violence est mal, très mal connue, le Respect aussi. Respecter oblige à prendre en considération les distinctions légitimes, ce qui suppose le discernement et le temps pour exercer ce discernement Dans un monde dominé par la hâte, donc privé du temps nécessaire au discernement, l’abolition des distinctions enterre aussi le respect, instaurant ainsi une violence de fait quasi permanente. L’abolition des distinctions est certes compatible avec le rassemblement, mais s’oppose à l’Union. L’Union en effet, c’est la convergence aimée des complémentaires, or, les distinctions légitimes sont précisément faites de complémentarités. L’une des complémentarités les plus fondamentales que l’occident moderne s’efforce d’abolir, en ruinant la distinction qu’elle implique, c’est celle de l’homme et de la femme, d’où l’instauration d’une violence conjugale qui se traduit par l’éclatement des foyers, que ce soit du fait de la séparation des conjoints ou de la révolte des descendants avides de trouver leur autonomie, quand ils n’ont pas déjà été chassés par les parents. Les sociologues et psychologues dans leur naïveté ou leur manque de disponibilité pour la vérité, refusent généralement d’enregistrer ces ruptures comme de la violence, même s’ils sont bien conscients que ces ruptures constituent le foyer privilégié de toutes sortes de délinquances et violences de sang qui n’en sont que de prévisibles conséquences. D’ailleurs, même en dehors de ces ruptures formelles officiellement enregistrées, dans la plupart des foyers, la rupture est effectivement consommée, même si les relations charnelles à caractère plus ou moins régulateur dans l’ordre physiologique et visant la satisfaction d’une libido égocentrique, continue de donner le change à ceux qui ne regardent rien en profondeur. En réalité, ce qui est rompu, c’est l’amour lui-même, avec toute la puissance régénératrice et inspiratrice qu’il possède. Et voilà la véritable explication de la lassitude et de la morosité qui frappent tant de foyers contemporains sans parler d’une généralisation des tendances dépressives, particulièrement chez le sexe féminin, plus sévèrement touché par ce désordre. Vous dîtes violence, violence... sans soupçonner qu’elle est d’abord dans votre propre refus d’ouvrir les yeux pour admettre l’inégalité des consciences et des âmes, autrement dit : l’abîme qui sépare hiérarchiquement les sensibilités humaines et l’impossibilité de n’en pas tenir compte. Au tout début de mon propos j’évoquais la question des qualifications. Comme il fallait s’y attendre, dans ce domaine comme ailleurs, le monde contemporain a versé dans l’imposture, comme si une qualification humaine pouvait se réduire à des considérations techniques. Vous poursuivez des études, vous enregistrez un savoir et vous pouvez témoigner d’une habileté suffisante, vous possédez un savoir-faire ... et vous voilà qualifié. Peu importe qui vous êtes, ce que vous croyez, vos aspirations et vos motivations vos craintes et vos rêves, peu importe que vous soyez adorateur du diable ou du Bon Dieu...vous êtes qualifié, vous avez la compétence ! Mensonge ! Enorme mensonge... ! mensonge de civilisation, à l’origine de tant de dérives et de tant de misères que plusieurs volumes ne seraient pas suffisants pour en rendre compte. Mensonge de la technicité ! Mensonge du monde technique ! Sa réussite matérielle est proportionnelle à son échec humain ! Pour s’occuper convenablement des hommes, la première et la plus importante des qualifications c’est d’être soi-même un homme digne de ce nom d’homme. Or, aucune école, aucune université, aucune institution moderne ne poursuit le dessein de faire des hommes, car cette civilisation ne sait même plus ce que signifie être un homme. Si la notion de crime contre l’humanité a un sens, cette civilisation constitue elle-même le plus grand crime contre l’humanité qui se puisse concevoir ! Ce n’est certes pas en insultant des malades qu’on les soigne, mais ce n’est pas en fermant les yeux sur des pathologies contagieuses, au nom de "l’acceptation des différences" ou de "l’évolution" ou de "la modernité", qu’on risque de faire œuvre de salubrité publique. Ceux qui revendiquent "l’idée", à supposer que ce soit là une idée, qu’il faut vivre avec son temps, sont-ils conscients qu’ils revendiquent pour "le temps", une entité si imprévisible, le pouvoir inouï de dicter à l’intelligence et à la sensibilité leurs contenus ? Comment peux-t-on formuler une si exorbitante exigence, sans avancer le moindre argument intelligible à sa justification ? Sans reconnaître qu’on fait ainsi l’aveu de n’avoir pas la moindre idée de ce qu’est l’homme ? L’écologie est un concept à la mode. Cette notion gravite autour de l’idée parfaitement intelligible et intelligente de se préoccuper de l’équilibre vital de la nature dans l’intérêt de chacun et de tous. Mais il faudrait étendre cette idée à toute la Nature et non à la seule nature matérielle, et considérer le Grand Equilibre plutôt que le seul équilibre matériel, il faudrait revoir la conception tragiquement réductrice d’un homme-animal économique, et redécouvrir une anthropologie intégrale rendant à l’homme sa véritable stature et redéfinissant ses besoins d’après sa vraie Nature, au lieu de l’instrumentaliser comme moyen de production et objet consommant de marchandises tel qu’on le fait actuellement. En un mot : « L’homme-valeur marchande » constitue le sommet de toute violence envisageable !
