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Un maïs américain a été exporté illégalement |
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Pendant quatre ans, un organisme génétiquement modifié (OGM) non autorisé a été cultivé aux Etats-Unis et exporté, en petite quantité, en Europe sans que les autorités s’en rendent compte.
L’affaire, qui a été discutée par le collège des commissaires européens, mardi 12 avril, crée de nouvelles difficultés commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis. De leur côté, les représentants des Etats européens, réunis également mardi au sein du Comité de la chaîne alimentaire et de santé animale, "ont jugé à l’unanimité que ces importations illégales étaient inacceptables", selon Philip Tod, porte-parole de la direction générale de la santé et de la protection des consommateurs de la Commission européenne.
L’information n’a percé que le 22 mars, quand la revue scientifique Nature a révélé sur son site Internet que la firme Syngenta avait commercialisé depuis 2001, sans s’en rendre compte, des semences d’une lignée de maïs transgénique non autorisée. L’entreprise basée à Bâle, en Suisse, avait reçu une autorisation de commercialisation des autorités américaines, puis européennes, pour une variété de maïs transgénique appelée Bt 11, résistante à des insectes. Mais une variété très proche, dite Bt 10, n’a pas été proposée aux autorités et n’a donc pas reçu de permis de commercialisation.
"En laboratoire, explique Marcus Payer, porte-parole de Syngenta, il y a eu confusion entre les lignées, du fait qu’elles sont très semblables. On ne s’en est rendu compte qu’en 2004, quand on a reprocédé à une analyse très approfondie de toutes nos lignées de semences."
Entretemps, des semences de Bt 10 ont été mélangées aux semences de Bt 11. Sur quatre ans, selon Syngenta, environ 15 000 hectares ont été ainsi cultivés avec du maïs Bt 10, produisant environ 150 000 tonnes de la céréale illégale. Dès la nouvelle connue, les agences américaines EPA (Environmental protection agency) et USDA (United States departement of agriculture) ont indiqué que "la mise sur le marché non intentionnelle" du Bt 10 "ne posait aucun problème tant pour la santé humaine que pour l’environnement". Syngenta a cependant dû détruire tous les stocks résiduels de semences Bt 10 et devra verser une amende de 375 000 dollars (290 000 euros).
Mais l’affaire a débordé les frontières du fait que les Etats-Unis sont un grand exportateur de maïs. Selon un communiqué de la Commission européenne du 1er avril, "une quantité de Bt 10 constituant des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, estimée à 1 000 tonnes, a peut-être été introduite dans l’Union européenne sous couvert d’importations de Bt 11 depuis 2001". 10 kg de semences auraient aussi été plantées en France et en Espagne à des fins de recherche. Les autorités américaines n’ont informé la Commision que le 31 mars, qu’en fait le Bt 10 contient un gène de résistance à un antibiotique. Or, "selon l’Autorité européenne de sécurité alimentaire, ce gène ne doit pas être présent dans les plantes de maïs cultivés à de fins commerciales".
Le maïs Bt 10 se trouve mélangé dans le gluten de maïs destiné à l’alimentation animale. Les pays de l’Union européenne importent 3,5 millions de tonnes de gluten de maïs des Etats-Unis. Après avoir envisagé de suspendre ces importations, afin de s’assurer que le Bt 10 illégal ne pénétrera plus en Europe, la Commission s’oriente vers une autre mesure, qui pourrait être annoncée vendredi. "Les Etats membres pourraient décider d’exiger une certification réalisée par des laboratoires accrédités, accompagnant les importations de gluten, attestant que celui-ci ne contient pas le Bt 10", dit Philip Tod. Cette mesure compliquera la tâche des exportateurs, le coût de détection du Bt 10 au sein du maïs étant important. "Mais c’est la responsabilité des exportateurs, à qui appartient la charge de la preuve", précise le porte-parole européen.
Pour Adrian Bebb, de l’association les Amis de la Terre, "l’incapacité de l’industrie biotechnologique à contrôler ses produits tourne en dérision les systèmes de contrôle européens."
Hervé Kempf (article paru dans l’édition du Monde du 15.04.05)
Gilles Gesson
Création de l'article : 26 avril 2005
Dernière mise à jour : 26 avril 2005
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