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5 raisons de dire OUI, 5 mensonges. |
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Je ne suis pas un homme politique, je ne suis pas non plus un juriste qualifié ni un expert du traité constitutionnel européen, mais je n’accepte pas pour autant qu’on se moque de moi.
Je suis un simple citoyen qui cherche à se positionner pragmatiquement vis à vis de cette "constitution", sans jugement rapide, ni préjugé.
En tant que jeune électeur "de gauche", je me dirige naturellement vers le Parti Socialiste.
J’atterris donc sur leur site web de campagne (oui-socialiste.net) et une énorme image s’impose à moi, à la façon d’une publicité des plus méprisables : "5 raisons de dire OUI".
Allons bon, je clique, pour voir...
L’arnaque commence dans le titre : "5 raisons de dire Oui à la Constitution européenne".
Rappelons à nos amis socialistes la définition d’une constitution : "Ensemble d’éléments formant un tout homogène". Comment un texte écrit ici principalement par un seul homme (notre bien Giscard), peut-il rassembler et former un tout homogène ?
Visiblement, le PS et l’UMP ont choisi la définition royaliste du terme : "Constitution des rois de France. « La loi se fait par la constitution du roi et le consentement du peuple » (BAINVILLE, Histoire de France, t. 1, 1924, p. 46)."
D’où l’idée de rédiger d’abord le texte sans la participation du peuple, et ensuite de lancer un référundum pour lui faire croire qu’on s’inquiète de son avis.
Par ailleurs, pendant que je suis à parler de Giscard, quand on demande à celui-ci des éclaircissements au sujet de cette "constitution", celui-ci, de son grand ton paternaliste, répond "cette constitution, je l’aime". Rappelons à ce Monsieur qu’il est membre du Conseil Constitutionnel et que ce statut lui impose une neutralité absolue.
Comme quoi, ceux qui écrivent les lois sont finalement les premiers à passer au dessus.
Mais revonons à nos moutons, les socialistes (qui sont des vrais moutons, j’insiste !). Dans leur grand texte fondateur "5 bonnes raisons de dire OUI", je lis :
1. L’Europe sociale passe par le oui
Malgré le fait que la constitution prône sans équivoque, une "concurrence libre et non faussée", le PS affirme quand même qu’elle protège les travailleurs, le droit à la sécurité sociale etc...
Malheureusement, c’est faux. Il faut savoir que le droit au travail, le droit à un revenu minimum, le droit à un salaire minimum, le droit à une allocation de chômage, le droit à une pension de retraite, le droit à la couverture des soins de santé, à un logement décent qui sont garantis dans les constitutions de l’Allemagne, du Danemark, de l’Espagne, de Finlande, de l’Italie, de l’Irlande, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal, de Suède ne sont pas garantis par la constitution européenne.
Au sujet des droits à la santé et à la sécurité sociale, le traité "reconnaît et respecte" ce qui se fait dans les Etats, et sans plus, ce qui n’engage à rien.
Aussi, le droit au travail devient le droit de chercher un travail, ce qui est tout à fait différent.
Aussi, le constitution européenne n’adhère pas à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui reconnaît tous ces droits, mais elle adhère à la Convention européenne des Droits de l’Homme qui ne les reconnaît pas.
Dans ce même point, le Parti Socialiste affirme que "les services publics sont garantis. Leur financement par l’état comme par les collectivités locales sera possible en dérogation aux règles de la concurrence."
Ce qui est foncièrement faux, dans la constitution, "services publics" deviennent "services d’intérêt économique général" et on peut lire alors à l’article III-166, 2 : "Les entreprises chargées de la gestion de services d’intérêt économique général ou présentant le caractère d’un monopole fiscal sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence".
Tout l’inverse des déclarations hâtives du Parti Socialiste.
Voyons le deuxième argument :
2. Une Europe plus démocratique
Le PS affirme que "Un million de citoyens pourront prendre l’initiative d’une loi européenne". Certes, mais il faut préciser que cette "initiative" doit se présenter sous la forme d’une pétition, que cette pétition est ensuite évaluée par la commission européenne, qui décide ensuite ou non d’en reprendre les idées à son gré pour écrire une proposition de loi qui doit encore être votée ensuite au parlement.
