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bonjour,
Docteur en biologie cellulaire et moléculaire des plantes et maître en biologie des populations des écosystèmes (écologie) je me permets de joindre en document attaché un article dont je suis l’auteur et qui est (je crois) en totale adéquation avec le combat qui est le vôtre. Cette article tente (sans prétention) d’expliquer les vraies craintes qu’il faut nourrir à l’encontre des OGMs (et surtout des firmes agroalimentaires).
Pour précisions, il y a 3 ans j’ai quitté l’organisme de recherche public dans lequel je travaillais (pour des raisons éthiques) et ai ré-orienté ma carrière. Ma spécialité était la genèse de mutants végétaux et de plantes transgéniques afin d’en étudier les conséquences (recherche fondamentale) !
Si cet article ou mes compétences scientifiques peuvent vous être d’une quelconque utilité je me mets à votre disposition.
cordialement
Olivier Caiveau
O.G.M : le « meilleur » n’est pas synonyme de « progrès ».
Pourquoi une telle sentence concernant les OGM ? Cette abréviation, encore mystérieuse, est au centre d’un grand nombre de controverses et de débats dont les tenants et les aboutissants restent obscurs pour la majorité des gens. Il est temps de faire tomber le mythe !
Un organisme génétiquement modifié est un être vivant, au sens le plus large du terme (animal, végétal ou autre), dont le patrimoine génétique à fait l’objet de modifications permettant, dans la majeure partie des cas, l’acquisition d’une ou plusieurs nouvelle(s) fonction(s) dites « d’intérêt(s) ». De telles manipulations font appel aux techniques les plus récentes en biologie cellulaire et moléculaire et permettent de traverser la barrière des espèces. C’est à dire que, pour la première fois, l’homme dispose d’un outil scientifique permettant d’introduire dans une espèce donnée une fonction originaire d’une autre espèce. Par exemple un gène de vers luisant a déjà pu être introduit dans le patrimoine génétique d’une souris, un gène de méduse dans celui d’une plante etc.
Loin d’être « loufoques », de telles manipulations représentent un réel espoir pour la recherche fondamentale ou encore la médecine car celles-ci permettent une meilleure connaissances des règles régissant l’expression et la régulation des gènes et participe au développement de tests et de « médicaments génétiques » susceptibles, dans un futur proche, de diagnostiquer et éventuellement de traiter un grand nombre de maladies génétiques (myopathie etc.).
L’utilisation industrielle d’OGM de type bactérien est pratiquée depuis plus de 10 ans et sert notamment à la production de molécules telles que insuline ou hormones de croissance etc., et représentent un progrès réel (abaissement des risques de transmission de maladies et réduction du coût des traitements). Si ces pratiques n’ont que peu ou jamais fait l’objet de controverses c’est parce que la mise au point et l’exploitation de ce type d’OGM est réalisée en milieux confinés, tels que laboratoires de recherche ou encore unités de productions industrielles, et par conséquent ne présentent que des risques limités au regard des avantages qu’elles présentent.
Il en est tout autrement pour la production en masse d’organismes modifiés (de type plantes) dans des environnements ouverts et/ou non sécurisés (tels que serres, champs etc.). Le cas le mieux connu du grand public concerne les autorisations de mise en culture de céréales ou d’oléagineux transgéniques (blés, Maïs, Colza etc) pour lesquelles, force est d’admettre, que le recul des scientifiques est très loin d’être suffisant pour pouvoir s’assurer du caractère anodin de telles pratiques. Les origines de la méconnaissance des risques encourus résultent plus des pratiques et des pressions exercées sur la communauté scientifique et les états par les grands groupes semenciers que d’une réelle complexité d’expérimentation à grande échelle. En effet il faut savoir que le développement d’une nouvelle variété de céréale transgénique nécessite au minimum 15 ans d’investissements et que pour cette raison (et principalement pour celle-ci) les bailleurs de fonds de telles activités exercent des pressions considérables et proportionnelles au retour d’investissement attendu. En bref, étudier les risques potentiels inhérents à la culture en masse d’OGM n’est pas complexe mais nécessite des fonds et des durées d’étude « inacceptables » pour les organismes finançant leur mise au point. En réponse à ce type de reflexion ces grands groupes font un raisonnement par l’absurde : puisque tous les risques connus (point de vue déjà très largement discutable) ont fait l’objet de contre-mesures, l’exploitation en masse de tels organismes ne pose plus aucun problème (connus).
Cependant, un esprit logique et intègre (donc indépendant) se doit d’admettre que la pauvreté des arguments scientifiques fournis pour assurer l’innocuité de telles pratiques, au regard des avantages concédés, conduit inéluctablement à l’application du « principe de prudence » et donc au refus d’utilisation de tels organismes pour une production de masse en milieux non protégés. Quels sont les arguments à considérer pour aboutir à une telle conclusion ? En d’autres termes, quels sont les avantages et inconvénients de telles pratiques ?
La réflexion sur les risques encourus doit être menée selon trois axes principaux : l’économie, l’écologie et la santé.
Considérons tout d’abord les inconvénients (et « avantage(s) ») d’un point de vue économique en prenant comme exemple celui de la culture d’une plante d’intérêt (Maïs, Blés, Riz, Colza etc.) génétiquement modifiée et résistante à un herbicide ou encore à un parasite. Si cette nouvelle caractéristique semble, de prime abord, aboutir à un gain substantiel de productivité pour l’exploitant agricole, le recul dont nous pouvons disposer en ce qui concerne l’exploitation en masse de tels organismes, autorisés aux USA depuis une dizaine d’années, nous oblige à considérer les données du problème de façon beaucoup plus globale.
Au début de la chaîne le semencier vend à l’exploitant agricole sa nouvelle semence, sans oublier d’y ajouter un mode d’emploi (très pompeusement dénommé procédé d’exploitation ou cahier de route) détaillant très précisément les moyens à mettre en œuvre pour aboutir au gain de productivité tant attendu. Dans la majeure partie des cas les efforts demandés concernent la modernisation constante des moyens de production ( machines, locaux, matériels) ainsi que l’achat de produits particulièrement adaptés à ce nouveau type de plante (engrais, désherbants etc.). Il va sans dire que non seulement ces produits « conseillés » sont développés et mis en vente par le groupe semencier lui-même (ou l’une de ses filiales) mais de surcroît les efforts financiers nécessaires à la modernisation de l’infrastructure de production (et définie dans la cahier de route) sont « facilités », soit directement par le sus-dit groupe semencier (grâce à une société de crédit spécialisée et développée au sein même du groupe) soit indirectement en intercédant en faveur de l’exploitant agricole après d’organismes de prêts « autonomes ». L’ensemble de ces « à côtés » abaissent considérablement les gains potentiels et est (quasiment) oublié par le semencier lors de l’élaboration du bilan prévisionnel à l’attention de l’exploitant agricole lorsqu’il est question de lui faire l’article.
Enfin, si la nouvelle variété conduit dans la plupart des cas à une augmentation de la production, il va sans dire que la situation d’oligopole des semenciers à l’échelle de la planète (4 ou 5 groupes au total) leur permet de spéculer sur les cours des céréales et donc de faire fluctuer les cours à leur(s) avantage(s) : c’est dire d’abaisser le prix lors des opérations de rachats aux coopératives (donc aux exploitants agricoles) et de maintenir ou d’augmenter le prix lors de la mise en vente sur le marché. A cela, il convient de ne pas omettre l’obligation qui est faite à l’exploitant agricole de revendre la totalité de sa récolte au semencier (notamment grâce à la notion de brevet ou de stérilité provoquée), éventuellement via une coopérative. L’exploitant agricole n’a donc plus la possibilité de ré-utiliser d’une année sur l’autre une partie de sa production pour ses propre besoins ou encore comme semis comme cela était de coutume.
Le système ainsi mis en place permet aux grands groupes semenciers d’être à la fois juges et parties et de faire des bénéfices une première fois en vendant leur « nouvelle création », une deuxième fois avec la vente de produits d’exploitation et / ou de systèmes de crédit et une « dernière » fois en jouant sur leur pouvoir spéculatif.
A l’inverse, et dans le meilleur des cas, l’exploitant agricole obtient bien une augmentation de sa production mais sans que celle-ci n’aboutisse à une augmentation substantielle de son chiffre d’affaire et ou de son bénéfice. Le bénéfice de son travail est donc nul ou sub-nul et bloque l’exploitant dans cette voie à cause des divers efforts qu’il lui a fallu faire pour respecter le cahier de (dé) route. D’une certaine façon, il s’agit ici encore d’un bénéfice supplémentaire pour les grands groupes financiers : la fidélisation forcée de leur clients (« victimes »).
Dans un tel contexte, on admettra par décence et par honnêteté, l’impossibilité pour les pays en voie de développement de pouvoir mettre en place, seuls, des structures adaptées à la culture d’OGM, tant il apparaît évident que si l’obtention d’un bilan même équilibré est un exploit dans les pays dits civilisés, un tel objectif est de l’ordre de l’utopie dans des pays où l’effort de modernisation des pratiques culturales à grande échelle en est à ses balbutiements. En réalité, sous couvert d’obtenir de nouveaux marchés ou encore de vouloir faire bénéficier ces pays des dernières avancées biotechnologiques, les intérêts (ou objectifs) réels de ces grands groupes sont tout autres et beaucoup moins avouables. En effet, dans un contexte où l’économie est dévastée, le bien-être des populations ou encore la pérennité des écosystèmes passe au second plan, le discours charmeur et économiquement alléchant de ces grands trusts aux différents gouvernements concernés aboutit à la mise à disposition « de champs d’essais » grandeur nature sans contraintes ni responsabilités.
Enfin, à l’autre bout de la chaîne de consommation, et toujours « grâce » aux divers procédés de spéculation mis en place, le gain financier du consommateur est très faible voire inexistant.
En résumé si les divers avantages économiques d’une production à grande échelle d’OGM sont indiscutables en ce qui concerne la plus value des grands groupes à l’origine de leur « fabrication », il apparaît que ces « biens-faits » sont, à l’heure actuelle, quasi-inexistants pour l’exploitant agricole ou encore le consommateur. Pire, les pratiques commerciales de ces grands groupes, archétypiques de la mondialisation des marchés économiques (devenir le plus influant possible le plus rapidement possible et quel qu’en soient le prix ou les moyens) conduisent à la disparition de l’économie et de la culture locale des pays conquis.
En terme de risques écologiques potentiellement encourus, trois types conséquences sont à considérer : celles découlant des risques de transmission du transgène à une espèce végétale apparentée jouxtant les zones de cultures intensives (je parlerai de transmission directe), celles découlant des risques de transmission du transgène à d’autres espèces via des vecteurs biologiques de type virus ou bactéries (transmission indirecte), et celles découlant de l’expression de la nouvelle fonction.
Concernant l’évaluation des risques de transmission directe du transgène à une espèce apparentée, le risque est (apparemment) connu : il suffit de définir si l’ensemble des plantes sauvages jouxtant la (les) zone(s) de culture de l’OGM sont apparentée à l’espèce cultivée. En d’autre terme, il s’agit d’évaluer la possibilité de croissement entre deux espèces végétales proches, l’une sauvage et l’autre produit de manipulations biotechnologiques. On comprend « l’inconvénient » que génèrerait le passage d’un transgène à une espèce sauvage jouxtant la culture de l’OGM, car, dès que cela se produirait la plante sauvage serait alors capable à son tour de résister au nuisible ou à l’herbicide et par conséquent parasiterais les zones de culture de l’OGM.
Il s’agit en quelque sorte d’un retour à la situation de départ (le transgène mis à part). Afin d’estimer ce type de risque, la connaissance des foyers originels des plantes d’intérêt, zones potentiellement riches en plantes sauvages apparentées, permet (partiellement) d’évaluer ces risques de transmission. Ainsi, nous savons que les ancêtres et plantes apparentés au Mais sont retrouvés en Amérique du sud, ceux du Blé en Europe du sud ou encore ceux du Colza en Europe du nord. A partir de ce constat simple (pour ne pas dire simpliste) on serai tenté de dire que la culture du Mais transgénique en Europe ne pose pas de risques et que celle du blé transgénique en Amérique peut être réalisée sans danger. Ce mode direct de transmission, maintenant connu (et surtout scientifiquement irréfutable), sert très souvent d’alibi au groupe semenciers afin de (tenter de) démontrer, lors de l’élaboration des dossiers de demande de mise sur le marché, que les problèmes écologiques posés par l’exploitation de ce type d’organismes ont été pris en considération.
Ceci pourrait être considéré comme le début d’un sentiment louable si ces mêmes groupes n’était frappés d’amnésie en ce qui concerne les financements princiers d’études contemporaines réalisées en Europe du nord, en plein champ, et portant sur des variétés de colza transgéniques ou encore la culture à outrance du Maïs transgénique dans les grands espaces du continent Américain... Pouquoi dire une chose et faire son contraire ? Du côté des semenciers, la transmission du gène d’intérêt est-elle vraiment un « inconvénient » ? Mettons nous un instant à leur place : la disparition de l’avantage conduirait à de « fâcheuses conséquences ». Cela contraindrait alors l’exploitant agricole à cultiver une nouvelle variété, mise au point entre temps par un autre (ou le même) groupe semencier, avec évidemment la nécessité d’acheter l’ensemble des « à côtés » indispensables à l’épanouissement de la nouvelle fonction d’intérêt etc.
Etudions maintenant les conséquences découlant des risques de transmissions indirects du transgène. Ce type d’événement, couramment observés à l’état naturel, fait appel à des vecteurs de type virus ou bactéries. Il est à l’origine des techniques scientifiques de transformation des plantes. Considérant cette dernière donnée, le passage du transgène d’une espèce à une autre est alors possible : d’une plante à une autre plante, d’une plante à un animal, à l’homme etc.
Au final, si le mode fonctionnement de ces phénomènes n’est pas encore pleinement élucidé, réfuter leur existence ou encore leur « fréquence suffisante » serai faire preuve d’ignorance coupable ou de mauvaise foi caractérisée. Quelles pourraient-être les conséquences de la réalisation de tels phénomènes ? Comme cela a été décrit dans le capitre précédant, la transmission du transgène à d’autres plantes aboutit non seulement à un retour à la case départ en ce qui concerne l’intérêt de la culture de l’OGM mais peut ici également conduire à de véritables catastrophes écologiques. Le petit détail que constitue « ce petit gène en plus » dans une ou plusieurs espèces peut générer un effet « boule de neige » sur l’écosystème qui l’héberge.
Par exemple, si l’on assimile la biodiversité d’un écosystème au nombre d’espèces que celui-ci compte par unité de surface et si l’expression du transgène conduit à l’acquisition d’un avantage sélectif pour une espèces en particulier (maintenant mutante) le nombre d’individus de cette espèce va alors augmenter, jusqu’à un bouleversement de la représentativité de l’ensemble des espèces peuplant l’écosystème.
Poussé à son paroxcisme ce type d’événement peut conduire à la disparition non seulement de la quasi-totalité des espèces d’un même écosystème, mais également, pourra se propager à l’écosystème voisin avec des conséquences tout à fait similaires. Ce mécanisme de sélection se produit normalement en réponse à des changements climatiques ou tout autre phénomène naturel ; il est à l’origine de évolution des espèces. Cependant, dans le cas présent, seules les pratiques culturales incontrôlées de l’homme en seraient responsables et ne reflèteraient donc pas une réelle nécessité d’adaptation. A titre d’exemple, c’est le même processus écologique qui est à l’origine de la disparition des écrevisses et grenouilles Européens dans le sud ouest de la France au profit de leur homologue Américain : Ceux-ci possédant un avantage sélectif (plus gros, plus forts, plus fertiles etc.).
Evaluons maintenant les conséquences des risques découlant directement de l’expression du transgène. Il ne s’agit plus ici de considérer les risques de fuite mais plutôt de voir l’impact direct de l’expression de la nouvelle fonction. Au cas particulier, si l’on considère l’utilisation d’un OGM présentant une résistance accrue à un insecte dévastateur de cultures (grâce à la synthèse d’une molécule toxique), si cette nouvelle fonction permet effectivement l’élimination du nuisible celle-ci peut également provoquer des dégâts considérables sur la fertilité et la pérennité d’autres populations d’insectes potentiellement pollinisateurs.
Le contre-argument massue des semenciers en la matière est souvent le suivant : « l’effet nocif de la nouvelle molécule produite par transgénèse est sélectif et ne touche que le nuisible ». Même si cela était vrai, ils oublient encore une fois que, en réponse à la synthèse de la nouvelle molécule, l’ensemble du métabolisme de la plante est susceptible d’avoir été modifié. Ces modifications peuvent, par exemple, aboutir à une accumulation d’un composé toxique normalement absent ou faiblement présent à l’état naturel ou encore à l’affaibllissement ou à la disparition d’un composé utile aux insectes (phéromones, etc.).
Au final, les dégâts pouvant potentiellement être causés sont similaires en gravité à ceux décrits plus haut pour les risques indirects. Malgré les dangers qu’ils représentent, la prise en compte de ce type de risques est très souvent réduite à sa plus simple expression.
Pour conclure sur les risques écologiques, les pratiques des grands groupes semanciers sont au mieux, la preuve de leur manque flagrant de conscience écologique et, au pire, la démonstration d’agissement dangereux et calculés à de seules fins mercantiles. L’appauvrissement de la biodiversité, calculé ou non, ne peut-être que favorable à l’épanouissement de leur chiffre d’affaire et donc de leur rang mondial.
Enfin, la culture à grande échelle des OGMs présente des risques en terme de santé publique ?
Le problème doit être abordé en considérant deux types de conséquences : les directes, reflet de la présence d’un morceau d’ADN étranger au sein d’un autre organisme, les indirectes, conséquences de l’expression du transgène.
Concernant les conséquences directes, aucun argument scientifique ne permet de supposer que l’ingestion d’une plante possédant un gène étranger à son espèce pose un problème : les molécules constitutives de l’ADN (bases azotés) d’une plante ou d’un animal (de la souris à l’éléphant) sont les mêmes et ne constituent donc pas, en tant que tel, un risque en terme de santé.