Plus que les autres, les peuples noirs devraient en être pleinement conscients !
Tout ce que nous venons de dire, laisse sans doute entrevoir combien il nous est difficile d’accorder une sympathie sans partage aux processus mentaux de l’homme moyen contemporain. Nous militons donc pour une Ecologie qui soit pleinement humaine, dont la priorité et le dessein principal ne peuvent être que la dépollution de l’intelligence et de la sensibilité. Dépollution indispensable au rétablissement d’une juste perception de l’homme, condition sine qua none d’un redressement et du dégagement d’une perspective intelligente et viable à la mesure de l’Homme. Car il faut savoir que tout homme qui ne reçoit pas l’aliment de la paix et ne s’en nourrit pas est nécessairement violent. Même si sa violence s’exerce d’abord et surtout contre lui-même, chacun en est, à un degré ou un autre, la victime. Or cet aliment est fait d’intelligence et de vertu, de respect, de conscience symbolique, de sens du Sacré, Recevoir et offrir cet aliment, enseigner les recommandations pour sa digestion et son assimilation, telles sont les prérogatives essentielles de toute Tradition spirituelle orthodoxe. Le modernisme, résolument profane et profanateur, est un destructeur des Traditions, car la Tradition c’est son contraire, qui n’a rien à voir avec le passéisme ou l’ersatz folklorique et autres balivernes auxquelles on l’identifie ; c’est pourquoi, toute lutte contre la violence ne peut qu’être vaine si elle n’intègre pas la lutte contre le modernisme. Le modernisme, c’est quand même au bout du compte, l’impérialisme de la technologie et de la marchandise, qui finit par ruiner complètement l’intérêt des avantages offerts en contre-partie. Impérialisme qui n’est pas seulement de fait mais de principe, fonctionnant déjà quasiment à plein régime dans la mentalité de l’immense majorité de nos contemporains. Notre propos n’est point de dénigrer, mais encore faut-il établir un vrai diagnostic pour lutter contre les diverses pathologies dont ce monde est victime, pathologies qui pour la plupart relèvent de l’intoxication. L’écologie dans l’ordre intellectuel et spirituel c’est d’abord la désintoxication, tâche ô combien difficile ! Tant la vanité humaine résiste à admettre ses erreurs et supporte volontiers toutes sortes de calamités plutôt qu’une conversion rédemptrice. L’amour propre est le plus sal amour qui soit, et reste en fin de compte le meilleur allié de ceux qui n’ont d’autre dessein que de conduire l’humanité à sa perte.
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> Violence et changement social
4 novembre 2004, par
Je n’est qu’une chose à dire ; " La violence est le dernier refuge de l’incompétence !" ce qui implique que le pouvoir politique est dans l’incapacité de trouver une solution face aux mouvement de désobéissance civile et qu’il n’est pas maître de la situation. Je pense qu’il est temps pour les faucheurs de passer à l’étape suivante : "LA RESISTANCE PASSIVE" Nous devons exploiter la présence des médias a nos manifestations, non en détruisant (les récoltes sont terminées), mais en restant assis au sol devant les institutions que nous condamnons !
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> Violence et changement social
5 mai 2004
Une piste de reflexion : Dans le domaine de la physique théorique, et c’est rigolo, de nombreux physiciens occidentaux sont à la recherche du "monopôle magnétique" (un aimant qui à seulement un pôle sud ou un pôle nord), objet que jusqu’à présent on a jamais trouvé.
La pensée orientale, et taoiste en particulier, pense les choses autrement. Toute ACTION humaine entraine une REACTION et ainsi va l’enchainement des karmas ou des péchés dans la religions judéo-chrétienne. Mais cette prise en considération de la POLARISATION permet de "penser" les choses autrement.
Ainsi il n’y a plus "Bush et sa clique" d’un côté et "Ben Laden et Alqaida" de l’autre côté, mais un seul dipôle inséparable "Terrorisme-Repression" qui est comme le mouvement d’un balancier.
Au jour d’aujourd’hui, ce dipôle fonctionne à merveille et aboutit à son but ultime ; terroriser la population et instaurer le règne du DIABLE ("diabolos" qui veut dire séparer, dissocier, polariser).
En ce qui concerne les dernières images qu’on a pu voir des Irakiens torturés, c’est le même processus : créer une indignation, une révolte, une polarisation. En effet, vous sur "Monde solidaire" vous êtes indignés ! Mais vos frères humains, car ils le sont aussi, qui pour exister ont choisis le rôle de "faschiste" ( pardon, ils se disent pro-guerre ou je ne sais quoi ...) ils vous dirons que c’est de la manipulations anti-américaine. Donc résulat des courses, il s’agit à nouveau de polariser la population comme pendant la guerre d’Espagne, comme pendant les années 30-45 où à l’époque, car on l’a trop rapidement oublié, beaucoup de gens simples qui acceptaient le nazisme dans ses débuts, le faisaient dans la crainte du stalinisme. Il s’agissait alors encore d’un dipôle nazisme-stalinisme (ils ont fait à peu près autant de victimes) qui a fonctioné diaboliquement.
Combien de siècle (s’il en reste encore à une race animale singulièrement agressive, l’homme) pour sortir de cette monstruosité ?
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