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le malaise au pouvoir et le pouvoir du malaise |
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à propos du référendum sur la constitution européenne, comment sortir du malaise crée par les insuffisances de nos systèmes de pouvoir
Le mécontentement qui s’exprime largement dans un refus de voter oui au référendum est lié au marasme économique. L’Europe, le marché unique puis la monnaie unique devaient et doivent d’ailleurs toujours nous mener vers une économie florissante, enfin vers une réussite. La sortie de l’ère industrielle, la fin de l’état Providence, la mondialisation de l’économie, les atteintes à la nature, les impuissances de nos pouvoirs publics et religieux à réduire et canaliser les violences économiques, physiques, morales, nous dressent actuellement un tableau bien inquiétant. Ce n’est pas nouveau mais la somme de nos connaissances amassées ces dernières années sur la question, n’y change rien pour le moment. Sauf à reprendre la question en l’examinant d’une manière complète selon les deux façons de développer des organisations sociales : le développement sur la base d’un système de pouvoir dirigé par une minorité investie du pouvoir et du commandement ou le développement à travers une organisation en réseau des groupes sociaux qui adapte les prises de décision à chaque particularité locale de ces groupes. A ce moment là, une fin du malaise est envisageable.
Une étude du malaise dans la civilisation date de 1929 et Freud y fait découler ce malaise du conflit entre le principe de plaisir et le principe de réalité. Pris individuellement, chaque être humain cherche son plaisir mais pour vivre et survivre, il doit satisfaire des besoins individuels et donc produire des biens matériels, d’où la nécessité du travail et de la division du travail pour optimiser cette satisfaction économique. Dès qu’il trouve des biens pour survivre, d’autres questions viennent le tarauder, principalement celle de sa mort, secondairement les conséquences sur sa vie des forces de la nature et des violences commises par autrui. Bref « L’univers entier - le macrocosme aussi bien que le microcosme - cherche querelle à son programme (celui du principe du plaisir). Celui-ci est absolument irréalisable ; tout l’ordre de l’univers s’y oppose ; on serait tenté de dire qu’il n’est point entré dans le plan de la « création » que l’homme soit heureux. » Là, il y a malaise. Alors que l’homme cherche son bonheur, son bien, tout s’y oppose et sa constitution propre aussi, le fonctionnement même du principe de plaisir ne rend pas le plaisir continuel possible ». Face à ces dangers, la civilisation est une tentative de réduire la souffrance. La civilisation est pourtant bien souvent vécue comme responsable d’une grande partie de la misère. En effet, celle-ci réclame de grandes restrictions pulsionnelles et l’homme sera toujours enclin à défendre son droit à la liberté individuelle contre la volonté de la masse. D’autre part, les apports de la civilisation ne viennent pas réduire toutes les souffrances et en créent même de supplémentaires. Par ailleurs, si l’homme tente d’éviter les souffrances, il cherche aussi le bonheur et là, il bute sur un impossible constitutionnel C’est dans « Au-delà du Principe de Plaisir » que Freud développe ce point de vue constitutionnel. Quelque chose à l’intérieur même de l’homme empêche le bon fonctionnement du principe du plaisir. C’est sur ce point de structure que Lacan apportera une grande contribution à ce que nous appelons « malaise ». Pour Lacan, ce qui est structurel, c’est l’inscription de l’être humain dans le signifiant et sa conséquence : la division du sujet. Quelque chose de l’ être ne peut pas se dire et insiste à vouloir être dit. Ce quelque chose, c’est la jouissance. L’inscription dans le signifiant rend la « jouissance toute » impossible et fait de l’homme un être de désir, manquant toujours à être. La « jouissance toute » impossible de structure est vécue individuellement sur le plan imaginaire comme impuissance. Cette impuissance est vécue comme faute. Soit la faute est prise sur soi et nous voyons apparaître la culpabilité ; soit la faute est rejetée sur l’autre. C’est l’autre qui vole la jouissance, lui, il y a accès. C’est là que peuvent apparaître des violences. Cette chose qui ne peut se dire, elle ne peut pas davantage s’agir ; il y a là une autre limite, celle de la mort...
Nous n’allons pas poursuivre davantage l’exposé de cette doctrine freudienne. Et un poète répugne d’ordinaire à suivre ce vocabulaire de philosophe. Nous savons qu’une fois à Londres, Freud a rejeté la plupart de ses théories et notamment le rôle de la mort dans son oeuvre. Malinowski a beaucoup aidé Freud dans cette démarche en lui apportant l’exemple des sociétés matriarcales, en particulier son étude sur les indigènes des îles Trobriands en Mélanésie. D’autre part, sur ce « quelque chose de l’être qui ne peut se dire », Freud a eu l’intuition d’écouter les poètes, justement ces traducteurs de l’indicible qui ont eu contact avec les mystères, avec la surréalité et qui tentent de répondre à ce Dieu qui parle. La distinction entre société patriarcale et matriarcale est arrivée dans la vie de Freud à la veille de sa mort et peu de ses disciples ont écouté leur vieux maître pour poursuivre dans cette voie leurs travaux. Pourtant un parallèle, voire une corrélation existe entre patriarcat et système de pouvoir d’un côté et de l’autre côté : matriarcat et organisation en réseau. Tout n’est certes pas aussi schématique mais il faut reconnaître que les sociétés qui ont vécu des siècles et plusieurs millénaires dans une paix sociale fort acceptable et une suffisance économique toute aussi louable, ont largement emprunté au mécanisme du matriarcat. Si nous prenons comme exemple le peuple Iroquois dans la région des Grands Lacs en Amérique du Nord, l’union des six peuples indiens dans la Grande Loi qui Lie, cette première Confédération de peuples étudiée « scientifiquement » par les pères de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique, accorde le pouvoir suprême, en dernier recours, au clan des mères. Elles ont le pouvoir de destituer un chef, un de leurs fils, qui outrepasserait le cadre de ses fonctions et elles seules ont le pouvoir de nommer un nouveau candidat. De même, ce sont elles qui nomment le chef de guerre en choisissant parmi leurs fils, le plus vaillant et courageux. C’est la suite de la pratique des Celtes et en particulier des Gaulois chez qui seules les femmes votaient ou non l’entrée en guerre. Chez le peuple Moso, en Chine du Sud, l’autarcie choisie pour vivre à l’écart des autres peuples rend inutile ces questions de guerre : les hommes n’ont pas à devenir des guerriers et le peu de gibier dans ces hautes montagnes désertiques les dispense aussi du rôle de chasseur. Les armes n’ont pas lieu d’être dans les maisons et elles n’ont pas à servir pour conforter le pouvoir de quelques uns sur le groupe.
La question du pouvoir n’est donc pas unique et unique aussi la solution pour l’organiser, sauf si l’on ne prend en compte que la seule organisation de la société en système de pouvoir. Dans un système de pouvoir, le problème crucial est de faire admettre à la majorité du groupe les privilèges accordés à la minorité pour qu’elle accomplisse son travail d’édicter les règles et qu’elle puisse les faire respecter. D’où peuvent provenir ces privilèges et quelle doit être leur étendue ? Lorsque les conditions de vie en groupe et principalement les capacités de communication sont restreintes, l’expression d’un choix par un vote du groupe n’est guère possible, en tout cas il prend énormément de temps et il est peu fiable. Le pouvoir a tendance à remplacer ce choix du groupe par une source qui pour être acceptée de tous, est extérieure et au groupe et à ses dirigeants : la volonté divine est toute trouvée et devient naturelle dans ces conditions. Nous savons que les puissants de ce monde durant des millénaires dans la plupart des contrées de notre planète, ont abusé et justifié les pires crimes et génocides au nom de cette volonté divine. Les peuples qui ont souffert sous ces tyrannies ne veulent plus de cette source de pouvoir ni de ce Dieu trafiqué en grand maître de la criminalité et père de toutes les injustices. La France a beaucoup subi sous une telle tyrannie des dogmes religieux alliée au développement de l’absolutisme royal. Les règles, dans le cadre d’un tel pouvoir, sont la transcription de dogmes religieux et imposent la soumission sinon l’obéissance à la minorité au pouvoir qui s’enrichit sans limites jusqu’à épuiser le peuple et généraliser la misère pour la plupart des gens. La révolution populaire reste la seule issue pour renverser ces régimes au pouvoir dévoyé. Comme Freud l’a indiqué, l’être humain est obligé d’intérioriser les interdits produits par les dirigeants et diffusés à travers la culture gérée par cette minorité dirigeante. N’en rester qu’à cette manière d’organiser le pouvoir provoque un profond et indélébile pessimisme.
Ce pessimisme vis à vis de nos possibilités d’organiser une société plus humaine et juste s’est renforcé depuis un siècle et surtout ces dernières décennies lorsqu’il est devenu patent que le développement des sciences et des techniques n’a pas servi à modifier le pouvoir pour passer d’un système autocratique à un système bien plus démocratique. L’état en instaurant puis en gérant un contrat social a tenté de limiter voire de réduire les inégalités produites par le système économique fondé sur la primauté certaine du droit de propriété individuelle et fondé idéologiquement sur la liberté des marchés, l’un découlant forcément de l’autre. L’asservissement des technologies au droit de propriété individuel a fait l’objet de contestations plurielles qui ont toutes échouées. Seule l’union des populations pour constituer des marchés les plus vastes possibles reste la règle toujours valable : les entreprises trouvant dans ces vastes marchés les moyens d’une concurrence idéale pour, à partir des économies d’échelles, avancer à marche accélérée vers la constitutions de monopoles de fait, ou tout au moins juridiquement d’oligopoles puissants et assurer leur devenir florissant jusqu’à la prochaine révolution technologique. A elles de créer les emplois, à elles de financer le niveau de vie du pays et aux salariés à travers la généralisation du salariat, de consommer y compris et surtout à crédit sinon c’est le risque d’exclusion de l’emploi pour une grande partie d’entre eux. La mondialisation de l’économie pousse les peuples de chaque continent à s’organiser dans de vastes réseaux d’échanges de zone, l’Europe n’y faisant pas exception. Le pouvoir économique ne peut trouver sa légitimité qu’en assurant la croissance, c’est à dire la domination de son économie sur celle des autres. Lorsque l’Europe ne peut plus assurer cette domination face aux nouveaux géants d’Asie et d’Inde, tout le cœur de son pouvoir perd de sa crédibilité : les emplois disparaissent dans l’économie marchande alors que le développement des nouvelles technologies à base de télécommunications et d’informatique accélère la suppression des emplois intermédiaires dans les secteurs privés et publiques. Le malaise freudien est devenu horreur économique. Le malaise a pris le pouvoir et le peuple gronde. Il entend rediscuter les termes initiaux, originels, de sa délégation d’autorité à la minorité au pouvoir. Le développement des moyens de communication, la communication en temps réel multimédia permet maintenant à des millions de personnes de décider rapidement, de se prononcer, d’ouvrir un débat si tant est qu’une volonté des dirigeants politiques le décide. Or nous sommes arrivés à ce stade également de malaise : les moyens de communication sont présents et opérationnels, les débats n’existent guère et une réelle volonté politique de débattre n’est pas la marque du gouvernement français actuel. Donc il s’agit bien de rediscuter les termes fondateurs de la délégation d’autorité des citoyens envers leurs représentants... de combler le fossé qui les sépare.
La question de l’organisation du pouvoir dans une constitution européenne prend ainsi deux directions pas forcément opposées mais bien différentes dans leurs approches. Les dirigeants et politiciens actuels veulent poursuivre à pas mesurés mais concrets l’édification des institutions communautaires et demandent une adhésion majoritaire à ce traité constitutionnel au vu des progrès démocratiques prévus dans le fonctionnement de ces institutions. La raison souscrit à ce genre de projet. Les populations et principalement les citoyens concernés par la généralisation du salariat, la population active salariée, demandent que l’organisation du pouvoir, d’ailleurs à quelque niveau qu’il se trouve, en l’occurrence ici au niveau européen lors de ce référendum, les protège contre cette horreur économique, ce malaise qui gouverne leur existence de salariés. La raison souscrit également à ce genre de projet. Sauf que cette deuxième raison empêche la première de se réaliser... et que le malaise s’empare de nos institutions européennes, bref se généralise encore plus car jusqu’à présent, force est d’admettre que la construction européenne est un signe positif fort pour les relations entre les peuples et l’établissement d’une zone géographique à l’abri des guerres. Alors que faire ?
Incontestablement nous restons en présence de systèmes de pouvoirs, c’est à dire en présence d’organisations dirigées par une minorité dont les intérêts peuvent diverger par rapport à la majorité des citoyens. Cette divergence dans les systèmes de pouvoir a toujours la même face, la même présentation. Freud l’indiquait lui aussi : c’est la culture, le cadre de référence, les connaissances employées qui marquent la séparation entre le groupe des dirigeants et la majorité du groupe social. Celui qui sait lire et écrire dirige, c’est l’homme libre de l’antiquité. L’ignorant réalise le travail obligatoire pour la survie de tous et il s’épuise à la tâche. Cette vieille distinction sert encore à valider des conceptions politiques élitistes ou dévoyées dans une synarchie mal comprise. Lorsque chaque membre du groupe accepte les valeurs prônées par la minorité dirigeante, le système fonctionne, bien évidemment. Exclure les dissidents va de pair avec cette logique mais lorsqu’une majorité du groupe refuse d’obéir, c’est la révolution et le changement de système de pouvoir. Il n’en reste pas moins que cette difficulté peut être minimiser par des efforts de communication et d’organisation pour faire coïncider les valeurs des uns et des autres. C’est le rôle des élites au pouvoir que de gérer les utopies fédératives et les fictions unificatrices de la doctrine dominante. La liberté des marchés et la concurrence sont plus des utopies qu’une réalité, aujourd’hui même les prix Nobel d’économie l’admettent. Appliquée à nos concurrents asiatiques, l’utopie bénéfique pour l’humanité veut que ces pays en voie de développement vendent leur production légèrement en dessous du niveau des prix de revient des pays industrialisés, ceci pour maximiser leurs profits et en faire profiter leurs populations qui vont consommer davantage et donc soutenir durablement l’emplois et le progrès social chez eux. Dès lors, les pays industrialisés peuvent s’attaquer au comblement de cet écart concurrentiel relativement minime ou du moins le justifier par des avantages comparatifs significatifs et un retour à quelque chose d’équilibré peut se produire. Ceci, c’est de l’utopie : c’est la part jamais réalisée du système mais vers laquelle tous doivent tendre pour que le système fonctionne. La pratique actuelle de la Chine ne va pas dans le sens de cette utopie puisque les dirigeants de ce pays maintiennent des prix bas à l’exportation en refusant de payer mieux les salariés et de financer une protection sociale semblable à la nôtre. L’intention de dumping est alors manifeste et menace le fonctionnement du système économique libérale. Lorsque l’on ajoute que pour maintenir la primauté du parti sur le plan politique, les dirigeants dans le passé n’ont pas hésité à massacrer avec des chars quelques milliers d’étudiants en une heure au centre de Pékin, nous devons admettre que cette politique correspond à une stratégie bien établie. Si au cours du 20ème siècle, le capitalisme a du faire la guerre au fascisme, au nazisme et au communisme, à toutes ces utopies contraires aux siennes, l’affaire n’est visiblement de loin pas terminée et de nouvelles horreurs restent envisageables sans sombrer dans un pessimisme typiquement freudien.
Les utopies finissent toujours par être abandonnées lorsque la majorité du groupe sociale est forcée d’admettre leur inutilité et leur caducité. Lorsque les élites formées par la minorité au pouvoir n’arrivent plus à créer de nouvelles utopies, le fossé se creuse entre les dirigeants et les citoyens, il devient fracture sociale. C’est la fin d’un système de pouvoir : le constat que le manque de confiance envers les dirigeants est devenu majoritaire. Le malaise est au pouvoir et le pouvoir doit changer.
L’organisation en réseau fonctionne tout à fait différemment : le groupe se met en phase de résolution de problème face à une difficulté et le cas échéant, si ce problème est commun à d’autres groupes, il envoie un délégué participer à un groupe de résolution de problème avec les autres délégués de groupe. Ces experts vont élaborer une solution que les délégués exposeront à leur groupe et chaque groupe va adapter cette solution à ses particularités. Cette procédure porte le nom de principe de subsidiarité. Ce principe figure comme un des piliers de la constitution européenne soumise à notre référendum. Les décisions sont ainsi adoptées à l’unanimité. Cette manière de décider a été appliquée dans les entreprises françaises entre 1980 et 1990 lors du développement des cercles de qualité et du mouvement qualité totale. Chiffrée à 300 milliards de Francs par an en 1980, la non qualité a ainsi été réduite des 2/3 dans les entreprises françaises durant cette décennies avec l’appui, certes, de l’automatisation et de la modernisation de l’outil de production industriel. Ce n’est qu’un exemple et il reste très partiel puisque ces groupes de résolution de problèmes ont été supprimés et remplacés par la direction qualité, un service fonctionnel bien spécialisé. Ils n’ont guère été utilisés dans la fonction publique qui n’a toujours pas le droit d’expression des salariés instauré en 1982 pour le privé, droit qui servit de point de départ pour le développement des cercles de qualité. Cette pratique n’a pas été non plus mise en place pour résoudre la montée du chômage dans notre pays. Actuellement le coût de la peur dans les entreprises françaises peut s’évaluer entre 400 et 500 milliards de Francs ( entre 60 et 80 milliards d’euros ) par an et aucun groupe de résolution de problème ne s’attaque à ce gisement de productivité ou tout au moins d’économies. Seule la loi sur le harcèlement moral est intervenue en 2000. Nous voulons dire qu’en cas de difficultés sérieuses, naturellement le bon sens nous amène à mettre en œuvre ce principe de subsidiarité qui génère synergie et efficience. Mais recourir à cette pratique ne peut être que ponctuelle tant que nous laissons nos dirigeants défendre le système de pouvoir dans lequel nous sommes sinon la généralisation de cette pratique nous amène dans une organisation en réseau et nos dirigeants ne servent plus à rien car les décisions se prennent autrement, ailleurs.