Par contre, les conséquences indirectes, reflet de l’expression de la nouvelle fonction, pourraient être problématiques en terme de santé publique si l’on considère par exemple une plante OGM destinée à la consommation humaine (ex : céréales, huiles etc.). En effet, si l’on transpose à l’homme l’exemple développé plus haut pour les insectes pollinisateurs, aucune étude n’a pu démontrer qu’en réponse à l’expression de la mutation, l’accumulation ou la disparition d’une molécule plus ou moins nocive ou utile pour l’homme ne se produit pas dans ces OGM (vitamines, toxines etc.).
D’autre part, la possibilité pour ce transgène de traverser la barrière des espèces, peut toucher directement la santé de l’homme : par acquisition de nouvelles résistances à des antibiotiques pour des bactéries ou des virus déjà pathogènes pour l’homme ou encore par apparition d’un pouvoir pathogène et / ou toxique pour des micro-organismes jusque là inoffensifs.
Une fois encore, l’appât du gain et la recherche d’un retour rapide sur investissement conduit à négliger d’éventuels risques en terme de santé publique.
Pour résumer, l’exploitation d’OGM, tant animal que végétal, est prématurée à l’heure actuelle mais reste possible dans un futur proche pour peu que les limites fixées à leur utilisation soient évaluées scientifiquement et collégialement entre tous les protagonistes. Etudier les potentialités réelles des risques économiques, écologiques ou de santé décrits plus haut est à la portée des scientifiques pourvu que leur soient donnés le temps, l’argent et la liberté de pensée nécessaire. Malheureusement cette boite de Pandore reste inviolée et sévèrement gardée par des groupes financiers (ou semenciers) dont l’unique préoccupation est de devenir au plus vite les seuls interlocuteurs possibles.
Pour atteindre ce but ultime, ceux-ci n’hésitent pas à prendre en otage notre biosphère. Quelle immodestie de leur part que de penser qu’un savoir scientifique qui ne dispose pas même d’une génération humaine de recul, puisse contraindre à son aise et sans conséquence 4 milliards d’années d’évolution et plus de 6 milliards d’individus ! Dire momentanément non à ces pratiques dangereuses qui s’assimilent à une « roulette russe écologique » doit être considéré comme un acte de citoyen du monde. Si cela ne se produit pas il y a toutes les « chances » que l’homo sapiens-sapiens expérimente lui-même, et à ses dépends, le processus d’évolution au profit du plus récent « homo mercantilis ». Nous aurions là, tardivement, la preuve par l’expérience qu’une meilleure performance n’est pas forcément source de progres.
Olivier Caiveau
Docteur en biologie cellulaire et moléculaire des plantes et Maître en Biologie des Populations et des écosystèmes.
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Création de l'article : 31 juillet 2004
Dernière mise à jour : 25 août 2004
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Lettre d’un biologiste
5 septembre 2007
Bonjour
Venant de réaliser un film : " Le pollen de la discorde", je me permets de vous transmettre un lien sur lequel il est en ligne, Espérant faire avancer la réflexion je reste à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.
Bien cordialement
Marc Peyronnard
Contexte.
La coexistence entre cultures tracée et cultures OGM, pose un certain nombre de questions, dans de nombreux cas la culture des OGM, risque de ne pas apporter les bénéfices que l’on en attend et menace les productions de qualité.
Si vous avez la curiosité de consulter toutes les demandes d’expérimentation des maïs OGM sur le site du ministère de l’agriculture, et concernant les évaluations de risque par la CGB (Commission du Génie Biomoléculaire) chargée d’évaluer les risques de contamination, les abeilles n’y sont même pas évoquée, et pourtant tous les apiculteurs savent depuis longtemps que les abeilles récoltent du pollen de maïs...
lien avec le site de la CGB http://www.ogm.gouv.fr/experimentations/evaluation_scientifique/cgb/CGB_avis&rapports.htm
Pour illustrer cette problématique, un film "Le pollen de la discorde" http://www.blip.tv/file/347281/
les abeilles de Grézet Cavagnan ont ramené du pollen OGM dans leurs ruches... et sous le contrôle d’un huissier, les apiculteurs démontrent la présence de pollen OGM dans les ruches. De leur point de vue, la culture des OGM a un aspect totalitaire et menace toute les productions de qualité et la liberté de produire sans OGM... C’est en tous cas le point de vue de nombreux agriculteurs engagés dans des filières de qualité et qui ne veulent pas perdre la confiance de leurs clients. En exemple, pour l’industrie alimentaire italienne qui ne veut pas d’OGM, le seuil d’exigence est de 0,1%, ce qui correspond au seuil de détection...
Ce marché représente par exemple 70% des ventes de la Coopérative Agricole Dauphinoise. A cela il convient d’ajouter toutes les productions sous label qui n’acceptent pas d’OGM pour l’alimentation des animaux
Pour cause de coexistence ou de contamination non désirée il y urgence de faire connaître les risques contamination le plus largement possible.
Avouez que pour ceux qui en font leur métier et qui conaissent la problèmatique, il y a de quoi douter devant un truc qui finalement rapporte beaucoup à son promoteur....
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Recherches des specialiste en OGM
6 janvier 2006
Bonjour,
Je suis en train de preparer le Master à la faculté des sciences à l’université d’Annaba / Algerie, en « Biologie et Conservation des Zones Humides et Littorales ».
Notre istitut organisera en Juin 2006 un seminaire qui réunira les spécialistes de l’environnement aquatique.
Nous sommes à la recherche des specialiste en oraganisme genetiquement modifie pour les inviter à nous presenter des conferences en Biodiversité et OGM.
Je serais tres honorée si vous me communiquer des adresses e-mail personnelles des chercheurs dans ce domaine ( en France )
Merci et bonne année
Melle Talbi : hananebiologie_MZK_yahoo.fr
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Recherches des specialiste en OGM
6 janvier 2006
Bonjour,
Je suis en train de preparer le Master à la faculté des sciences à l’université d’Annaba / Algerie, en « Biologie et Conservation des Zones Humides et Littorales ».
Notre istitut organisera en Juin 2006 un seminaire qui réunira les spécialistes de l’environnement aquatique.
Nous sommes à la recherche des specialiste en oraganisme genetiquement modifie pour les inviter à nous presenter des conferences en Biodiversité et OGM.
Je serais tres honorée si vous me communiquer des adresses e-mail personnelles des chercheurs dans ce domaine
Merci et bonne année
Melle Talbi
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> Lettre d’un biologiste
19 septembre 2005, par
merci de me faire connaître les coordonnées de Olivier Caiveau. je suis membre du collectif "63 sans OGM"
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Demande d’un renseignement sur le clonage
7 janvier 2005, par
Monsieur, Devant le sérieux de votre artcle, nous avons pensé que vous pourriez peut être nous aider.Etant en première scientifique au lycée Uruguay-France à Avon (77), nous effectuons des recherches dans le cadre des TPE. Ce dernier porte sur le clonage, plus précisément sur ses techniques et ses différents usages.Notre expérience consiste à cloner des protoplastes puis à prouver par la suite que le clonage sur des cellules animales s’effectue sur le même principe. Cependant, un problème se pose à nous : nous ne trouvons guère d’informations précises sur le déroulement de chaque étape du clonage, qu’il soit animal ou végétal, et nous voudrions connaître l’utilité de chacune.Nous espérons ne pas trop abuser de votre temps.Cependant les informations(de votre part, des références d’articles ou de livres que nous pourrions consulter)que vous pourriez nous fournir nous aiderait beaucoup. En attente d’une réponse(anneso1492_3Lo_caramail.com) veuillez accepter l’expression de notre sincère considération. Elodie Moreau et Anne Sophie Camuse
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> Lettre d’un biologiste
30 août 2004, par
Réponse à la lettre d’un biologiste : Découvrant votre site, évidemment très partisan, je réponds plus spécifiquement au message d’Olivier Caiveau. Vous vous servez (peut-être) de ses dipômes pour obtenir quelque crédit scientifique à vos argumentations (les réponses à son article montrent effectivement que la lettre d’un scientifique impressionne). Malheureusement, que d’erreurs encore dans ce texte (mensonges également) qui les ressassent encore. Et, notamment rien, comme depuis l’origine d’ailleurs dans ce débat, sur les fondements de l’amélioration variétale. Je réponds donc en reprenant successivement les arguments (« ») de M. Caiveau.
« OGM ? Cette abréviation, encore mystérieuse » : vous le croyez réellement au bout de 7-8 années de tapage médiatique !, par contre que 88% des gens ne sachent pas les définir est effectivement inquiétant.
« Il est temps de faire tomber le mythe ! » : il est intéressant de se poser la question de QUI a créé un mythe à propos des OGM et POURQUOI il est entretenu)
« l’acquisition d’une ou plusieurs nouvelle(s) fonction(s) » ce terme fonction est utilisé de nombreuses fois dans ce texte, il vaut mieux parler de caractère plutôt que de fonction qui a un autre sens en biologie.
« et permettent de traverser la barrière des espèces. » : en êtes vous si sûr ? : quid des hybridations interspécifiques ? : avez vous entendu parler, par exemple, du Triticale -hybride blé-seigle- pour lequel ce n’est pas un gène (ou quelques gènes) qui a été introduit mais tout un génome ? avez vous également entendu parler de fusion de protoplastes.... !!!, sans compter toutes les hybridations interspécifiques que la Nature a fait toute seule).
« un gène de méduse dans celui d’une plante etc. » : Vous utilisez, évidemment, le langage des anti-OGM. Ce qui a été pris n’est pas un gène de ver luisant mais une information génétique correspondant à une séquence nucléotidique effectivement présente chez le ver luisant.
« la production de molécules telles que insuline ou hormones de croissance etc. » : oui, ou encore, de la chymosine permettant de faire les fromages entre autre exemple.
« tels que serres » : les serres ne sont pas définies comme des milieux ouverts.
« ...concerne les autorisations de mise en culture de céréales ou d’oléagineux transgéniques (blés, Maïs, Colza etc.) » : 1) il n’existe pas de blé transgénique actuellement commercialisé, 2) je ne placerai pas le blé parmi les plantes oléagineuses, mais cela commence à refléter votre niveau de connaissance du domaine dont vous parlez doctement.
« que le recul des scientifiques est très loin d’être suffisant pour pouvoir s’assurer du caractère anodin de telles pratiques » : c’est vrai, en dehors de tous les essais nécessaire à leur création, on pouvait comptabiliser 67.7 millions d’ha (2 fois la sole française) de PGM en 2003 en vraie grandeur.
« ...le développement d’une nouvelle variété de céréale transgénique nécessite au minimum 15 ans d’investissements » : c’est faux, c’est bien plus rapide que cela ; parallèlement connaissez vous le temps que nécessite l’obtention d’une nouvelle variété par les méthodes d’amélioration conventionnelles ?
« ...les bailleurs...exercent des pressions considérables et proportionnelles au retour d’investissement attendu » : c’est vrai pour n’importe quelle activité industrielle.
« ...en prenant comme exemple celui de la culture d’une plante d’intérêt » blé : pas encore, Riz : pas de riz transgénique sur le marché, en passe d’homologation.
« ...Si cette nouvelle caractéristique semble, de prime abord, aboutir à un gain substantiel de productivité » : Ni l’un ni l’autre de ces caractères (tolérance a un herbicide, résistance à certains insectes) a pour objectif d’aboutir à un « gain substantiel de productivité », surtout pas le premier caractère, quant au second, il s’agit de ne pas avoir une perte de rendement pouvant être générée par l’attaque de certains insectes, ce qui est différent.
« sans oublier d’y ajouter un mode d’emploi... » : oui, comme toute autre nouvelle variété non GM afin de l’utiliser de manière optimale
« à l’attention de l’exploitant agricole lorsqu’il est question de lui faire l’article. » : Cette démarche n’est en rien spécifique des OGM et se pratique sous des formes diverses dans tous les secteurs de la consommation.
« à une augmentation de la productivité » : je vous laisse la responsabilité de cette affirmation : il n’existe pas de PGM qui aient actuellement été réalisées et se trouvant sur le marché permettant d’améliorer la productivité.
« il va sans dire que la situation d’oligopole des semenciers à l’échelle de la planète (4 ou 5 groupes au total) » : oui on exagère quelque peu mais on va dire une dizaine mais de fait, comme la situation du début des années 80 - lire les livres « la guerre des semences » et « les géants du grain » et donc avant l’ère des OGM.
« et de maintenir ou d’augmenter le prix lors de la mise en vente sur le marché » : en quoi décrivez vous une situation spécifique des PGM, on parle plus souvent dans la vie courante des cours du pétrole, des matières premières, etc. que du cours des céréales).
« ... à l’exploitant agricole de revendre la totalité de sa récolte au semencier (notamment grâce à la notion de brevet ou de « stérilité provoquée » : = mensonge entretenu volontairement depuis des années par les anti-OGM : le système terminator auquel vous faites allusion n’existe que dans les cartons et aucune plante transgénique n’en est dotée.
« ...de ré-utiliser d’une année sur l’autre une partie de sa production pour ses propres besoins ou encore comme semis comme cela était de coutume » : Ici, il faudrait apporter des nuances de taille : le maïs étant cultivé sous forme d’hybrides F1, depuis au moins 50 ans en France, depuis encore plus longtemps aux USA et ailleurs dans le monde, les paysans rachètent chaque année leurs semences. Comme vous êtes Dr en biol mol et cell vous allez pouvoir expliquer facilement pourquoi le paysan n’a pas intérêt à re-semer les graines récoltées. Il en est de même avec toutes les plantes cultivées sous forme d’hybrides F1. Quant aux plantes autogames qui peuvent, elles alors, constituer des semences de ferme, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à demander de racheter chaque année un pourcentage de semences afin de payer les semenciers qui leurs fournissent chaque année de nouveaux génotypes.
« ...grands groupes semenciers d’être à la fois juges et parties et de faire des bénéfices... 3 fois » : A priori, ce ne sont pas les semenciers qui produisent, donc ne les rendez pas responsables de tout. Ils n’interviennent qu’une seule fois dans la chaîne que vous décrivez.
« ...l’exploitant agricole obtient bien une augmentation de sa production » : non, une non-diminution de son rendement potentiel.
« ...n’aboutisse à une augmentation substantielle de son chiffre d’affaire et ou de son bénéfice » : les données publiées indiquent pourtant de 15 à 30$ de bénéfice par ha malgré le surcoût de la semence et ce n’est rien en comparaison des bénéfices réalisés par de touts petits cultivateurs de coton Bt en Inde ou en Chine avec des surfaces inférieures à 1000m².
« ...la fidélisation forcée de leur clients (« victimes ») ». : comme vous-même subissez de la fidélisation inconsciente en achetant systématiquement Microsoft, Michelin, Peugeot ou Sony...
« l’impossibilité pour les pays en voie de développement de pouvoir mettre en place, seuls, des structures adaptées à la culture d’OGM » : lisez un peu, vous verrez que nombre de pays africains se tournent actuellement vers ces technologies.
« à la mise à disposition « de champs d’essais » grandeur nature sans contraintes ni responsabilités. » : Bien sûr, tout le monde fait n’importe quoi et est irresponsable !.
« le gain financier du consommateur est très faible voire inexistant. » : Mais l’a t-il été par le passé ???. Si vous pouvez expliquer -et comprendre surtout- pourquoi (bien avant l’ère des PGM) on a mis et on met toujours sur le marché de l’ordre de 300 à 400 nouvelles variétés sur le marché chaque année, vous aurez fait de grands progrès dans la compréhension de l’amélioration des espèces cultivées et arriverez à comprendre pourquoi la technique de transgénèse se développe aujourd’hui. Ce seul point mériterait à lui tout seul un long développement.
« quasi-inexistants pour l’exploitant agricole » : faux, il faut vraiment prendre les millions d’agriculteurs pour des débiles mentaux de continuer depuis plus de 10 années à cultiver de plus en plus de PGM. Regardez ce qui s’est passé au Brésil !.
« la mondialisation des marchés économiques » : Dans le contexte générale de la mondialisation, on voit mal quelle est la spécificité des biotechnologies qui devraient leur permettre d’y échapper, sans compter que comme je le rappelais tout à l’heure, la concentration ne date pas d’ hier et était bien antérieure à l’introduction des OGM.
« ...de résister au nuisible ou à l’herbicide et par conséquent parasiterais » : non, tout de suite les grands mots, tout au plus co-habiterait - je vous sais gré, d’ailleurs, de ne pas avoir utilisé le terme « contamination » dont les anti-OGM abusent et dont ils devraient regarder la définition dans un dictionnaire de base mais comme jouer sur les peurs primales des gens est leur leitmotiv, tout argument est bon à utiliser.
« les zones de culture de l’OGM. » : Apparemment, vous ne savez pas que ce genre de situation s’est déjà produit avec des plantes non GM, ce risque n’est en rien nouveau et le semencier tout comme l’agriculteur savent gérer ce type de situation depuis longtemps. Le plus curieux dans votre raisonnement (et c’est d’ailleurs celui de tous les anti-OGM ) est d’imaginer -on pourrait presque dire d’affirmer - que le croisement ne se fait que dans un seul sens : de la PGM vers l’espèce apparentée mais jamais l’inverse, bizarre, bizarre ! donc encore une problématique qui n’est pas spécifique des PGM. Savez vous qu’on a fait des plantes résistantes aux herbicides ou aux insectes, par exemple, par les voies conventionnelles ?.
« celle du blé transgénique en Amérique » : pas encore.
« que les problèmes écologiques posés par l’exploitation de ce type d’organismes ont été pris en considération. » : Mais plus que cela, des expérimentations ont déjà été conduites et publiées pour mesurer l’hybridation croisée entre colza et ravenelle : d’une part, le taux est très faible, mais de plus, au bout de 4 générations, on ne retrouve plus le transgène chez la ravenelle !.