Ce chapitre dans la constitution est intitulé "Démocratie Participative", quelle ironie quand on sait que la démocratie participative, la vraie a lieu à Porto-Alegre et dans des conditions tout à fait différentes. Ici, la commission fait tampon entre "le peuple" et le parlement, elle a le pouvoir de faire blocage et d’empêcher le passage de cette "loi" au parlement.
Plutôt indirecte comme démocratie...
De plus, il faut se souvenir que la constitution indique que l’unanimité des Etats membres est requise pour toute modification de celle-ci. Autant dire que ça n’arrivera jamais.
3. Une Europe plus forte
Le Parti Socialiste, (en grand mouvement altermondialiste qu’il n’est pas) prétend que la constitution européenne permet de former une "Europe plus forte face aux Etats-unis".
C’est tout le contraire, les USA espèrent bien une vitoire du OUI puisque l’article I,41,7 joue clairement en leur faveur. je cite :
« Les engagements et la coopération dans ce domaine [en cas d’agression] demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l’OTAN qui reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l’instance de sa mise en œuvre. »
Rappelons que la plus haute instance de l’OTAN est dirigée par un officier américain, lui-même sous le commandement du gouvernement des Etats-Unis.
4. Une Europe plus protectrice
Sur ce paragraphe, le PS reprend ses arguments énoncés dans le point numéro un "une europe sociale", arguments auquels j’ai déjà répondu, les droits dont le PS prétend que la constitution protège ne sont pas cités dans celle-ci.
De plus, la constitution est parsemée d’allusions volontairement floues au sujet de la protection des personnes.
par exemple, concernant les OGM, la constitution stipule : "un niveau élevé de protection des consommateurs est assuré". Ni plus, Ni moins. Ce qui ne définit aucune règle et n’engage à rien.
5. Une Europe plus efficace
Ici, c’est le passage que je préfère, tenez lisez par exemple :
"Le poids de la France, avec le nouveau traité constitutionnel, passera à 13 % (contre 9 % aujourd’hui)."
D’où sortent ces chiffres ? Que veulent-ils dire ? Comment ont-ils été calculés ? Qu’est ce que "le poids de la France" ?
Rien n’a de sens, mais pour le PS : "ça fait bien".
C’est comme si on disait : "ce nouveau gel-douche est 120% plus efficace que l’ancien"...
En définitive, l’argumentaire du PS, c’est de la publicité, rien d’autre.
Et quand on dit "NON", le PS répond : "vous dites donc non, comme le Pen".
Pour moi, l’une des valeurs fondamentales de la gauche, c’est de faire appel à la raison des gens, à leur intelligence, pas de jouer de la peur et du marketing politique pour vendre une pseudo constitution...
Finalement, le PS n’est pas de gauche, et moi, je voterai NON, un véritable NON de gauche !
Joseph Paris
Création de l'article : 28 avril 2005
Dernière mise à jour : 25 avril 2005
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> 5 raisons de dire OUI, 5 mensonges.
17 mai 2005, par
Je n’y comprends plus rien ! Les débats se succédent et suis tjs aussi perplexe ! A chaque fois que quelqu’un énonce une opinion qui me semble bonne, un autre l’a démolie ; je me dis qui a donc raison la-dedans ? Alors je me suis fait une philosophie, je vais voter comme les gens que j’aime, je sais dedans aussi il y a des oui et des non ; je vais faire une liste exhaustive et compterai les pts et advienne que pourra ! Si le bateau coule, je serai avec des potes et c’est déjà pas si mal. Vive la fraternité européenne !
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du "oui de coeur" au "Non de raison"...Propos de "oui-ouistes" : "comme on ne peut pas contrer les arguments du Non, il faut le discréditer, le ringardiser" !...
17 mai 2005, par olivier
Bonjour,
J’ai le plaisir de vous transmettre un lien pour accéder à l’article étonnant suivant :
"Témoignage d’un revenu du Oui - arguments inédits en faveur du Non, par Thibaud de La Hosseraye.