Une description plus complète de la plus récente organisation en réseau toujours en fonctionnement, se trouve dans la Grande Loi du Lie du peuple Haudenosaunee et qui représente la Constitution de la Confédération des six nations du peuple iroquois ( la nationalité haudenosaunee a été reconnue en 1977 à l’ONU par dix-sept pays dont la France). Instruits par des moines venus d’Irlande via le Groenland au cours de leurs voyages vers l’Amérique centrale et la région de Tiahuanaco, ces indiens vécurent en paix et dans la prospérité depuis les années 1150 jusqu’à l’arrivée massive des colons anglais et français vers 1620. En 1754, au Congrès d’Albany, Benjamin Franklin propose l’union des treize colonies américaines, à l’image de la Confédération des Six Nations. C’est la base de la future Déclaration d’Indépendance et de la Constitution des Etats-Unis. Cette pratique politique et juridique bien supérieure à celle de l’empire romain représente le dernier vestige de l’organisation en réseau mise en place en Europe par les ordres monastiques et chevaliers, principalement par les moines bénédictins et les chevaliers du Temple avant 1307, cette période appelée depuis le temps des cathédrales en Europe. Une organisation similaire avait été mise en place par les Templiers dans l’empire inca, elle disparut avec la destruction de cet empire ordonnée par la papauté et exécutée par les conquistadores.
L’organisation en réseau présente deux grandes difficultés lorsque nous en prenons connaissance pour la première fois. La première concerne le temps mis pour obtenir l’unanimité lors d’une décision. Il faut comprendre que la solution engage l’avenir et ceci pour une période fort longue justement parce qu’elle règle un problème de fond. Ce problème concerne la manière de vivre ensemble. Pour des questions pratiques de techniques ou de manière de produire des biens, l’ingéniosité de l‘artisan ou du technicien suffit. C’est une question de bon sens ; donc la mesure technique est applicable immédiatement si elle amène un progrès. Par contre la répartition des richesses produites, les accords commerciaux, les valeurs culturelles, les litiges entre peuples ou groupes sociaux ne peuvent pas être tranchés unilatéralement et immédiatement. Ces questions font bien l’objet d’une résolution en utilisant le principe de subsidiarité. Le groupe d’experts ne devient pas permanent et le délégué du groupe lors de son retour n’a aucune supériorité hiérarchique sur le groupe. Dans le groupe, la démocratie directe n’est pas mise entre parenthèse, au contraire elle se renforce à travers cette pratique. Nous sommes ici sur le plan purement rationnel, scientifique, dans une logique juridique et constitutionnelle avec on ne peut plus de bon sens. C’est aussi la distinction entre directives et règlements communautaires.
La deuxième difficulté que rencontre celui qui aborde l’organisation en réseau tient dans cette absence de hiérarchisation du pouvoir. Le pouvoir est exercé par le groupe sans recourir à un système électoral représentatif. Par contre au niveau du commandement, des chefs sont élus ou désignés pour diriger l’application des règles de fonctionnement du réseau. S’ils viennent à commettre des abus de droit, nous avons vu que dans la constitution de la Confédération iroquoise, le peuple n’a pas à procéder à un vote, source de conflits et de discussion. Ce sont les mères qui vont nommer un autre candidat et le proposer à l’adoption par le groupe. Cette manière de procéder est elle aussi emplie de bon sens et d’humanité : qui connaît mieux un homme ou une femme que sa mère ? Du moins sur son caractère, sa personnalité, la manière dont il ou elle s’est éduqué(e) ? Il n’y a ici sur la question de la source du pouvoir suprême aucun appel à un dieu quelconque. Et venant de moines qui ont enseigné ce principe, il y a une compréhension claire et nette de cette parole des Evangiles : « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Aucun article de la Grande Loi qui Lie ne comprend le mot Dieu. Dieu n’est pas invoqué pour manipuler les gens et les rendre passifs au point d’obéir docilement Les cérémonies religieuses sont prévues à l’article 99 : « les rites et les cérémonies de chaque nation doivent se perpétuer, car, nécessaires au bien des hommes, ils furent donnés par les ancêtres ». Si le mot « religion » n’est pas utilisé, par contre le mot « spiritualité » l’est dans l’article 104 : « toutes les fois qu’un homme fait preuve d’une vie exemplaire et connaît ce qui est bien, il est naturellement en état d’enseigner. Les chefs le reconnaissent alors comme un professeur de paix et de spiritualité que le peuple devra écouter ». Ceci n’a rien de surprenant lorsque l’on relie cette constitution du peuple iroquois avec le travail bénédictin fait en Europe pour établir une doctrine chrétienne à partir du mariage des cultures celtes, hébraïques, hellénistes (et égyptiennes) et musulmanes. Restaurer et développer la spiritualité pour façonner des hommes et des femmes artisans de paix constitue bien la base du succès d’une organisation en réseau. La production permanente d’un haut niveau de confiance est indispensable dans une organisation en réseau alors que le système de pouvoir ne suppose qu’une obéissance docile à des utopies élaborées par les élites de la minorité dirigeante. La spiritualité représente une démarche personnelle pour trouver ses raisons de vivre et découvrir que ses raisons de vivre sont les mêmes que ses raisons de mourir. La manière d’y arriver consiste à entrer en contact avec les mystères de la vie : la naissance, l’amour, la mort, la vie d’après la vie humaine, bref, les temps forts d’une vie humaine que tous ont à traverser. Lors de ces contacts avec les mystères de la vie, l’initié découvre une nouvelle façon de voir son existence humaine terrestre et il découvre une présence qui vit en lui et lui veut du bien, l’aime au point de le ressusciter à la vie, de lui faire franchir la mort de son corps vers une autre dimension de la vie ( notre culture nomme cette présence « le christ », d’autres cultures la nomment autrement). Cette expérience de vie, l’initié la traduira à travers un art et il cherchera surtout à la partager en faisant le bien autour de lui, en faisant vœu de pauvreté lorsque les autres le placeront aux responsabilités pour gérer le groupe social. Le contact avec les mystères ne permet pas de déchiffrer toute ou partie de ceux-ci et l’initié ne ramène aucun savoir intellectuel particulier, il garde juste un sentiment de bonheur, de paix et d’amour. C’est tout mais c’est essentiel pour découvrir ses raisons intimes de vivre et sa manière d’aimer durant sa vie humaine...
Un esprit critique verra ici la constitution également d’une élite et qui plus est parfaitement suspecte car s’il est facile d’évaluer les connaissances académiques d’un étudiant avant de lui confier des responsabilités de gestion ou de production, il devient plus délicat d’évaluer le niveau spirituel d’un être humain. C’est exact sur le plan de l’évaluation des connaissances sauf que ce n’est pas sur ce plan qu’une évaluation doit avoir lieu. L’évaluation ne peut valablement porter que sur les résultats atteints, les actes, la capacité à agir pour réaliser le bien et minimiser les violences. Souhaitons que nos deux responsables parviennent au même résultat positif, il y aura tout de même un risque de différence notable : l’étudiant modèle dans notre système éducatif aura appris à justifier le fonctionnement de son système de pouvoir. Même sans utiliser les théories économiques car il aura compris la fin des utopies du système libéral, il restera un « Yes man » ou « Yes women », un cadre disant toujours oui à sa hiérarchie, oui car patient dans l’espoir que sa hiérarchie va trouver bientôt de nouvelles utopies pour faire croire les gens aux vertus de ce système de pouvoir et avec ce « oui » il (elle) garde ses chances de progresser dans la hiérarchie du système. L’initié depuis de lustres apprend à vivre en marge des systèmes de pouvoir, ce n’est pas forcément un « No man » car il sait la vanité de vouloir proposer un autre système à la place du système. Il se tourne naturellement vers l’alternative de l’organisation en réseau et comme chez les Iroquois, va chercher à se présenter comme un professeur de paix et de spiritualité que les chefs qui commandent vont reconnaître et le peuple écouter. Et nous en restons ici strictement au plan de la spiritualité ; pas question d’élaborer des dogmes servant à établir un système de pouvoir religieux qui vivra en parallèle avec le système de pouvoir civil et économique ou pire, viendra supplanter le système de pouvoir civil. C’est très différent de la doctrine républicaine française sur la laïcité qui est plus une utopie qu’un principe réaliste fédérateur d’actions politiques. Dans l’organisation en réseau, aucun système de pouvoir religieux n’a de place et le propre des initiés, des grands maîtres spirituels a toujours été de briser les religions de leurs temps. Aucun n’y a fait exception même si la plupart ont été mis à mort pour cela. Mais c’est une étape indispensable pour sortir d’un système de pouvoir et développer une organisation en réseau plus pacifiée et civilisée. Cette position reste très freudienne : Freud ne voyait aucune place pour lesreligions dans une civilisation digne de ce nom ; il ne fut pas le premier ni le dernier sur ce point.
La constitution européenne soumise à référendum est loin de nous amener à une organisation en réseau. Le débat actuel ne nous livre pas l’esprit de ses concepteurs et il semble qu’aucune référence à la Confédération qui servit de base à la Constitution des Etats-Unis n’est faite. Elaborée par des techniciens du fonctionnement des institutions européennes à la seule fin de mieux faire fonctionner ces institutions, elle appartient aux productions d’une élite technocratique européenne et ne recoupe pas les préoccupations citoyennes des salariés. Entre le fonctionnement des institutions et les citoyens, il n’y a aucun rêve européen nouveau, aucune utopie sinon l’affirmation de droits fondamentaux déjà inscrits dans la Déclaration de 1789 et pour lesquels les français savent comment ces utopies républicaines ont été si peu réalisées. Reste la réalité européenne dont l’élaboration doit se poursuivre. Mais l’heure du choix politique sonne : confédération de peuples, fédération avec un pouvoir autonome central par rapport au peuple, le tout dans le maintient des systèmes de pouvoirs civils et religieux actuels sans vouloir et pouvoir intervenir profondément dans leurs fonctionnements nationaux ? Ou évolution vers une confédération de peuples et de groupes sociaux organisés en réseau produisant et répartissant les richesses mieux que dans le système libéral ? Disposant d’ordres militaires capturant les criminels sans tenir compte des barrières hypocrites des états ? Restaurant la complémentarité entre les trois formes de propriété : individuelle, commune et collective ? Restaurant les trois niveaux de travail : travail astreinte pour produire les biens nécessaires à la survie, œuvres communes transmises aux générations futures, action politique pour agir et développer les valeurs porteuses du mariage des cultures et rapprocher les peuples dans un développement durable de la vie sur terre ? Restaurant les deux sources de savoir : initiatique et intellectuelle, pour développer un savoir global capable d’assurer le partage de l’espoir, cet espoir qui est la somme de nos raisons de vivre ? Agissons sur le plan local puis regroupons nos organisations dans une Grande Loi qui nous Lie. Poursuivons notre travail. Ne laissons pas le pouvoir du malaise nous diviser dans des querelles stériles sur le fonctionnement des systèmes de pouvoirs civils et religieux obsolètes. Plaçons l’espoir au pouvoir !
PS : le 21ème siècle sera spirituel.
fileane.com
Création de l'article : 29 avril 2005
Dernière mise à jour : 28 avril 2005
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> le malaise au pouvoir et le pouvoir du malaise
7 mai 2005, par fileane
Le malaise lors de ce référendum, pour nous, et pour poursuivre sur ce thème, tient aussi au fait, qu’une fois de plus, il va s’agir de voter oui pour éviter le désastre du non. A croire que les conseillers en communication de nos politiciens sont parvenus à leur faire mettre en pratique cet art de la guerre qui pour convaincant qu’il soit, tourne très vite à la supercherie et à un sentiment de colère contre ces menées anti démocratiques ...lorsqu’il ne s’agit pas de vaincre à la guerre. C’est un exemple de plus de cette théorie du T.I.N.A. : there is no alternative, il n’y a pas d’alternative à ce que l’on vous demande : c’est ça ou la pagaille, voire la chienlit !
Et ce n’est pas qu’une question de forme, cela touche au fond de la question et souligne un manque de perspective pour préparer l’avenir. A force de pratiquer l’option du plus petit dénominateur, on en vient à ne plus intéresser personne et, à coup sûr, à faire perdre du temps à celles et ceux qui veulent avancer et résoudre ce malaise propre à la fin de l’ère industrielle et aux abus de pouvoirs de la propriété individuelle des possesseurs des moyen de production et du capital. Plutôt que de proposer la transcription des grands principes de la Déclaration de 1789, nos dirigeants français auraient du prendre la peine de corriger les erreurs commises en 1789 dans cette rédaction. Principalement l’erreur de sacraliser la propriété individuelle, erreur qui est la base du système économique capitaliste puis libéral. L’autre question, pour nous, fondamentale consiste à savoir où l’on se place pour organiser une société. La question du choix entre le système de pouvoir et l’alternative de l’organisation en réseau n’est toujours pas évoqué. Contrer la propriété individuelle par un système de pouvoir qui tente d’imposer la propriété collective s’appelle faire du communisme et plus grand monde n’en veut !
La question qui taraude certains militants de gauche en France est bien celle de savoir où se situe le mouvement ATTAC. Pour nous, comme nous n’avons pas eu de réponse et que nous sommes bien obligés de nous faire une opinion, ATTAC est bien à la poursuite d’un système de pouvoir d’inspiration communiste sinon néo communiste. Que dans les années 1990, Jacques Nikonoff ait tenté et semble-t-il pas mal réussi à mener une OPA sur une frange du parti communiste, soit ! Pour développer un mouvement autant s’appuyer sur les restes d’un parti existant et utiliser sa structure bureaucratique voire ses finances. Mais il semble tout aussi que cette initiative soit restée engluée dans les marasmes du communisme le plus primaire. J’ai assisté dans les années 1997 à une réunion dirigée par Jacques Nikonoff et organisée par la section locale du parti communiste dans une ancienne maison de la jeunesse et de la culture d’un quartier. A chaque fois qu’il présentait un point que je qualifierais de « nouveau », un groupe de dames à la retraite s’évertuait à prendre la parole pour clamer que jamais elles n’abandonneraient, je crois me souvenir qu’elles ne renieraient jamais leur engagement de leur jeunesse communiste. J’ai levé la main bien longtemps pour leur répondre. L’animateur m’avait vu et connaissant la promptitude de certains de mes propos, ne m’a jamais donné la parole. Ma réponse est simple, même sans recourir à une veine poétique : à plus de 60 ans, il s’agit de parler de ses réalisations et c’est humain, de regretter qu’elles ne soient pas si accomplies que lorsque durant sa jeunesse nous les avons rêvées. Ce soir là il ne s’agissait pas de rêves, encore moins de réalisations mais d’engagement, seulement d’engagement dans un mouvement politique comme d’autres s’étaient engagés dans d’autres mouvements politiques qui se sont combattus entre eux dans le paroxysme de la seconde guerre mondiale puis dans les conflits de la guerre froide et de la décolonisation. Moi , en tant que poète, je commence par rêver ! C’est ma nature et je ne m’engage dans aucun mouvement pour remplacer mes rêves ! Il est vrai que l’homme qui rêve beaucoup n’est pas gérable sur le plan politique. C’est faux ! Reste à savoir quel plan politique ? Sur le plan d’un système de pouvoir : oui ! Les poètes dans leur inclinaison première refusent d’être embrigadés sous un système de pouvoir.. et je ne vais revenir au testament d’Essenine écrit de son sang avant de mettre fin à ses jours alors que la Gepéou vient l’assassiner, à peu près à la même époque où Hitler faisait assassiner Muhsam et d’autres intellectuels dans ses camps de concentration. Arrêtons là le bilan !
Par contre dans une organisation en réseau, il faut rêver ! La réalité du rêve, c’est le partage et la partage du rêve nous mène au bonheur, au moins à un espoir, à une réunion de nos raisons de vivre. Sur notre site nous présentons ce travail sur les 3 niveaux d’une organisation en réseau et il n’est pas achevé. Le mouvement que nous menons sur fileane.com n’a donc rien à voir avec ATTAC. Nos buts sont différents. Par contre bon nombre de nos analyses sont identiques. Il n’y a là rien de particulier. Sur notre site nous avons presque fini de présenter nos sources, nos racines. Lorsque nous indiquons que la Grande Loi qui Lie les six peuples iroquois est un exemple important d’une constitution organisant une confédération de peuples sur le principe d’une organisation en réseau, nous savons qu’après Benjamin Franklin et les pères de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis, Marx et Engels ont étudié cette Grande Loi qui Lie et ils se sont montrés emballés par cette pratique de paix et de respect de la dignité des êtres humains. Certes, si Franklin avait écouté les grands chefs iroquois lui dire de faire comme eux et de regrouper les 13 colonies dans une confédération identique à la leur, Marx et Engels n’ont pas discuté avec ces grands chefs iroquois et ces bons sauvages à la Voltaire. Mais cela ne leur aurait servi à rien. Engels a admiré cette pratique politique mais il a considéré qu’elle n’était plus applicable en Europe car les états avaient été mis en place et pour lui, il n’était plus question de les supprimer pour laisser la place à ce genre d’organisation en réseau.
C’est le choix de Marx et d’Engels. Nous faisons le choix contraire : nous entendons quitter nos systèmes de pouvoirs étatiques pour restaurer en Europe une nouvelle forme d’organisation en réseau. Laissons maintenant le cas de Lénine dont Marx n’arrêtait pas de se plaindre dans les tavernes londoniennes tant il craignait déjà les conséquences néfastes de ce mauvais élève. La source est la même mais qui nous oblige à suivre dorénavant le choix de Marx et d’Engels ? Ils ont cru aux utopies des systèmes de pouvoir et ont espéré qu’en plaçant leur idéologie au pouvoir, ces systèmes produiraient le développement social et économique harmonieux. Les poètes brisent les utopies pour faire place au droit de rêver pour chaque être vivant. Et rêver une société sans la direction d’un état n’a rien de difficile. Même sans rêver, les traces des organisations en réseau sont nombreuses dans notre passé et notre présent. La trace que j’ai retenue dans mon environnement géographique est la flèche de la cathédrale de Strasbourg ( d’autres l’ont aussi prise comme point de repère dans leurs actions publiques et militaires )... sinon je rêve sur les photos de la grande pyramide de Khéops et sur celle du peuple Maya.... Et je salue toujours la statue de Kléber, cet architecte membre des Philadelphes francs comtois qui sut initier Bonaparte justement à ces organisations en réseau et justement dans cette grande pyramide de Khéops. Le général corse ensuite s’était empressé d’organiser ainsi sa Grande Armée... à défaut d’organiser déjà aussi l’Europe de cette manière.