« ...à cultiver une nouvelle variété, mise au point entre temps par un autre (ou le même) groupe semencier » : vous avez écrit un peu plus haut qu’il n’y a plus que 5 groupes donc le choix n’est pas vraiment possible, soyez logique !
« le petit détail que constitue « ce petit gène en plus » dans une ou plusieurs espèces peut générer un effet « boule de neige » sur l’écosystème qui l’héberge ». : Oui, allons y pour une nouvelle couche cataclysmique, la peur est un moteur puissant de persuasion. Mettez vous en perspective vis à vis de l’évolution depuis l’origine de la vie, vous allez alors admettre (je l’espère) que les échanges que vous décrivez pour les OGM ont du déjà se produire auparavant, à moins de rester dans le postulat déjà décrit ci-dessus que les transferts ne se font toujours que de la PGM vers autre chose. Si donc on a déjà eu des transferts, pouvez vous me citer des catastrophes écologiques toutes relatives d’ailleurs : je peux vous en citer quelques unes : châtaignier américain, marronnier actuellement, ormes, qui sont, ceux là, liés à l’attaque de champignons, maïs mais il en existe certainement beaucoup d’autres.
« : Ceux-ci possédant un avantage sélectif (plus gros, plus forts, plus fertiles etc.). » : Encore une fois ce que vous décrivez n’est en rien spécifique des OGM. A partir du moment où vous cultivez sur des ha et des ha (Cas de la Beauce par exemple, c’est encore plus vrai aux amériques) du blé, du soja ou du colza, vous modifiez l’environnement et c’est au détriment des espèces qui s’y développaient initialement. Mais c’est tout aussi vrai à l’échelle de la parcelle et du particulier avec son bout de jardin : s’il y fait pousser des tomates, c’est au détriment des « mauvaises herbes »
« provoquer des dégâts considérables...populations d’insectes potentiellement pollinisateurs » : un peu facile et léger comme argumentation. Avez vous des preuves de ce que vous avancez ?, on a justement démontré que ce n’était pas le cas pour le papillon Monarque par exemple.
« Même si cela était vrai,..., l’ensemble du métabolisme de la plante est susceptible » : utilisation d’un risque potentiel « d’avoir été modifié » : avez vous des preuves de ce que vous avancez ? gratuit . « Ces modifications peuvent » : le potentiel est devenu réalité, « par exemple, aboutir à une accumulation d’un composé toxique ... à la disparition d’un composé utile aux insectes (phéromones, etc.) » : mais oui, et pendant que vous y êtes, également la présence d’une molécule qui nous vaccine contre le cancer. Il vaudrait mieux se contenter de faits et ne pas bâtir de scénario catastrophe. Par contre, il est largement préférable, selon votre raisonnement, de continuer à balancer des insecticides chimiques qui eux ne font pas le détail, laissent des résidus dans le sol, dans les nappes phréatiques, qui rendent malades les agriculteurs qui les utilisent et que l’on retrouve dans l’assiette du consommateur (sans que l’on ait actuellement prouvé encore que cela pouvait avoir des conséquences néfastes d’ailleurs)).
« ...la prise en compte de ce type de risques est très souvent réduite à sa plus simple expression. » : faux, cf. plus bas.
« la démonstration d’agissement dangereux et calculés à de seules fins mercantiles » : en êtes vous vraiment sûr, convaincu oui, je n’en doute pas mais pensez vous vraiment que le scientifique de chez Monsanto, pour prendre l’exemple du grand méchant, essaye de créer un OGM qui serait dangereux pour les autres et peut-être aussi pour lui et sa famille après tout, mais, sans doute, comme ces hommes se nourrissent de fric et pas d’aliments, ils ne risquent rien.
« l’accumulation ou la disparition d’une molécule plus ou moins nocive ou utile pour l’homme ne se produit pas dans ces OGM (vitamines, toxines etc.). » : Et là, vous avez tout faux : je vous mets au défi de trouver une plante quelle qu’elle soit qui soit mieux contrôlée que les OGM avant leur mise sur le marché, ce qui paradoxalement -par rapport aux mensonges répétés qui dominent sur les OGM depuis 1997- en font ce qu’il y a de plus sûr sur le marché. Ainsi, alors que des accidents sont arrivés avec des variétés obtenues par les voies conventionnelles (pomme de terre, céleri, courgette, maïs), on ne peut pas citer un seul cas similaire avec des produits dérivés d’OGM, depuis dix années maintenant, par des centaines de millions de personnes. Et pourquoi, parce que tout simplement, ils sont analysés sous toutes les coutures : toxicologie, composition biochimique complète, risque allergénique, digestibilité de la protéine codée par le transgène etc. Ceci n’est pas fait sur les variétés conventionnelles (même sur celles obtenues par mutagenèse artificielle -2852 variétés cultivées fin 2002- obtenues par cette technique qui crée vous devez le savoir, (compte tenu de votre expérience sur la mutagenèse), des mutations aléatoires et totalement incontrôlées et incontrôlables. Puisque vous êtes biologiste : à votre avis dans quelle situation a t-on le plus de recombinaison génétique : en faisant un croisement entre deux individus -c’est valable chez l’homme aussi- ou en faisant une transgénèse ?.
« ...d’un pouvoir pathogène et/ou toxique pour des micro-organismes jusque là inoffensifs. » : Là encore, on retombe dans le scénario catastrophe : aucune preuve de ce que vous avancez. Une fois de plus, on retrouve dans beaucoup de vos § ce type de formulation qui consiste à parler d’abord au conditionnel, puis peu à peu, de parler en certitude et faits qui se sont mêmes sûrement réalisés (c’est « fort » comme technique et d’ailleurs systématiquement utilisé dans le discours anti-OGM). Alors prenons quelques faits : la probabilité de passage du gène marqueur de résistance à un antibiotique (parfois présent dans une PGM) à nos bactéries du système digestif est de l’ordre de 10-27, en tenant compte du fait que l’homme est foudroyé pour créer un électrotransfert entre le gène -resté intact- et une bactérie et que bien entendu, il ne meurt pas. De plus, l’homme qui verrait ses bactéries résistantes à l’antibiotique en question ne risque pas de le prendre, car non utilisé en médecine humaine. Enfin, 30-50 % des bactéries du sol sont résistantes à des antibiotiques divers et 70% de notre flore intestinale l’est également mais là, malheureusement à des antibiotiques qui servent à nous soigner. D’où le problème des maladies nosocomiales auquel nous sommes confrontés actuellement (10 000 morts par an). Par ailleurs, nous mangeons 37 millions de bactéries résistantes aux antibiotiques/jour et aussi une bactérie mutante par cuillérée de yaourt...etc. on pourrait multiplier ces exemples).
« Une fois encore,...à négliger d’éventuels risques en terme de santé publique. » : Avez vous une idée de la législation qui existe tant française qu’européenne pour obtenir une autorisation de mise sur le marché d’un nouveau produit...renseignez vous. Vous verrez alors que le consommateur n’est pas si mal protégé que cela. Curieusement, dans la catégorie des paradoxes également, nous n’avons jamais eu une nourriture aussi saine et sûre qu’actuellement.
« ...soient évaluées scientifiquement et collégialement entre tous les protagonistes » : c’est justement ce qui est fait.
« Etudier les potentialités réelles des risques économiques, ...à la portée des scientifiques ...le temps, l’argent et la liberté de pensée nécessaire » : avez vous entendu parler en France de la CGG, de la CGB et de l’AFSSA par exemple, aux USA : de l’USDA, de l’EPA, de la FDA...).
« Dire momentanément non à ces pratiques dangereuses » : bien qu’ultra contrôlées, et momentanément : c’est à dire ? on se croise les doigts et on attend quoi : 4 autres milliards d’années ? En conclusion, la pauvreté des arguments scientifiques que vous fournissez (comme vous aimiez le rappelez au début de votre discours) est un bon reflet de votre degré de connaissance du domaine basé pour l’essentiel sur des on-dits, des forum anti-OGM véhiculant des inexactitudes et des mensonges. Depuis 8 ans maintenant, les anti-OGM ne cessent de crier au loup et on n’a rien vu venir. Le discours s’enferrent dans des arguments de plus en plus incroyables. Pas plus tard que le 26/08 dernier, J. Bové, intervenait avec d’autres dans un super-marché pour dénoncer la présence de produits susceptibles d’être issus de PGM, la nouveauté du discours étant maintenant de suspecter les œufs, le lait ou produits dérivés car les animaux auraient été nourris avec des PGM. Du coup, les œufs, le lait deviennent eux mêmes transgéniques (évidemment) et ceux qui les mangent aussi du même coup. Quelle horreur !!! Comme dit le philosophe André Conte Sponville avec beaucoup d’humour : mangez du lapin, vous baiserez comme un lapin, mangez du lion, vous deviendrez fort comme un lion. Pauvre France et pauvre démocratie d’avoir un berger (qui s’occupe de vrais moutons si son temps le lui permet encore) qui a réussi à entraîner un troupeau bien plus important en le conduisant à la désobéissance civile sans que celui ci soit évidemment capable de discernement (mais peut on espérer mieux de la part de moutons ?). On est donc dans une situation ou, en faisant une analogie, certains groupes de pression encouragent alors la majeure partie de la population à acheter une voiture (neuve ou d’occasion) n’ayant pas subi de contrôles techniques plutôt qu’une en ayant subi). Philippe Joudrier, chercheur INRA.
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> Lettre d’un biologiste
27 septembre 2004, par Dr Renard
Merci M. Joubert. J’ai vraiment l’impression qu’agiter ainsi "l’épouventail" OGM ne sert qu’a caché les vraix problèmes en écologie. Je regrette que M. Caiveau n’ai pas pris le temps de répondre à vos arguments.
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> Lettre d’un biologiste
15 octobre 2004, par
Monsieur, J’ai pris connaissance par hasard de votre courrier et je m’interroge sur vos prises de position qui concernent essentiellement les OGM du secteur agro-alimentaire. En la matière, la question principale est de savoir si ces techniques sont susceptibles d’apporter une plus-value sur les plans économiques et environnementaux. La réponse est moins que sûre, et les arguments que vous avancez dans certains domaines, s’ils témoignent d’une conviction qui ne semble guère admettre le doute, ne contribuent pas à rendre crédible votre intervention : en effet, vous estimez que la situation de monopole de quelques grands groupes de semenciers sur l’alimentation mondiale n’a rien que de très normal puisque cela ne fait que reproduire des situations antérieures, puisque cela se fait pour le pétrole, pour les matières premières, etc. Bien sûr, vous vous inscrivez dans une logique ultra-libérale pour laquelle la seule doctrine est celle du profit. Ce n’est pas le cas des alter-mondialistes, qui recherchent d’autres modèles de développement. Vous prêchez le « bon sens », celui du scientifique de Monsanto, un homme comme les autres, etc. Est-ce de la naïveté ? Vous ne pouvez pas ne pas savoir que la concentration des firmes, de même que la multiplication des accords privés de transfert de technologie par consortium, les multiples dépôts de brevet, représentent des risques considérables de confiscation des techniques et des savoirs par quelques firmes au pouvoir économique -et donc politique- considérable. Ces firmes essayent, par un lobbying constant et percutant, de prendre l’initiative des normes et des règles de distribution et de mettre la main sur un énorme marché qu’ils tentent de rendre captif. S’agissant de lobbying et à titre d’anecdote, il est amusant de voir les efforts de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Vatican (Ambassadeur Nicholson) pour essayer d’arracher au Pape une prise de position officielle en faveur des OGM ! Multiplication des conférences depuis un an et demi et raccourcis tout en finesse (« si la moitié du monde meurt de faim, c’est parce qu’elle ne dispose pas des OGM »), alors que les Etats-Unis multiplient partout ailleurs leurs efforts, dans toutes les enceintes, pour asseoir l’hégémonie des OGM et donc préparer leur future domination économique : c’est une guerre, Monsieur et elle n’a pas grand chose à voir avec les préoccupations humanitaires qui habillent les discours destinés au bon peuple. Sur le plan scientifique, Monsieur, vous êtes également parfaitement sûr de vous. Plus sûr de vous en tous cas que les multiples experts qui tentent, devant l’absence de recul, devant certains résultats d’expérimentation, de réglementer sur le plan international la déferlante OGM, au travers de textes tels que le protocole de Carthagène (dans la lignée de la Convention sur la biodiversité) et la Convention d’Aarhus notamment. En effet, votre foi dans les contrôles est touchante, mais fait peu de cas des interrogations qui demeurent et des résultats de ces contrôles mêmes : si nous prenons -au hasard- le cas du maïs Monsanto 863 par exemple, nous constatons que l’Union européenne n’a pas accepté son importation sur la base, notamment, d’une étude de la CGB qui n’a pas pu conclure à « l’absence de risque » (en effet, des tests -de courte durée, 90 jours maxi ( !)- laissent apparaître des différences de poids entre les reins de rats nourris avec le maïs en question et d’autres nourris avec du maïs normal). Mais, Monsieur, est-ce que ce maïs 863 n’est pas exporté ailleurs, est-ce qu’il ne contribue pas à nourrir, dans d’autres pays, des animaux qui passeront dans la chaîne alimentaire ? Et pourquoi, si votre foi dans les « contrôles » effectués par Monsanto devait être vérité, ces contrôles auraient-il mené à des conclusions différentes ici et ailleurs ? L’évolution et la mutation des espèces est, ou plutôt était jusqu’à présent, longue et laissait le temps à l’écosystème de s’adapter à ces évolutions et mutations. L’homme en accélère le cours, avec une foi en la science telle que celle que vous démontrez, cette science qui, prostituée par l’économie, s’est dévoyée tout au cours des XIX et XX ème siècles, amenant maintenant un grand nombre des pays du globe à s’interroger sur les dégâts commis à la planète et à multiplier les tentatives de régulation devant l’irréversibilité de certains phénomènes. A ce propos, Monsieur, sur quoi vous basez vous pour affirmer que nous n’avons jamais eu de nourriture « aussi saine et sûre qu’actuellement », alors qu’il n’est plus une seule ressource alimentaire, végétale ou animale, qui soit exempte de traces de pesticides ou de produits chimiques divers, au sujet desquels la Communauté internationale prend, là aussi, conscience des dégâts et des risques pour la santé humaine (cf. les tentatives de réglementations des milliers de substances chimiques toxiques qui polluent tout l’environnement, les tissus humains y compris : Convention de Rotterdam, Convention de Stockholm) ? Des questions demeurent posées, Monsieur, sur les risques induits par les OGM et je n’y trouve pas de réponse satisfaisante dans vos arguments dont le style imprécatoire rend la lecture peu apaisée. Il reste des « risques », dont on ne sait pas encore, avec le faible recul dont on dispose, s’ils se confirmeront, ou s’il en surgira d’autres : risque de croisements entre plantes transgéniques cultivées et espèces sauvages, devenant résistantes aux herbicides, risque de déséquilibres dans les éco-systèmes du fait de la disparition de chaînons dans la chaîne alimentaire et de l’apparition soudaine de nouveaux gènes, ou, a contrario, risque de résistance développée par les insectes ravageurs face aux toxines des plantes, développement des herbicides totaux entraînant de nouvelles résistances végétales, risque de modification de nos métabolismes par introduction d’un transgène... En conclusion, Monsieur, oui à la recherche sur les OGM, pour des avancées médicales par exemple. Non à la confiscation des ressources alimentaires dans le cadre d’une logique qui ne vise d’autres buts que le profit et la domination. Non à la stratégie des multinationales agro-alimentaires, qui vise à renforcer la dépendance des agriculteurs des pays en développement en contrôlant l’amont et l’aval de la production, alors que la production agricole mondiale est suffisante pour répondre aux besoins de tous, alors que d’autres solutions, autres que ces « tout ou rien », « nous ou la famine », doivent être proposées aux pays en développement pour développer leurs capacités de production.
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> Lettre d’un biologiste
18 octobre 2004, par
Réponse à Monsieur Jean-Louis Maurer :
Merci de dialoguer. C’est important dans le contexte actuel.
Il existe de très nombreux documents montrant les bénéfices environnementaux et économiques des OGM. Voici encore un article reçu ce jour le démontrant : http://www.isaaa.org/kc/ BT CORN PERFORMANCE ASSESSED AFTER A YEAR IN PHILIPPINE FIELDS Dr. Jose Yorobe of the College of Economics and Management, University of the Philippines Los Baños (CEM-UPLB) assessed the performance of Bt corn in Philippine fields a year after its commercial approval. As a presenter at the 45th Convention of the Philippine Agricultural Economics and Development Association’s (PAEDA) plenary session “Achieving a New Wave of Technical Change,” Dr. Yorobe disclosed that the use of Bt corn led to yields 37% greater than crops from conventional corn harvests. There was a high cost of production associated with adopting Bt technology, he added, but net income was still higher when Bt corn was used. For corn harvests in the last year, Dr. Yorobe found, farmers earned an additional PhP 10,132 (about $US 170) per hectare of Bt corn planted (/ha) and saved PhP 168/ha (about $US 3) on pesticide use. In a related paper, Dr. Liborio Cabanilla, of the College of Economics and Management of the University of the Philippines in Los Baños (CEM-UPLB), remarked, “The agricultural scene is in disarray, but biotech has promise,” and compared Bt corn to the local hybrid variety. The greatest profits were to be gained, he found, if Bt corn was used during the wet season, when corn borer infestation rates were highest.
Pour continuer à commenter vos arguments, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : j’écrivais que la situation de monopole que vous décriez n’est pas nouvelle et qu’elle existait, de fait, antérieurement aux années 1980. Donc rien de bien nouveau !. Autrement dit, nous n’aurions pas les OGM aujourd’hui, qui ne sont après tout qu’une nouvelle technique d’amélioration des plantes, la concentration ne serait certes pas différente. Que vous vouliez (souhaitiez) changer cet état de fait n’a pas grand chose à voir avec les OGM. Par ailleurs, l’opposition continue qui s’est développée autour des OGM a elle-même largement contribué à mettre en place actuellement des barrières (réglementations diverses) considérables qui font que les PED qui voudraient mettre en place ces techniques ne le peuvent pour des raisons financières. Lire à ce sujet le récent livre de Grégory Conko et Prakash (en anglais).
