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Lettre ouverte des lycéens du lycée Bellevue de Toulouse |
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J’ai recu cette lettre d’Anne Bataille des alternatifs Midi-Pyrénées, qui me demande de la diffuser un maximum...
Che(è)r(e) collègue,
Je vous envoie la lettre que les lycéens du lycée Bellevue de Toulouse ont adressée au ministre Fillon, vendredi après la suspension provisoire de l’occupation de leur lycée. Ces jeunes sont déterminés, posés, et nous donnent des leçons d’analyse et d’engagement ! Nous ne pouvons que les soutenir. Faites-la circuler. Cordialement
Anne Bataille
Bien entendu je me sens totalement solidaire de ce combat et me fait un devoir et un plaisir de diffuser votre lettre sur les sites dont je suis rédacteur
Bon courage à vous toutes et tous ami-e-s Lyceen-n-e-s
amitiés militantes
Michel
Pendant l’occupation du lycée Bellevue, à Toulouse, nous avons décidé d’écrire une lettre ouverte afin de poser à plat nos revendications, et de donner une certaine crédibilité à notre mouvement, assez contesté ! Il parait que les lycéens ne savent pas de quoi ils parlent, n’ont pas de revendications claires, occupent et bloquent leurs bahuts pour sécher les cours... on nous prend pour des cons, en bref.
Nous n’avons pas la prétention d’écrire au nom des lycéens toulousains, encore moins au nom des lycéens français, que cela soit clair. La lettre sera diffusée aux médias, envoyée à tous les parents d’élèves de Bellevue (en réponse à la lettre du principal niant nos revendications), diffusée sur Internet, tractée autant que possible.
Nous avons aussi fait un communiqué à la radio, un appel aux lycéens, aux professeurs, à toute personne contestataire du gouvernement, à rester mobilisés.
Voici cette lettre ouverte : celle-ci doit être envoyée à un maximum de personnes, afin que notre mouvement soit enfin clairement expliqué : nous avons besoin de soutien.
vendredi 25 mars 2005
Des Lycéens du lycée Bellevue, Toulouse.
A Monsieur Fillon, Ministre de l’éducation.
Objet : Lettre ouverte.
Monsieur,
Depuis maintenant deux mois, les manifestations lycéennes se multiplient. Malgré la forte mobilisation, votre gouvernement reste sourd à nos revendications. Nous déplorons la manière dont vous semblez percevoir notre mouvement et jugeons nécessaire de faire entendre publiquement nos revendications. Nous désirons par ailleurs instaurer un dialogue afin de vous faire part de ce que nous refusons catégoriquement dans cette réforme, et des grandes lignes de la logique éducative que nous désirons voir appliquée.
Suite aux manifestations importantes et répétées qui n’ont donné suite à aucune modification satisfaisante, nous avons pris l’initiative de durcir notre mouvement. Ainsi, depuis maintenant quatre jours, nous occupons le lycée Bellevue à Toulouse, et avons provoqué la fermeture administrative de l’établissement. Notre mouvement n’est pas isolé, il fait partie d’une dynamique nationale.
Nous sommes conscients que le système éducatif actuel nécessite une réforme. Cependant celle proposée accentuera les inégalités déjà trop fortes :
Le socle commun réduit au minimum les connaissances (lire, écrire, compter, communiquer), et n’inclut aucune matière permettant de développer un sens critique. En effet, il se limite à la maîtrise du français, des mathématiques et d’une langue vivante. Jusqu’où va la culture humaniste et scientifique dont vous parlez ? Vous oubliez des matières essentielles, l’histoire-géographie par exemple, au profit de la maîtrise des techniques de l’information ... Nous savons que dans le monde actuel, de telles notions ont leurs importances, mais elles ne doivent pas s’imposer au détriment d’une culture générale nécessaire à l’épanouissement et au développement de chacun. Si cette culture générale n’est pas dispensée dans l’école publique, les inégalités vont s’accentuer, et empêcher la mixité sociale.
Vous vous désolez de l’horaire hebdomadaire des lycéens français, qui est le plus lourd de tous les pays de l’organisation de coopération et de développement économique, ce qui est a vos yeux, néfaste au travail personnel des élèves. Pour y remédier, vous dites : « il est souhaitable de réduire le nombre des options au lycée ». D’autres pays européens, puisque vous désirez comparer, parviennent à maintenir les options, tout en gardant un nombre d’heures de travail personnel suffisant. Pourquoi devrions nous supprimer les options, qui, là aussi, sont indispensables à l’épanouissement élargi à tous les aspects de la culture ? En effet, pour que chaque élève trouve la voie professionnelle qui lui convient, il est impératif d’avoir un accès gratuit à des apprentissages diversifiés, en redonnant leur importance à l’art, l’éducation physique et sportive, sans oublier les langues anciennes ou les options telles que les sciences économiques et sociales. De plus une spécialisation plus marquée dans les sections risque de cloisonner encore plus les débouchés de chaque série. La suppression des options ne ferait qu’accentuer cette situation.
Il est certain qu’un lien entre les besoins d’employés, de main-d’oeuvre, dans les différents secteurs d’activité, et les diverses formations est nécessaire, pour éviter un décalage qui créerait davantage de chômage ; mais il ne faut pas que l’évolution du marché dirige la logique éducative, sans tenir compte des aspirations individuelles de chaque élève. Les options de découverte professionnelle que vous proposez orientent-elles les élèves selon leurs désirs et passions, ou selon les besoins économiques de la France ?