Alors bon, votons oui à ce traité constitutionnel car la France ne va tout de même pas bloquer l’Europe... la politique de la chaise vide pouvait se comprendre mais aujourd’hui, nous n’avons pas le choix. Voter Oui, bien sûr, mais ne pas avoir de choix, c’est crier Non ! C’est devenu trop facile de faire de la politique de cette manière en capitulant devant la complexité. d’un système que l’on ne maîtrise plus ! La constitution européenne peut être neutre et laisser des politiques de droite comme de gauche se réaliser. Encore heureux ! Mais elle n’est pas neutre pour nous : elle perpétue les systèmes de pouvoirs en place politiques et économiques et ce n’est pas elle qui nous sortira du malaise économique libéral et des méfaits de la mondialisation de ce système économique. Faire des économies en réduisant la protection sociale, réduire les frais de personnel pour maintenir à un niveau élevé la rentabilité financière des entreprises : il ne faut tout de même des années d’études de commerce et de gestion pour le comprendre ! C’est enfantin mais si c’est la seule solution pour maintenir à flots ce système de pouvoir économique, alors ces enfants mal éduqués vont retourner à l’école et apprendre à lire par exemple la signification de l’unique flèche des cathédrales achevées après 1307, juste avant que ne commence la série des rois maudits à Paris ! L’Europe a connu des périodes florissantes et certains ont même voulu les faire renaître... à la Renaissance ! Pas d’amnésie et de tabous intellectuels sur notre passé !
Nous voulons poursuivre le développement de l’Europe et pas uniquement d’elle, d’ailleurs ! Sur fileane.com, nous travaillons à une autre déclaration et à une autre constitution et pour accélérer ce développement, contrairement à d’autres, nous n’avons pas jeté notre dévolu sur un parti politique en déclin pour profiter de ses structures. Capter l’adhésion de militants qui oeuvrent consciemment ou non à la prise du pouvoir dans des systèmes de pouvoirs civils ou religieux pour ensuite les entraîner vers une organisation en réseau, à part représenter un challenge considérable en terme de manipulation d’opinions publiques et battre à plate couture les précédentes et criminelles manipulations des peuples du 20ème siècle, ne présente aucun intérêt sinon de graves désavantages. Alors nous développons une organisation en réseau pour réaliser le partage de nos espoirs...et nous avons rêvé de bâtir autre chose que des cathédrales puis que c’est déjà fait et qu’elles nous émeuvent toujours des siècles après.
fileane.com
le malaise au pouvoir et le pouvoir du malaise
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REPONSE AUX MENSONSES DIFFUSES PAR LES NONISTES : LE TCE ET LES FEMMES
29 avril 2005, par Ecolo
LE TCE ET LES FEMMES (jeudi 21 avril 2005)
EGALITE HOMMES/FEMMES
La Constitution range l’égalité hommes/femmes parmi les valeurs essentielles sur lesquelles est basée l’Union (article I-2). Cela signifie notamment que tout Etat membre qui ne respecterait pas cette « valeur » s’exposerait aux sanctions prévues par l’article I-59 de la Constitution (suspension des droits de vote de cet Etat au Conseil de l’Union). Cela signifie aussi que tout Etat candidat qui ne respecterait pas cette valeur ne pourrait pas adhérer à l’Union (article I-58).
La Constitution prévoit l’obligation de l’Union d’éliminer les inégalités et de promouvoir l’égalité hommes/femmes dans toutes ses actions (articles I-3 et III-116). La Constitution prévoit également que le principe d’égalité hommes/femmes n’empêche pas l’adoption de mesures prévoyant des avantages spécifiques « en faveur du sexe sous-représenté » (article II-83).
Le principe d’égalité hommes/femmes est intégré aux autres politiques de l’Europe : « L’égalité entre les femmes et les hommes doit être assurée dans tous les domaines, y compris en matière d’emploi, de travail et de rémunération. Le principe de l’égalité n’empêche pas le maintien ou l’adoption de mesures prévoyant des avantages spécifiques en faveur du sexe sous-représenté » (art. II-83).
CONTRACEPTION ET AVORTEMENT
En aucun cas la Constitution ne s’oppose aux législations nationales relatives à la contraception ou à l’avortement. L’article II-62 - qui dispose que « 1. Toute personne a droit à la vie. 2. Nul ne peut être condamné à la peine de mort » - ne porte pas atteinte à ce principe.
Ce texte fonde simplement l’abolition de la peine de mort sur le droit à la vie (et non sur le risque d’erreur judiciaire), droit qui figure dans la déclaration universelle des Droits de l’Homme (1948) et qui reprend les termes de la Convention Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme (1983). Supprimer « toute personne a droit à la vie », et donc répudier la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, serait un immense scandale.
En fait, la bataille des féministes et des défenseurs de l’avortement porte au contraire sur le fait que l’embryon n’est pas une personne.
La seule interdiction posée par la Constitution concerne le « clonage reproductif des être humains » qui est prévue dans l’article II-63 relatif au « droit à l’intégrité de la personne ».
DIVORCE
La Constitution n’interdit pas le divorce - et se limite à garantir le droit de se marier et de fonder une famille selon les lois nationales applicables
Ces deux droits (avortement et divorce) restent de compétence nationale, ils n’ont d’ailleurs pas en France un caractère constitutionnel, mais législatif. De toutes façons, la Constitution européenne n’empêche pas chaque pays de faire mieux !
VIOLENCE
D’une manière générale, la Constitution proclame le droit à la dignité humaine (article II-61), à l’intégrité physique et mentale de la personne (article II-63) - et interdit les traitements inhumains ou dégradants (article II-64) ainsi que le travail forcé et la traite des êtres humains (article III-65).
D’autre part, la déclaration relative à l’article III-116 prévoit que l’Union luttera contre toutes formes de violence domestique et que les Etats membres prendront les mesures nécessaires pour prévenir et réprimer cette violence et pour soutenir et protéger les victimes.
PARITE
La Constitution n’établit aucune règle ni contrainte en matière de parité hommes/femmes (notamment en matière électorale). Elle laisse aux Etats membres le soin de légiférer en la matière (en autorisant notamment des mesures spécifiques en faveur du « sexe sous-représenté », article II-83).
Un collectif de 9 associations féministes et féminines françaises (dont l’Association des Femmes de l’Europe Méridionale, la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes et l’Union Féminine Civique et Sociale) a adopté le 8 mars 2005 une déclaration dans laquelle elles se félicitent de l’inclusion du principe de l’égalité hommes/femmes dans la Constitution - et déclarent que « cela représente une victoire du mouvement des femmes en Europe ».
Ecouter ici ( real player) :
http://www.radiofrance.fr/listen.php ?pnm=pnm ://son.radio-france.fr/locales/bleugironde/infos/dom210405.ra
Ecoutez ici
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CONTRE LE RACISME ANTI-TSIGANES ET ANTI-ROMS
30 avril 2005, par Attention info. publiée par Jojo dit scoubidou
ici se trouvait une intervention fort intéressante mais sans rapport avec l’article ; cette intervention a été supprimée et proposée comme article à part entière.
le webmestre
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> REPONSE AUX MENSONSES DIFFUSES PAR LES NONISTES : LE TCE ET LES FEMMES
30 avril 2005, par fileane
l’égalité homme femme inscrite dans la constitution européenne est une condition de base : ne pas inscrire ce principe ou l’oublier aurait toucher au scandale, à une bévue momumentale. Il reste à chercher dans les pratiques des pays membres qui va nous aider comme modèle et comme exemple jurisprudentiel pour faire avancer le droit et les pratiques françaises sur cette égalité homme-femme. Vivement que cette constitution soit adoptée et que nous établissions une jurisprudence favorable appliquable chez nous... à moins de poser le problème sur un autre plan et d’utiliser le principe de subsidiarité pour faire changer les pratiques et les règles malgré nos hommes politiques français... et enfin quitter ces principes utopiques et ces fictions juridiques pour mettre en place une pratique bien plus digne pour les femmes, les hommes , les enfants en Europe et ailleurs.
Pour y parvenir, il faudra soulever une question qui n’est pas abordée jusqu’ici pour préserver la culture nationale historique de chacun : des groupes sociaux pourront-ils faire avancer une pratique conforme à ces principes fondamentaux même en présence d’une inertie des dirigeants politiques nationaux ? Les limites posées par la non définition précise du principe de subsidiarité vont-elles tenir longtemps ? La contradiction entre principe de subsidiarité et principe de compétences va amuser pas mal de juristes mais il évident que l’un va primer sur l’autre, autant appeler un chat un chat ! L’équilibre entre les deux n’est possible que dans l’inaction et l’immobilisme. Développer des pratiques conformes aux principes généraux grâce au principe de subsidiarité est une réelle opportunité pour une démocratie plus directe et moins représentative... encore faudra-t-il la réaliser...et la question de l’égalite homme-femme, à mon avis, se prête bien à ces nouvelles conquêtes démocratiques.
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Egalité hommes/femmes dans la Constitution européenne : un affichage mensonger (Attac)
1er mai 2005, par olivier
Egalité hommes/femmes dans la Constitution européenne : un affichage mensonger
L’idée que la promotion de l’égalité hommes/femmes est une préoccupation plus forte au niveau des institutions européennes est utilisée par les partisans du "oui" pour affirmer que la Constitution représente une avancée du point de vue des droits des femmes. Non seulement c’est faux, mais la Constitution contient au contraire des graves menaces de régression.
9 février 2005
Il n’y a rien de nouveau par rapport aux traités et aux Directives européennes en vigueur et il manque au contraire des droits essentiels pour les femmes. La Charte des droits fondamentaux est insuffisante, de plus sa portée juridique est très limitée et subordonnée aux autres dispositions de la Constitution. Contrairement à ce qu’affirment les partisans de la Constitution, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas reconnue comme une valeur qui fonde l’Union. Elle figure parmi les objectifs de l’Union, mais cet affichage ne reste qu’une déclaration d’intention en l’absence de tout dispositif contraignant. Enfin et c’est là le plus important, la politique libérale qui est le fondement de la Constitution est en elle-même une atteinte aux droits des femmes. Cette politique programme le recul social, l’aggravation des inégalités et de la précarité qui touche déjà majoritairement les femmes. La notion d’égalité hommes/femmes mise en œuvre par la Stratégie européenne de l’emploi est vidée de son contenu progressiste pour être mise au service du libéralisme et servir à justifier toujours plus de flexibilité.
1. Des droits manquants...
droit à la contraception, à l’avortement et à l’orientation sexuelle de son choix, droit à vivre sans violence, droit au divorce interdiction de la traite à des fins de prostitution : l’article II-65 doit interdire explicitement la traite à des fins de prostitution, compte tenu de l’ampleur croissante de l’exploitation sexuelle des êtres humains. C’est loin d’être la préoccupation des politiques libérales qui envisagent au contraire le développement de la prostitution comme un marché potentiel très profitable, au même titre que n’importe quel service ! principe de démocratie représentative paritaire : défini dans l’article I-46, il doit préciser que la démocratie n’est représentative que si elle assure une représentation équilibrée des hommes et des femmes, c’est à dire la parité, à tous les niveaux de décision économique et politique. citoyenneté : elle doit être étendue aux résident-es pour les droits sociaux. Les droits des femmes étrangères ou immigrées sont trop souvent dépendants de leur statut marital et elles sont soumises aux traditions oppressives de leur pays d’origine à travers les codes de statut personnel. droit d’asile : défini dans l’article II-78, il doit être reconnu pour les motifs de violences, répression et persécutions subies par des femmes en raison de leur sexe ou de leur sexualité.
... et même des régressions, cohérentes avec la logique libérale
droit à l’emploi
La Constitution reconnaît à toute personne "le droit de travailler" et "la liberté de chercher un emploi" (article II-75). Quelle chance ! Mais c’est bien différent du droit au travail ou à l’emploi ! Il s’agit d’une régression car le droit au travail est inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme de 1948. Alors que dans l’Europe des 25, le taux de chômage est de 9% et que le taux de chômage moyen des femmes est supérieur de 2 points à celui des hommes, il n’y a dans la Constitution aucun objectif de réduction du taux de chômage. Le chômage n’y est d’ailleurs même pas mentionné !
Rendre effectif un véritable droit à l’emploi est particulièrement important pour les femmes. C’est la condition de leur autonomie. Pourtant de nombreux obstacles existent : chômage supérieur, manque de crèches, de services de soins aux personnes dépendantes, inégalités professionnelles, emplois dégradés, etc. Ni le droit à l’emploi, ni sa transcription en terme de politique ne figurent dans la Constitution. La disparition de ce droit, l’absence de tout objectif de réduction du chômage comme de toute norme exigeante de qualité de l’emploi ne sont pas des oublis, ils sont simplement incompatibles avec la doctrine libérale qui est le fondement de la Constitution.
droit à un revenu minimum, à une pension, aux allocations de chômage
Ces droits ne sont pas reconnus. On régresse donc par rapport à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 qui déclarait que toute personne "a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et celui de sa famille [...] ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance", ou encore la Charte des droits sociaux des travailleurs de 1989 qui garantissait "le droit de bénéficier au moment de la retraite de ressources assurant un niveau de vie décent". Il n’y a pas non plus de reconnaissance du SMIC. Or tous ces droits concernent particulièrement les femmes qui sont majoritaires parmi les chômeurs, on l’a dit, mais aussi parmi les chômeurs non indemnisés, les smicards et les bénéficiaires de minima sociaux. Elles représentent en France 80% des travailleurs pauvres et 83% des retraités qui perçoivent une pension inférieure au minimum vieillesse. La suppression des droits à prestation n’est pas un hasard, c’est l’application des "grandes orientations de politiques économiques" qui définissent les politiques des Etats (article III-178). Ces orientations (GOPE) imposent la restriction des budgets publics et des prestations afin de veiller "à ce qu’il soit financièrement avantageux de rester actif sur le marché du travail". Selon les libéraux, le RMI et les allocations de chômage sont surtout des "pièges à inactivité"...
la place faite aux églises et aux communautés religieuses (article I-52) est superflue et surtout dangereuse pour les droits des femmes : la montée des intégrismes religieux, tous fortement misogynes, correspond à une menace croissante contre les droits acquis comme la contraception, l’avortement, le divorce, le libre choix de l’orientation sexuelle. Seule la réaffirmation du principe de laïcité de toutes les institutions et règles de l’Union serait en mesure de garantir les droits des femmes contre les pressions des Eglises.
2. L’égalité entre les femmes et les hommes ne fait pas partie des valeurs qui fondent l’Union...
... et dont la reconnaissance est un critère d’adhésion pour les futurs pays. Bien que mentionnée dans l’article 1-2 intitulé "les valeurs de l’Union", elle ne fait pas partie des "valeurs qui fondent l’Union" explicitement définies par la première phrase de l’article : "L’Union est fondée sur les valeurs de dignité humaine, liberté, démocratie, ...". L’égalité hommes/femmes figure uniquement dans la seconde phrase de l’article, qui dit : "ces valeurs sont communes aux Etats membres dans une société caractérisée par [...] l’égalité entre les femmes et les hommes". Ce qui ne signifie pas grand chose. La différence entre le statut des deux phrases est importante. Ce n’est pas un hasard si la Convention a refusé jusqu’au bout d’intégrer l’égalité hommes/femmes dans les valeurs fondatrices au même rang que la dignité, la liberté et la démocratie, malgré les demandes de nombreuses associations. La Commission des droits des femmes du Parlement européen elle-même s’est inquiétée de cette différence. Même le site officiel commentant la Constitution ne cite pas l’égalité hommes/femmes parmi les nouvelles valeurs ! Cela n’empêche pas les partisans du oui, y compris certaines associations de femmes, de soutenir qu’elle fait maintenant partie des valeurs et qu’il s’agit d’une avancée déterminante !
3. L’affirmation de l’égalité entre les hommes et les femmes n’est qu’un emballage vide
L’affichage de l’objectif d’égalité entre hommes et femmes (article I-3), l’interdiction des discriminations (article II-81) sont certes louables mais bien loin de suffire. Tous ces droits et principes font déjà l’objet de différentes Directives européennes et Conventions internationales : la réalité témoigne de l’écart énorme existant entre le droit formel et le droit réel ! Ce qui est primordial aujourd’hui, c’est de passer aux mesures concrètes. Cela aurait supposé de doter l’Union européenne de compétences dans ce domaine et d’instruments ambitieux. Ce n’est pas le cas. Ainsi l’article III-124 ne fait qu’indiquer prudemment : "sans préjudice des autres dispositions de la Constitution et dans les limites de compétence que celle-ci attribue à l’Union, une loi cadre européenne peut établir les mesures nécessaires pour combattre toute discrimination". Et il faudra l’unanimité pour faire appliquer les mesures ! Dans une Europe des 25 où le statut des femmes est très divers, une Constitution soucieuse de progrès social aurait dû tracer la voie d’une harmonisation par le haut de l’ensemble des droits des femmes. On en est loin puisque toute harmonisation est explicitement exclue.