Vous parlez longuement du maïs MON 863. Il est apparu des divergences d’appréciation entre la CGB et l’AFSSA. Et, au final, c‘est normal et sans doute sain dans le système d’évaluation mis en place. Cependant, attention tout de même aux interprétations qui en sont faites ensuite. Je peux citer les noms des experts car ils sont dans tous les journaux ayant relaté ces différences d’appréciation qui ont évidemment fait les choux gras des médias et des opposants. En fait, de quoi s’agit il : les tests de toxicité (vous remarquerez, au passage, qu’il existe donc des tests de toxicité réalisés avec les OGM) ont montré des différences non significatives avec les variations que l’on observe habituellement avec ces tests (constat fait notamment par Monsieur Joël Guillemain à l’AFSSA). Par contre, un des experts de la CGB (Monsieur Gérard Pascal) s’est « ému » du fait que parmi les paramètres analysés, 19 des valeurs se situaient vers la limite inférieure des tests et en a déduit qu’il lui semblait alors préférable de faire des analyses complémentaires. Cela ne prouve pas pour autant qu’il y ait un danger quelconque mais cet expert a souhaité ouvrir un parapluie encore plus grand. Dont acte ! Mais dans tous les cas, que ce soit pour les OGM ou n’importe quoi d’autre, une « absence de risque » est, par définition, impossible à démontrer. Ensuite, vous me parlez d’évolution lente (en raccourci), mais en êtes vous bien sûr !, les semenciers mettent sur le marché de 300 à 400 nouvelles variétés chaque année et ce depuis des dizaines d’années. Personne, à ma connaissance, ne s’est plaint de cet état de fait qui s’est accéléré grandement tout au long du siècle dernier.
« L’évolution et la mutation des espèces est, ou plutôt était jusqu’à présent, longue et laissait le temps à l’écosystème de s’adapter à ces évolutions et mutations. L’homme en accélère le cours, ...devant l’irréversibilité de certains phénomènes ». Au passage, dans vos propos, négligemment, vous affirmez que la science se prostitue, qu’elle s’est dévoyée, ben voyons, évidemment, nous sommes évidemment tous des chercheurs sans conscience (...ruine de l’âme) !!! C’est quoi l’irréversibilité des phénomènes (et lesquels ?) que vous sous-entendez ?. Si vous faites allusion au réchauffement de la planète par exemple, alors il faudrait aussi lire d’autres sources que celles des seuls alarmistes. Mon affirmation d’une nourriture « aussi saine et sûre qu’actuellement » repose sur de nombreux faits. Diversité, qualités hygiénique et sanitaire qui ont conduits notamment à une diminution considérable des intoxications (contaminations des aliments par E. coli HO157, les salmonelles, les listeria, les impuretés, les champignons avec leurs lots de toxines : mycotoxines, souvenez vous de l’ergot de seigle = mal des ardents, la liste serait longue) et autres cochonneries dues à des récoltes mal triées, etc. Pourquoi croyez vous que l’on ai obligé, depuis peu, les commerçants sur les marchés à avoir des appareils frigorifiques ?. Par aussi le fait incontestable et incontesté d’un rallongement de la durée de vie (paraît il, nous gagnons encore 2 mois ½ de vie supplémentaire par an). Vous enchaînez ensuite sur la présence de pesticides dans notre alimentation et même accumulée dans les tissus humains. Si ce que vous dites est effectivement vrai, n’en déduisez pas automatiquement un risque. Selon le professeur JF Narbonne de l’université de Bordeaux, il n’a pas été démontré encore de lien entre la présence de ces pesticides et un risque pour la santé des humains, du moins pour les consommateurs. Ce qui n’est malheureusement pas le cas des paysans amenés à être en contact de quantités importantes de ces substances. Et, au passage, un des objectifs majeurs des OGM est justement d’essayer de diminuer (voire supprimer) l’utilisation de ces pesticides. Ce qu’ils ont déjà réussi à faire très bien avec les PGM résistantes à certains insectes (maïs, soja, cotonnier).
Ensuite vient la litanie des risques inlassablement répétée des anti-OGM. Passons les alors en revue (une fois de plus) : · La pollinisation croisée : oui, évidemment, celle-ci se produit (pourquoi en serait-il autrement). Une PGM, une fois cultivée, n’a pas plus ou moins de prérogatives, d’avantages où d’inconvénients qu’une autre « traditionnelle » qui est mise en culture et présentant le même type de caractère. Par le passé, (et donc par sélection conventionnelle) on a souvent fait des plantes résistantes à un herbicide donné, résistantes à certains insectes, virus, bactéries, champignons, etc. Donc, ce n’est pas nouveau et la gestion de cela où ce qui se passe ensuite est déjà connu. Faut-il préciser, une fois de plus, que cette pollinisation croisée ne peut se faire que vis à vis de plantes très apparentées (même si elles sont « sauvages ») ?. Que le taux de pollinisation croisée reste dans tous les cas très faible (de l’ordre de 2% au maximum) et qu’il a été montré qu’entre le colza et la ravenelle (espèce sauvage apparentée au colza) , le gène qui n’avait, de fait, aucun avantage sélectif « disparaissait » au bout de 4 générations. · Vous parlez d’ « apparition soudaine de nouveaux gènes » : lesquels, y a t-il une génération spontanée de nouveau gène ? Même si cela était vrai, pourquoi cette probabilité serait supérieure avec une PGM qu’avec n’importe quelle autre espèce vivante ? Le fait de cultiver (élever) à grande échelle n’importe quelle espèce vivante (végétale ou animale) se fait nécessairement au détriment d’autres. · Les risques suivants énoncés sont intéressants et permettent, enfin, d’aborder le fond du débat : vous parlez de « risque de résistance développée par les insectes ravageurs ». Ce ne sont pas des risques, c’est la réalité. Evidemment que les plantes créées à un moment donné pour être résistantes aux différents ravageurs qui les agressent vont, au bout de quelques années seulement (4 à 10 ans en moyenne), redevenir sensibles. D’où la nécessité de créer sans cesse de nouvelles variétés (on en revient aux 300 à 400 nouvelles variétés mises sur le marché chaque année et dont je parlais ci-dessus). A titre d’exemple : avez vous remarqué que chaque année, on est obligé de mettre un nouveau vaccin contre la grippe car le virus responsable de l’épidémie l’année n-1 a muté l’année n. Les plantes et les animaux, tous les organismes vivants, subissent les mêmes contraintes d’évolution des prédateurs. Donc là encore, les OGM n’ont pas de spécificité dans ce domaine. · Le risque suivant n’est évidemment qu’une hypothèse, néanmoins, elle s’est déjà vérifiée pour des plantes obtenues de manière traditionnelle (pomme de terre, céleri, courgette). L’histoire d’une variété de pomme de terre (Lénape) est intéressante car elle illustre ce qui ne peut pas arriver avec une plante transgénique. Cette variété Lénape a, en effet, été retirée du marché parce qu’elle contenait trop d’alcaloïdes (au passage, nombre de plantes contiennent ce type de substances qui deviennent dangereuses lorsque leur concentration est trop élevée) et parce qu’elle commençait à empoisonner les consommateurs. Pour une pomme de terre transgénique (et pour toute autre plante qui contiendrait des alcaloïdes), avant de la mettre sur le marché, on dose, entre autre, les alcaloïdes. Ce qui n’est pas le cas des plantes obtenues par sélection conventionnelle, d’où l’accident survenu. · « Modification de nos métabolismes par introduction d’un transgène ». Ce risque est pris en compte lors de l’évaluation de la PGM. Lieu d’insertion, environnement de cette insertion dans le génome. Et, il en est déduit une évaluation complémentaire éventuelle. Par ailleurs, on connaît de mieux en mieux les mécanismes moléculaires. On s’aperçoit qu’ils sont tous d’une complexité étonnante : par le nombre de protéines mises en jeu dans les interactions et dans la spécificité de celles-ci dans le temps et dans l’espace (il serait nécessaire de développer longuement). Il serait donc étonnant qu’une protéine, la plupart du temps, totalement inconnue du métabolisme ait la propriété de bouleverser cet édifice et si même c’était le cas, alors les effets ne passeraient pas inaperçus. · D’un manière générale, au niveau biologique, il y a bien plus de recombinaisons génétiques (et dont vous n’avez aucune idée) qui se passent lors du croisement de deux individus (cela peut s’appliquer évidemment à l’Homme) que par l’introduction (par transgénèse) d’un ou deux gènes. Ce n’est pas parce qu’un croisement est considéré comme naturel (croisement entre deux humains) que le résultat est parfait ! loin s’en faut. On peut, malheureusement, le constater tous les jours chez les humains.
Vous ne semblez pas, comme la majorité des français, contre la thérapie génique. Pourquoi ce qui serait bon pour l’homme ne le serait pas pour les autres êtres vivants ?
Sur la stratégie des industries agroalimentaires, je ne peux que vous rejoindre. Lors d’un récent symposium international sur la biosécurité des OGM, un africain s’est plaint d’être obligé de cultiver des plantes non-OGM, car des géants de l’agro-alimentaire européen veulent pouvoir se fournir en matières premières non GM et l’on menacé de ne pas acheter son café s’il se mettait à cultiver des OGM... !!!! Ci dessous un autre exemple récent (en anglais, désolé) :
AFRICAN BIOTECH ORGANIZATIONS OPPOSED TO LOSS OF LIFE AS GM FOOD AID DEBATE RAGES. 16/07/2004. JOHANNESBURG - Four of the leading African biotech organizations yesterday issued a statement in which they expressed strong support for Genetically Modified (GM) food because “as agricultural and science-based organizations, we are against any position that leads to loss of life”. In a statement was signed by the respective heads of the four organizations : Prof. Norah Olembo, Executive Director Africa Biotech Stakeholders Forum (ABSF), Mr. Joseph Wekundah, Executive Director, the Biotechnology Trust Africa (BTA), Prof. Jocelyn Webster, AfricaBio and Dr. Florence Wambugu, Chief Executive Officer, Africa Harvest. The four said they were compelled to issue the statement “to clarify some of the contentious issues related to the African food crisis and the urgent need for GM food aid”. They quoted the Food and Agricultural Organization (FAO) as stating that 25 African countries were facing food emergencies. Kenya’s President Mwai Kibaki, had declared the famine in the country a national disaster, in Angola, 1.9 million people were in dire need of food assistance and in the Sudan, over 1 million people are at an imminent risk of life and livelihood. The four organizations said they agreed to the principle that African countries have a right to choose between GM and non GM food, “however, as Africans, we know that this right to choose is often an academic discourse in the face of hunger. We also believe in the sovereignty of our nations but believe that human life is more precious than any nation”. The statement said that although Africa’s agricultural revival requires technology, “technology alone will not do, hence our support for good governance, better funding for agriculture, micro-finance for small scale farmers, human and infrastructural capacity building”. The biotech organizations said the argument that donors should give money whenever there is a food crisis is flawed. They said the US - the world’s largest food donor - gave food while “Japan, Norway and the European Union opt to provide most of their aid in cash, because unlike the US, they do not produce in excess, the food required by the recipient countries”. The statement also said that the assumption that non-GM food could be sourced locally or regionally was wrong. “If this food was available in the needy countries, even in small quantities, it would be very, very expensive. The reality is that the countries facing famine have no food at all”. The gave the example where Angola’s imported 217,000 tons of food last year, but after the countries refusal of GM food, the WFP was only able to source 17,250 tons of non-GM food, “a drop in the ocean with an environment of great need”.
The four organizations called on African and political leaders “to provide string leadership and direction” with regard to GM food aid. They said the need for food assistance should be viewed as temporary “and through pan-Africa organizations such as the New partnership for Africa’s Development (NEPAD) and the Forum for Agricultural Research in Africa (FARA), long-term strategies for food security be put in place”. Important Information : * In a continent where 28.5 million people are living with HIV, food aid is a matter of life and death ; * Unfortunately, hunger captures global headlines at the height of political and natural disasters. 92% of hunger-related deaths occur away from the dramatic food emergencies * Of the Top 10 threats to public health, under-nutrition is #1 * Over 7 million African farmers have died from AIDS, putting tremendous pressure on agricultural production * Top Food aid Donors (2003) : USA (60%), the EU (11%) and other (29%) * Top Food Recipients (2003) : Iraq (1.3 million tons), Ethiopia (1.2 million tons), the Korea (975,000 tons), Bangladesh (353,000), Afghanistan (388,000 tons) and Angola (217,000 tons) For more information, please contact : Daniel Kamanga Communications Director Africa Harvest Tel : +27 82 787 4799 Fax : +27 11 605 2188 Email :
Si la production alimentaire est suffisante au niveau mondial, vous êtes évidemment conscient qu’elle est mal répartie et qu’il s’agit là d’un problème politique. Par contre, que vous le vouliez ou non, la production ne sera pas suffisante pour les 9 milliards d’habitants qui peupleront cette terre vers les années 2050. On est donc conduit à produire plus avec moins de surfaces arables. Au passage, aucun des OGM actuellement réalisés ne l’ont été avec comme objectif d’améliorer le rendement (c’est un caractère très complexe, multigénique et il faudra des années sans doute pour y arriver). Les caractères améliorés visent tous à maintenir le rendement potentiel, ce qui n’est pas pareil !. Dans ce cadre, il faudrait encore largement développer (mais le message est déjà extrêmement long), les OGM sont un outil de plus dans la panoplie du sélectionneur pour obtenir des variétés améliorées pour tel ou tel caractère avec beaucoup plus de précisions et de sûreté que la sélection conventionnelle et dont il serait dommage donc de se priver. Il ne fait pas de doute que dans quelques années (10-30 ans... ??) il ne manquera pas d’y avoir des thèses de sociologie qui mettront en exergue le phénomène des OGM. Elles révèleront la grande confusion entourant ce débat mal posé dès l’origine qui a pris une ampleur non justifiée mais en même temps révélatrice de notre époque, des comportements de notre société de l’inquiétude (de la peur du risque lié à toute innovation technologique). Ces études souligneront à l’évidence la crise relationnelle entre science et société et montreront un bel exemple de mystification intellectuelle dans lequel l’idéologie aura supplanté l’objectivation scientifique et technologique. Avec le recul, il deviendra alors encore plus évident que certains porteront une partie des responsabilités dans l’énorme gâchis que représente cette période. On peut déjà le mesurer par le départ de plusieurs sociétés de semences de la France et de l’Europe, le déclin évident de la recherche en "biologie" depuis quelques années, les jeunes qui se détournent des carrières scientifiques. Au total, on aboutit à l’effet recherché inverse. C’est qu’à terme, nous dépendrons entièrement de ceux dont on voulait s’affranchir en matière de nouvelles semences. Ne pas avancer voire même stagner, c’est régresser et très rapidement d’ailleurs dans le concert mondial. Philippe Joudrier
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> Lettre d’un biologiste
23 octobre 2004, par
Deuxième réponse à M. Joudrier.
Merci du soin que vous avez apporté à me répondre. Mais mon optique est différente de la vôtre et si vous ne voyez entre la situation des années 80 et la situation actuelle pas de différence, je ne suis pas d’accord. La lutte s’est accrue -lorsque je parle de guerre, le mot n’est pas trop fort-, les techniques (y compris juridiques) se sont affinées, les résistances se sont renforcées. Comme en matière culturelle (cf. le combat -là encore le mot n’est pas trop fort- de la France en ce qui concerne la reconnaissance de la diversité culturelle), les Etats-Unis et les multinationales tentent de rendre les arbitrages de l’OMC prééminents en matière environnementale. En ce sens, la situation actuelle a, contrairement à ce que vous affirmez, beaucoup à voir avec la question des OGM. Vous reconnaissez vous-même que c’est grâce aux opposants à la diffusion des OGM que s’est mise en place une réglementation, malgré laquelle et sous la pression des lobbies a, par exemple, été autorisée sur le marché intérieur européen la libre circulation des semences de 17 variétés de maïs hybride génétiquement modifié dans le plus parfait vide juridique, puisque le cadre de mesures réglementaires concernant la coexistence des cultures génétiquement modifiées, conventionnelles et biologiques est en discussion et n’a pas été encore adopté ! Pourquoi l’administration nord-américaines et les semenciers suivent-ils avec rigueur l’implantation des OGM en Afrique ? Simplement pour ne pas risquer, sur le plan sanitaire et sur le plan économique, des retours qui s’avèreraient nuisibles pour l’image des OGM ! Ainsi, en 2003, c’est l’USAID qui a intégralement financé une mission d’enquête sur les biotechnologies et les OGM au Botswana, pour désamorcer un début de crise dû à l’intégration de maïs transgénique dans les lots de maïs destinés à l’aide alimentaire en Afrique australe.
Comme tout propos polémique, les vôtres sont outrés. Vous avez une approche scientiste. En face de vos certitudes et à tous les niveaux (individus, associations, gouvernements, organisations internationales) s’organisent les tentatives contre la dégradation de la situation environnementale. Est-ce qu’il vous paraît normal que plus de 500 traités et conventions s’emploient à réguler et freiner ce qui devrait aller de soi ? Prolifération des produits chimiques et pesticides, pollutions généralisées (air, sols, eaux)... Je crois que vous auriez également intérêt à changer de lectures : si la constatation de la modification du climat de la planète était le seul fait des « alarmistes », alors en feraient partie la communauté scientifique (sauf vous) et le gouvernement français actuel qui n’est pas connu pour avoir des sympathies particulières pour les thèses écologistes. Contrairement à ce que vous dites, l’inéluctabilité de cette modification est admise et les actuelles réflexions consistent à dégager des solutions « d’adaptation » à cette évolution aux conséquences encore mal évaluées mais assurément très lourdes. Je vous renvoie au plan climat 2004 du Ministère de l’écologie et du développement durable (élaboré avec la Mission interministérielle de l’effet de serre) et aux travaux du Groupe intergouvernemental pour l’évolution du climat et je cite Serge Lepeltier, un dangereux « alarmiste » pour reprendre vos termes : « aujourd’hui, il est impossible de nier le constat qui est reconnu par l’ensemble de la communauté scientifique : les émissions récentes et actuelles de gaz à effet de serre...sont en train de modifier le climat de la planète. Les conséquences d’un abandon aux tendances actuelles seraient désastreuses pour l’humanité ». Ce plan climat n’est certes pas parfait, et il ne souligne pas les véritables responsabilités liées à la course économique du toujours plus (rien à voir avec le toujours mieux, qui serait le fait d’une démarche écologique responsable).