(16 mai 2005)
Campagne pour la ratification ou le rejet du projet de Constitution pour l’Europe"
Le lien : http://www.legrandsoir.info/article...
J’ai vu cet article hier sur le site "Le grand soir infos"...Vraiment étonnant comme texte !
Je résume brièvement :
Thibaud de La Hosseraye, était "naturellement" favorable au "oui" au tce...Il était même membre actif de l’un des principaux états-majors du oui "jusqu’à ce que, progressivement confronté au texte lui-même par la nécessité de répondre aux arguments du non, j’en vienne à réaliser que ce projet de Constitution était dangereux pour la démocratie républicaine".... !
J’arrête là, je préfère renvoyer le lecteur au lien internet pour découvrir ce texte et ces aveux "d’un revenu du Oui" qui sont vraiment édifiant...et constructifs en faveur du Non !
Bonne lecture...
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> du "oui de coeur" au "Non de raison"...Propos de "oui-ouistes" : "comme on ne peut pas contrer les arguments du Non, il faut le discréditer, le ringardiser" !...
18 mai 2005, par
merci de l’info, c’est vraiment très intéressant.
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“ La France ne réalise pas sa chance ” par Romani Prodi
28 avril 2005
“ La France ne réalise pas sa chance ” par Romani Prodi - 24/04/05
Ce serait la catastrophe. Un “ non ” serait dramatique pour l’Europe sociale et économique, pas seulement pour l’Europe politique. Elle sera marginalisée, et ce parce qu’il n’y a pas d’Europe sans la France. C’est là toute la contradiction : tout le monde sait très bien qu’il n’y a pas d’Europe sans la France, or la France ne réalise pas la chance qu’elle a avec l’Europe. Elle doit donc réfléchir car, seule, elle sera très faible.
ITW par Gilles Delafon
Ancien président de la Commission européenne (1999-2004), ancien président du Conseil italien et actuel leader de la coalition de gauche, ROMANO PRODI REAGIT AU DEBAT FRANÇAIS SUR LA CONSTITUTION EUROPEENNE.
“ Comment réagissez-vous aux enquêtes d’opinion donnant le “ non ” gagnant au référendum en France ?
Il est impossible pour moi d’envisager un “ non ” français. J’ai toujours imaginé la France comme le pilier de l’Europe, alors je considère le référendum comme l’un des défis politiques les plus importants de l’histoire contemporaine, et je n’exagère pas. Mais il n’est pas facile de comprendre les changements de l’opinion publique française. Certes, la Constitution n’est pas parfaite, mais c’est la meilleure possible à ce jour et certainement un progrès dans la direction de l’intégration sociale et politique, un pas en avant vers le modèle que la France a toujours défendu et promu. Un petit pas bien sûr, pas définitif mais dans la bonne direction.
Avez-vous le sentiment qu’en France, on débat actuellement des vraies questions ?
Je suis un expert des référendums : en Italie, j’en ai une expérience longue et très profonde. Malheureusement, on ne répond jamais, ou pas exclusivement à la question posée. On se prononce sur la confiance au gouvernement ou sur la confiance en l’économie, sur des problèmes qui ne sont pas liés à la Constitution. Il faut donc ramener la débat à la question fondamentale, à savoir le rôle de la France dans le monde : sera-t-il plus fort si elle est au sein ou en dehors de l’Europe ? C’est ça le vrai problème. Or une politique internationale forte insufflée par la France n’est possible qu’au sein de l’Europe.
Qu’est-ce que vous inspire justement la campagne en faveur du “ non ” menée par certains socialistes français ?
En Italie également, il y a des extrêmes qui disent “ non ” parce que la Constitution ne leur suffit pas. Moi aussi, j’ai cherché à avoir une Constitution plus avancée, avec moins d’unanimité, avec une politique sociale plus forte, mais ce que nous avons obtenu était le maximum possible. Le mieux est l’ennemi du bien. La sagesse, à l’extrême gauche aussi, est donc d’adopter la Constitution proposée parce que c’est la meilleure de toutes les alternatives.
Que diriez-vous à des jeunes Français angoissés par leur situation économique ?