4. La logique libérale de la Constitution porte la régression de la situation des femmes
Ce qui est programmé, c’est l’aggravation des politiques libérales actuelles, responsables du développement de la pauvreté, de la précarité, du temps partiel qui concernent déjà particulièrement les femmes, et c’est aussi la privatisation des services publics. L’expérience montre que le recul des services publics fait retomber sur les femmes la responsabilité des tâches qui ne sont plus assurées par la collectivité ou qui le sont à des prix dissuasifs (voir par exemple les menaces de fermeture d’écoles maternelles en France). La Stratégie européenne de l’emploi -contenue dans la Constitution à travers les lignes directrices de l’emploi (article III-206)- fait bien une place à l’égalité hommes/femmes, mais celle-ci a été vidée de son contenu progressiste pour devenir un instrument au service de la logique libérale : profiter de la main d’œuvre féminine, légitimer le temps partiel et la flexibilité, élargir le champ des activités marchandes, dégrader le statut des emplois. Un exemple significatif de l’interprétation libérale de l’égalité hommes-femmes est celui du travail de nuit, où au nom de l’exigence européenne, les conditions de travail des femmes ont été alignées sur celles des hommes... par le bas ! Se profilent aussi des menaces concernant l’alignement de l’âge de départ à la retraite et la suppression des dispositifs familiaux, pourtant accordés aux femmes à titre de compensation (bien insuffisante) des tâches parentales.
Les femmes comme potentiel de main d’œuvre : dans une perspective de pénurie de main d’œuvre, l’emploi des femmes devient intéressant. L’égalité professionnelle, loin d’être un but en soi, devient nécessaire car trop d’inégalités risquent de dissuader les femmes d’entrer sur le marché du travail !
Temps partiel, flexibilité, précarité : le partage équitable du travail domestique et parental disparaît complètement dans la conception libérale de l’égalité hommes/femmes pour faire place à la notion de "conciliation entre la vie familiale et professionnelle". Ainsi "pour favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, et entre flexibilité et sécurité", la stratégie européenne de l’emploi préconise la "diversification des contrats en terme de temps de travail". L’article III-203 de la Constitution parle de "promouvoir une main d’œuvre (...) susceptible de s’adapter". L’égalité hommes/femmes est utilisée pour légitimer toujours plus de flexibilité, le temps partiel est censé répondre à ce besoin de "conciliation" ! C’est un affichage très pratique pour masquer que le temps partiel est surtout bénéfique aux entreprises, souvent imposé et toujours très défavorable aux salarié-es. C’est la voie royale pour affaiblir la norme même de temps complet, et ouvrir la voie à l’individualisation totale des contrats de travail pour la plus grande satisfaction du Medef.
De nouvelles opportunités d’emplois de basse qualité au détriment des femmes : pour décharger les femmes de leurs tâches domestiques et leur permettre de postuler à un emploi, les besoins en gardes d’enfants et services aux personnes sont bien identifiés par la stratégie libérale qui y voit une nouvelle opportunité d’activités lucratives. Moyennant des emplois faiblement qualifiés et peu coûteux ! Ces emplois s’adressent "traditionnellement" aux femmes (il est même envisagé de faire appel aux "mamies" et aux immigrantes), renforçant par là-même la ségrégation sectorielle du travail et les inégalités salariales entre les sexes. La porte ouverte à tout type de petit boulot : lorsqu’on rapproche l’objectif d’augmentation du taux d’emploi (article III-205) avec l’absence de définition de l’emploi et à plus forte raison avec l’absence de norme sur la qualité de l’emploi, on comprend le risque de voir se développer, encore plus qu’aujourd’hui, n’importe quel petit boulot. Une norme exigeante sur l’emploi serait pourtant primordiale pour les femmes, majoritaires parmi les contrats précaires et les bas salaires. Mais une telle norme va à l’opposé des politiques prescrites à l’Union européenne, qui accordent au contraire la suprématie à la "compétitivité de l’économie" par rapport à "l’amélioration des conditions de vie et de travail" (article III-209). Cette primauté de la compétitivité va justifier encore plus le développement du dumping social.
Christiane Marty Commission genre et mondialisation - Attac - Janvier 2005
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ATTAC ? PAS SERIEUX....
4 mai 2005, par Jo ex-d’Attac
Attac ? Pas sérieux comme mouv’ avec sa vision et ses interventions unilatérales, sectaires et mensongères pour présenter le TCE et aider les citoyens à se forger leur propre opinion.
Plus rien avoir avec un « mouv’ d’éducation populaire » (pour laquelle, rappelant-le, elle reçoit une aide de l’Etat) . On rigole !) ; il s’est transformé au fil du temps en une simple office au service d’organisations politiques en mal de reconnaissance nationale au niveau de l’électorat.
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Voir l’article « Les dérives d’ATTAC . Nikonoff, sous marin du PCF fait surface... » publié sur le site : http://endehors.org/news/3364.shtml
On a pu s’interroger sur les raisons qui ont poussé B.Cassen, le premier président d’ATTAC, à coopter J.Nikonoff pour prendre sa succession.Bien sûr, il est de bon aloi au sein d’ATTAC, de ne pas faire état publiquement de son affiliation à tel ou tel parti politique. Mais lorsqu’il s’agit de présider une association comme ATTAC qui se veut transversale aux partis politiques, il n’est pas indifférent de savoir que celui qui est mis en place à une telle fonction est précisément membre de tel parti. Surtout lorsqu’il n’accède pas à cette fonction par la voie démocratique de l’élection par l’ensemble des adhérents. Une telle mise en place n’avait pas été d’ailleurs sans susciter alors bon nombre de réactions dubitatives voire négatives.
Il semble qu’on y voit un peu plus clair maintenant dans la stratégie qui devait conduire à la Présidence d’ATTAC , J.Nikonnoff, membre du parti communiste français. Chacun le sait, un certain nombre de groupes ATTAC départementaux se trouvent noyautés et pratiquement dirigés par des militants de la LCR.. Ne fallait-il pas enrayer de façon ou d’une autre un tel entrisme tellement contraire à l’esprit d’ATTAC ?
Qui mieux qu’un militant communiste du PCF était à même de le faire ? L’aversion phobique et récurrente du PCF pour tout ce qui le menace sur sa gauche et qu’il dénonce pêle-mêle comme « gauchiste » lui redonnerait à la fois une certaine crédibilité institutionnelle dans le petit microcosme politicien et le présenterait comme un élément incontournable et responsable d’une recomposition d’une gauche exsangue. Par ailleurs n’était-il pas dangereux de laisser croire qu’un mouvement comme ATTAC se trouvait peu ou prou noyauté par un parti s’affichant comme « révolutionnaire » sans s’être jamais confronté à la gestion des affaires publiques ? ATTAC ne s’en trouverait-il pas à terme gravement décrédibilisé ?
Le « pompage » par un parti irresponsable de ses meilleurs analyses concernant la mondialisation libérale n’introduirait-il pas à gauche une certaine confusion entre les partis à vocation de gouvernement et les partis à seule vocation contestataire... ?
D’autant que dans la débandade des partis « de la gauche plurielle » compromis avec la politique sociale libérale de Jospin, la déconfiture du PS et les atermoiements des Verts, on pouvait penser que même s’il s’était lui-même gravement compromis dans la politique mondialiste de l’ultra libéralisme dénoncé par ATTAC, le PCF, malgré ses scores électoraux désastreux (de l’ordre de 3% aux présidentielles) restait sans doute néanmoins le seul susceptible de rebondir.
Ayant touché le fond, n’était-il pas le mieux placé pour remonter à la surface jurant ses grands dieux qu’on ne l’y reprendrait plus ? ! On peut se tromper, non ? même si cela devient récurrent au PCF !... Cependant, doté d’infrastructures locales encore solides, encore honorablement représenté dans certaines collectivités territoriales, reconnaissant ses erreurs gouvernementales, proclamant haut et fort qu’il restait le seul garant et le héraut d’une vraie transformation sociale (sans pour autant dire, il est vrai, comment et avec qui il s’y prendrait, ni proposer, lors d’une prochaine alternance, ne serait-ce que les grandes options d’une véritable politique alternative), le PCF pouvait espérer devenir le fer de lance d’une reconstruction d’une gauche multipolaire et rendre l’espoir aux millions d’hommes et de femmes déçus par une « sociale démocratie » acquise au capitalisme et à l’économie de marché ultra libérale mondialiste.
Le PCF, fort de ses increvables militants, pouvait toujours rêver... ou du moins toujours « faire rêver » les « gens » ! Parti politique reconnu au sein du microcosme politicien, même s’il est de plus en plus rejeté et ignoré de ceux qu’il se dit avoir mission de regrouper, les petits, les pauvres, les ouvriers, les classes défavorisées et ghettoïsées des « banlieues », bref, ce que le chanoine Raffarin appelle la « France d’en bas », le PCF reste un parti respectable dans la course au pouvoir, même s’il n’est plus guère respecté par les « gens ». Il faudra encore compter avec lui lorsque les Français, épuisés et lessivés par quelques années de gouvernement-MEDEF, voudront émerger du marasme social dans lequel l’aura plongé la girouette Chirac pour qui tous les partis de gouvernement avaient appelé à voter en avril 2002. Et en prévision d’échéances qui ne manqueront pas de survenir, le PCF a des cartes à jouer. N’ayant constitué qu’un force d’appoint dans la sociale démocratie du PS, il peut, plus aisément que ce dernier, toute honte bue et relevant la tête pour la nième fois, se dédouaner des raisons de l’échec de la « gauche ».
Mais dans la perspective d’une refondation d’une nouvelle gauche, les partis de l’ancienne « gauche plurielle » doivent désormais compter avec la montée en puissance d’une « extrême gauche » qui a ravi aux partis de gouvernement plusieurs millions d’électeurs désabusés et déçus. Or ces partis, essentiellement le LCR et LO constituent un vrai danger pour les partis représentés à l’Assemble Nationale. L’un d’entre eux, la LCR s’est mis en tête d’investir une association qui refuse d’entrer dans le jeu politicien mais dont les analyses économiques et sociétales constituent des outils de qualité pour mettre en cause le système néo-libéral capitaliste mondialiste. En l’absence de tout programme crédible de gouvernement, de telles analyses, mêmes si elles sont souvent dévoyées au profit d’une démagogie révolutionnaire irresponsable, donnent à la LCR un semblant de crédibilité même si ses cadres sont davantage issus du secteur tertiaire ou du secteur public que des « masses laborieuses ».
Le style et les objectifs « révolutionnaires » affichés de ces partis qui, bien qu’ils disent se situer à la gauche du PCF, sont constitués selon les mêmes principes que les partis politiques traditionnels (structure pyramidale, hiérarchique, corpus de « doctrine » défini au sommet par un Organe central, centralisme « démocratique », discipline de parti etc.) représentent des concurrents non négligeables dans la course au pouvoir, ne serait-ce que par les voix qu’ils prennent à la « gauche respectable ». Parce qu’ils fonctionnent comme lui, parce qu’ils se proclament « communistes », ils ne peuvent pas ne pas être des adversaires redoutables pour le PCF. Parce qu’ils acquièrent une audience certaine dans les couches « populaires », ils constituent la cible première d’un Parti Communiste Français.
Or, que de tels militants investissent durablement un mouvement comme ATTAC est aussi dangereux pour ATTAC que pour le PCF. Le noyautage de la LCR, programmé au sommet, est redoutable pour ATTAC qui continue d’affirmer son refus de s’engager politiquement et sa vocation d’éducation citoyenne. Mais il l’est aussi pour le PCF qui paraît rester à la traîne de la critique altermondialiste.
On comprendra qu’il était difficile à un universitaire comme B.Cassen qui se refusait à entrer dans quelque jeu politicien que ce soit et qui affirmait bien haut qu’ATTAC est un mouvement ouvert à tous, de s’engager dans une lutte frontale contre des « gauchistes » ou des « extrémistes » en dénonçant l’entrisme d’un parti politique qui par ailleurs trouvait dans ATTAC des outils pertinents d’analyse économique, ce dont on ne pouvait d’ailleurs que se réjouir. Mais se servir d’ATTAC comme d’un tremplin d’attrape gogos ou comme une plate forme de propagande pour son propre développement devenait inacceptable et décrédibiliserait le mouvement. Conscient de la difficulté, B.Cassen préférait faire faire le ménage par un autre que lui. C’est ainsi que fut coopté J Nikonoff.
Qu’hier Nikonoff réponde à l’invitation de Chirac pour bavarder avec lui à l’Elysée sur la mondialisation libérale, on peut le comprendre, lui qui en avril dernier avait voté et appelé à voter pour lui ; il s’agissait alors pour une gauche plurielle sonnée et défaite de mettre en scène le psychodrame nécessaire pour que les apparatchiks de tous les partis, du PS à la LCR, gardent leur troupes en main, ou ce qui l’en restait, en vue d’une alternance qui finirait bien par se produire un jour. Avouons cependant qu’on était déjà là au début d’une dérive politicienne qui s’accroît de jour en jour. ATTAC est un mouvement qui regroupe une majorité d’hommes et de femmes qui, bien qu’ayant une conscience politique personnelle, n’ont jamais adhéré à un parti politique ou bien l’ont quitté par refus d’embrigadement institutionnel ou idéologique, mais aussi parc qu’ils ont conscience que l’ère de « Partis » touche à sa fin. ATTAC est composé de citoyens adultes qui n’ont que faire de mises en garde ou de consigne de vote émanant de « dirigeants » et dont la majorité recherche et explore de nouvelles voies permettant de « changer la société » sans forcément « prendre le pouvoir », du moins tel qu’il s’exerce aujourd’hui.
Or, donner des consignes de vote à des gens qui considèrent la démocratie représentative, telle qu’elle est aujourd’hui pratiquée, comme une démission citoyenne, entrer dans un jeu de tactique politicienne totalement inefficace quant à la naissance d’une « autre façon de faire de la politique », proférer des « mise en garde » envers des groupes qui ont l’ambition de fonctionner « autrement » en instaurant des nouvelles structures de participations responsables, constituent des régressions majeures dans la volonté affichée d’instaurer un « autre monde » et une « autre société ».
Quoi d’étonnant qu’ATTAC soit ainsi invité en rentrer dans le rang du conformisme politique par un membre d’un Parti qui n’a rien appris de ses échecs ni rien oublié de ses compromissions avec le pouvoir étatique en plus de cinquante années d’Histoire !
Que Jacques Nikonoff fustige aujourd’hui, les éternels « gauchistes » (entendez des groupes ou des individus « irresponsables » qui ont le tort de cheminer et de penser librement dans l’exploration de nouvelles voies sociétales et bien dont les idées ne sont pas moulées dans un cadre idéologique bien repérable ou pré mâchées par des idéologues patentés ) dans les mêmes termes et pour les mêmes raisons que tous les communistes l’ont fait depuis toujours, cela devient intolérable.
Le sous-marin du PCF Nikonoff est en train de faire surface, lui qui m’écrivait dernièrement que son appartenance du PC ne regardait que lui, au même titre que ses convictions religieuses, confirmant par là, si besoin en était, que le communisme peut toujours être assimilé à une religion et le PCF à une Eglise ... Mais de cette église et de cette religion, les Français n’en veulent plus. Les partis politique, écuries de la course au pouvoir, ont fait faillite. Il faut trouver d’autres façon de « faire de la politique », de faire participer les citoyens au choix de société qui commandent leur destin et l’avenir du monde. Inversant la course folle d’une croissance délétère destructrice de l’Homme et de la nature, ceux qui ne désespèrent par de l’Homme doivent explorer de nouvelles voies de vie en société, tant au plan économique qu’au plan politique.
Lorsque J.Nikonoff m’écrivait dernièrement qu’il fallait se méfier du noyautage d’ATTAC par les partis politiques (entendez la LCR), je comprends mieux aujourd’hui que c’était une façon comme une autre de donner le change. Mieux vaut sans doute pour lui bien évidemment qu’ATTAC contribue à constituer la nouvelle plate forme idéologique d’un PCF relooké et à apporter du sang neuf à un parti exsangue. Mais peut-on ressusciter un cadavre, même s’il bouge encore. Peut-on mettre du vin nouveau dans de vieilles outres ?
On vous remercie de vos conseils, Monsieur Nikonoff. Mais nous n’avons pas besoin de vos consignes tacticiennes et n’avons que faire de vos conseils institutionnels. Nous sommes de grands garçons et de grandes filles. Nous avons passé notre vie à lutter contre l’injustice d’une société » fondée sur le Fric.
Certes, il ne faut pas opposer les « forces sociales » au politique, mais aujourd’hui il faut prendre acte que les forces sociales s’opposent bel et bien à LA politique, j’entends celle des partis politiques qui se sont tous discrédités et prostitués avec un capitalisme ultra-libéral vis à vis de qui ils ne proposent aucune alternative crédible.
Or, sachez le bien ce sont bien ces forces sociales, dégoûtées de la politique politicienne et que vous stigmatisez comme « gauchistes » qui sont le fer de lance de cette véritable alter mondialisation que vous appelez de vos vœux pieux. Comme l’étaient les forces sociales de mai 68 que vous avez obligé de rentrer dans le rang ! Ce sont bien ces forces sociales qui veulent changer le monde sans prendre le pouvoir, bref, créer un nouvelle société.
Je persiste à penser (ou à espérer) que la grande majorité des adhérents d’ATTAC n’adhère à aucun parti politique et ont de bonnes raisons pour cela. Il ne faudrait pas que tel ou tel parti en « profite » pour y « faire son beurre » et se refaire, au delà de décennies d’erreurs et de compromissions, une sorte de virginité politique aux yeux des millions de « gens » qui ont de bonnes raisons eux aussi de se détourner de tout engagement au sein d’un parti, quelqu’il soit.
André Monjardet septembre 2003
Mis en ligne par libertad, le Dimanche 28 Septembre 2003, 16:55 dans la rubrique "Pour comprendre".
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> ATTAC ? PAS SERIEUX....voir aussi la lettre de Julien Dray
4 mai 2005, par Jo, (pas PS) militant du mouv’ d’éduc pop anti-magouilles
LETTRE AUX DIRIGEANTS D’ATTAC par Julien Dray
lundi 4 avril 2005
Que les choses soient dites d’emblée : c’est votre droit le plus strict de vous prononcer contre l’adoption du traité européen. Même évidente, cette précaution m’a semblé nécessaire : elle vous évitera de chercher à contourner le débat en vous réfugiant derrière votre thème de prédilection, le prétendu ostracisme à l’égard des partisans du non, valeureux « résistants » du pluralisme face à la « pensée unique du oui ». Ces premières semaines de débat ont montré que la situation était exactement inverse à celle que vous déplorez avec des sanglots dans la voix.