Quant à vos réflexions sur la nourriture qui reposent sur de nombreux « faits », laissez moi rire ! Diminution des intoxications ? Vous voulez des chiffres ? J’ai ceux du « Center for disease control and prevention » américains, qui sont d’ailleurs sûrement sous-évalués : sur une année, aux Etats-Unis, selon ce centre, on a recensé 76.000.000 ( !!) toxi-infections dues aux denrées alimentaires. Parmi ces infections, 325.000 ont nécessité une hospitalisation, et 5.200 ont entraîné un décès. Sur ces totaux, seulement 14.000.000 intoxications, 60.000 hospitalisations et 1.800 décès seraient dûs à des pathogènes connus (salmonella, listeria, toxoplasma, etc.) Ce qui signifie que 65 % des cas (3.400) de décès seraient dus à des agents pathogènes inconnus d’origine alimentaire (chiffre repris par l’ « US department of agriculture »). Ces chiffres toutefois ont été calculés à partir des certificats de décès des hôpitaux déclarant des gastro-entérites aux causes indéterminées et en respectant les proportions de gastro-entérites parmi les causes de mortalité dues à des pathogènes connus d’origine alimentaire. Ils ne prennent pas en compte d’autres cas que les gastro-entérites, ce qui élimine tous les cas de décès survenus au travers d’autres symptômes caractéristiques des agents pathogènes connus (causes cardiaques, neurologiques, respiratoires...) Ils sont donc très probablement sous-évalués. Vous qui êtes scientifique estimerez qu’une protéine est une protéine. Vous trouverez donc sûrement normal, « sain et sûr », comme vous dites, que l’on fabrique les aliments pour bétail à partir de litières en paille souillée, à partir de fientes de volailles, à partir d’aliments périmés pour animaux de compagnie et à partir de déchets divers, comme vous avez sûrement trouvé normal qu’on nourrisse le bétail avec des farines carnées issues de l’équarrissage. Il est vrai, Monsieur, que selon vous -et le Prof. Narbonne (que je ne connais pas) il n’y aurait pas de lien entre la présence de pesticides et « un risque pour la santé des humains ». On croit rêver ! Pourquoi à votre avis le DDT, épandu sur autrefois sur des millions d’hectares, a-t-il été un des premiers POP (polluant organique persistant) à être banni dans la quasi-totalité des pays (sauf pour quelques usages strictement limités) ? Le corpus est tellement abondant, que vous aurez l’embarras du choix pour vous documenter. Je vous renvoie aux travaux du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) ainsi qu’à l’ouvrage du Pr. Dominique Belpomme (« ces maladies créées par l’homme » chez Albin Michel), cancérologue, expert auprès de la Commission européenne, chargé de mettre en œuvre le plan « cancer » lancé récemment par le Président de la République. Vous y trouverez la liste des pesticides dont l’effet cancérigène est certain, probable ou possible, selon le CIRC ; je cite également le Pr. Belpomme : « le DDT est interdit en France depuis 1972, mais les faits scientifiques sont là, incontournables. Non seulement le DDT est toujours décelé dans l’environnement, donc y compris dans l’organisme de nombreux individus, mais il a été clairement démontré qu’il en était de même pour la plupart des pesticides plus récents, et que certains d’entre eux étaient à l’origine de cancers ... Les données scientifiques qui résultent de nombreuses études épidémiologiques sont de plus en plus convaincantes... Les pesticides contaminent l’eau de boisson, les fruits et légumes que nous mangeons, le lait et même la viande, car les animaux qui broutent l’herbe et surtout mangent les céréales contaminées par ces pesticides les concentrent dans leur propre graisse... la concentration en pesticides [est chez l’homme] plusieurs milliers de fois supérieure à celle mesurée dans l’eau... On comprend que les propriétés cancérigènes puissent se manifester de façon nette ». Comme vous dites, on vit plus vieux qu’avant dans les pays dits développés (mais attention aux statistiques !). Mais dans quelles conditions ? Explosion des cas de dégénérescence (démence sénile, Alzheimer...), augmentation considérable des cancers et de nouvelles maladies (dues notamment à la dégradation de l’environnement au sens large) ... Oui, on est capable de prolonger la vie d’épaves moribondes, on est capable de surpeupler les mouroirs où végètent les vieillards, ou bien gâteux ou bien rejetés par la société...
S’agissant des OGM, vous estimez que la situation présente s’inscrit dans la continuité de pratiques antérieures. N’y a-t-il pas quand même changement de nature, puisqu’il ne s’agit plus de mutagenèse mais de transgenèse ? C’est certes très amusant d’introduire un transgène de luciole dans le génome d’une plante verte, mais c’est loin du mécanisme de transfert naturel de gènes, même si des cas ont pu être répertoriés entre espèces relativement distantes (cas de agrobacterium tumefaciens). Les possibilités sont immenses, mais le comportement de ces nouveaux mécanismes est imprévisible, leur propension à essaimer également. D’un côté, nous aurons donc les multinationales dont l’intérêt sera de sélectionner des espèces en fonction de critères de profit : maturité ralentie, aspect plus flatteur, résistance aux chocs, etc. les questions liées à la santé et à l’environnement seront traitées après... si on y est obligé (cf. rappel du fameux maïs Starlink). Lorsque vous dites que les OGM permettront de réduire, voire de supprimer les pesticides, c’est discutable : le soja transgénique Monsanto est tolérant au Roundup : en quoi cela va-t-il réduire l’utilisation de ce désherbant, qui va au contraire être utilisé à hautes doses pour éradiquer toutes les plantes non désirées ? Notons au passage que l’utilisation du Roundup est ainsi rendu obligatoire, pour le plus grand profit de Montsanto, qui vend déjà ses semences, puis son herbicide. Et dans le cas que vous rapportez, celui de la ravenelle et de son gène de résistance à un herbicide acquis d’un colza transgénique, ce gène a quand même comme avantage de protéger cette « mauvaise » herbe de l’herbicide employé. Donc, pourquoi disparaîtrait-il en face de cet avantage ? A moins qu’entre-temps on soit amené à modifier à nouveau le colza et à utiliser d’autres types d’herbicides... et de pollution. On sait que le colza présente des risques d’hybridation intervariétale (que vous chiffrez à 2 %) : c’est une espèce semi-allogame, entomophile et interfertile (vous citez la ravenelle, il y a aussi la roquette et la navette). Si les transferts de gènes peuvent se faire via le pollen, ils peuvent se faire aussi via les repousses venant de graines tombées au sol... et cela, pendant une durée de 10 ans ! (Durée possible de survie d’une graine). Or, un des principaux problèmes est celui du choix de sa nourriture (choix de ne pas consommer des OGM) et donc celui de la coexistence des cultures. Cette question se pose sur le plan scientifique comme sur le plan économique, et sur ces deux plans, la stratégie des multinationales et des Etats supporters consistera à imposer la filière OGM en arguant des coûts importants que générerait la coexistence des cultures (transgénique, conventionnelle, bio). L’étude de la Commission européenne révélée par Greenpeace en 2002 posait ainsi que le surcoût des changements de pratique varierait entre 1 et 10 %, « à l’exception de la production de graines de colza, pour lesquelles les coûts peuvent atteindre 41 % ». C’est pour cela qu’en France, par exemple, le Ministère de l’Agriculture travaille actuellement à la mise en place d’un mécanisme collectif (encore une fois c’est la collectivité qui va payer les conséquences de ce à quoi elle s’oppose majoritairement) destiné à indemniser les dommages économiques causés par une dépréciation d’une récolte conventionnelle ou bio du fait du dépassement d’un seuil de présence accidentelle d’OGM dans cette récolte, et du fait, alors, de l’étiquetage obligatoire « OGM ». Et dans le cas du colza que je décris plus haut, les repousses possibles contraindront l’exploitant agricole à conserver un historique des rotations pratiquées et à le communiquer en cas de vente / location de terrains : mettre en œuvre des cultures différentes sur ce type de terrain (bio par ex.) obligerait alors à respecter une durée de conversion de plusieurs années. Les solutions -et l’on voit que sur le plan économique, la coexistence sera coûteuse- seront d’isoler les parcelles, de mettre en place des « pièges à pollen », de conditionner les graines dès récolte pour limiter les chutes au sol pendant le transport, de travailler profondément le sol après récolte, de s’assurer de la validité d’un historique des cultures sur ces terrains et de l’engagement des exploitants à respecter des normes. C’est beaucoup... Mais tout cela fait partie, comme vous le rappelez avec mépris, de la « litanie des risques inlassablement répétée des anti-OGM ». Mais Monsieur, c’est ce sont ces risques qui sont rappelés par la communauté scientifique elle-même lorsqu’elle n’est pas de parti pris, tout autant que par la société civile dans son ensemble et j’ai le plaisir de constater que MM. Vialle et Paillotin, respectivement DG et Président de l’INRA (dont vous faites partie je crois) entonnent sur la première page du site de l’INRA la même « litanie » : « une grande prudence s’impose devant une innovation majeure aux impacts encore peu connus » ! Même la commission royale néo-zélandaise de génie génétique (info reprise par le « global knowledge centre on crop biotechnology / ISAA ... pro-OGM !) relève, en lien avec le problème du maïs Starlink, « les difficultés de restreindre un aliment OGM à l’usage animal ou à des usages industriels..., de prévenir une contamination accidentelle de l’alimentation humaine... d’assurer l’adhésion aux prescriptions de séparation pour empêcher la pollinisation... et l’incapacité des compagnies qui promeuvent des plantes OGM à imposer ou à assurer des pratiques de cultures adaptées ».
Je vais limiter ici mon intervention, n’étant pas décidé à écrire un livre, alors que le débat est encore très vaste, en ce qui concerne par exemple les solutions alternatives pour le développement de cultures vivrières dans les pays en voie de développement. Il serait temps de changer radicalement notre appréhension du « progrès » et de la science. Les destructions engendrées par un développement aveugle basé par le profit conduit à des catastrophes (modification climatique, reconnue unanimement) : nous devrions remettre en cause notre « modèle » de développement au lieu de continuer à courir sur cette même piste.
En conclusion, et ce sera sans doute le point sur lequel je serai d’accord avec vous, oui, il y a urgence à avancer. Oui, je souhaite avancer, mais pas dans la même direction que vous. Non au grand « concert mondial » dont vous parlez et que voudraient bien diriger, seuls, quelques leaders économiques mondiaux. Oui aux petits ensembles musicaux alternatifs !
Jean-Louis MAURER
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2ième réponse à Monsieur Maurer
28 octobre 2004, par
Merci également à vous d’avoir pris du temps pour répondre. Je vais essayer de re-préciser et commenter certains points que vous évoquez dans votre 2ième réponse dans l’ordre où vous les mentionnez.
Je maintiens que si les OGM n’existaient pas, nous serions dans une situation quasi identique de celle qui existe à l’heure actuelle. Ce qui est même étonnant, c’est que dans le cadre de la mondialisation et donc de la concentration dans les mains de quelques groupes économiques, il reste encore autant d’acteurs dans le domaine des semences et grains !. Ce qui ne veut pas pour autant dire que je suis favorable à cette concentration et je pense alors que sur ce point nous sommes d’accord.
Pourquoi écrivez vous que 17 variétés de maïs hybride sont libres de circulation dans un vide juridique. Certainement pas ! elles ont été soumises et ont satisfait aux différents règlements européens relatifs aux nouveaux produits (257/98/CE et 2001/18/CE notamment). Par ailleurs, on peut en respectant certaines règles simples avoir co-existence de différents modes d’agriculture (études française et danoise).
Vous écrivez qu’il s’agit de maïs hybrides et vous avez raison mais j’espère que vous réalisez ce que cela signifie. Une fraction de la récolte n’est donc pas ré-utilisée comme semence. Donc s’il y a une éventuelle pollinisation croisée avec une autre variété de maïs, elle sera immédiatement stoppée par la récolte. Pour d’autres cultures, il pourrait y avoir, en effet, dans des proportions très faibles d’ailleurs (0.1 à 2% peut-être), quelques graines qui dans le champ voisin auront récolté le transgène (mais n’oubliez pas que la réciproque est vraie mais que, dans ce cas, tout le monde s’en fout). Quelle catastrophe en effet !, une variété GM mélangée à une autre variété de la même espèce non-GM. Concernant les repousses ou les grains qui vont tomber ici où là, cela représente un pourcentage très faible et facilement éliminable l’année suivante.
Ce que je reconnais, lorsque je dis que les opposants ont contribués à durcir les réglementations, c’est qu’ils mettent la barre si haut que des petites entreprises ne peuvent pas se payer le luxe de faire des OGM. Les exigences en matière de biosécurité des OGM tendent alors à renforcer les positions dominantes des groupes industriels qui ont les capacités d’y répondre et peuvent justement aboutir à une concentration encore plus grande. Et ces industriels utiliseront les capitaux générés pour renforcer leurs positions sur les marchés. La biosécurité devient alors un outil de positionnement stratégique.
L’histoire Africaine, vous pouvez évidemment en donner cette version. Il n’empêche que l’attitude Européenne et celles de certains groupes anti-OGM ne sont pas étrangères à ce qui s’est passé concernant l’aide alimentaire dans ces pays. Quand on pense qu’un chef d’état (est ce celui du Bostwana justement ?) a été suffisamment endoctriné pour arriver à être persuadé que les OGM étaient dangereux et qu’il préférait que ses concitoyens meurent de faim plutôt que de mourir empoisonnés par du maïs GM, c’est vraiment très grave. Les américains apportent des lots de maïs (au passage, il est bon de rappeler une banalité, ce n’est que les pays qui font des surplus qui peuvent aider ceux qui n’ont pas assez) contenant un pourcentage donné de maïs GM. Les américains les consomment depuis près de 10 ans mais c’est dangereux pour les africains ...bel exemple (supplémentaire) de bêtise humaine. Pour la suite, avez vous conscience que l’un des grands objectifs des PGM est d’utiliser moins de produits chimiques à l’avenir ?. Cela a déjà commencé avec les deux applications principales qui existent même si, ici où là, vous allez me trouver une référence disant le contraire, mais globalement c’est indéniable, parce qu’autrement si cela coûtait plus cher que l’agriculture conventionnelle, les paysans y seraient retourné rapidement. (Et même les millions d’agriculteurs chinois et indiens qui ont parfois des surfaces inférieures à 1000m² et qui pour la première fois de leur vie commence à faire des bénéfices. Antérieurement, le bénéfice servait à racheter de la semence mais surtout les pesticides).
Question lecture, je vous invite à lire le livre de Bjorn Lomborg : « l’écologie sceptique » traduit maintenant en français. Si effectivement, personne ne conteste un réchauffement climatique (toutefois sans doute bien plus limité (0.1°C) que certaines hypothèses « alarmistes » veulent bien le faire croire), ainsi que l’effet du CO² sur ce réchauffement, il faut prendre en compte tous les éléments du problème qui permettraient de commencer à le comprendre et là, il y a de nombreuses divergences. Remarquez au passage que dans la sémantique, on est passé du « Global Warning » au « Global Change » !. Le CO² n’est certainement pas le seul élément responsable. Pour la petite histoire, il semblerait qu’en Nouvelle Zélande, un impôt sur la flatulence des ovins a été évoqué !. Vous savez évidemment que les plantes consomment plus de CO² qu’elles n’en rejettent. Qui plus est, le CO² est l’élément limitant du rendement photosynthétique. On peut donc être quasiment sûr de constater une augmentation de la biomasse végétale au niveau mondial avec cet accroissement de CO², ce qui est globalement intéressant puisqu’il faudra nourrir plus de monde. Dans tous les cas, ce point spécifique nous éloigne des OGM car on ne peut les tenir responsables du réchauffement climatique. Par contre, effectivement, si les OGM demandent moins d’intrants, ils pourront alors contribuer, à leur niveau, à la réduction du phénomène.
Pour l’argument suivant, vous me donnez des chiffres qui ne sont qu’une photographie d’un instant T. Donnez moi plutôt des chiffres qui montrent l’évolution du nombre d’intoxications alimentaires depuis le début du siècle dernier !! Je vous rappelle qu’en 1905, environ 1000 enfants (en France) mourraient en raison de laits contaminés... ! ce seul chiffre suffit à lui tout seul me semble t-il !. Inversement également, dans le passé, le manque de nourriture à également fait un nombre de morts difficiles à dénombrer et la fin de la dernière grande famine européenne date également du début du siècle dernier (3 périodes de 1876 à 1902). En Russie, jusqu’en 1933 ! Personne ne peut contester que l’amélioration des conditions d’hygiène et sanitaire des aliments toutes ces dernières décennies ont largement contribué à diminuer de manière drastique les intoxications alimentaires. (J’avais en tête un chiffre d’une trentaine de morts par an en France dues aux listerioses et salmonelloses, à vérifier).