L’avenir économique est difficile pour tous et pour les jeunes, il l’est particulièrement. Mais il sera beaucoup plus difficile sans l’Europe, parce que la Chine représente vingt-trois fois la population de la France ou de l’Italie. Si la Chine dormait, parfait, mais elle est réveillée, et la France, l’Allemagne ou l’Italie ne peuvent rien seules !Ensemble, nous arrivons à cinq cents millions d’Européens, alors avec l’intelligence, la richesse, les ressources humaines des vingt-cinq, nous avons la possibilité de donner un avenir aux jeunes ? Seuls, ce n’est pas possible. Dans le domaine scientifique par exemple, il n’y a aucune possibilité d’être à l’avant-garde de la recherche, s’il n’y a pas d’Europe.
Si vous étiez encore président de la Commission, que feriez-vous au lendemain d’un “ non ” français ?
Je ne veux même pas y penser ! Ce serait la catastrophe. Un “ non ” serait dramatique pour l’Europe sociale et économique, pas seulement pour l’Europe politique. Elle sera marginalisée, et ce parce qu’il n’y a pas d’Europe sans la France. C’est là toute la contradiction : tout le monde sait très bien qu’il n’y a pas d’Europe sans la France, or la France ne réalise pas la chance qu’elle a avec l’Europe. Elle doit donc réfléchir car, seule, elle sera très faible. Je comprends que, si on se penche sur le passé, on puisse dire que la puissance française a diminué avec l’Europe mais, si on regarde le futur, il est clair que le rôle de la France sera nul s’il n’y a pas l’Europe. C’est la seule possibilité pour elle de jouer un rôle mondial.
Deviendra-t-elle alors le “ mouton noir de l’Europe ” ?
Pire que ça, il n’y aura plus d’Europe. Nous passerons par une grande période de crise. Le problème ne sera pas seulement la catastrophe de la France mais la chute de l’Europe. Ce sera bien pire que le mouton noir.
Diriez-vous que les Français se comportent en enfants gâtés de l’Europe, qui ne comprennent pas les bienfaits qu’ils en tirent ?
Oui, mais c’est la situation générale, ce n’est pas seulement français. Parce que la presse, surtout la presse britannique a toujours fait porter à l’Europe la responsabilité de tout ce qui n’allait pas. Tout comme beaucoup de politiciens, et de tous les pays, aussi bien français, italiens qu’allemands ... À chaque fois que quelque chose ne marche pas, ça y est, c’est Bruxelles qui fait des bêtises ! J’ai lutté contre ça ... mais voilà, on en paie aujourd’hui les conséquences : l’opinion publique est contre l’Europe. Pourtant, je n’ai aucun doute : au moment de se prononcer, seuls dans l’isoloir, les Français voteront “ oui ” parce qu’ils comprennent que, même si l’Europe a des limites et qu’elle a fait des erreurs, elle est la seule grande innovation politique pour sauver nos pays.
Mais vous-même, vous rêviez d’une autre Constitution, plus forte ...
Oui, justement, et cela fait de moi un témoin crédible. J’ai lutté pour une Constitution plus forte et j’ai compris que ce n’était pas possible maintenant. Alors, il faut défendre le résultat obtenu parce qu’alternative, c’est une Constitution beaucoup plus faible, le retour au traité de Nice. Cette Constitution est beaucoup plus avancée. Sa méthodologie a été beaucoup plus démocratique : Nice a été fait dans la nuit, entre les seuls chefs de gouvernement, alors que la Constitution a mobilisé la démocratie européenne, avec les Parlements nationaux et les parlementaires européens. Je le répète, j’aurais aimé une Constitution plus forte, mais je suis désormais un combattant au service de cette Constitution.
Et ceux qui en France disent qu’il sera possible de renégocier ...
Rappelez-vous du vote sur la création d’une armée européenne (ndlr : en 1954, la France s’est prononcée contre) Aujourd’hui, cinquante ans après, nous n’avons pas encore d’armée européenne, alors ... Peut-être sera-t-il possible d’avoir une discussion, mais l’expérience historique en ce domaine est très négative. Imaginez qu’en 1954, il y ait eu un vote en faveur d’une armée européenne, l’Europe serait aujourd’hui le leader mondial.