Car enfin quelle certitude dans vos propos ! Quelle manière belliqueuse de mener la discussion ! Sans même en rajouter, à vous lire et à vous entendre, on apprend que tout partisan du oui serait un suppôt de Seillière, un ultra-libéral patenté, et en aucun cas un esprit de gauche. D’où vient, soudain, cette façon de « débattre » que vous montrez, faite de mises à l’index, de sectarisme et de caricature ?
Cette posture m’inquiète, et en premier lieu pour ATTAC. Car je suis bien loin d’être un « attacophobe ». J’ai toujours cherché à ce qu’ATTAC et le PS ne se regardent pas en chiens de faïence mais échangent et débattent. D’ailleurs, nous nous fréquentons depuis longtemps. J’ai été le premier député à déposer, en 1994 - avant même la création de l’association -, un amendement parlementaire proposant l’instauration de la taxe Tobin, et j’ai participé à la fondation, avec une poignée de députés, du comité ATTAC de l’Assemblée Nationale. Ce compagnonnage rend encore plus insupportables ces errements.
J’accepte votre point vue. Tolérez le mien en retour. D’autant que c’est aussi le point de vue des 25 partis socialistes d’Europe, de tous les partis écologistes et de la majorité des autres partis de gauche, de 83 syndicats sur 86, commissions ouvrières espagnoles comprises. Bref, l’écrasante majorité de la gauche politique et syndicale européenne soutient le traité. Certes, cela n’invalide pas derechef votre position. Mais voilà qui devrait au moins vous convaincre d’adopter un ton moins inquisitorial. Car ils disent oui et ils sont de gauche. Les deux choses ne sont donc pas incompatibles, semble-t-il, sauf à considérer, selon un vieux procédé qui fleure bon la forteresse assiégée, que tout le monde est de droite, sauf vous.
J’ai voté contre le traité d’Amsterdam et celui de Nice, au moment où bien des hérauts du non considéraient la chose comme une pitrerie, et s’occupaient des « choses sérieuses »... parfois dans des ministères. Je faisais valoir à l’époque que ces traités continuaient l’intégration économique sans que l’intégration politique et sociale ne fasse de progrès. Un grand marché sans contrôle politique, soumis aux seules lois du marché, voilà ce que mettaient en place Amsterdam et Nice. L’instauration conjointe du Pacte de stabilité et de l’indépendance caricaturale de la Banque Centrale instituait de fait une « constitution économique », puisque parallèlement, le surplace démocratique, institutionnel et social risquait de déposséder le politique de ses capacités de régulation. Voilà quelle était ma position et je n’en retire pas une ligne. Vous reprenez, aujourd’hui, quasiment mot pour mot, cet argumentaire. Sauf que désormais, il y a justement ce traité constitutionnel.
Et celui-ci marque au contraire une rupture, une dynamique nouvelle possible dans la construction européenne car ce sont précisément l’intégration politique, l’approfondissement démocratique et les droits sociaux qui progressent pour la première fois depuis très longtemps. C’est un début de rééquilibrage et de réorientation, qui fait écho au processus démocratique et à l’émergence d’une conscience européenne qui sont en marche, dans l’Union, comme à ses portes. Pendant des années, nous avons regretté cette absence de contrepartie politique face à la toute-puissance de l’intégration économique et au moment où elle s’amorce, il faudrait la rejeter ? Avec la gauche politique et syndicale européenne, je préfère engranger ces avancées.
Loin de parachever l’Europe libérale, ce traité est une première brèche. Il donne les moyens à une gauche majoritaire en Europe d’inverser le cours des choses et de faire avancer l’Europe sociale. Même si les avancées en question ne sont pas l’horizon indépassable du socialisme (mais ce n’est pas l’objet d’une constitution), elles peuvent créer les conditions permettant de dépasser les contraintes hérités des traités précédents.
Demain, la gauche sera plus forte avec le traité, c’est-à-dire avec des objectifs de l’Union qui ne s’arrêtent pas à la concurrence libre et non faussée comme c’est le cas depuis 1957 mais qui s’étendent par exemple au plein emploi, à la justice sociale, au développement durable (art I-3), avec des coopérations renforcées dont le champ est élargi (art I-44), avec une base juridique pour les services publics (art II-96, III-122) permettant d’adopter une loi-cadre, avec la charte des droits fondamentaux (partie II), consacrant outre le droit de grève, le fait syndical, la protection contre les licenciements injustifiés, l’accès à la protection sociale et la lutte contre les discriminations, avec aussi l’extension du champ d’application de la majorité qualifiée à une vingtaine de nouveaux domaines comme la justice et les affaires intérieures (art III-262-265-266-270-271-272-276), l’énergie (art III-256) ou l’agriculture (art III-230-231), avec encore un sommet annuel tripartite sur la croissance et l’emploi (art I-48), avec un Eurogroupe face à la Banque centrale, ou enfin avec la clause sociale (art III-117), qui permet d’annuler tout acte de l’Union qui ne prendrait pas en compte la dimension sociale. Tous points d’appui que nous n’aurons pas si le non l’emporte. Car voilà la faille de votre argumentation : en votant non, on ne règle aucun des griefs que vous portez à l’encontre de la construction européenne. La partie III, que vous qualifiez d’enfer libéral , n’est, faut-il encore le rappeler, que la reprise des traités existants, qui continueront de toute façon à régir l’Europe, même en cas de non. Et par contre, tout ce qui contrebalance cette partie III, serait jeté aux oubliettes en cas de refus. Je ne peux pas suivre cette « logique » politique. John Monks, le secrétaire général de la CES a bien résumé la situation en déclarant : « le capitalisme international n’a pas besoin d’une constitution, nous, oui ».
Car fondamentalement, si pareille mésaventure arrivait, le grand vainqueur serait le seul marché, ou plus exactement, les libéraux -le gouverneur de la banque centrale en tête- satisfaits de conserver l’architecture actuelle qui leur sied comme un gant, puisqu’elle est débarrassée de tout contrepoids politique véritable. N’importe quel observateur attentif aura remarqué que Barroso lui-même ne serait pas fâché par la victoire du non, lui qui multiplie les interventions et les provocations sans ignorer qu’il fait figure de repoussoir. Il ne refuserait pas ce « cadeau » qui servira sa vision exclusivement libre-échangiste de l’Union, sans qu’il n’ait à en porter le chapeau. Vous objectez que ce traité est une constitution, ce qui le rend indépassable, et qu’à ce titre, il faut le rejeter car il interdirait tout progrès ultérieur. Ce n’est pas l’avis du conseil constitutionnel qui lui accorde la même valeur juridique que les précédents traités, qui, depuis 25 ans, se succèdent pourtant les uns aux autres. On a connu plus intangible. Et comme les faits sont têtus, la récente révision du pacte de stabilité -que j’avais moi-même un peu vite qualifié de « gravure dans le marbre »- devrait achever de vous en convaincre : aucun texte ne s’applique ad vitam aeternam, ce sont les hommes et les rapports de force politiques qui font l’histoire, pas les seuls textes. Ce traité n’est donc pas la fin de l’Histoire que vous dénoncez. Plus encore, il introduit une procédure de révision simplifiée, « la clause passerelle » (art IV-443 et 444) qui permet d’étendre le champ de la majorité qualifiée dans des domaines encore régis par la règle de l’unanimité (par exemple la fiscalité) sans passer par une révision totale du texte. De la même façon, le droit d’initiative populaire (art I-47), en permettant à un million de citoyens de l’Union d’inciter la commission à soumettre une proposition législative selon un mécanisme qui favorise l’organisation de mouvements de citoyens à l’échelle transnationale, rend aussi la modification du traité moins ardue. Cela permettrait par exemple à ATTAC d’avoir la possibilité de faire débattre de la Taxe Tobin au Parlement européen ou dans les autre instances de l’Union. Ce traité sera dépassé, comme tous les autres : d’où l’importance du travail commun des gauches à l’échelle européenne pour exiger qu’il le soit dans le sens d’un traité social. Notre oui est à l’opposé d’un esprit de résignation que vous nous attribuez. C’est un oui de combat, qui prend ce traité pour ce qu’il est : une étape qui nous rapproche de notre objectif de socialistes : faire enfin l’Europe sociale.
Vous dites aussi, que c’est justement dans cet objectif d’obtenir une Europe sociale que vous préconisez le non au motif qu’il lancerait une négociation pour un meilleur traité. C’est la fameuse théorie de la « crise salvatrice », version modernisée du grand soir ! Il reste à démontrer sa praticabilité. Certes, ce n’est pas « oui ou le chaos » et le dernier sondage établissant que pour une majorité de nos concitoyens, si le non l’emporte, il ne se passera rien, est assez juste. En cas de rejet du traité, alors dans un premier temps, tout continuera comme avant, au mieux. Mais cela peut aussi annoncer le début du pire. Vous rejetez cette possibilité en rétorquant que l’on renégociera tranquillement sur la base de l’onde de choc du non français. Mais qui renégocierait ? Chirac ? Raffarin ? Et avec qui ? La commission ? Les gouvernements ? Le parlement ? Tous ont des majorités conservatrices. Et sur quelle base politique ? Car il n’y a qu’en France où certains évoquent un « non de gauche ». Ailleurs, le non est avant tout un non souverainiste, antifédéraliste et conservateur. Voilà quels sont ceux qui triompheraient, le 29 mai au soir : les anti-européens et les libéraux. Or, à part dire non, y-a-t-il des points d’accords entre vous qui permettraient de faire émerger un meilleur texte ? Ce n’est pas vous faire injure que de vous faire remarquer qu’il y aura forcément des tenants du non qui revendiqueront leur part de victoire.
Dès lors j’ai du mal à entrevoir le caractère salvateur de la crise que vous préconisez. Il n’y a ni rapport de force installé, ni conditions favorables, ni instruments pour la mener, ni majorité politique pourtant indispensable pour aboutir positivement. Et par conséquent, le non n’offre aucun autre débouché concret que celui d’un retour au traité de Nice, c’est-à-dire, un surplace.
Reste le chemin nouveau qu’ouvrirait un non venu de France, ralliant tous les autres pays et peuples à son cheval blanc, au seul motif qu’il vient de France. C’est sans doute très patriote et volontaire, mais cela tourne violemment le dos à la méthode originale de la construction européenne, fondée sur la libre adhésion. Si je poussais jusqu’au bout cette argumentation de « l’exemplarité » du modèle français, vous verriez rapidement à quelles dérives il peut conduire, au regard du passé... Nous ne sommes pas en 1791 ou au temps des conquêtes Napoléoniennes. Je ne crois pas à la formule selon laquelle « l’Europe sera républicaine donc française ou ne sera pas ». L’Europe, à ce stade, parce qu’elle est une libre association, est forcément un compromis. La seule question qui alors, vaille d’être posée est de savoir si ce compromis est acceptable ou non par rapport à nos valeurs. De la même façon que j’ai toujours pensé qu’il était impossible de faire le socialisme dans un seul pays, il est impensable d’imaginer faire l’Europe qu’avec la France. Notre continent n’avancera jamais à coup d’oukases : renverser la table, parce que nous sommes la France, n’est pas de nature à convaincre.
De la part d’Attac, un mouvement qui avait réactualisé, à ses débuts, la solidarité internationaliste et qui avait su se dire « alter » et non anti-mondialisation, la pente prise est surprenante et décevante. Les moyens de militer aussi, qui avec l’affiche de Gardanne, s’éloignent très loin de l’esprit d’intelligence et d’éducation populaire des débuts, pour sembler épouser la bonne vieille propagande manichéenne.
Tout se passe comme si vous compreniez ce référendum comme une sorte de « match retour » du tournant de 1983 ! Mais c’était il y a 22 ans, au temps où certains pensaient encore, à gauche, que la « protection » aux frontières nationales était de nature à dominer la mondialisation... Comme si nous étions sommés de choisir entre le socialisme et l’Europe ! La vérité est pourtant inverse. Si la France était sortie du Serpent Monétaire Européen, elle n’aurait pas mené une politique progressiste mais au contraire une cure d’austérité sans précédent, pour tenter de stopper les attaques contre le Franc. Et je suis même convaincu que si 1997 n’avait pas été si proche du passage à l’euro, jamais nous n’aurions pu assurer le passage aux 35 heures. C’est l’intégration européenne, politique et sociale (c’est la voie que propose ce traité) et non plus seulement économique qui nous permettra d’agir pleinement pour la régulation et la redistribution à l’échelle efficiente. Dans la mondialisation, être de gauche, c’est être européen. C’est ce que disent aussi les autre socialistes dans le monde, eux qui adaptent cette orientation selon laquelle pour retrouver des marges de manœuvre que les nations n’ont plus quand on les prend isolément, il faut s’unir dans une construction supranationale. C’est bien ce que fait le président Lula au Brésil, en relançant le Mercosur et en envisageant une monnaie unique, un marché unique, un parlement commun et des fonds structurels pour les régions. Cette mise en commun, en Europe comme partout, est avant tout une protection contre la toute-puissance des marchés.
Dans ces conditions, pourquoi tant d’obstination à diaboliser ce traité, et avec lui, la construction européenne, pourtant forcément ambivalente, puisque faite de compromis par nature ? Pourquoi épouser cette tradition si souverainiste de nationaliser les succès et d’européaniser les problèmes ? Pourquoi cette morgue à l’égards des autres gauches en Europe ? Pourquoi cette rhétorique douteuse sur les nouveaux entrants, uniquement perçus comme des concurrents déloyaux ?
C’est Jacques Nikonoff lui-même qui a vendu la mèche, en écrivant noir sur blanc qu’il fallait voter non « pour conduire à une clarification de la position du Parti Socialiste...qui pourra arriver à maturité au moment des élections présidentielles de 2007 ». Voilà donc le pourquoi de cette trajectoire étonnante. Et celui de cette violence à l’égard du oui de gauche. On comprend mieux aussi l’affiche de Gardanne comme l’hallucinante déclaration de Bernard Cassen soutenant à la suite de la manifestation de Guéret les agissements violents d’un groupuscule d’extrême-gauche à l’encontre du premier secrétaire du Parti Socialiste. Chacun est libre de ses actes. Mais je me permets de donner un conseil : « plumer la volaille socialiste » ou dénoncer des prétendus « sociaux-libéraux » qui seraient une sorte de « sociaux traîtres » d’aujourd’hui n’a provoqué qu’échecs et catastrophes en chaînes à gauche. Vous connaissez autant que moi la longue liste des défaites produites par la division et la surenchère. D’autant que finalement, on trouve toujours plus radical que soi. Souvenez-vous par exemple de ce qui vous est arrivé il y a peu au forum social de Londres...
source : http://www.lateteagauche.org/article.php3 ?id_article=228
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Multitudes : « Appel pour un OUI d’espoir et de combat »
5 mai 2005, par Posté ici par jojo Scoubidou (faucheur volontaire)
Mise en ligne le mardi 19 avril 2005
Nous voulons l’Europe politique pour changer la politique de l’Europe.
Depuis le traité de Rome, l’Europe s’est construite sur l’économie. Le charbon et l’acier d’abord, l’agriculture, le marché unique et la monnaie unique. Depuis le traité de Nice l’Europe est un vaste marché de 25 pays, mais un fantôme politique. Pour la première fois dans l’histoire de l’Europe, aujourd’hui 25 gouvernements sont prêts à jeter les bases de l’Europe politique en instituant un peu de supra-nationalité, Le traité qu’on nous demande de ratifier aujourd’hui est le véritable acte de naissance de l’Europe politique. Il représente le compromis maximum possible dans la démocratisation du pouvoir européen entre les 25 gouvernements actuels, Il a été âprement négocié par nos députés lors de la convention européenne.
Nous votons OUI, car l’Europe est la seule institution politique qui puisse offrir une alternative à l’hégémonie mondiale des USA. A l’heure où les néo-conservateurs américains se lancent à modeler le moyen orient et l’EUROPE ORIENTALE aux conditions de leur leadership, il est urgent que l’Europe se dote d’une politique étrangère unifiée.
Nous votons OUI au TCE, car c’est le texte de refondation de l’EUROPE À 25 pays. Même s’il ne représente pour nous, français, qu’une petite avancée politique, il est pour l’EUROPE entière, un pas de géant. Il est la garantie de l’intégration progressive des pays de l’Est de l’Europe au sein d’une fédération démocratique et d’une égalisation « par le haut » des conditions de vie des populations.
Nous votons OUI au TCE, car les nouvelles « règles du jeu » contenues dans le TCE sont plus démocratiques et plus efficaces que celles du traité de Nice qui régit nos institutions aujourd’hui. Il définit clairement le principe de subsidiarité qui régit depuis le niveau local, les dévolutions de chaque institution.
Nous votons OUI au TCE, car il donne plus de moyens pour se faire entendre, aux représentants élus du parlement européen et au mouvement populaire. Ces moyens, nous nous engageons à les utiliser tout de suite pour contrer les politiques les plus contestables des gouvernements et de la commission européenne.
Nous votons OUI au TCE, car il définit des droits fondamentaux qui font de l’Europe à 25 un garant du respect des droits de l’homme et de l’environnement, de l’égalité Homme femme et des droits des enfants.
Nous votons OUI au TCE, bien qu’opposés aux politiques ultralibérales, inscrites dans le texte, car nous savons que le refus de ce texte laisse le traité de Nice, plus libéral encore, en vigueur. Pour les combattre, il nous faut poursuivre la construction d’un grand mouvement social européen, capable de s’opposer concrètement à chaque proposition ou décision antisociale. (comme pour la directive « Bolkenstein »)
Nous votons OUI au TCE, car les peuples d’Europe s’emparent désormais de la question européenne et qu’il est possible ainsi de défendre une vrai politique d’opposition de gauche au parlement européen en s’appuyant sur des mobilisations sociales européennes. En France, même la mobilisation autour du NON de gauche aura eu le mérite de propager un nouvel intérêt populaire pour l’Europe que nous voulons, sociale, écologique et solidaire.