Bon nombre de vos propositions sont accompagnées de tableaux précis des budgets fixés « dans la limite des crédits ouverts chaque année par la loi des finances ». Quelles sont exactement ces limites ? Vont-elles permettre d’appliquer tous les projets annoncés dans votre loi ? Jusqu’à quel point peut-on se fier à vos promesses, alors que vos budgets restrictifs sont déjà votés ? Dans quelle mesure vos restrictions budgétaires, non énoncées explicitement, auront-elles des conséquences, qui pourraient se révéler inacceptables, sur les postes et les effectifs ?
De plus, nous notons un paradoxe indéniable : les suppression de postes de professeurs entraîneront logiquement une surcharge des classes (environ 40 par classe). Pour assurer un bon apprentissage, pour favoriser la participation en cours, et un soutien aux élèves susceptibles d’avoir des problèmes de compréhension, il est impératif de réduire les effectifs qui ne doivent pas dépasser vingt-cinq élèves par classe. La proposition faite dans la loi, à savoir le dédoublement des classes de langues, est en soi une très bonne initiative de votre part, mais en application concrète, une demi-classe comprenant 20 personnes est absurde. Dans ces conditions, comment un professeur peut-il faire face aux difficultés de chaque élève ? Quelle est la part d’investissement que nous pouvons exiger d’un professeur ? Nous ne voulons pas d’une éducation de masse, l’enseignement est avant tout une vocation, un plaisir dont il faut permettre la mise en place .... mise en place irréalisable si les effectifs augmentent ... encore.
Nous sommes d’accord avec le dédoublement des classes "en fonction de leur intérêt pédagogique", qui est indispensable dans les matières clefs de chaque section. Bien sûr, nous approuvons le maintient du dédoublement de classe dans les cours de langue, comme énoncé dans la loi, s’il permet de créer de réels "petits groupes" où la pratique orale des langues sera possible. En effet nous sommes conscients que dans le cadre européen, la connaissance des langues étrangères est une nécessité. A ce niveau là, il serait intéressant de commencer l’apprentissage d’une seconde langue vivante dès la première classe du collège.
Nous prenons en compte et n’ignorons pas les retraits qui ont été faits pour la réforme du bac ; en revanche, nous blâmons la logique qui ressort des aspects énoncés précédemment. Ils montrent une école au service de l’économie et de la croissance. Nous pensons que les objectifs de renforcer l’égalité des chances et d’augmenter la culture générale sont primordiaux, mais nous ne sommes pas d’accord avec la manière dont vous comptez les atteindre.
Par exemple, la liaison des chefs d’établissement avec un représentant des forces de l’ordre est loin de répondre avec pédagogie aux problèmes de tout ordre que peuvent rencontrer les lycéens. Cette mesure entraînera un rapport de force, l’impression d’un manque d’écoute, d’agressivité qui n’est pas souhaitable. Néanmoins, la création de postes d’assistants d’éducation pourra aider à résoudre les problèmes de violence de façon intelligente.
Nous pensons que notre éducation doit rester indépendante de l’offre et la demande de travail, et des besoins des entreprises. Ce n’est pas à ce marché de décider de nos apprentissages, l’école a pour but de façonner le citoyen, sa personnalité et ses aptitudes, et non pas de former des unités de production. L’école est un service public qui doit impérativement être autonome, pour que chaque élève s’épanouisse sans influence extérieure orientée. Dans cette même perspective, l’école doit donner de façon équitable un bagage culturel suffisant pour un bon développement de l’esprit critique.
Nous n’avons pas la prétention d’imaginer un projet de loi, mais il nous semble indispensable de vous communiquer nos idées, et les grandes lignes de la logique que nous voulons voir appliquée. C’est pourquoi nous avons rédigé cette lettre avec la ferme intention d’instaurer un dialogue. Devant votre obstination, votre mutisme, votre mépris à l’égard de notre mouvement, qui ne s’est jamais essoufflé, nous mettons à plat nos revendications. Une démocratie n’implique-t-elle pas une écoute des attentes du peuple, et donc aussi des lycéens qui le constituent ? Nous faisons, par la présente lettre, une demande officielle à notre droit d’écoute, étant donné que les manifestations légales n’ont pas été prises en compte.
Monsieur le ministre, rester sourd et aveugle face à un mouvement de cette ampleur ne nous semble pas être une attitude constructive. Ce type de comportement n’est pas tolérable de la part d’un gouvernant. Vous prétendez que ce n’est pas la rue qui gouverne, et que ce n’est pas au nombre de lycéens dans les rues que vous mènerez votre politique, mais ce n’est pas en l’ignorant que vous trouverez l’appui de la majorité.
Dans l’attente d’une réponse rapide de votre part,
Les lycéens du lycée Bellevue, Toulouse.
Information aux lycéens de Bellevue : l’occupation a cessé pour le week-end de Pâques, pour des raisons de sécurité. Mais le blocus et l’occupation reprennent mardi matin : nous donnons rendez-vous à tous les élèves de Bellevue mardi matin, aux alentours de 4h30-5h, afin de réinstaller barricades et campement. Nous appelons aussi tous les lycéens de tous les lycées à en faire de même : nous devons rester mobilisés.
adresse du forum de Bellevue : http://bv3.kouak.org*
Michel1955
Création de l'article : 30 mars 2005
Dernière mise à jour : 6 avril 2005
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> Lettre ouverte des lycéens du lycée Bellevue de Toulouse
16 septembre 2005, par
Bonjour Laetitia (Menouer), tu devrais te rapeller de moi, c’est Marjolin Lafaye, si tu veux me repondre voici mon adresse email : castor_troy_le_marsien_5tZ_yahoo.fr
tchao
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