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> “ La France ne réalise pas sa chance ” par Romani Prodi
28 avril 2005, par
Mardi 19 Avril 2005 La théorie du chaos ne tient pas la route !...un NON pour renégocier !
Un article intéressant publié dans le Figaro le 18 avril 2005 qui nous révèle qu’on envisage déjà une renégociation et un "plan B" en cas de NON français le 29 mai.
De quoi faire taire les partisans du OUI qui agitent le spectre du chaos...
Bruxelles : de notre correspondante Alexandrine Bouilhet
A Bruxelles comme à Paris, évoquer l’hypothèse d’un « plan B » en cas de non français relève du sacrilège. « Il n’y a pas de plan B ! », assure le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier. « Aucun plan B ne circule, surtout pas chez nous », répond, en écho, la Commission européenne. Cette réaction est compréhensible. Les partisans du oui craignent de faire grimper le non en donnant crédit à un scénario de substitution. Quand ils parlent des conséquences d’un non, ils annoncent une « crise politique », un « séisme », mais restent flous sur les issues. Mais ce jeu de cache-cache ne saurait durer, ne serait-ce que pour rassurer les marchés financiers, qui détestent l’incertitude.
Certes, le « plan B » au non français n’existe pas sur le papier, pas encore. Mais dans les esprits, il est déjà abouti. Il vient s’ajouter au plan secret concocté par Paris et Berlin en cas de non britannique. Plus récente, la version destinée au possible non français est le fruit d’un travail d’experts mené entre Bruxelles et les capitales depuis dix jours. Il s’appuie sur les compétences des juristes, des diplomates et des chercheurs des « think tanks » bruxellois.
Dans ses grandes lignes, il s’agit d’un scénario technique, en plusieurs étapes, misant sur le temps et les évolutions politiques dans les capitales. « Les solutions légales pour sauver le traité d’un non ne manquent pas, concède un chercheur du Centre européen de sciences politiques (Ceps), mais peu nombreuses sont celles qui s’adaptent politiquement au cas français. » Un exemple : si Bruxelles est passé maître dans l’art de faire revoter les peuples malentendants - elle l’a fait avec les Danois en 1992 et les Irlandais en 2001 -, une telle option, toujours possible en théorie, paraît impensable politiquement avec les Français. « Ils râleraient tellement fort !, confie un haut fonctionnaire de la Commission, et ils auraient raison : ce qu’on a fait avec le Danemark et l’Irlande était limite... »
Première étape : après le 29 mai, les ratifications continuent. C’est dans la logique du traité constitutionnel, signé par les Vingt-Cinq, à Rome, le 29 octobre 2004. Un traité international est soumis à des règles intangibles. « Les Vingt-Cinq pays de l’Union doivent avoir l’occasion de s’exprimer sur ce texte », insiste le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bernard Bot. Interrompre, ce serait nier les ratifications qui auront précédé le vote français, en Espagne, en Italie et en Allemagne notamment. Le Danemark et les Pays-Bas ont déjà annoncé qu’ils n’annuleraient pas leurs référendums. « La machine à ratifier ne s’arrêterait pas si la France disait non. Ce serait impossible », assure-t-on à la Commission. Jacques Chirac l’a reconnu jeudi soir sur TF 1. Le scénario de la poursuite des ratifications aura le mérite de relâcher la pression sur la France. Par effet de domino, ou par euroscepticisme, d’autres pays pourraient dire non, notamment les Pays-Bas le 1er juin, la Pologne le 25 septembre, et le Danemark le 27 septembre. Pendant ce temps, le traité de Nice continuerait à s’appliquer et il n’y aurait aucune crise institutionnelle à Bruxelles. « C’est en France qu’il y aura une crise. Pas à Bruxelles », assure-t-on dans la capitale européenne.
