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Le champ de maïs secret de Joël X |
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Une expérience, discrète mais légale, pour tester la coexistence entre les filières classiques et celles génétiquement modifiées.
« Je m’appelle Joël et je vous demanderai de ne pas me photographier. » L’homme qui refuse, en ce bel après-midi d’octobre, de livrer son patronyme aux journalistes et de poser devant les objectifs, n’est ni un espion ni le chef d’un groupe clandestin mais... un agriculteur. La quarantaine grisonnante, ce père de famille sans histoires exploite, depuis 1986, une ferme céréalière dans un lieu soigneusement tenu secret, aux confins des départements de la Gironde et du Lot-et-Garonne.
« Si je souhaite garder l’anonymat, c’est d’une part pour protéger mes enfants et d’autre part pour éviter que ma parcelle de maïs soit détruite par des commandos anti-OGM à quelques jours de la récolte », explique-t-il. Située à seulement un jet de pierre de sa maison, la parcelle en question, d’une superficie totale de 12 hectares, abrite, on l’aura compris, un « carreau » de maïs transgénique de 1,6 hectare implanté dans le cadre d’une expérimentation pilotée par le Programme opérationnel d’évaluation des cultures issues des biotechnologies (POECB) et visant à évaluer, dans les conditions de la pratique agricole, le risque de fécondation croisée entre maïs OGM et non OGM.
Autrement dit la possibilité de faire coexister les deux filières sans dépasser le taux de « contamination » maximum de 0,9% fixé par la toute nouvelle réglementation européenne. « C’est triste d’avoir à se cacher comme ça, mais vus les nombreux arrachages commis cet été, nous n’avions pas le choix », souligne Cedric Poeydomenge, chargé de mission à l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), l’un des partenaires du POECB.
Pour les responsables de cette expérimentation, qui se déroule sur deux autres sites également tenus secrets, le pied de nez adressé aux militants anti-OGM est d’autant plus savoureux qu’il est parfaitement légal. « Le maïs Mon 810, génétiquement résistant aux insectes, que nous avons utilisé dans cet essai, est autorisé en Europe et en France depuis 1998, explique Daniel Bloch, directeur scientifique adjoint d’Arvalis, l’institut technique de la profession céréalière, également partenaire du POECB. Nous n’étions donc pas tenu de publier sur Internet la localisation de nos sites comme cela est obligatoire lorsqu’il s’agit d’OGM en cours d’autorisation. » En revanche, les voisins de Joël et des deux autres agriculteurs impliqués dans le projet, ont été mis dans la confidence. De même que l’administration. Le Comité provisoire de biovigilance (sa création remonte à 1998 mais le décret n’a toujours pas été signé !) du ministère de l’Agriculture a régulièrement effectué tous les contrôles requis.
C’est la troisième année que le POECB étudie la coexistence entre les filières OGM et non OGM. Les premiers résultats de la campagne 2004 confirment ceux de l’an passé : le taux de fécondation croisée se situe en dessous du plafond légal. « Nous nous sommes mis dans les conditions les plus défavorables en plaçant les maïs non-OGM sous le vent dominant, de manière qu’ils reçoivent le maximum de pollen transgénique et en faisant en sorte que les périodes de floraison soient synchrones », poursuit Daniel Bloch. Résultat : le taux de contamination, à l’intérieur des dix premiers mètres, varie de 1 à 2% et descend en dessous de 0,9% entre 10 et 50 m. Au-delà, il est quasiment nul. En clair, une bande de 10 mètres autour d’un champ de maïs OGM suffit à garantir son confinement.