Nous votons OUI au TCE, car la majorité de droite au parlement européen (dont est issue la commission) ne sera pas éternelle et que nous construisons dès maintenant une alternative politique capable de promouvoir, avec le mouvement populaire et les alter-mondialistes, l’Europe sociale et écologique dans les faits. Une autre Europe est possible, mais elle est dans celle-ci.
Nous votons OUI au TCE, car ce texte renforce le pouvoir du parlement européen, seule instance élue au suffrage universel, et nous donne les moyens de changer les politiques qui y sont inscrites .
Nous votons OUI au TTCE contre Chirac, son plus mauvais défenseur car nous combattons tous les jours sa politique de casse sociale et de régression politique dictée par le capitalisme financier.
Nous votons OUI au TCE contre tous les souverainistes et tous les nationalistes de droite et de gauche qui refusent la supra-nationalité. A l’heure où les multinationales brassent des budgets plus importants que ceux des états, seule la dimension européenne peut redonner du poids à l’action politique et empêcher que nous soyons soumis au diktat des organismes financiers privés.
Nous votons OUI au TCE contre les ultra-libéraux qui ne veulent pas d’une Europe politique capable d’orienter l’économie vers le plein emploi et une vie décente pour tous, à l’opposé de leurs intérêts financiers. L’Europe politique sera un contre pouvoir précieux face à la mondialisation ultra libérale prônée par l’OMC.
Enfin nous votons Oui au TCE en sachant que le progrès social ne sort jamais directement d’un texte le plus beau soit il, mais des mobilisations populaires capables d’arracher aux puissants des droit nouveaux pour transformer les mots en réalité sociale.
http://multitudes.samizdat.net/article.php3 ?id_article=1961 http://multitudes.samizdat.net/
La "famille" de Multitudes/Samizdat : frères et soeurs...
Yann Moulier Boutang, Toni Negri Rédacteurs de Multitudes
Aris Papatheodorou animateur de Samizdat
Alain Lipietz vert et auteur sur Multitudes
Laurent Guilloteau, Maurizio Lazzarato, Antonella Corsani, Jeanne Revel, Jérôme Tisserand. Tous membre et "responsables ? ? ?" de AC ! ( Agir ensemble contre le Chômage !), de la Coordination des Intermittents et Précaires d’Ile de France ( CIPidf ), promoteurs de la MayDay Parade et du "revenu garanti" ...
De : Multitudes mercredi 4 mai 2005
Mutitudes
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le "oui de combat", une mascarade ?
6 mai 2005, par olivier
Bonjour,
Je réponds directement dans le message. Par rapport à attac, on verra plus tard...Mais je précise d’emblée qu’attac n’est pas un parti politique, c’est une association qui est indépendante de tout pouvoir politique, mais qui souhaite également agir sur les mouvements politiques, mais en toute indépendance ! C’est une association qui, c’est moi qui le dit, agit sur la politique, tout en étant dans le domaine « culturel » et dans le domaine de « l’éducation populaire »...
« Depuis le traité de Rome, l’Europe s’est construite sur l’économie. Le charbon et l’acier d’abord, l’agriculture, le marché unique et la monnaie unique. Depuis le traité de Nice l’Europe est un vaste marché de 25 pays, mais un fantôme politique ». Oui, et c’est d’ailleurs dans la stratégie des néolibéraux de faire en sorte que les citoyens ne s’intéressent plus à la politique, de faire en sorte que la politique soit soumise au dogme néolibéral, de faire en sorte que « l’Europe soit un fantôme politique »...
« Pour la première fois dans l’histoire de l’Europe, aujourd’hui 25 gouvernements sont prêts à jeter les bases de l’Europe politique en instituant un peu de supra-nationalité, Le traité qu’on nous demande de ratifier aujourd’hui est le véritable acte de naissance de l’Europe politique. Il représente le compromis maximum possible dans la démocratisation du pouvoir européen entre les 25 gouvernements actuels, Il a été âprement négocié par nos députés lors de la convention européenne ». On y croit pas, arrêtez votre baratin. Quand on analyse concrètement le TCE, on ne peut que constater que c’est un manifeste néolibéral et qu’il empêchera, si il est adopté, toute émergence de toute alternative à la pensée unique néolibérale...Le TCE, c’est un vide politique où seule la pensée unique des banquiers et des gros actionnaires a sa place ! La convention européenne n’est pas une assemblée constituante, etc. De plus, la « construction européenne de ces 50 dernières années, c’est l’avancée progressive mais effective du néolibéralisme, et c’est la mise en oeuvre du « déficit démocratique » de l’union européenne, avec la mise en place d’institutions élitaires et technocratiques, telles que la Commission européenne, le Conseil européen (les gouvernants des pays riches défendant l’ultralibéralisme), etc. La démocratie ne demande qu’à revivre au sein de l’Europe, les peuples européens se réveillent, mais le TCE ne fait qu’aggraver le « déficit démocratique » ! Alors, le « droit de pétition », le parlement européen tel qu’il est déterminé dans le tce, etc., ce ne sont que des leurres, des mirages ! Les citoyens n’auront toujours pas leurs mots à dire d’après cette « constitution », ils ne pourront pas participer aux processus de décision (notamment les associations, les ONG), alors que par exemple la Commission européenne et la Banque centrale européenne seront hors de portée de tout contrôle citoyen ! Et le tce détermine certaines valeurs (sans oublier que la valeur principale, c’est « l’économie de marché ouverte où la concurrence est libre et non faussé »...) mais elle ne détermine pas de mesures contraignantes pour exercer ou appliquer ces valeurs...C’est comme si le tce parlait dans le vide, pour faire jolie, mais qu’il ne donnait absolument aucune garantie pour préserver les droits collectifs, les services publics, etc. Pire, le tce met en oeuvre les moyens pour détruire les services publics et pour démanteler les droits collectifs que les élites ont dû concéder dans le passé ! Les droits sociaux, les droits des femmes, le droit de l’environnement, etc., sont considérés comme des « entraves à la concurrence libre et non faussée ». Alors, on peut dire que toute alternance politique ne servira à rien, si la « constitution » est adoptée !
« Nous votons OUI, car l’Europe est la seule institution politique qui puisse offrir une alternative à l’hégémonie mondiale des USA. A l’heure où les néo-conservateurs américains se lancent à modeler le moyen orient et l’EUROPE ORIENTALE aux conditions de leur leadership, il est urgent que l’Europe se dote d’une politique étrangère unifiée ». Non ! Récemment, Bush et ses faucons ont déclaré dans le « Financial times » qu’ils étaient complètement favorables au tce, même si ça les dérangeait que l’argument principal du oui soit de faire « contrepoids » aux USA ! Cela discrédite d’emblée cet argument fallacieux.. De plus, le tce soumet l’UE à l’Otan ! Qui dirige le ministre de la défense américaine, lui-même responsable de l’Otan ? C’est Bush ! Récemment, n’a-t-on pas vu les députés européens applaudirent l’arrivée de Paul Wolfovitz à la tête de la Banque mondiale ? N’est-ce pas lié à un compromis euro-américain pour favoriser l’accès à la présidence de l’OMC pour Pascal Lamy le « socialiste » ? De plus, l’UE, notamment par rapport à la « libéralisation » (et donc la privatisation) des services, est encore plus un moteur de la mondialisation néolibérale que ne le sont les USA eux-mêmes ! etc. etc. Résumons : voter oui au tce = voter oui à la soumission de l’Europe aux USA et à leur politique « étrangère » impérialiste et guerrière !....C’est cela que vous voulez ????
« Nous votons OUI au TCE, car c’est le texte de refondation de l’EUROPE À 25 pays. Même s’il ne représente pour nous, français, qu’une petite avancée politique, il est pour l’EUROPE entière, un pas de géant. Il est la garantie de l’intégration progressive des pays de l’Est de l’Europe au sein d’une fédération démocratique et d’une égalisation « par le haut » des conditions de vie des populations ». Encore un autre mensonge ! Comment les pays de l’Est ont-ils été intégrés à l’UE ? Par l’intervention de la Banque mondiale et du FMI ! Ces institutions néolibérales et élitaires ont formatés les systèmes sociaux (l’économie aussi, etc.) des pays de l’Est (par exemple la Pologne) pour les adapter au dogme néolibéral et pour permettre aux pays riches de l’ouest de pouvoir exploiter ces pays nouvellement intégrés à l’UE ! C’est cela « l’élargissement de l’Europe », avoir de nouveaux pays à exploiter pour faire des profits... Et je ne parle pas de la directive européenne sur « la libéralisation services », la directive Bolkestein, qui est tout comme l’AGCS (accord général sur le commerce des services), fortement lié au tce : mêmes définitions des services, mêmes valeurs, mêmes objectifs, tous les « auteurs » dans la tendance néolibérale, etc. Le tce, c’est l’impossibilité d’une harmonisation fiscale, environnementale, sociale, par le haut...c’est le dumping social et environnemental assuré !
« Nous votons OUI au TCE, car les nouvelles « règles du jeu » contenues dans le TCE sont plus démocratiques et plus efficaces que celles du traité de Nice qui régit nos institutions aujourd’hui. Il définit clairement le principe de subsidiarité qui régit depuis le niveau local, les dévolutions de chaque institution ». La démocratie, c’est le « partage du pouvoir »...Et c’est aussi une démocratie « représentative » (par exemple le parlement) et « participative » (à faire émerger...) ! Or le tce ne garantie pas la souveraineté populaire des peuples européens, le parlement européen déterminé par le tce n’est pas un parlement authentique (par exemple, il n’a pas l’initiative des lois, etc.). Et le droit européen prime sur le droit national et sur les constitutions des Etats membres. C’est un non-sens de parler de « plus de démocratie » grâce au tce...Et le traité de Nice est d’orientation néolibérale...Le néolibéralisme avance masqué, il n’a pas besoin de démocratie ! Enfin, avec le tce, on a de quoi démasquer le néolibéralisme, puisque tout son contenu donne le carcan du néolibéralisme pour l’UE ! Les élites ont fait fort là ! Les peuples vont-ils continuer à subir la logique néolibérale mortifère ????
« Nous votons OUI au TCE, car il donne plus de moyens pour se faire entendre, aux représentants élus du parlement européen et au mouvement populaire. Ces moyens, nous nous engageons à les utiliser tout de suite pour contrer les politiques les plus contestables des gouvernements et de la commission européenne ». Non ! C’est une chose d’entendre, mais c’est une autre chose que d’écouter et d’intégrer. La société civile, les citoyens, les peuples ne sont absolument pas intégrés dans les processus de décision nous imposant la mondialisation néolibérale. Le tce adopté, pensez-vous vraiment que les citoyens seront écoutés ? En quoi des Raffarin, Blair, Berlusconi, etc., auront à écouter les citoyens puisque leur manifeste néolibéral sera adopté. Le tce ne donne aucune garantie, il dit seulement que l’avis des citoyens, etc., est consultatif, mais pas contraignant ! C’est bien de parler, mais si rien n’est mis en oeuvre concrètement...La commission européenne est opaque et prend des décisions sans que l’avis des citoyens soit pris en compte ! Elle est indépendante et non contrôlée. Elle concentre des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires en son seing, alors que les pouvoirs devraient être séparés ! Voir l’exemple des OGM : « la Commission Européenne a fait inscrire, le 8 Septembre 2004, 17 variétés de maïs GM au Catalogue Européen des Semences. Ce déni de Démocratie s’est effectué dans le cadre du traité de Nice, qui régit l’Europe actuellement. Non seulement le projet de traité constitutionnel ne réduit pas les pouvoirs de la Commission, pour éviter qu’un tel fait se reproduise, mais il les confirme en les renforçant ».
« Nous votons OUI au TCE, car il définit des droits fondamentaux qui font de l’Europe à 25 un garant du respect des droits de l’homme et de l’environnement, de l’égalité Homme femme et des droits des enfants ». J’ai déjà argumenter là dessus dans un message précédent...La charte des droits fondamentaux est une régression des droits de l’homme (notamment par rapport à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948)...Les droits fondamentaux, collectifs et individuels ne sont pas garantis par la « constitution », ils sont seulement « respectés », ce qui n’est pas de la contrainte juridique ! Une petite citation d’attac : « Dans le préambule de la Charte (des « droit fondamentaux »), on trouve la phrase qui démontre à elle seule l’illusion des droits fondamentaux dans la « Constitution » : « L’Union cherche à promouvoir un développement équilibré et durable (surtout avec le néolibéralisme !) et assure la libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, ainsi que la liberté d’établissement ». Pourquoi donc essayer de comprendre ce qu’est cette Charte des droits fondamentaux ? La clé nous est fournie dans cette seule phrase qui figure dans son préambule et qui, sans barguigner, place les personnes au même niveau que les services, les marchandises et les capitaux. Tout est dit ! ».
« Nous votons OUI au TCE, bien qu’opposés aux politiques ultralibérales, inscrites dans le texte, car nous savons que le refus de ce texte laisse le traité de Nice, plus libéral encore, en vigueur. Pour les combattre, il nous faut poursuivre la construction d’un grand mouvement social européen, capable de s’opposer concrètement à chaque proposition ou décision antisociale. (comme pour la directive « Bolkenstein ») » Non ! Le tce va dans le même sens que l’OMC, l’AGCS, la directive Bolkestein sur les « services » !!!!! Pourquoi autant d’enfermement de la part des partisans du « oui de combat » ??? Etes vous vraiment contre les politiques néolibérales ou quoi ? Ne voyez-vous pas que seul la victoire du Non au référendum permettra de stopper le néolibéralisme sur sa lancée ? Je ne comprends pas votre obstination à dire « oui maintenant mais on change après » ! Seul le non permettra de donner un coup d’arrêt au néolibéralisme ! Les mouvement sociaux auront beaucoup plus de mal à s’opposer au néolibéralisme si le tce est adopté, réveillez vous ! Le bon sens me dit qu’il faut changer le contenu de la « constitution » européenne proposée dès maintenant (progressivement et dans les temps qui vont suivre le 29 mai, mais calmement et dans le consensus général alter-mondialiste, etc.) et ne pas attendre que la « constitution » figée pour 50 ans passe...Ou est passé votre bon sens mr « oui de combat » ??? Les dirigeants, une fois le tce adopté, n’auront aucune raison de faire du « social » ou autres...et les mouvements sociaux ne seront pas écoutés ! C’est maintenant qu’il faut se réveiller ! Au lieu de s’endormir dans le « oui de combat » qui a tout d’un véritable abandon et d’une véritable passation de pouvoir pour le plus grand profit des élites économiques et politiques de la mondialisation néolibérale !!!
« Nous votons OUI au TCE, car les peuples d’Europe s’emparent désormais de la question européenne et qu’il est possible ainsi de défendre une vrai politique d’opposition de gauche au parlement européen en s’appuyant sur des mobilisations sociales européennes. En France, même la mobilisation autour du NON de gauche aura eu le mérite de propager un nouvel intérêt populaire pour l’Europe que nous voulons, sociale, écologique et solidaire ». C’est le « non » qui a permis au « débat » de s’installer progressivement dans les peuples européens...Avec le « oui de combat », seul, on aurait pas été bien loin...On aurait eu droit aux mêmes genres de débat que celui de sarkosy-ouiste face à hollande-ouiste ! Ouah l’opposition entre le « socialisme » néolibéral et ...l’UMP « de droite » néolibérale ! Avec le tce, on nous demande de dire oui ou non au néolibéralisme ! Si c’est oui, c’est pas pour changer le néolibéralisme une fois la constitution adoptée. C’est un non sens que d’affirmer cela ! Quant au parlement européen....Pas d’avancées véritables, mais bel et bien des reculs (sauf pour le budget peut être...). Encore une autre mascarade...Et le processus de « codécision » ne concerne pas les « matières » les plus importantes, notamment par rapport à la concurrence, etc. La BCE est indépendante de tout contrôle...La commission aussi...etc. etc.
« Nous votons OUI au TCE, car la majorité de droite au parlement européen (dont est issue la commission) ne sera pas éternelle et que nous construisons dès maintenant une alternative politique capable de promouvoir, avec le mouvement populaire et les alter-mondialistes, l’Europe sociale et écologique dans les faits. Une autre Europe est possible, mais elle est dans celle-ci. » L’autre Europe possible est dans l’Europe des peuples et des citoyens...certainement pas dans l’Europe néolibérale, anti-écologique, a-démocratique, a-solidaire, a-politique et a-sociale des marchands, des banquiers et autres aristocrates que nous propose le TCE ! Il nous faut une autre constitution pour envisager une autre Europe...
« Nous votons OUI au TCE, car ce texte renforce le pouvoir du parlement européen, seule instance élue au suffrage universel, et nous donne les moyens de changer les politiques qui y sont inscrites ». C’est absolument faux ! Je vais pas me répéter trop, donc voir les citations de Raoul Marc Jennar sur la page « l’Union fait la farce »....
« Nous votons OUI au TTCE contre Chirac, son plus mauvais défenseur car nous combattons tous les jours sa politique de casse sociale et de régression politique dictée par le capitalisme financier. » Oui, mais dire cela, c’est oublier que le contenu du TCE est le même que le contenu des politiques néolibérales de Raffarin en France. Les citoyens vivent ces politiques au quotidien et ils font un lien avec le TCE qui veut « constitutionnaliser » ces politiques néolibérales engendrant la casse sociale et la régression politique...Il suffit de voir le contexte actuel pour le comprendre... (A moins qu’avec le « TTCE », vous vouliez parler d’une « taxation des transactions financières au sein de la construction européenne »...)