Deuxième étape : le Conseil européen fait le bilan politique, dès 2005, puis en 2006. Cette étape de bon sens est prévue par le traité lui-même, les dirigeants européens ayant prévu, avant de signer, l’hypothèse d’un ou plusieurs non. Il s’agit de la déclaration n° 30, annexée au traité. « Si, à l’issue d’un délai de deux ans à compter de la signature du traité établissant une Constitution pour l’Europe, les quatre cinquièmes des Etats membres ont ratifié ledit traité, et qu’un ou plusieurs Etats membres ont rencontré des difficultés pour procéder à ladite ratification, le Conseil européen se saisit de la question. »
Chaque Conseil européen, notamment celui du 16 juin prochain, permettra de faire le bilan. Si la France et les Pays-Bas, deux pays fondateurs, disent non, le prochain sommet européen sera évidemment consacré à la question. Toute interruption du processus de ratification, à ce stade, nécessiterait un accord unanime des Vingt-Cinq, ce qui semble improbable, même si Tony Blair pourrait être tenté de dire : « J’annule mon référendum. » « Cette étape cruciale, purement politique, doit permettre de dédramatiser la non-ratification éventuelle du traité, et déjà d’ouvrir d’autres pistes pour montrer que l’intégration européenne, même ralentie, continue », explique un diplomate allemand.
Troisième étape : le traité est dépecé. Il entre en vigueur par morceaux. Suivant le nombre de non enregistrés en fin de course, la Constitution est soit enterrée, soit renégociée en partie. Dans les deux cas, une nouvelle négociation politique s’engage. Mais sur des bases entièrement nouvelles. Si le rejet n’est pas trop massif, il est possible d’établir un « traité bis », allégé de la partie III, par exemple, concentré uniquement sur les institutions. Si plusieurs grands pays votent non, la France, la Pologne et la Grande-Bretagne, par exemple, le traité est mort politiquement mais il peut être ressuscité en partie. Il suffira de sélectionner ses innovations les plus consensuelles et de les introduire par accord intergouvernemental ou interinstitutionnel (Conseil, Commission, Parlement), ou encore par un petit traité d’une page ratifié par les parlements.
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> “ La France ne réalise pas sa chance ” par Romani Prodi
29 avril 2005, par
je cite :
Rappelez-vous du vote sur la création d’une armée européenne (ndlr : en 1954, la France s’est prononcée contre) Aujourd’hui, cinquante ans après, nous n’avons pas encore d’armée européenne, alors ... Peut-être sera-t-il possible d’avoir une discussion, mais l’expérience historique en ce domaine est très négative. Imaginez qu’en 1954, il y ait eu un vote en faveur d’une armée européenne, l’Europe serait aujourd’hui le leader mondial.
Quelle tristesse que l’Europe ne soit pas leader mondial des busheries ! nous sommes obligés de laisser Geoge Walker exceller en pacifiant l’Irak ...
Eh bien non M. Prodi, les Européens ne sont pas tous des va-t-en guerre, et ne demandent pas à ce que leurs pays augmentent toujours leurs capacités militaires (cf TCE, ARTICLE I-41).
NON A L’EUROPE DES CANONS !
Fima Millau
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> “ La France ne réalise pas sa chance ” par Romani Prodi
29 avril 2005, par
Monsieur Prodi, vous faites exactement ce que je disais, vous jouez sur la peur au lieu de faire appel à la raison des gens : "votez oui sinon le mechant mouton noir va venir !" D’ailleurs je me permettrai de rajouter que dans tout votre beau texte, aucun article n’est cité, meme pas lignes, par contre il y a plein de belles paroles mais rien pour les appuyer...
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Pas d’arguments valables de la part des défenseurs du "oui"....
3 mai 2005, par olivier
Juste pour dire qu’on peut faire un constat aujourd’hui : les partisans du oui n’ont pas d’arguments valables et fondés sur la "raison"...Ils préfèrent au contraire utiliser la peur, la menace, pour défendre cette "constitution" néolibérale et inique. Par exemple : "l’Europe doit être forte pour s’affirmer dans le monde...elle doit donc être compétitive sur le marché de la concurrence...Elle doit donc développer toujours plus le néolibéralisme et la concurrence" !... Dans cette dernière idée, où sont passés la modération, l’équilibre et la régulation ??? Quels sont les arguments intéressants du "oui", je vous le demande... Pour l’instant je ne vois que de la "raison" et de la "sagesse" dans les arguments du "non", certainement pas dans les arguments du "oui"...est-ce excessif comme position ?
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