Vous me titillez sur la pureté des aliments : alors en voici une couche également ! Par fraction de 50g de farine, il y a de l’ordre de un poil de rongeur. L’équivalent d’une tasse de café contient 14-16 substances reconnues cancérogènes chez le rat. Les tomates en boite que vous mangez peuvent contenir 2 asticots ou 10 oeufs de mouches par fraction de 500g. Tout légume ou fruit contient un certain nombre de larves, asticots, vers et si vous réduisez les pesticides, inévitablement vous en aurez plus !. Les toxines représentent 32% des nouveaux problèmes avec la sécurité alimentaire aux US, mais seulement 3% sont responsables de décès. Alors que le tabac représente 18%, une mauvaise diète et l’inactivité 17%, l’alcool 5%, les salmonelles et campylobacter 4% et sont donc des « tueurs » plus importants qui retiennent moins l’attention des médias. La Nouvelle Zélande est la capitale du monde pour les campylobacter et salmonelles avec 15000 cas par an de campylobacter seulement soit 2.5 fois plus que les Anglais et 5 fois plus que les Canadiens. L’une des raisons est que le Canada a un bon système de surveillance. En raison d’un suivi médical et même en milieu rural., Tous les humains mangent de la nourriture « transgénique » tous les jours dans le sens où nous mangeons simultanément des gènes de différents organismes. Sans doute sommes nous même cannibale à petite dose ! Je ne vous parle pas non plus de tout ce que peuvent contenir les poussières de nos maisons.
Bien sûr que je suis contre les aliments tels que vous les décrivez fabriqués avec de la fiente, etc. Ce n’est pas, fort heureusement, la situation générale. On trouve des escrocs dans toutes les professions. Vous abordez vous même ensuite le débat sur les farines animales (n’y a t-il pas en arrière pensée une tentative d’amalgame ?, peu importe). Eh bien oui, vous avez deviné, cela ne me choque pas du tout de faire manger des farines (protéines) animales au bétail. Avez vous jamais mangé de veau « élevé sous la mère » ? A votre avis, quelle est la nature des protéines que ce veau a ingurgité pendant toute sa courte vie ? Oublier de telles évidences relèvent de la « pensée magique » et non pas de la « pensée rationnelle » (par rapport aux deux modes de fonctionnement de la pensée humaine, il faudrait là aussi développer). Ce n’est pas parce qu’un herbivore, par exemple, est capable de digérer la cellulose (grâce d’ailleurs à un système digestif complexe) qu’il n’est pas capable de digérer des protéines (quelles qu’en soient les origines). Par ailleurs, l’idée initiale était particulièrement écologique (recyclage et valorisation de tous les déchets) d’autant que le CUD (coefficient d’utilisation digestive) des protéines animales est supérieur à celui des protéines végétales. Par contre ne mettez pas sur le dos des scientifiques l’ESB, SVP !, Ceux-ci avaient largement décrit le processus de fabrication de ces farines et les précautions à prendre. Ce sont donc certains industriels qui ont cru astucieux de sauter une étape (dans leur fabrication), pour faire sans doute des économies, qui sont responsables des suites regrettables !
Sur l’argument pesticides, sans doute m’avez vous mal lu !, je n’ai jamais écrit qu’il n’y avait pas de lien entre pesticides et santé humaine puisqu’au contraire, j’écrivais « Ce qui n’est malheureusement pas le cas des paysans amenés à être en contact de quantités importantes de ces substances ». Je parlais du consommateur « moyen », encore faudrait-il faire des nuances car le jardinier du dimanche est particulièrement exposé.
Sur le DTT, je connais comme vous les données mais ne connaissant pas le problème dans toutes ses dimensions je ne m’étendrais donc pas, cependant j’ai vu passer un article récent sur ce sujet dans lequel l’auteur démontrait que s’il fallait faire une balance bénéfice/risque alors il fallait mettre dans la balance bénéfice toutes les vies que le DTT avait permis de sauver et cela doit se chiffrer en millions . Il allait jusqu’à conclure qu’il serait intéressant de continuer à l’utiliser !
Je ne sous-estimerais certainement pas les données du Prof Belpomme (il serait d’ailleurs certainement intéressant d’avoir le détail de son étude épidémiologique pour voir quelles sont les couches de la population qui sont les plus touchées) mais en revenant toujours sur la problématique des OGM, (je vais une nouvelle fois enfoncer le clou), si ceux-ci utilisent moins de pesticides, est-ce oui ou non un plus pour la santé de l’homme ?
Concernant les OGM et leur obtention, évidemment la transgénèse est une rupture par rapport à la mutagenèse et les croisements. Disons tout de suite que, une fois de plus, nous ne faisons que copier ce que la Nature a fait avant nous.
Ce n’est pas d’ailleurs parce que la Nature l’a fait avant nous qu’elle l’a bien fait !
Les virus font de la transgénèse tous les jours et comme vous le dites les Agrobactéries également. C’est l’utilisation d’A. tumefaciens qui se généralise pour l’obtention de toute plante transgénique (les techniques de biolistique étant délaissées). Au passage donc, A. tumefaciens n’est donc pas un cas, mais plutôt la règle. Vous avez l’air de penser que la mutagenèse est banale (parce que, sans doute, c’est ce qui se faisait avant... ?). J’ai déjà répondu là-dessus à O. Caiveau. Non, une mutagenèse n’est pas banale du tout, elle provoque des mutations dans tout le génome de manière aveugle. On ne sait pas combien de gènes sont touchés. On se contente ensuite de sélectionner parmi les mutants celui qui a « une bonne gueule » et aura le caractère que l’on souhaite améliorer. Le pire, c’est que la législation ne prévoit rien les concernant pour leur évaluation avant mise sur le marché car cette technique d’amélioration est considérée comme conventionnelle ! De plus, devant la réticence des européens vis à vis des OGM , les quelques sélectionneurs (qui restent encore) se tournent vers une amélioration de la mutagenèse (le TILLING, il faudrait développer... !) ce qui va conduire à trouver encore plus de variétés sur le marché ayant été obtenues avec cette mutagenèse aléatoire et aveugle et surtout sans contrôles ensuite ! belle logique intellectuelle ! Concernant Starlink, visiblement nous n’avons pas les mêmes informations. Voilà les miennes (vérifiables) : après l’incident, sur la trentaine de personnes ayant déclarées avoir eue une allergie en consommant des produits de type Taco Bell, dans lesquels s’étaient retrouvé en mélange du maïs Starlink, environ une douzaine ont été reconnues comme ayant eue une allergie (sans qu’on puisse cependant dire que l’allergie avait été provoquée par la consommation des produits incriminés). Il a été procédé ensuite à l’analyse de 76 produits dans lesquels le maïs Starlink pouvait se retrouver. Ces analyses ont été confiées à deux laboratoires indépendants. Aucun d’entre eux n’a été capables de doser la protéine Cry9C. Cela a été confié ensuite au CDC. Eux ont trouvé la protéine à des concentrations voisines du picogramme (10-12g) et ils ont conclu qu’à ces concentrations, la protéine n’avait pas eu le temps encore (car consommation dans le temps très restreinte), de provoquer une allergie. Ultérieurement, les personnes impliquées (ayant déclarées avoir eu une allergie) ont été « testées » cliniquement : tests d’allergie avec la protéine pure : aucune d’entre elles n’a présenté de réaction allergique ! fin de l’histoire.
Herbicides et Monsanto : OK, je reconnais que la démarche n’était pas exemplaire, cependant, le glyphosat (round up) est tombé maintenant dans le domaine public ! ils n’auront donc pas profité longtemps de leur avantage. Par ailleurs, dans d’autres secteurs de l’économie, combien y a t-il de produits d’une marque donnée sur le marché dont vous êtes obligés d‘acheter les consommables de la même marque...cette attitude serait alors à condamner de manière générale ! Enfin, tout de même, l’utilisation de PGM tolérant un herbicide donné permet de réduire le nombre de traitements d’herbicides, c’est une réalité, même si, je me répète, ici où là, on trouve des situations différentes !
Vous écrivez ensuite « Or, un des principaux problèmes est celui du choix de sa nourriture (choix de ne pas consommer des OGM) et donc celui de la coexistence des cultures ». La première partie de la phrase est pour moi signifiante de l’intoxication générale qui a été faite autour des OGM et que vous exprimez sous cette forme. Elle sous-entend pour vous (j’en ai l’impression), « je ne veux pas manger d’OGM, même en très faible quantité, parce qu’OGM = danger ». Alors, qu’encore une fois, il n’y a pas plus contrôlé qu’un OGM avant sa mise sur le marché. D’ailleurs, pourquoi, a priori, un OGM (réalisé pour faire une variété améliorée) serait il dangereux ?
Comme j’ai dû l’écrire de nombreuses fois, peut-être pas sur ce forum, on se demande quelles sont les bases scientifiques qui ont poussé l’AB à bannir l’utilisation des OGM. Par contre que ce bannissement repose sur des arguments idéologiques, c’est évident. Pourtant, la meilleure synthèse possible serait de faire de l’AB avec les OGM. Est ce qu’alors le refus correspond (consciemment ou inconsciemment) au fait que dès aujourd’hui, les OGM font mieux ce que l’AB arrive à faire péniblement ?
Je pourrais continuer encore par d’autres commentaires, mais ce site limite le nombre de caractères par réponse. Je ne voudrais pas terminer toutefois sans dire que je condamne, moi aussi, la mondialisation. Néanmoins, je pense et vous l’avez compris que les OGM sont intrinsèquement une solution intéressante dont il serait ridicule de se priver tant leur potentiel est important pour tenter de répondre aux défis qui sont devant nous.
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> 2ième réponse à Monsieur Maurer
9 novembre 2004, par
3ème réponse à M. JOUDRIER :
Merci de vos observations. Sur la circulation des variétés de maïs OGM : j’ai fait court, ce que je voulais dire, c’est que, d’une part, ces variétés de maïs se promènent alors que les mesures relatives à la coexistence des cultures n’ont pas été encore adoptées, ni au niveau européen ni dans la plupart des Etats membres. D’autre part, la question des seuils de présence des OGM dans les cultures traditionnelles ou biologiques (devant permettre un étiquetage réglementaire) n’a pas encore été tranchée. Donc, vide juridique en ce qui concerne tout éventuel contentieux futur sur la « contamination » (je sais que vous n’aimez pas le terme) de récoltes traditionnelles ou bios.
Votre § suivant : je ne vois pas en quoi la recherche de la sécurité vis-à-vis des OGM (due selon vous à ces opposants qui n’ont sans doute pas, hélas, d’aussi grand pouvoir), qui est un souci partagé par de nombreux acteurs de la vie publique nationale et par de nombreux acteurs internationaux, devant les incertitudes liées à la culture de plantes OGM, aurait pour conséquence la monopolisation des techniques par quelques groupes agro-alimentaires ! C’est quand même formidable de lire ça ! Vous arrivez à affirmer que si ces groupes sont en position de monopole, ce n’est pas vraiment qu’ils le voulaient, c’est que des opposants inconséquents ont conduit des gouvernements malléables à édicter des règlements de sécurité basés seulement sur une idéologie, lesquels empêchent le jeu de la concurrence de s’exercer ! ! ! C’est tellement gros, que je me demande encore une fois si vous croyez vraiment à ce que vous dites ! Sur ces sujets qui pourraient justifier des pages, je me contenterai de citer le rapport présenté par le Commissariat général au Plan en 2001 (Ed : La documentation française) : « la majeure partie des semences OGM actuellement commercialisées sont protégées par des brevets. Dans le cas des brevets américains... les agriculteurs n’ont pas le droit de ressemer ou de vendre à d’autres planteurs le grain récolté à partir des brevets. Certains d’entre eux ont même fait respecter leurs droits à travers la signature de contrat avec les producteurs (c’est le cas des « licences Roundup ») ou bien envisagent de recourir à certaines techniques de protection . La mise au point de techniques de type « Terminator » pour activer ou désactiver certains gènes et empêcher la germination du grain constitue un exemple de cette approche...De plus, non seulement les semences, c’est-à-dire les produits issus de la transgénèse, sont brevetables, mais aussi les procédés » . Mais vous me direz que c’est sans doute encore la faute des opposants si ces pauvres groupes agro-alimentaires sont contraints de breveter le vivant...
A/s Terminator, je me rappelle votre assurance que ce projet était resté « dans les cartons »... pour l’instant. J’ai constaté -mais peut-être s’agit-il d’autre chose ?- , s’agissant du maïs MON 863, que le produit est décrit comme suit [extrait de la description] : « the product contains the following DNA... : a/ cassette 1 : a modified cry3Bbl gene derived from Bacillus thuringiensis subsp. kumamotoensis... under the regulation of the 4AS1 promoter...etc...and terminator sequences tahsp 17 3’ from wheat ».
Votre § suivant : bien sûr que j’ai des références prouvant qu’on utilise un maximum de produits chimiques avec les cultures OGM, mais je ne vais pas répéter in extenso ce que j’ai écrit précédemment sur les variétés résistant aux herbicides ! Elles résistent, donc on peut y aller et asperger de dix fois plus d’herbicide tout ce qui dépasse ( le produit étant vendu naturellement par le fabricant de semences OGM...). Quant aux cultures OGM, pour reprendre ce que vous dites, c’est tellement « économique » que les semenciers passent leur temps en contentieux : Monsanto a renoncé à vendre du soja OGM en Argentine en janvier dernier devant l’importance prise par le « commerce parallèle » (c’est à dire sans le respect des clauses imposées par le semencier). Au Brésil, dans le Rio Grande Do Sul, les paysans ont refusé de payer à Monsanto d’une dîme qui avait été négociée par le semencier, etc.
Votre § suivant : 0,1 ° C de réchauffement sur quel durée ? Sur un an ? Pour gagner du temps, tenons-nous en aux faits : au hasard, fonte des glaciers (en France notamment), fonte de l’Arctique (cf. article du 27 octobre 2004 dans « le Monde » / par Hervé Kempf : « Louis Fortier, de l’Université Laval de Québec, résume le consensus scientifique à propos des glaces de l’océan arctique. Elles se réduisent continuellement. Tous les signes vont dans le même sens »), catastrophe annoncée en Mongolie, etc.
Vos § suivants : pourquoi êtes-vous opposé aux aliments pour bétail fabriqués avec de la fiente ? Ce ne sont pas des escroqueries. C’est parfaitement réglementé aux USA par la FDA. Simplement, ce type de problématique est caricatural de l’approche actuelle de la nature : une approche industrieuse, visant uniquement à exploiter notre environnement toujours davantage dans la recherche des plus grands profits et aux moindres coûts, sans respect du bien-être animal, sans réflexion sur les conséquences de nos actions sur l’environnement, avec toujours la même illusion que l’homme est un démiurge et la même obstination à ne pas reconnaître qu’il dépend de cette nature, qu’il en est un élément parmi d’autres et qu’il est en train de scier la branche sur laquelle il est assis. Un bovin gavé d’hormones de croissance et gonflé d’antibiotiques, (en attendant d’être modifié génétiquement), maintenu entravé dans une cage et nourri avec des farines recyclées (dire comme vous le faites que c’est particulièrement écologique est assez culotté) sera très rapidement « exploitable » en abattoir... alors qu’une vache dans un champ, qui broute de l’herbe, c’est long à grossir... et c’est d’un ringard !
Quant aux aliments humains, je préfère encore manger un asticot de plus qu’un pourcentage accru de pesticides tous plus ou moins cancérigènes. Et vous plaignez le jardinier du dimanche qui y serait exposé, à ces pesticides, plus que le consommateur « moyen ». Mais pensez vous à tous ces habitants du tiers-monde qui sont les premiers à être exposés (des millions d’individus n’ont plus accès à l’eau potable !) et à subir à la fois les dégradations de l’environnement et la faim ?
Vos derniers paragraphes avant la fin de votre texte sont révélateurs de votre position et de votre démarche. Je comprends que nous pourrons échanger encore longtemps arguments et contre-arguments sans jamais de consensus. En effet, votre raisonnement consiste à dire que les OGM ne présentent pas de danger, qu’ils sont d’ailleurs contrôlés : sur la base de la « Vérité » révélée aux « incroyants » (c’est vous qui parliez de religion ?), vous excluez donc à la fois le principe de précaution et son corollaire a minima qui est la nécessité de préserver une coexistence des cultures, vous excluez le désir du consommateur de ne pas servir de cobaye et le souhait des protecteurs de la nature de ne pas asservir davantage cette dernière en modifiant ses rythmes. Il n’y a pas plus contrôlé que les OGM, dites-vous ? Nous avons déjà échangé quelques vues là-dessus, nous n’avons pas les mêmes appréciations. En 1999, certes il y a 5 ans, Gilles-Eric Seralini, membre de la Commission du génie biomoléculaire, écrivait : « ...les OGM d’aujourd’hui ont intégré artificiellement des séquences de gènes de résistance à des antibiotiques, ou de gènes de virus, parce que l’utilisation de ces techniques est plus facile et plus rapide au laboratoire...Il est clair que la plupart des OGM agricoles d’aujourd’hui sont des brouillons du point de vue de la génétique moléculaire, mal faits, construits comme nous l’avons indiqué avec des gènes marqueurs agronomiquement inutiles et parfois porteurs en plus de séquences non géniques dites de vecteurs d’ADN. Ainsi, le premier maïs transgénique commercialisé en France est un exemple frappant : il relève d’une technologie dépassée. Ensuite, il a été mal évalué : il s’agit d’une plante conçue pour avoir des propriétés d’insecticide et il n’a pas été testé selon les procédures appliquées à un insecticide courant. Enfin, il est mal suivi dans la chaîne alimentaire ... »
Non, je ne suis pas d’accord avec vous lorsque vous dites que nous ne faisons que faire ce que la nature a fait avant nous. L’imposition des OGM sur toute la surface du globe se fait -et je reprends les termes de M. Seralini, « à une vitesse inégalée dans l’histoire de la transformation permanente de l’agriculture [NdR : forcément ! un tel marché juteux exige lobbying et investissements massifs et rapides !]. A cause de la prédominance fort discutable d’un principe d’équivalence en substance, les OGM ne sont, en règle générale, pas du tout évalués quant à leur toxicité chronique potentielle, dont le bien fondé divise les scientifiques ».