« Nous votons OUI au TCE contre tous les souverainistes et tous les nationalistes de droite et de gauche qui refusent la supra-nationalité. A l’heure où les multinationales brassent des budgets plus importants que ceux des états, seule la dimension européenne peut redonner du poids à l’action politique et empêcher que nous soyons soumis au diktat des organismes financiers privés ». Le TCE propose exactement le contraire de votre affirmation : imposer l’hégémonie des firmes privées multinationales, marchandiser le monde, les services publics et les rapports sociaux entre les êtres humains ! Avec le tce, c’est la garantie de la soumission des peuples, de la culture et de la politique aux intérêts économiques privés des firmes privées multinationales !
« Nous votons OUI au TCE contre les ultra-libéraux qui ne veulent pas d’une Europe politique capable d’orienter l’économie vers le plein emploi et une vie décente pour tous, à l’opposé de leurs intérêts financiers. L’Europe politique sera un contre pouvoir précieux face à la mondialisation ultra libérale prônée par l’OMC ». Et ben alors, votez Non ! Si vous voulez être conséquent par rapport à votre souhait de lutter contre l’ultra-libéralisme...Le TCE soumet les peuples européens à la logique de l’OMC et de la mondialisation néolibérale ! L’UE est un moteur de la mondialisation « des entreprises », etc., il faut donc la stopper ! Cela démarrera peut être par le rejet du TCE en France, le 29 mai prochain !
« Enfin nous votons Oui au TCE en sachant que le progrès social ne sort jamais directement d’un texte le plus beau soit il, mais des mobilisations populaires capables d’arracher aux puissants des droit nouveaux pour transformer les mots en réalité sociale. » Oui, mais un texte pétrifié à la base, comme le TCE, peut véritablement empêcher l’émergence de la société civile, en imposant un carcan néolibéral pour le plus grand profit des élites et des « puissants » ! Ce sont les élites économiques et politiques, et les « puissants » qui ont construit ensemble ce « TCE ». Le meilleur moyen de faire face à ces élites, c’est maintenant de rejeter leur « constitution » européenne...et réfléchir pour construire une autre Europe, avec des idéaux, avec des points de convergence, avec un horizon commun pour tous les peuples du monde... Et les « droits nouveaux », ils sont introuvables dans le tce, tout du moins, ils ne sont aucunement garantis...
Alors mr « oui de combat », j’attends votre réponse....€
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> le "oui de combat", une mascarade ?
8 mai 2005
Une petite intro sur l’entrisme pour aider Olivier qui nous dit : « Je réponds directement dans le message. Par rapport à attac, on verra plus tard...Mais je précise d’emblée qu’attac n’est pas un parti politique, c’est une association qui est indépendante de tout pouvoir politique, mais qui souhaite également agir sur les mouvements politiques... »....Moi, Ex-militant d’attac ( agréé Mouvement d’éducation populaire par les Ministères de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et Sports ...) http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ducation_populaire
L’ENTRISME
Technique d’accaparement d’une structure associative ou politique, dans le but d’accroître le poids d’une organisation politique. On la pratique en faisant adhérer à ladite structure un grand nombre de personnes, ayant les mêmes optiques politiques, et, en général, en provenance d’une même organisation. Ces personnes doivent ensuite chercher à détenir le plus de postes clefs à l’intérieur de cette structure.
La forme extrême de l’entrisme est lorsque l’organisation « entrante » à la majorité des voix dans une association et y prend le pouvoir effectif . Mais, une forte présence au sein d’une structure importante, suffit à démultiplier le poids d’une organisation.
Les organisations pratiquant l’entrisme sont les partis et associations[[ trotskistes en général (LO à FO, le PT à la Libre Pensée...), ainsi que le FN (à FO depuis que ce parti s’est vu interdire de créer ses propres syndicats).
VOUS AVEZ DIT « ENTRISME » ?
Une spécialité trotskiste.
Il existe deux sortes de pénétration : l’entrisme avec « bannières déployées », et la mise en fraction. Dans le premier cas, des militants rejoignent un grand parti sans faire mystère de leur engagement. Ils s’y constituent en tendance et bataillent pour infléchir le cours. Ainsi en 1947, les Jeunesses socialistes de la SFIO sont contrôlées par un petit noyau trotskiste « à ciel ouvert », dans lequel s’illustre le futur fondateur de la FNAC : André Essel.
Dans le second cas, les trotskistes adhèrent individuellement à un autre groupe en taisant leurs convictions. Ils s’élèvent dans l’organigramme et développent au fil des ans un véritable culte du secret. En 1975, aux élections des représentants étudiants des Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), deux candidats s’affrontent. Denis Sieffen représente l’UNEF-Unité syndicale. Il est membre de l’OCI, trotskiste, et ne s’en cache pas. Face à lui, Paul Robel défend les couleurs de l’UNEF-Renouveau, proche du PC. Au cours de la campagne, ce dernier se fait rosser par des militants de l’OCI. Avec courage, puisqu’il est lui-même une « taupe » de l’OCI... à suivre ?
PS : voir également l’entrisme pratiqué par la lcr et pcf. Non ?. On rigole !)
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considérations diverses...sur la politique, les associations, notre société...
8 mai 2005, par olivier
Bonjour,
Décidément, ça fait beaucoup de messages pour lesquelles il faut répondre.. Merci pour cette définition de l’entrisme, j’apprends des choses, tout comme j’ai appris que Nikonoff appartenait au parti communiste français...
L’entrisme d’après le larousse : « introduction systématique dans un parti, dans un syndicat, de nouveaux militants venant d’une autre organisation, en vue d’en modifier la ligne politique »...Un peu réducteur comme définition, il ne parle même pas des associations...
Je le dis d’emblée : il est difficile pour moi de défendre Attac, et encore plus de défendre Nikonoff, que je ne connais pas... En fait, si j’ai adhéré à Attac, c’est pour participer au mouvement pour le « non » et puis je trouve que leurs arguments dans la campagne « référendaire » sont fondés. Je ne vais pas porté de jugement sur des choses que je ne connais pas. Et les querelles entre politiciens de partis ne m’intéressent pas, je préfère étudier, dans la mesure du possible, ce qui est progressiste en politique, puisqu’on parle de politique là. Comment faire avancer les droits pour garantir plus d’Egalité entre les hommes, voilà ce qui m’intéresse plus. Les services publics, si ils sont exercés par les moyens donnés par les « pouvoirs publics », et si ils ne sont pas soumis aux règles de la concurrence et de la rentabilité, peuvent permettre de garantir plus d’égalité entre les hommes (accès à l’eau, transport, communication, logement, etc. etc.). Après, la politique « politicienne » éloignée des aspirations de citoyens, et enfermée dans des logiques de « partis politiques », cela m’agace plutôt, puisqu’on avance pas et on reste dans les petites critiques interpersonnelles...Et puis les manipulations, les tromperies, etc. Aujourd’hui, en politique, ne manque-t-il pas justement une politique « citoyenne », émancipée des pratiques conventionnelles des partis politiques classiques, non ? Et puis, les politiciens, quand ils arrivent au pouvoir, retombent souvent dans les travers du « pouvoir politique », quelque soit leur mouvement de départ... La politique, je crois, devrait permettre de garantir plus de droits entre les hommes et les femmes, mais aussi de permettre une émergence de la « démocratie participative »... Et il n’y a pas que la « vie politique », il y a également la « vie économique » et la « vie culturelle »...
Ensuite, il faut aussi constater que la « gauche » et la « droite », notamment en ce qui concerne les partis pro-TCE (PS « hollandais », UMP, etc. etc.) sont de moins en moins différenciées, car elles défendent toutes la mondialisation néolibérale. On parle également de « gauche caviard », « embourgeoisée », avec des représentants politiques ayant leur place dans les CA de certaines multinationales...Donc au-delà du clivage « doite-gauche », il y a aujourd’hui, notamment avec le référendum sur le TCE, une question importante qui émerge : voulons-nous, oui ou non, continuer comme cela, continuer avec le néolibéralisme mondialisé qui entraîne des crises sans précédents aux niveaux culturel, politique, économique, social, écologique et humain ?.... Donc, le cadre dépasse la simple « politique politicienne », il porte sur la société dans laquelle nous voulons vivre...Une Europe des banquiers ou des marchands ? Ou une Europe « sociale et solidaire », etc. ? Je crois qu’il faut stopper la marchandisation du monde et des rapports sociaux entre les êtres humains, qui est en plus soumis au dogme néodarwinien de la concurrence véhiculé par l’économie néolibérale...Cela passe par un rejet de la « constitution européenne » !
Revenons à attac et Nikonoff. Si Nikonoff n’est plus au PCF et qu’il veut faire avancer Attac, c’est plutôt une chose positive, mais je ne sais rien sur lui, si ce n’est que les arguments d’attac sont pour moi valables...
Mais si un représentant d’une association est lié au parti communiste, cela me gêne car je ne suis pas « communiste ». Je ne veux pas suivre le communisme et je ne vais pas me justifier là. Et je suis contre l’entrisme.
L’autre fois, j’ai dit : « Mais je précise d’emblée qu’attac n’est pas un parti politique, c’est une association qui est indépendante de tout pouvoir politique, mais qui souhaite également agir sur les mouvements politiques... ».... On peut se tromper par rapport à une organisation, et là je n’en sais rien... Mais je voulais dire qu’il me paraît important qu’une association soit indépendante des pouvoirs économique et politique. Et cela n’empêche pas qu’une association agisse sur les institutions politiques et économiques... Les institutions économiques (entreprises...), politiques (Etat, « collectivités locales »...) et « culturelles » (association, ONG, les citoyens...) pourraient être à la fois autonomes et interdépendantes.
D’autre part, je ne me sens pas non plus proche des dogmes suivants : le néolibéralisme, le « communisme » (Bolchevisme, trotskisme, marxisme...), etc. Ni dans toute forme de vision du monde qui ne prend pas vraiment en compte l’être humain...Vaste question donc...
Voilà, c’était une réponse du moment sur un sujet compliqué...
J’apporte bientôt d’autres éléments sur attac, le tce..., mais je ne veux pas spécialement « défendre » attac, je voudrais plutôt comprendre...et apporter des éléments « objectifs » si possible. Après, qu’est-ce que l’objectivité ?...
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Une réponse modeste à "Jo ex d’attac" et à la lettre de Julien Dray...
9 mai 2005, par olivier
Bonjour Jo ex d’attac....
Non attac n’est pas un « mouv avec une vision et des interventions unilatérales, sectaires et mensongères pour présenter le TCE », etc. C’est facile, en disant cela, finalement, d’éviter le débat sur le TCE ! On se perd dans des querelles interpersonnelles et politiciennes inutiles....non ? Ces critiques révèlent peut être l’incapacité de ceux qui les font à trouver des arguments valables pour défendre le TCE... Attac est un mouvement d’éducation populaire qui, actuellement, défend des arguments contre le TCE libéral...Et je suis d’accord avec leurs analyses du TCE, comme avec celles de nombreux partisans du non (sauf le souverainisme, le nationalisme, le scepticisme, etc.).
Je ne veux pas d’une Europe dirigée par les banquiers, les marchands et les élites économiques et politiques de la mondialisation néolibérale ! A ce titre, je rappelle que Raoul Marc Jennar a mis en évidence que la directive Bolkestein sur la « libéralisation » des services est « un enfant de l’AGCS (donc de l’OMC), une concrétisation de la « stratégie de Lisbonne » (UE) et une anticipation du TCE » !!!
Quand on sait que la directive Bolkestein est mise provisoirement au frigo (voir l’Humanité du 4 mai), pour être réchauffée au micro-onde une fois le TCE adopté, on peut s’attendre au pire... De plus RM Jennar vient d’écrire un article « AGCS = SIEG » (Accord Général sur le Commerce des Services = Service d’Intérêt Economique Général du TCE !) ; je vous transmet les articles bientôt, c’est pas très long... Après, je peux pas dire grand chose sur Nikonoff....
Mais, je vais toutefois rapporter objectivement des propos de deux adhérents d’attac qui sont intéressants....
Première réponse :
« C’est très long et c’est très dur de répondre à tout. Disons que c’est certain, attac n’est pas aussi démocratique qu’on pourrait l’espérer, il y a bien des tentatives d’entrisme, c’est sûr. A propos de Nikonoff, tout le monde sait qu’il était au PCF (il n’y ait plus), là le mec a l’air de révéler un scoop. On peut donc constater plein de dérives, mais LA réponse que je donne tout le temps, c’est qu’attac n’est pas une organisation verticale. En clair, moi je m’en fous de leur magouille au niveau national, du moment que mon travail local n’est pas emmerdé. On est pas un parti, on a pas de doctrine, pas de chefs... mais ça les vieux militants comme les auteurs de ces textes ne le comprennent pas. Ils sont dans des vieilles logiques, si la tête est pourri, c’est tout le mouvement qui est mauvais, alors que Nikonoff ou Cassen n’ont pas d’influence sur ce que je fais au quotidien. Attac (c’est comme tous les mouvements qui changent la façon de militer genre Casseurs de pub, stop précarité...), c’est un moyen différent de militer, le jour ou attac n’existera plus, c’est pas grave, on ira ailleurs, on fera autre chose ou on fera la même chose mais avec un autre nom, on a pas le culte de l’organisation comme tous ces vieux militants qui pour eux :"hors du parti, point de salut". (...) Mais les grands principes d’attac c’est quand même : indépendance par rapport aux partis, pas de participation aux élections, en fait on fait du lobbying sur les partis, à notre niveau de citoyen, ce qui est normal puisqu’ils sont nos représentants. Le principe de société civile mondiale est fondamentale, en commençant par faire ça au niveau national, moi j’appelle ça le mouvement social "nouveau" par rapport au mouvement social "classique" que je respecte mais qui a certaines lourdeurs. Dans le classique je mets les syndicats classiques CGT, FO, les partis de gauche LCR, PC... ils sont utiles mais de nouvelles formes d’engagement citoyen sont nécessaires, d’où les "nouveaux"= attac, casseurs de pub, AC !, confédération paysanne, réseau stop précarité, Vamos, et toutes les assos qui luttent pour les sans-papiers, les droits des chômeurs,... tout un monde associatif qui vient bouleverser la donne, dans le bon sens. J’ai envie de faire partie de ça, c’est pour ça que je suis à attac »....
Moi, je suis plutôt d’accord avec ces considérations....Sauf qu’on ne doit pas confondre les organisations de la société civile (les associations, les ONG, etc.) avec les "partis politiques" ! Et comme je ne sais pas grand chose sur Nikonoff, sauf qu’il n’est plus au PCF et qu’il est maintenant à attac, je ne sais pas si « la tête de l’association est pourrie » (et je ne le crois pas de toute façon) et en ce moment ce n’est pas le plus important ! Le plus important, c’est qu’attac donne des arguments valables et justifiés pour rejeter le TCE proposé ! Et aussi pour rechercher une Europe « sociale, citoyenne et solidaire » et un « traité » européen qui soit social, etc. Une remarque sur l’organisation d’attac : ce n’est pas un parti politique et attac ne fonctionne pas comme un parti politique ; mais c’est une association qui cherche à influencer les partis politiques...Elle se doit donc d’être indépendante, cela est important ! Si l’entrisme empêchait qu’attac soit indépendante pour agir librement sur les partis politiques ou sur les organisations économiques, cela me dérangerait. Pour moi, je le répète, les institutions économiques (entreprises...), politiques (Etat...) et culturelles (associations, ONG...) devraient être à la fois interdépendantes et autonomes. Aujourd’hui, c’est le cas dans certains cas, mais je crois qu’il y a une tendance à ce que les institutions économiques (par exemple les firmes privées multinationales, le medef, les milieux d’affaires, FMI, etc.) et politiques (OMC, UE, etc.) cherchent à récupérer les initiatives louables de la société civile pour les intégrer dans le projet de mondialisation néolibérale élitaire, et ainsi les instrumentaliser...
Un exemple : en 1998, Monsanto a cherché à vendre ses OGM à des paysans du « Sud » via un partenariat avec la Grameen Bank ! Par les mécanismes du micro-crédit, Monsanto voulait vendre ses OGM douteux ! Et quand la société civile a appris cela (notamment des écologistes), elle a fait une campagne médiatique contre ce partenariat Monsanto - Grameen, et quelques jours plus tard, Mohammed Yunus (alors président de la Grameen) a stoppé ce partenariat, « pour cause d’agitation de la société civile ».... Ceci montre bien que la société civile peut agir pour transformer l’économie et/ou la politique. Je vois plutôt Attac dans cette mouvance là de la société civile...Elle doit donc rester indépendante...
Finalement, je compte surtout sur l’émergence de la société civile mondiale ((notamment depuis Seattle en 1999, où une conférence de l’OMC a échoué ; d’ailleurs le 4 mai j’étais assis dans la paille (c’était agréable d’ailleurs, mais en face d’une vingtaine de policiers derrière leur barrière, leurs boucliers...) avec José Bové, Agnès Bertrand, etc., pour dénoncer une "mini-ministérielle" (sans les pays du Sud bien évidemment !) de l’OMC à l’ambassade d’Australie à Paris qui visait à avancer sur la libéralisation des services)) pour faire contrepoids aux tendances totalitaires et a-démocratiques des gouvernements, des multinationales, etc. Attac pourrait jouer son rôle au sein de cette émergence de la société civile européenne et mondiale...Au sein de la société civile, il y a des organisations, mais il y a aussi les peuples, les citoyens, les gens, etc...
Deuxième réponse :
« Pour la réponse aux attaques contre Attac, je ne suis pas tellement polémiste, mais tu peux répondre qu’il s’agit là d’une stratégie lamentable de diffamation d’Attac et de ses dirigeants, qui montre bien que les partisans du oui n’ont que les mensonges et la calomnie pour essayer de s’en sortir, puisqu’ils ne peuvent pas défendre honnêtement ce traité ultra-libéral (dont, soit dit en passant, la moitié de leurs membres ne veulent pas) ! Bien entendu, Nikonoff n’est pas membre du PCF, et Attac n’est pas non plus un sous marin de la LCR ou de l’extrême gauche... ni de l’extrême droite. Contrairement au PS, nous ne sommes pas un parti qui vise le pouvoir, donc contrairement au PS nous ne sommes pas prêts à tout pour y arriver, y compris mentir aux électeurs. Donc pourquoi mentirions nous ? Au contraire, nous ne sommes nullement partisans, donc nous, nous analysons d’une façon honnête ce traité, et le présentons honnêtement aux personnes qui veulent bien nous écouter. Tu peux ajouter que le PS est hargneux contre nous parce que c’est nous qui menons le plus gros de la résistance contre cette constitution ultra-libérale, et parce qu’ils ont peur de perdre... Et ce d’autant plus qu’en cas de victoire du non, la partie du PS pro oui (dont Drey fait partie), serait très probablement désavouée par ses militants et perdrait sa position jusqu’alors dominante à la direction du PS, et ça aussi ça leur fait très très très peur !