Enfin, l’essai implanté chez Joël a démontré l’efficacité du maïs Mon 810 dans la lutte contre la sésamie et la pyrale, deux chenilles qui peuvent occasionner, certaines années, des pertes de rendement de 30%. Le tout sans utiliser un gramme d’insecticide chimique. « Pour l’instant, les agriculteurs ne cultivent pas de maïs transgénique car il n’y a pas de marché pour ce type de produit mais nous devons être techniquement prêt, explique le directeur de l’AGPM, François-Gilles Le Theule. Demain il doit y avoir place pour tous les maïs, qu’ils soient OGM, conventionnels ou bio. »
Marc Mennessier (Le Figaro - 16 octobre 2004)
Gilles Gesson
Création de l'article : 21 octobre 2004
Dernière mise à jour : 21 octobre 2004
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> Le champ de maïs secret de Joël X
8 novembre 2004
Je cite :
Faucheur volontaire
Ayant pris conscience des dangers d’atteinte irréversible à l’environnement par la culture des plantes transgéniques,
Trouvant inacceptable que les entreprises biotechnologiques accaparent le vivant en le brevetant à leur profit et mettent la main sur la marche des semences au détriment des paysans du Nord comme du Sud,
Trouvant inacceptable que le gouvernement ne suive pas le principe de précaution dans la distribution d’aliments issus de cultures transgéniques, ...
Or :
=> les dangers irreversibles, personnes n’a pu en faire la preuves, ce n’est que des "on dit", pas encore de preuves scientifiques
=> si vous empécher la France de faire son travail dans l’étude des OGM, comment voulez-vous que quelqu’un concurrence les Etats-Unis ou fasse d’autres examens ?
=> si vous ne laissez pas la recherche française étudier les OGM, comment savoir leur impact sur la santé ?
A cause de vos fauchages, se sont plusieurs mois de travail anéantis pour les centres de recherche français publiques. Pourquoi ne mettez-vous pas en cause les examens qui ont permis d’autoriser certains produits ? N’avez-vous pas les connaissances scientifiques pour cela ? Vos campagnes anti-OGM commence à perdre de leur intérêt publique et ça me fait penser aux fonctionnaires de la RATP en grève... J’en veux pour preuve le magazine Capital n° 157, ou encore un article dans Midi-Libre du 27 octobre.
Si vous voulez vraiment faire avancer les choses, faîtes les choses bien, et arrêter de lancer des phrases qui ne sont pas crédibles du tout.
Pour peser le pour et le contre des OGM, il est important tout d’abord de faire un tour d’horizon des informations autour des OGM. A ce titre je vous invite à visiter ces liens : OGM : un tour d’horizon complet ou encore OGM Info
Quand vous parler du lobby des entreprises biotechnologiques, on croirait entendre Le Pen avec sa théorie du complot... vous n’avez que ça dans la bouches. A croire que vous ne connaissez rien des OGM...
Braves bêtes va...
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> Le champ de maïs secret de Joël X
24 octobre 2004, par Moon Man
Il existerait donc des gens qui sont libres de cultiver ce qu’ils veulent chez eux !
Quelle horreur !
C’est scandaleux !
Vive l’altervandalisme !
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> Le champ de maïs secret de Joël X
22 octobre 2004, par
!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Dégoûtant
Déroutant
Immonde
Immoral
Abjects les moyens mis en œuvre pour casser, éviter le débat...
Debout faucheurs et sympathisants, marchez sur Toulouse, le 8 novembre 2004 sera notre façon ouverte, transparente (comme y disent) de débattre.
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> Le champ de maïs secret de Joël X
21 octobre 2004, par
Voilà un parfait exemple de manipulation des masses bêlantes. De l’intox pure et dure, à l’usage de ceux qui ne vont pas chercher l’info internationale là ou elle est, sur les sites indépendants.
Les exemples de contamination ne manquent pas. Je ne vais pas les énumérer puisque les visiteurs de ce site en particulier les connaissent.
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> Le champ de maïs secret de Joël X
22 octobre 2004, par Michel
et en plus cet article vient ...DU FIGARO
le pire des pires
Combien ce type a t’il touché de la part de tous ces connards pour pondre de tels mensonges ?
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