Bien sûr, maintenant, il y a des expériences en laboratoire. On massacre des milliers de pauvres rats pour tester l’inocuité des produits modifiés (cf. maïs MON 863 au sujet duquel nous avons déjà eu un échange, puisque la Commission du génie biomoléculaire, le 14 septembre dernier, a demandé de nouvelles études, ne s’expliquant pas une différence sur les reins des rats nourris aux OGM et les autres). (NB, une digression : l’association One Voice a récemment attiré l’attention du public sur une étude publiée dans le « British medical journal » , dans lequel les scientifiques de la « London school of hygiene medecine » émettent de sérieux doutes sur l’expérimentation animale, soulignant le fait que ses résultats ne sont bien souvent pas transposables à l’homme...) Mais c’est quand même justement à cause de ces études en labo que plusieurs Etats membres de l’Union européenne (l’Autriche par ex.) s’opposent à la Commission qui cherche à les contraindre d’accepter sur leur territoire la diffusion de divers OGM (maïs BT 176, maïs MON 810, maïs line T-25...) et soulignent que, après des études scientifiques menées par leurs soins, des effets négatifs de l’utilisation de ces OGM, à la fois sur la santé humaine et sur l’environnement après utilisation extensive, ne peuvent être exclus.
La principale question, c’est celle que j’ai précédemment posée : a-t-on besoin des OGM dans le domaine alimentaire (je ne parle pas de la recherche, qui devrait être à mon sens maintenue et développée) ? Pour moi, la réponse est non et je vous retourne vos accusations d’idéologie : l’utilisation des OGM dans l’alimentation est avant tout idéologique. Basée sur des arguments prétendument altruistes (réduire la faim dans le monde, etc.), elle n’a pour objectif que d’asseoir une hégémonie commerciale. Oui bien sûr, à mes yeux le vrai progrès est d’assurer le choix de la nourriture. Votre argumentation (« si vous êtes contre les OGM, vous êtes contre « le progrès » et contre moi qui le défends ») est « à l’américaine » : c’est en effet ce type d’argumentation qu’utilise le gouvernement américain pour ne pas souscrire au protocole de Kyoto : il n’est pas question que nous touchions à notre modèle de consommation et de « développement » (ie : consommer toujours plus et faire « croître » l’économie) et à notre mode de vie (sous-entendu : générateur de tant de profits dans le cadre de notre économie libérale dominant l’économie mondiale). Les aménagements se feront en temps voulu lorsque ce sera indispensable... et vraisemblablement trop tard.
Avec ce type de raisonnement, l’homme a pris l’habitude d’asservir la nature sans plus la respecter, sans se rendre compte qu’il fait lui-même partie de cette nature et qu’il se détruit lui-même. Le vrai progrès, ce n’est pas cela. La vraie croissance, ce n’est pas cela. Ce n’est pas produire toujours plus, consommer toujours plus. C’est produire et consommer mieux, c’est arrêter de gâter les sols, les eaux et les airs, c’est arrêter de vouloir façonner la nature et ses produits selon l’image dominante de la consommation (toujours plus de produits, toujours plus de profits) de façon plus équitable. Et ceci, je vous l’accorde, ne vise pas uniquement les OGM agro-alimentaires et animaux puisqu’il s’agit de remettre en cause le système économique libéral prédominant. De mon point de vue, les OGM alimentaires à grande échelle ne répondent à aucun de ces critères./.
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> 3ième réponse à Monsieur Maurer
10 novembre 2004
Je n’ai pas le temps actuellement de répondre plus en détail à votre troisième réponse dont je vous remercie.
Juste un point que je ne laisse pas passer : vous avez l’air de penser que le système terminator se trouve dans MON 863. Heureusement, votre phrase indique que vous n’en êtes pas sûr ("peut-être s’agit il d’autre chose ?" dites vous !)
Eh bien oui !. Ce point d’ailleurs est révélateur (cela ne s’adresse pas seulement à vous) du degré de connaissance que les gens ont sur les dossiers qu’ils se permettent de critiquer. Cela me fait penser, une fois de plus, à la rubrique de Delfeil de Ton dans Hara Kiri des années 60 qui s’intitulait "Je ne l’ai pas vu, je ne l’ai pas lu, je ne l’ai pas entendu...mais j’en cause !" Oui, ces gens là se permettent de critiquer de manière globale le travail de milliers de personnes de par le monde, qui ont elles-mêmes accumulées des connaissances et des pratiques pendant des dizaines d’années, les tenant d’ailleurs de leurs prédécesseurs et pire, les soupçonnant de faire des choses dangereuses !!! Apprenez alors une donnée de base en biologie moléculaire : c’est qu’un gène est constitué de trois parties : une zone promotrice (= promoteur), une partie codante (Open reading frame = ORF) et une zone de terminaison (appelée donc en anglais terminator). Vous trouverez donc dans quasiment toutes les constructions réalisées et présentent dans un OGM donné un "terminator". Au passage, pour terminator, lui-même, je rappelle que ce sont les journalistes qui ont donné ce nom à cette technologie (on comprend bien pourquoi !)
C’est en raison de cette ignorance générale (et pas forcément criticable car à chacun son domaine de compétence) également que l’on a en permanence des questions sur la mention "amidon modifié" trouvée sur nombre de produits alimentaires. Les gens s’imaginant qu’il s’agit d’amidon génétiquement modifié...or il n’en est rien !. Que nombre d’entre eux s’imagine qu’il n’y a des gènes que dans les OGM, etc, etc, on pourrait multiplier les exemples !!!
Et une précision : 0.1°C : des climatologues ont diffusé une statistique montrant que, depuis le début du XX°, la température avait augmenté de 0.1 degré C... !!! Anny Cazenave de l’observatoire de Toulouse a mené des observations à partir de satellites au cours des dix dernières années et a montré que le niveau des mers augmentait de 2.5 millimétres par an soit 25 centimètres en cent ans. Une fois de plus lisez Bjorn Lomborg : l’écologie sceptique (26 €) vous aurez sans doute une version moins noire que certains veulent bien la présenter ! Lisez le dernier livre de Claude Allègre (Quand on sait tout on ne prévoit rien...et quand on ne sait rien on prévoit tout ; Fayard/R Laffont) P. Joudrier
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4ème réponse à M. Philippe JOUDRIER ;
10 novembre 2004, par
Monsieur,
Je ne critique que sur la base de données fiables. C’est la raison pour laquelle, me demandant ce que cela signifiait, je n’ai présenté que sous forme interrogative la mention « Terminator » dans MON 863 : ce n’est donc pas la peine de consacrer un § pour présenter encore une fois vos arguments comme ceux du camp de la « Vérité » contre celui des ignorants. .. D’autant plus que, comme j’ai eu l’occasion de vous le rappeler précédemment, ce sont aussi, (pour reprendre vos termes), « des milliers de personnes de par le monde, qui ont elles-mêmes accumulé des connaissances etc. etc. » qui s’opposent à l’utilisation et à la gestion qui est faite actuellement des OGM dans l’agro-alimentaire.
Pour le reste, si cela vous amuse, nous pourrons continuer encore longtemps à échanger des conseils de saines lectures. Merci pour la mention de l’ouvrage d’Allègre, mais il faut quand même savoir sélectionner ses lectures ! Je ne perdrai donc pas mon temps avec ce bouquin.
A mon tour, et pour finir, permettez-vous de vous signaler plus sérieusement l’article instructif paru dans « Courrier international » n° 731 (4/9 novembre) et traduit du « New Scientist » (Londres) : ce bilan de plusieurs années d’OGM en Argentine met en évidence les dégâts dus à l’utilisation surabondante du glyphosate (les producteurs utilisant deux fois plus d’herbicide que ceux qui cultivaient du soja ordinaire) et sur les conséquences de l’utilisation en quasi-monoculture d’une « technologie hasardeuse et fournie par les multi-nationales »…
NB : vous allez sûrement nous dire que vos statistiques sur le climat sont sûrement plus fiables que celles de l’organisation météorologique mondiale, reprises dans le plan Climat 2004 du gouvernement (+ 0,9° C sur un siècle) ! Je vous renvoie donc à ce plan Climat, que je vous ai déjà signalé (pp. 10-11-12).
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> 2ième réponse à Monsieur Maurer
28 novembre 2005, par
Bonjour à Philippe et Jean Louis
Je ne suis pas un scientifique comme vous, mais je m’intéresse à la ’nourriture’
Je suis un consommateur lambda et jardinier amateur depuis au moins 30 ans, mais je lis beaucoup et les discutions entre scientifiques pour ou contre les OGM m’interpellent
Je vous parlerai dans un cadre général
je vois que chacun a des arguments et reste sur ses positions
Et le consommateur dans tout çà ?? pris entre vous qui ’savez’ (si vous êtes dans des laboratoires c’est que vous ne savez pas, non !!) mais pas d’accord, les politiques dissimulateurs, les semenciers du frick
La peur (en France) que tu évoque Philippe ne vient pas pour moi des anti-OGM mais d’un climat de suspicion plus général qui règne, après les ’affaires’ de la vache folle, Tchernobyl, le sang contaminé, l’amiante etc... et maintenant on nous propose les OGM, où on voit les responsables de tous bords se foutrent sur la gueule, qui est responsable ??
Il faudrait de temps en temps que le consommateur soit écouté et qu’on ne le prenne pas pour un con
Dans les années 20, 75% des semences étaient commercialisées par presque 300 semenciers et qui ne faisaient que çà, maintenant 75% des semences sont proposées par 5 multinationales qui sont aussi des ’chimistes’ Dupont de Nemours, Monsanto, Limagrain, Sygenta, Pioneer, eh bien moi ça me gêne, surtout si l’on sait que Limagrain (nom sympa qui vient de l’Auvergne, Limagne et grain) a racheté Tezier, Clause, Vilmorain etc..
Jean-Louis a raison de dire que c’est une main-mise sur le monde de l’agroalimentaire par ces multinationales dans le monde, ça ne me rassure pas, et que c’est une tendance générale dans d’autres domaines ce n’est pas une raison pour ne pas faire de la résistance
Sans compter que vos laboratoires par essence (secret recherche) sont d’une opacité totale
Pour les variétés nouvelles parlons-en, ce sont des Clones issus de croisement de variétés très proches et qui sont faites pour le commerce et non pour les amateurs, c’est sûr que vous pouvez en faire 300 ou 400 par an
Je les ai essayés dans mon jardin, pitoyables, je plains les habitants des villes qui sont obligés de manger vos tomates hybrides F1 qui sont certes moins malades (et encore) mais fades, sans chair, et toutes pareilles, l’ennui vient de l’uniformité.
Si pour les OGM c’est idem alors je suis très perplexe.
sur l’avenir de la nourriture elle va se transformer en bouffe et vous voyez je n’évoque pas les ’dangers’ je vous laisse les souligner je ne suis pas spécialiste.
J’ai cultivé mon jardin traditionnellement, avec engrais, fongicides, pesticides des grands marchands, mais maintenant je n’utilise que des produits naturels, prêle, ortie etc... à notre disposition dans la nature, sûr que Monsanto avec l’appui des politiques, bientôt nous intenterons des procès pour ça.
Pourquoi j’utilise cette méthode !!?? par respect pour la nature et notre sol, là ou je vis, mon petit voisin qui a 5 ans peux venir se traîner par terre dans mon jardin et ne sera pas malade de manger une salade car il n’y a pas d’anti-limace et autre produit très dangereux qui peux rester dans un coeur, même après lavage.
Savez-vous combien coûte le Roundup, non !! on voit que vous n’êtes pas jardinier, ce produit coûte près de 50 €, c’est les choux gras de Monsanto et autres pharmaciens du légume et quand ce produit sera passé de mode ou concurrencé, un coup de laboratoire et voilà ’Roundput’ qui prendra la relève.
Tu fais Philippe la course aux variétés nouvelles, Monsanto aussi
J’ai peur qu’à l’INRA, sans vous offenser, vous travaillez pour les puissantes multinationales qui commandes, ou dans leurs directions et que vous n’êtes plus indépendants
Je ne suis pas un passéiste et je crois aux techniques nouvelles (l’ortie pour moi en est une)mais le commercial devrait passer au second plan, ce qui à mon avis n’est pas le cas
Si tu veux que la terre soit propre commence par ton jardin
Cordialement à vous deux et de dialoguer avec vous c’est super
Quelqun à dit :
Je donnerais ma vie pour que tu ne sois pas d’accord avec moi
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> Lettre d’un biologiste
14 juin 2005
ne suis pas un chercher ni un scientifique de haut rang , mais tout de même j’ai mon idée sur les OGM.
Moi je ne suis pas un admirateur des groupes semenciers qui font de la recherche sur les OGM, ce n’est pour autant que je ne mange pas les produits issus de leurs recherches.D’ailleurs quand je vais dans un supermarché je ne regarde pas si le produits contient des OGM ou pas mais je regarde le prix .ET justement en parlant de prix , j’ai compis trés tôt que les OGM n’améliore en rien notre pouvoir d’achat l’objectif des grands groupes semencier c’est de monoploliser le marche des semence et s’il le faut ils vont passer par les nouvelles technologies pour y arriver .c’est vla raison pour laquelle , ils inventé le gene therminatoire qui n’avait pour but que de mieux contrôler leur emprise sur le milieux agricole. D’autre part les vrais réponses que doivent donner les agrothechniciens aux problémes que l’on rencontre dans ce monde ne les concerne guére. améliorer les rendements dans des pays où les populations augmente sans pour autant pouvoir s’autosuffir, créer des plantes résistanntes à la secherresse , ce’n’est nullement l’objectif des grands groupes semencier d’ailleurs ils ont peu implanté dans du tiers monde. l’ETAT L’inra pézse bien peu face aux multinationnales.
voici des raison suffisante pour etre contre les ogm moi j’ai crée une association contre l’implantation des ogm et tout ce qui veulent nous joinde dans nos manifestations peuvent nous contacter au organisons des manifestations régulli
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> Lettre d’un biologiste
20 juin 2005, par
Oui, c’est sûr, vous n’êtes ni chercheur, ni scientifique, votre réponse le prouve !.
Et comme beaucoup de gens, vous avez votre avis sur les OGM. Comme la plupart des français illustrant ainsi le titre de la rubrique de Hara Kiri des années 70 de Delfeil de Ton : "je ne l’ai pas vu, je ne l’ai pas lu, je ne l’ai pas entendu...mais j’en cause" !!.
Alors, si vous aviez « lu » un peu : vous sauriez que depuis la fin des années 70, début des années 80, le commerce des grains, graines et semences est dans les mains d’une dizaine de groupes semenciers. Donc aucune spécificité dans ce domaine avec les PGM.
Vous ne l’avez même pas « entendu » : car il ne s’agit pas du gène « therminatoire » comme vous l’écrivez mais du système « terminator », nom donné par les journalistes au passage et qui n’existe chez aucune PGM actuellement sur le marché !!!
Vous n’avez rien « vu » non plus, parce que même si les applications les plus évidentes, et sans doute les plus faciles à réaliser, concernent la résistance à certains insectes et la tolérance à certains herbicides, il n’est pas un seul sélectionneur dans le monde qui ne travaille pas sur d’autres résistances biotiques (champignons, virus, bactéries...insectes, vers...) mais aussi tolérances abiotiques (eau et donc justement résistance à la sécheresse, température, sels, métaux lourds), sans compter les programmes visant à améliorer, à terme, les qualités nutritionnelles !
Les grands semenciers sont peu implantés dans le monde....évidemment !. Peu, voire pas de recherches sont malheureusement conduites dans les PeD : d’une part cela coûte très cher, d’autre part, il y faudrait un enseignement supérieur et un système de recherche... ! Néanmoins, cela n’a pas empêché plus de 7 millions de paysans des PeD de cultiver des PGM l’année dernière (cotonnier principalement, mais du soja et du maïs également) et pour la plupart, ces paysans ont fait des bénéfices car utilisant moins d’insecticides notamment !
Sur le dernier point, c’est vrai que l’INRA ne pèse pas lourd vis à vis des grands semenciers, mais là, il faut que vous remettiez en cause le pouvoir politique et l’argent qu’il daigne consentir à sa recherche !
Au final, votre association contre les OGM n’est pas basée sur quelque chose de solide mais simplement et malheureusement sur l’ensemble des mensonges et erreurs qui traînent à leur propos sur tous les sites mensongers des anti-OGM.
Il serait intéressant que votre association réfléchisse et apporte des réponses à ceci : Quoiqu’il arrive, quelles que soient les techniques utilisées, nous aurons toujours besoin de nouvelles variétés. Depuis que l’homme s’est mis à cultiver, il a toujours amélioré les variétés qu’il cultivait en utilisant, au fur et à mesure que les connaissances progressaient, les meilleures techniques possibles. La transgénèse se range parmi ces techniques et c’est certainement la plus performante ayant jamais existé. Elle n’existerait pas à ce jour, nous devrions quand même créer de nouvelles variétés par l’une ou l’autre des techniques existantes de l’amélioration des plantes et dont aucune n’est aussi sûre que la transgénèse (la mutagenèse étant sans doute la pire puisqu’on ne contrôle rien du tout) mais dont tout le monde se fout car focalisé, obnubilé, -mais beaucoup plus grave- endoctriné par des personnes malhonnêtes qui depuis 10 ans délivrent des mensonges et font peur avec ces pauvres OGM !.
En effet, d’une part : 1) je vous mets au défi de trouver l’un quelconque des risques potentiels annoncés qui soit prouvé scientifiquement de par le monde et qui seraient spécifiques de l’état d’OGM ! 2) je vous mets au défi de trouver des plantes qui soient mieux contrôlées et donc plus sûres que les PGM avant leur mise sur le marché !
Bon travail !
Philippe Joudrier
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> Lettre d’un biologiste
14 août 2006, par moi
http://laveritesurlesfaucheursdogm.over-blog.net/
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> Lettre d’un biologiste
23 août 2004, par Lucho
Bonjour Olivier,
bravo pour cette synthèse. C’est bien la première fois que je vois évoqués et discutés les contre-arguments des semenciers. Ce procédé est nécessaire et à developper si on veut faire avancer un peu le débat. Sinon on risque de polariser inutilement les forces en presence, de s’enfermer dans nos certitudes, chacun ressassant à l’infini ses arguments sans prendre en compte ceux d’en face.
quelques questions qui me taraudent depuis longtemps :
Nous avons 10 ans de recul sur l’exploitation industrielle d’OGM aux US, Canada, Mexique => a-t-on observé des contaminations, des phénomènes de resistance, un impact en terme d’augmentation /reduction d’épandage d’herbicides ou insecticides, existe-t-il des études ? Je suis stupefait du manque de bilan...J’ai souvenir d’une polémique dans Nature sur la contamination du Mexique, avec mise au pilori d’un chercheur californien, connais tu cette histoire ?
