|
La taxe tobin présentée simplement |
|
Tobin or not Tobin ?
Qu’est-ce que c’est ?
L’idée : taxer à hauteur de 0.1% (plus ou moins), l’ensemble des transactions financières mondiales, et notamment celles qui ont une connotation spéculative. Cette idée a été exposé par l’économiste américain James Tobin en 1978, dont l’idée de départ était de redonner une autonomie aux politiques monétaires.
Pourquoi ?
Le but : réduire la spéculation agressive sur les marchés financiers. C’est pourquoi, ce projet est particulièrement d’actualité aujourd’hui : la globalisation des échanges, la déréglementation, le flottement des monnaies, le décloisonnement ont accentué la spéculation sur les marchés financiers, et par la même l’instabilité de ceux-ci. Aussi on peut considérer que les crises les plus récentes en Asie en 1997 et en Russie en 1998 trouvent une partie de leurs causes dans la spéculation. De même, la faillite du fond LTCM ou la très récente crise des valeurs technologiques semblent avoir des origines semblables. D’où on remet en cause la thèse de la théorie libérale. Ainsi la spéculation, même si elle peut avoir des vertus (rééquilibrage automatique), s’avère dangereuse quand elle est incontrôlée. C’est ici qu’intervient la taxe Tobin.
Comment ?
En augmentant le coût des transactions spéculatives, la taxe Tobin a un effet désincitatif, « elle contribue à jeter du sable dans les rouages de la spéculation ». Même si son taux est faible, cet effet sera d’autant plus important qu’un spéculateur effectue plusieurs transactions par jour. La taxe doit donc s’appliquer aux transactions spéculatives sans toucher les transactions de long terme. D’autre part, la taxe Tobin a un effet de stabilisation des anticipations des intermédiaires financiers, réduisant ainsi les risques de dépréciation monétaire.
Pour quoi ? Que faire de l’immense masse d’argent prélevée ?
En effet, on peut estimer que la somme prélevée avoisinerait les 50 milliards d’€. De nombreuses associations luttent pour la mise en place de la taxe Tobin, et demandent que cette somme soit affectée à l’aide au développement des pays pauvres. D’autant que le programme des NATIONS-UNIES pour le développement (PNUD) estime à 40 milliards de $ le montant nécessaire pour éradiquer la pauvreté. Il semble dès lors logique que les sommes récoltés, symbole de la toute puissance financière des pays industrialisés, soient alloués au développement des pays les moins avancés et cela d’autant plus que les aides des États riches aux pays en voie de développement sont en forte baisse ces dernières années.
Les difficultés
Cependant le projet de taxe des transactions financières se heurte à de nombreux problèmes. Ceux-ci sont avant tout d’ordre politique. En effet, l’efficacité d’une telle taxe sera d’autant plus importante qu’elle est appliquée au niveau mondial, nécessitant une coordination politique. Or celle-ci semble difficilement réalisable. Même si certains pays ont bien avancés dans cette réflexion - comme le Canada dont le Parlement a adopté une motion invitant son gouvernement à promouvoir un projet de taxation des transactions spéculatives ou la Belgique qui y est favorable- le projet se heurte à des oppositions farouches dans les autres pays industrialisés (G-B, USA). Il est cependant intéressant de noter que certains pays émergents ont déjà pris des mesures préventives, taxant les transactions spéculatives, comme le Chili. Pour que le projet aboutisse, il est donc nécessaire d’engager des discussions au niveau mondial.
D’autre part, les obstacles sont aussi d’ordre économique :
Tout d’abord les agents spéculateurs ont toujours la possibilité d’échapper à la taxe par des moyens plus ou moins licites : recours aux paradis fiscaux...
Par ailleurs, beaucoup d’analystes considèrent que la taxe par le faible taux qu’elle se doit d’imposer sera inefficace pour lutter contre la spéculation.
Les alternatives
Malgré ces difficultés et même si elle ne semble pas applicable dans l’immédiat, la taxe Tobin met en évidence des priorités qui doivent être traitées aujourd’hui :
Soutien aux capitaux de long terme vitaux pour l’économie par opposition aux capitaux spéculatifs.
Lutte contre les paradis fiscaux ou l’évasion fiscale.
Renforcement de la coopération internationale pour une plus grande stabilité de devises.
Réduction de l’attrait spéculatif de certains marchés.
julaborde1
Création de l'article : 26 mai 2004
Dernière mise à jour : 24 mai 2004
Page visitée 833 fois (1)
 |
|
Discussion associée à l'article.
Cet article a suscité 1 messages sur son forum
Vous pouvez réagir à cet article ; le contenu n'est filtré ni par l'auteur de l'article, ni par le collectif, dans la limite du respect de certaines règles :
- pas de messages injurieux
- pas de message raciste, sexiste, xénophobe, homophobe, ...
- les messages trop longs pourront être supprimés : ce forum est une discussion sur l'article ; si vous voulez publier un texte conséquent, rendez-vous dans l'Espace rédacteurs et proposez un article ; si vous voulez publier un texte sans rapport avec cet article, trouvez un forum adapté ...
- de même, les messages se réduisant au copié-collé d'un article publié ailleurs seront supprimés ; les citations ne sont pas interdites, mais le forum est un espace d'expression personnelle.
Répondre à cet article
|
-
> la taxe tobin pr&sentée simplement
30 mai 2004, par Laurent
Mais comment contrôler l’utilisation cette taxe ? L’aide publique française au développement ne sert réellement au développement qu’à hauteur d’environ 3%, le reste part dans les guerres et la corruption, contrebalançant tout effet positif. Ne devrait-on pas s’attaquer en priorité aux paradis fiscaux, passage obligé du blanchiment d’argent ?
|