Que faut il penser quand les semenciers nous disent que les mais en essai etaient castrés et donc ne pouvaient pas disséminer ? Ce risque de dissémination par pollenisation peut il etre completement supprimé ? Quels sont les autres "vecteurs" de dissémination ?
amlt, Luc
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> Lettre d’un biologiste
31 août 2004, par
La réponse est : Il n’y avait aucun risque de dissémination puisque la plante ne pouvait pas avoir de pollen.
Pour réaliser la castration : les extrémités des tiges de maïs qui portent les fleurs mâles sont en effet coupées bien avant la floraison. Donc s’il n’y pas de fleurs mäles, il ne peut y avoir production de pollen et si pas de pollen : pas de dissémination possible : cqfd.
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> Lettre d’un biologiste
4 juin 2005, par
En réponse au message de M. Jourdier du 31/08/04, deux questions à propos de la castration de ces plants de maïs OGM : 1°) Est-on sûr de couper toutes les fleurs mâles avant qu’elles émettent du pollen ? 2°) Ce maïs peut-il produire des graines non fécondées et donc non reproductrices (ce qui est la condition indispensable pour assurer la sécurité absolue par rapport aux autres espèces) ? 3°) Si ce maïs nécessite une fécondation par le pollen d’une autre espèce, comment empêcher la dissémination involontaire de grains porteurs de la modification transgénique par des animaux (oiseaux, rongeurs) ou tout autre moyen (semelles ou roues des tracteurs) ?
En réponse à son message du 1-er septembre 2004, voici les distances que peuvent parcourir les grains de pollen en 2 heures : 3,6 à 7,2 km par vent de 0,5 à 1 m/seconde 28,8 à 43,2 km par vent de 3 à 6 m/seconde Ces vents représentent les extrêmes d’une fourchette d’environ 88 % du temps dans la région bordelaise, assez peu venteuse. On est donc très loin des 400 m de distance réglementaire pour la protection des cultures voisines d’un champ d’essai OGM. La liberté de choix des cultivateurs dans un très large rayon n’est donc pas respectée.
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> Lettre d’un biologiste
6 juin 2005, par
Comme je l’indiquais dans ma réponse du 1er septembre 2004, il est facile de castrer le maïs puisque les fleurs mâles sont situées au sommet de la plante. Des générations d’étudiants ont été recruté ces 50 dernières années pour castrer les maïs destinés ensuite à faire la semence hybride. 1) Alors l’erreur étant humaine, on peut effectivement avoir une ou deux fleurs mâles qui pourraient échapper à la castration. Cela va donc faire quelques graines sur des millions qui n’auront pas le génotype souhaité...complètement négligeable ! Mais dans le cas des essais au champ de ces maïs GM, j’imagine que le contrôle a encore été plus drastique que celui qui est fait chaque année pour l’obtention des semences F1.
2) Si l’ovule n’est pas fécondé...il n’y a pas de graines... !!!! par définition une graine résulte de la fécondation d’un ovule par du pollen (dans le cas des végétaux supérieurs), de la même manière qu’une femme ne sera pas fécondée si elle n’a pas un rapport sexuel au bon moment de son cycle menstruel.... !!!!. Là aussi le créneau horaire est mince (quelques heures, de même que la durée de vie des spermatozoïdes).
3) le maïs, une fois castré, ne nécessite pas une fécondation par « le pollen d’une autre espèce » mais par le pollen d’une autre variété de maïs. Au passage, on dit que des plantes (très apparentées) appartiennent à des espèces différentes lorsqu’elles ne sont plus capables (en conditions naturelles) de s’inter féconder.
Relisez bien ma réponse du 1er septembre, pratiquement toutes les réponses à vos questions s’y trouvent. Je vous rappelle les 2 paramètres importants : Viabilité du grain de pollen (2 heures). Précocité de floraison identique entre deux variétés de maïs et donc durée de réceptivité de la fleur femelle.
Il faut tenir compte du transport effectivement constaté (et non pas théorique comme vous m’en faites part avec vos calculs en fonction de la vitesse du vent... !).
Je vais rajouter un autre élément pour vous faire comprendre le fait que les % de dissémination observés sont très faibles, c’est que le grain de pollen de maïs est une particule lourde compte tenu de sa taille. Il va donc très rapidement tomber sur le sol et de là, la probabilité qu’il soit re-soulevé par le vent (et puisse aller plus loin) est quasi nulle. Ce n’est aucunement un pneu de tracteur qui va pouvoir les redisséminer...les oiseaux, les insectes...etc...encore faudrait il que ces insectes, ces oiseaux, ces roues de tracteur passent à proximité d’une fleur de maïs au bon stade et prête donc à recevoir ces grains de pollen et ce dans un délai inférieur à 3h de leur moment d’émission par la fleur mâle... !!! De plus, il existe avec ces grains de pollen venant de l’extérieur, une compétition très forte avec les propres fleurs mâles du plant de maïs !
Dans les faits, il a été montré qu’une distance d’environ 12 mètres suffirait largement à éviter toute dissémination. Les Espagnols qui en Europe ont la plus grande expérience de maïs GM pensent même que 8m serait largement suffisant ! Alors, 400m ...c’est un luxe énorme.
Dans tous les cas, rassurez vous, en admettant même que quelques grains de pollen arrivent jusqu’à une autre parcelle de maïs (d’une autre variété) justement au même stade de floraison et de réceptivité, on aurait, au final quelques grains (on va aller jusqu’à quelques épis) qui n’auraient pas le génotype escompté. Sans doute, sera t-il même impossible de le voir phénotypiquement ! par ailleurs, je rappelle que le maïs une fois récolté n’est jamais ressemé. Donc ces quelques épis mélangés à tous les autres partiront vers leur utilisation finale.
Dans tous les cas, on aura, au final, le mélange de deux variétés de maïs. L’une en quantité très majoritaire, l’autre à l’état de tracicules ! Qui plus est, dans le cas d’un maïs GM qui se retrouverait en mélange dans une autre variété de maïs conventionnelle, quel pourrait être la nature d’un danger éventuel sachant qu’il n’y a rien de plus sûr qu’une PGM mise sur le marché (au moins aussi sûr sinon plus que sa contrepartie non-GM !!!).
Rappelons tout de même que tout ce que nous venons de décrire peut parfaitement se passer en sens inverse, c’est à dire la dissémination d’un maïs non-GM vers un maïs GM mais rappelons aussi que depuis 50 années au moins, des maïs non-GM ont très bien pu (avec les mêmes fréquences que celles qu’on a réussi à quantifier avec les OGM) se croiser entre eux sans que cela n’ait soulevé ne serait-ce qu’un demi-poil de sourcil !
La liberté de choix donc que réclame les cultivateurs, il faut qu’elle s’applique dans les deux sens ! Si j’étais un cultivateur « puriste » des maïs GM, je ne tolérerais pas qu’une variété de maïs non-GM (dont je ne connais quasi rien sur sa sécurité) viennent « contaminer » (pour utiliser le vocabulaire abusif des anti-OGM) mon maïs GM dont je suis sûr de sa sécurité !
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> Lettre d’un biologiste
3 août 2004, par
Cet article écrit par Olivier Caiveau apporte un oeil nouveau, une vision globale et différente de l’introduction des OGM dans notre écosystème. Je ne doutais pas de l’aspect mercantile des agrobusiness. Je n’avais pas cette vision des tenants et aboutissants que vous nous donnez. Merci pour votre article
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> Lettre d’un biologiste
1er août 2004
merci pour la grande clarté de ton article. Un oubli cependant :la contamination directe de champ à champ lorsque des espèces identiques sont cultivées, la distance de "sûreté" de 400m étant ridicule... Chantal
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> Lettre d’un biologiste
9 août 2004, par
Bonjour chantal, En fait j’aborde ce point dans le chapitre concernant les risques écologiques et la transmission directe du transgène (sans rentrer cependant dans ce type de "détail"). Je suis d’accord avec toi en ce qui concerne les distances parcourus par le pollen (un exemple peut être ? Pollen de colza environ 10km !!). Je suis ravi que l’article t’ai plu ! Olivier Caiveau
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> Lettre d’un biologiste
1er septembre 2004, par
En êtes vous bien sûre ?
croyez vous que cette distance ait été choisie dans un chapeau parmi de nombreuses autres distances. Non, elle résulte de l’expérience pluridécennale des semenciers qui ont à fournir à leur client (agriculteurs) des semences certifiées à 99% voire beaucoup plus notamment dans le cas des semences de betterave par exemple (99,99%).
Le problème de séparation des cultures, il y a donc longtemps qu’ils connaissent et savent le gérer car le problème de pollinisation croisée n’est certainement pas apparu avec les OGM et, ceux ci, sur ce point précis ne posent pas de problèmes spécifiques ou des problèmes que l’on n’ai pas sû résoudre par le passé.
De plus, dans ce problème de pollinisation croisée, si la distance est effectivement un paramètre important, il en est un autre qui curieusement est systèmatiquement passé sous silence : c’est la durée de vie du grain de pollen ou plus exactement sa faculté germinative.
Il faut savoir, en effet, que le pollen de maïs est capable de germer seulement dans les 2-3 heures qui suivent sont émission. Au delà de ce délai, le grain de pollen peut bien faire le tour de la terre si les conditions sont favorables cela n’aura aucune conséquence sur la pollinisation croisée. La durée de vie (pouvoir germinatif) du pollen est variable selon les espèces mais est, en général, courte (quelques heures).
Ce paramètre explique pourquoi les taux de dissémination observés sont si faibles (0.1-0.2%) et limités à quelques centaines de mètres de la culture initiale.
Il faut aussi que d’autres conditions soient réunies pour que cette pollinisation croisée se réalise :
moment de floraison (caractère appelé aussi précocité)identique entre les deux variétés voisines (cela est donc aussi lié à la durée du pouvoir germinatif).
que le pollen arrive à bonne destination (en tenant compte du point précédent) , ce qui relève un peu de tirer avec une carabine dans un nuage de moucheron à 100m !
Néanmoins, il est vrai, nul ne conteste que ce genre de dissémination se produit. Cependant, il ne faut pas oublier également que cela existe pour tout type de culture : pour une même plante donnée (variété A de maïs- variété B de maïs) :
OGM vers OGM,
OGM vers non-OGM,
non-OGM vers OGM,
non-OGM vers non-OGM,
Vous remarquerez que dans la moitié des cas, on sait le mettre en évidence (grâce aux techniques de Biologie Moléculaire) mais par ailleurs et si jamais cela arrive : c’est grave, catastrophique, intolérable, c’est une pollution, une "contamination" effroyable !.
Dans les deux autres cas, il est pratiquement impossible de le mettre en évidence mais de toute façon, ce n’est pas grave et tout le monde s’en fout (ou presque).
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> Lettre d’un biologiste
14 septembre 2004, par lucho
Ta critique es un peu biaisée : ce qui est "catastrophique", ce n’est evidemment pas la pollinisation croisée à l’intérieur d’une même espèce...(que M.Golden aille fricoter avec Mme Grany Smith). Ce qui est grave et qui nous fait parler de pollution, c’est la diffusion du transgène et de sa caractéristique dans la nature. "Bienvenu en Poitou Round-up Ready°"
Si c’est resistant, est ce que ca ne risque pas de liquider tout le reste par selection "naturelle" ? => problème de biodiversité.
Effet boule de neige ? les insectes deviennent à leur tour super resistants aux super semences et on repart pour un tour ?
Par ailleurs, si comme tu l’expliques les risques de dissémination sont trés faibles, pourquoi ne pas accepter un régime juridique d’assurance qui protège les contaminés ? Principe basique du pollueur payeur et on en parle plus.
Luc
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> Lettre d’un biologiste
14 septembre 2004, par
Pour le premier point "Golden x Mme Grany", je suis sûr que les tenants de l’AB ne sont pas d’accord, surtout s’il s’agit de M Golden GM x Mme Grany .... !
Pour la suite, je ne comprends pas du tout ("diffusion du transgène dans la nature") : Avons nous bien la même définition d’une espèce biologique ? Je ne vois pas bien comment ton chien pourrait aller engrosser ta chatte !!!
Ensuite, tout de suite les périphrases ’choc’ : "liquider tout le reste...". On a déjà créé des plantes résistantes aux herbicides (ou au insectes, ou au virus....) par sélection conventionnelle ...avez vous constaté une liquidation quelconque ?
On continue dans les périphrases grandioses "Effet boule de neige"... ! Mais pourquoi donc les insectes ne deviendraient ils pas résistant à une plante qui leur résistait... ?(au passage, ce n’est pas encore arrivé avec les OGM !) Evidemment, ce sont les bases de l’amélioration des plantes et donc la raison pour laquelle il faut créer sans cesse de nouveaux génotypes. On ne voit pas en quoi le statut d’OGM leur conférerait des propriétés biologiques particulières voire supérieures aux variétés obtenues de manière conventionnelle.
Pour faire un parallèle avec l’homme par exemple : avez vous remarqué que quasiment chaque année, il faut faire un nouveau vaccin contre la grippe parce que le virus de l’année n-1 a eu la mauvaise idée d’évoluer ?.
Par ailleurs, les insectes ne deviennent pas super résistants (toujours utiliser du vocabulaire excessif, ça frappe mieux les imaginations !!), c’est tout simplement la même race d’insecte qui diffère sur ce caractère précis. De même, qu’il n’y a pas plus de super semences.
Sur le plan juridique, toutes les organisations anti-OGM largement relayés par les médias ont donné une image tellement négative des OGM (le vocabulaire utilisé en est la meilleure preuve : on utilise "contaminer", "polluer" pour une simple pollinisation croisée. Allez voir, si vous êtes curieux, la définition de contaminer ou polluer dans un dictionnaire de base) qu’on voit mal les compagnies d’assurance se mettre à assurer ce risque même s’il est minime.
C’est vrai, après tout, une variété GM résistante à un insecte qui pollinise une variété non-GM qui, de ce fait, devient résistante à cet insecte, commet une pollution/contamination intolérable !!!. Il faudrait trouver un terme pour qualifier la "pollution/contamination" qui améliore la qualité.
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> Lettre d’un biologiste
16 septembre 2004, par lucho
"diffusion du transgène dans la nature" : par exemple il y a bien 950 agriculteurs biologiques au Canada qui ne peuvent pas écouler leur production contaminée par des OGMs et qui attaquent Bayer et Monsanto en justice. Tu peux estimer que c’est une amélioration. Moi j’estime que c’est une atteinte à ma liberté de manger ce que je veux, et de soutenir le mode d’agriculture que je veux.
"liquider tout le reste" : je sais pas, l’algue taxifolia par exemple à liquider tout le reste. C’est donc que le phenomene de colonisation est possible dans la nature.
"effet boule de neige" : tu ne peux pas nier qu’aux etats-unis et au canada on observe des phénomènes de resistance et que les agriculteurs s’en plaignent.
(sondage bva de février 2004, 66% des agriculteurs sont sceptiques quant aux avantages réels des OGM pour eux)
Quand aux compagnie d’assurance je pense qu’elles se fichent pas mal du vocabulaire. Si elles estimaient que le risque est minime, elles n’hesiteraient pas à empocher les primes !
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Un scientifique "grand" par son humilité
1er août 2004, par
Remarquable article que cette lettre du biologiste Olivier Caiveau. Nombreux sont les scientifiques qui seraient bien inspirés de prendre exemple sur ce confrère dont les titres, la maîtrise et la spécialité n’ont apparemment jamais égratigné l’immense respect et l’humilité que nous devrions tous ériger en principe fondateur de la moindre de nos actions. O. Caiveau fait sans doute partie de ceux que l’on désigne souvent comme des « grands scientifiques ». A travers cette lettre, sa « grandeur » est surtout celle d’un homme humble, éthiquement conscient de l’immensité de ses pouvoirs, refusant de les asservir à une recherche débridée et amorale car mercantile.
Si tous les chercheurs vous ressemblaient M. Caiveau, nous n’en serions pas là, nous, poignées de citoyens « ordinaires », contraints à faucher des champs pour affronter ensuite le courroux de la justice, celui des agriculteurs crédules, celui des consommateurs avides, celui d’un Etat complice, celui des conservateurs de toutes sortes aux yeux desquels nous ne sommes que des agitateurs réactionnaires et obscurantistes. OBSCURANTISTES... témoignage de l’incompréhension du public, ce mot est revenu trop souvent dans les courriers des lecteurs de la plupart des publications de presse, suite au médiatique fauchage de Menville. La lutte « anti-OGM » n’est pas une querelle des anciens contre les modernes, des conservateurs contre les novateurs, de l’obscurantisme contre le progrès. Si lutte il y a, c’est celle de l’humanité contre sa propre monstruosité.
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Un scientifique "grand" par son humilité
26 février 2007, par
Bonsoir,
Les OGM n’ont pas trouvé leur Etienne Chouard et c’est tant mieux le débat continue.
M Maurer soulève un point d’éthique important sur l’Afrique. Alors que l’Europe au nom du principe de précaution a établit un moratoire sur les OGM. L’Afrique se voit inonder d’OGM au nom du reglemnt de la famine. Il a fallu attendre les OGM pour regler ce probleme. D’autres solutions avec une meilleure répartition des richesses alimentaires est possible alors que les pays industrialiés du Nord vivent dans l’opulence alimentaire. C’est un probleme éthique important !
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Un scientifique "grand" par son humilité
26 février 2007, par sam
Bonsoir,
Olivier Caiveau à répondu rapidemment à Chantal mais pas à Joudrier Philippe qui a peut être l’esprit un peu plus critique. Ses observations et ses critiques au sujet de cette "lettre d’un biologiste" meritent des réponses. Je suis impatient de vos argument M Caiveau
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