Quant à l’argument de dire que la preuve que cette constitution n’est pas ultra-libérale c’est que les 25 PS européens ont appelé à voter oui, eh bien je dirais que :
1) Il faut déjà savoir que sous l’appellation PS, nos partenaires européens sont, en fait, pour la plupart, des sociaux-libéraux (et le PS français aussi même s’il ne veut pas le reconnaître publiquement car s’il le faisait il perdrait une grande partie de ses adhérents, donc il préfère continuer de leur mentir) donc, effectivement, pour eux cette constitution libérale ne leur pose aucun problème.
2) Pour être plus précis, il faudrait dire "les directions des 25 PS européens ont appelé à voter oui" car à part en France, il n’y a eu aucun débat interne sur le sujet, les directions ont décidé sans consulter leurs bases, et il n’est pas sûr que si elles l’avaient fait, en favorisant un débat honnête, le résultat aurait été le même. Sinon, je n’ai pas tout lu, mais ce que tu peux dire c’est que tous les arguments d’Attac sont résumés de façon extrêmement claire et détaillée dans les 2 petits ouvrages qu’Attac vient de sortir, et qu’il est possible de télécharger sur le site suivant : http://nonoleptitrobot.tripod.com/
Sinon, pour les personnes plus intéressées par des débats télévisés, n’hésites pas à recommander le site http://non.au.liberalisme.free.fr/
Que dire d’autre ? Ah oui, peut être pourrais tu leur rappeler que lors du référendum sur Maastricht et au moment du traité de Nice, le PS avait vanté haut et fort les mérites de ces traités qui allaient apporter croissance et prospérité et réduire le chômage... Qui est-ce qui avait menti à l’époque ? Est-ce Attac ou le PS ? Alors pourquoi pourrions nous avoir plus confiance dans leurs propos aujourd’hui ? Surtout quand, dans leur propre parti, environ la moitié de leurs membres ne sont pas d’accord avec la ligne du parti !!! C’est quand même la preuve qu’il y a quand même quelque chose qui ne va pas dans la constitution car, si elle était si géniale que ça, pourquoi tant de personnes au sein même du PS font campagne pour le non ? Et puis, surtout, il n’est pas nécessaire d’avoir fait l’ENA pour se rendre compte des effets désastreux, en particulier en terme de chômage, des politiques découlant de Maastricht et de Nice sur notre économie... Or la constitution qu’on nous propose est dans la droite ligne de Maastricht et Nice... Dans la ligne de plus de libéralisme... Donc encore plus de délocalisations et de dumping social de la part des pays à main d’œuvre moins chère... Et plus de profits pour les patrons et les actionnaires ! Bref le paradis pour le Medef et la droite qui, elle, ne s’y est pas trompée puisque ses partisans votent comme un seul homme pour le oui ».
Cette deuxième réponse apporte également des éléments importants....
Continuons avec la lettre de Mr Dray adressée aux dirigeants d’attac.
Voici quelques éléments qui montrent que Mr Dray n’est pas très crédible :
« En cherchant un peu sur Internet je n’ai pas retrouvé l’article d’Attac ou du nonsocialiste, mais j’ai trouvé cette réponse : http://paris.indymedia.org/article.php3 ?id_article=34707&id_mot=6 Et ça aussi : http://france.attac.org/a4564 (mais il n’y a que le début de l’article de Libé) Tout ce que j’ai trouvé, sur le site d’Attac, c’est la position officielle décidée en réunion : La lettre de Julien Dray a été mise sur le site du gouvernemental (elle y est peut-être encore). Bernard Cassen a répondu sur deux points factuels. Pour toute autre réponse, le Bureau propose de renvoyer au livre d’Attac : ils se sont dit oui, Attac leur répond ».
Voici le contenu des liens indiqués :
« Les petites colères médiatiques de Julien Dray quand les carriéristes du Ps se mettent en colère ils nous font beaucoup rire En réponse a mr Julien Dray cet ex trotskiste qui par arrivisme a quitté le trotskisme pour le Ps, ce très carriériste mr ultra sécuritaire du parti " socialiste " qui ne voit aucune contradiction entre être de " gauche "et pour la " tolérance zéro " car comme son pote Malek Boutih car selon lui il faudrait pour être dans l’air du temps et suivre le vent il faut " rompre avec l’angélisme de la gauche sur sic l’insécurité " a des petites colères qui nous font beaucoup rire m Julien Dray manifestement n’a toujours pas apprécié lors de la dernière manifestation pour la défense des 35 heures de s’être fait copieusement hué puis de se retrouver 2 heures enfermé dans un café entourée par la colère de nos camarades précaires , de celle des comités sans papiers que le péesse avait fait matraquer par les milices villepistes dans le 93 une semaine avant , et de beaucoup d’autres de nos camarades qui ont plus que raison d’avoir des motifs de colère contre cette soit disant " gauche " qui préfère les bobos aux prolos et au peuple Le voila donc qui recommence a critiquer les cotés " irresponsables " des altermondialistes et des militants de l’extrême gauche en menaçant chez ses amis médiarques de faire publier une affiche ou l’on verrait un collage avec une Photo cassen de Attac discutant avec ramadan car il a été très vexé le " pauvre " qu’on critique la Photo du torchon " Paris match " pardon " paris crasse é ou l’on voit Sarkozy tout sourire avec son pote de promo de l’ena hollande faire de la " com " et de la promo pour le Oui a la constitution giscard Nous nous pouvons lui rétorquer ainsi que si le Ps se fait régulièrement virer dans nombres de manifestations comme a Annemasse ou récemment a guéret c’est que d’une c’est qu’il devrait se poser des questions sur sa conception du mot " socialiste " , et de deux c’est qu’il n’avait qu’a être Plus de gauche lors de son passage au pouvoir , nous n’avons pas oublié qu’il a autant privatisé que Balladur , nous n’avons pas oublié qu’il a laissé faire pour Danone Lu et Vilvoorde , qu’il n’a rien fait contre les premières vagues de délocalisations et de licenciement spéculatifs et boursier, que monsieur Lamy l’un des saigneurs ultra libéraux de l’Omc est toujours membre et adhérent de votre parti , que votre parti avait déjà signé le pare une mesure fichant et réprimant les chômeurs(es) avec les Jaunes de la cfdt et le Medef , qu’il a fait voter une loi aussi sécuritaire et fascisante que celle de la Lsi de Sarkozy , La Lsq ou " loi de sécurité quotidienne " qui est une véritable loi empêchant les plus pauvres a la liberté de circulation lui préparant ainsi le terrain , Que tout vos ex ministres de l’intérieur ont autant virés et charterisés nos camarades sans papiers que les Sarkozy de Villepin , que c’est lors de votre passage au pouvoir que les milices reines de " bavures " dites Bacs ont étés crées ,nous n’avons pas oubliés que les " élus " péesse virent expulsent et cassent autant de squatts que les maffieux ump , nous n’avons pas oublié non plus que les " présidents " de région et "élus " pesse malgré leur promesses électorales pré régionale s’apprêtent dans nombre de leur villes et régions a signer avec le gouverne - ment ump l’application des Rma Sto des Raffarin Fillon et les " contrats " d’avenir du démagogue borloo et la liste des motifs de notre colère contre cette gauche soit disant " socialiste " est trop longue pour figurer entièrement dans cet article Que le Ps se le dise lui comme tout les autres partis " politiques " de droite et d’extrême droite qui Sème la misère récolte la colère Voici donc en réponse a m Julien Dray quelques Photos qui circulent sur le net sur les coulisses de la scéance de Photos ou l’on voyait Sarkozy aux coté de hollande A diffuser bien sur sans aucunes modérations M Julien Dray vos jérémiades et vos soit disant colères si vous saviez ce qu’on en pense vos projet d’affiche pour le Oui en plus de nous faire rire sont aussi minables et pathétiques que celles du Oui des maffieux ump pour nous le vrai peuple de Gauche celui qui subis le chômage , la précarité , les temps partiels imposés , la criminalisation de nos luttes sociales et des militant(es) syndicalistes, les chantages a l’emploi via les menaces aux délocalisation , les menaces de travailler plus de 35 heures ou c’est la porte , et toutes les casses sociales que votre parti lors de son passage au pouvoir , comme celle du gouvernement actuels de la haine anti sociale ump Oui nous somme fiers et fières de vous dires que pour nous tous et toutes le vrai peuple de gauche que vous le vouliez ou non se sera un Non massif contre la constitution des Giscard baroso bolkeinstein »
Des chômeurs(es) et précaires parisien(es)
31/03 - LIBERATION - JULIEN DRAY ET L’AGIT-PROP Par Pierre MARCELLE Libération 31 mars 2005
« A quand, le sondage qui mesurera la tension adrénalinique suscitée par la montée du non chez les partisans du oui ? A la question : « Est-ce qu’elle vous a) irrite ; b) énerve ; c) exaspère ? », Julien Dray répondra qu’elle lui met des boules « ça comme » ; en atteste sa sortie de mardi contre Attac, coupable d’utiliser à des fins propagandistes la photo appariant la semaine dernière François Hollande et Sarkozy en couverture de Paris Match. Au-delà de son insignifiance politique, la prétention de Dray à dire le bon usage (« Nous, Parti socialiste, n’utilisons pas de telles méthodes ») confine à censurer la vie civique ».
Voilà, je n’ai pas toutes les réponses, mais j’ai apporté ici quelques éléments...
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Directive Bolkestein, TCE et AGCS = SIEG !! Votons NON et rejetons le TCE...mais aussi l’AGCS, la directive Bolkestein et la "stratégie de Lisbonne" !
9 mai 2005, par olivier
1) AGCS, BOLKESTEIN ET TRAITE CONSTITUTIONNEL EUROPEEN
"Intervention de Raoul Marc JENNAR lors de la Conférence pour une Europe Sociale et Démocratique, Paris, 3 avril 2005. (Cette conférence était bien et tous les européen(nes) présent(es), de la Grèce, de la Bulgarie, de l’Autriche, de l’Angleterre, de la Finlande, etc., nous ont encouragé, nous les français, pour la victoire du Non au référendum du 29 mai...)
1. BOLKESTEIN : UN ENFANT DE L’AGCS :
1.1 Appliquer l’AGCS à l’Europe pour pouvoir l’imposer aux autres ensuite : Les négociations de l’AGCS « soulignent la nécessité pour l’Union européenne d’établir rapidement un véritable marché intérieur des services pour assurer la compétitivité des entreprises européennes et pour renforcer sa position de négociation » (p.16 - exposé des motifs de la proposition Bolkestein)
1.2 Mêmes cibles : les services, sans que les services publics soient épargnés : AGCS : article I,3 : les "services" comprennent tous les services de tous les secteurs à l’exception des services fournis dans l’exercice du pouvoir gouvernemental ; un "service fourni dans l’exercice du pouvoir gouvernemental" s’entend de tout service qui n’est fourni ni sur une base commerciale, ni en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs de services. Bolkestein : Article 2,1 : « La présente directive s’applique aux services fournis par les prestataires ayant leur établissement dans un Etat membre. » Article 4, 1 : « service : toute activité économique non salariée consistant à fournir une prestation qui fait l’objet d’une contrepartie économique. »
1.3 Même objectif : libéraliser, en fait privatiser : AGCS : réduire ou éliminer les effets défavorables de certaines mesures sur le commerce des services en vue d’élever progressivement le niveau de libéralisation (art. 19.1) Bolkestein : éliminer les obstacles à la liberté d’établissement et de circulation des services qui empêchent une concurrence libre et non faussée (articles 9 à 15 et 20 à 23)
1.4 Mêmes modes d’applications :
Mode 1 : services fournis depuis le pays d’origine Mode 2 : services faisant appel à la mobilité du client Mode 3 : services investis dans un autre pays Mode 4 : services faisant appel à la mobilité du personnel
1.5 Même agression contre les pouvoirs locaux :
AGCS : chaque Membre prendra toutes mesures raisonnables en son pouvoir pour que, sur son territoire, les gouvernements et administrations régionaux et locaux (article I,3) Bolkestein : Obstacle pénalisant le commerce des services : « le pouvoir discrétionnaire des autorités locales. » (document IP/02/1180 du 31.07.2002, préparatoire à la proposition.
1.6 Une application aggravée de l’AGCS :
a) La directive ayant libéralisé tous les services dans le marché intérieur, les Etats de l’Union ne bénéficieront plus de la disposition de l’AGCS qui leur laisse la maîtrise du choix des services auxquels ils décident d’appliquer l’AGCS (les « offres »).
b) un mode 4 aggravé : le principe du pays d’origine : Article 16, 1 : Les Etats membres veillent à ce que les prestataires soient soumis uniquement aux dispositions nationales de leur Etat membre d’origine. 1.7 Un renforcement des pouvoirs de la Commission :
Dans les négociations sur la mise en ouvre de l’AGCS, la Commission disposera d’un pouvoir de contrôle sur les services fournis par les pouvoirs locaux et régionaux.
2. BOLKESTEIN : UNE CONCRETISATION DE LA « STRATEGIE DE LISBONNE » :
La stratégie adoptée à Lisbonne il y a cinq ans formule les objectifs qui complètent l’Acte unique européen et le traité de Maastricht en s’alignant sur les accords de l’OMC.
La « stratégie de Lisbonne » prétend, comme l’a si bien dit Francis Wurtz, « faire du social avec du libéral » et que cette stratégie se traduit, cinq ans après sa mise en ouvre, par un échec retentissant caractérisé par 19 millions de chômeurs, mais par des bénéfices d’une ampleur rarement atteinte pour les firmes privées, caractérisé par une précarité jamais atteinte en Europe depuis 1945 ; Cette « stratégie de Lisbonne » prétend atteindre ses objectifs en dérégulant davantage, en flexibilisant toujours plus, en facilitant les délocalisations et s’avère être, dans les faits, l’instrument inavoué du démantèlement d’un modèle social européen pourtant imparfait ; Cette stratégie est à l’origine de principes comme le « principe du pays d’origine » ou le « principe de la reconnaissance mutuelle » dont la raison d’être avouée par la Commission européenne est de permettre l’abandon de la technique de l’harmonisation.
Ces principes sont inscrits dans la proposition Bolkestein.
3. BOLKESTEIN : UNE ANTICIPATION DU TRAITE CONSTITUTIONNEL :
3.1 Une même définition des services :
Article 4, 1 de la proposition services : « service : toute activité économique non salariée consistant à fournir une prestation qui fait l’objet d’une contrepartie économique. » Article III-145 du TCE : « Aux fins de la Constitution, sont considérées comme services les prestations fournies normalement contre rémunération (.). »
3.2 Une anticipation radicale des « libertés fondamentales » de l’U.E :
Article 1 de la proposition services : « La présente directive établit les dispositions générales permettant de faciliter l’exercice de la liberté d’établissement des prestataires de services ainsi que la libre circulation des services. »
Article I - 4 du TCE : « Libertés fondamentales » : « La libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux ainsi que la liberté d’établissement sont garanties par l’Union et à l’intérieur de celle-ci. »
3.3 Les objectifs de la directive proposée sont ceux du traité constitutionnel proposé :
Article 1 de la proposition services : « La présente directive établit les dispositions générales permettant de faciliter l’exercice de la liberté d’établissement des prestataires de services ainsi que la libre circulation des services. » Article III-144 du TCE : « (.) les restrictions à la libre prestation des services à l’intérieur de l’Union sont interdites ( .). »
4. REJETER LE TRAITE, C’EST REJETER BOLKESTEIN, C’EST STOPPER LA STRATEGIE DE LISBONNE ET BLOQUER L’AGCS :
Article I-4 du TCE : Libertés fondamentales » : « La libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux ainsi que la liberté d’établissement sont garanties par l’Union et à l’intérieur de celle-ci. » Article III-314 du TCE : « .l’Union contribue (.) à la suppression progressive des restrictions aux échanges internationaux.. »
Article III-147, 1 du TCE : « La loi-cadre européenne établit les mesures pour réaliser la libéralisation d’un service déterminé. »
Article III-148 du TCE : « Les Etats membres s’efforcent de procéder à la libéralisation des services au-delà de la mesure qui est obligatoire en vertu de la loi-cadre européenne.
parce que le traité constitutionnel est en fait une adaptation des règles de fonctionnement de l’Union européenne aux accords élaborés dans le cadre de l’OMC ;
parce que, comme on l’a vu, la proposition Bolkestein constitue en fait une version européenne aggravée d’un de ces accords, en l’occurrence l’AGCS ;
parce que l’un comme l’autre sont empreints du néolibéralisme formulé dans la fameuse « stratégie de Lisbonne » ;
Rejeter le traité constitutionnel, c’est non seulement exprimer un rejet de la proposition européenne sur les services, mais c’est également exprimer notre refus de la « stratégie de Lisbonne » et notre rejet de l’AGCS et d’une manière générale de tous ces textes qui en fait ne poursuivent qu’un seul et même but : déréguler pour exploiter.
5. NOS EXIGENCES :
Etre fidèle aux idéaux universels et intemporels de la gauche, qui échappent aux modes et aux médiatisations circonstancielles, c’est refuser toute concession sur la question des services publics. C’est rompre avec les dérives néolibérales imposées par la Commission européenne depuis Jacques Delors, avec les dérégulations imposées par l’Organisation Mondiale du Commerce depuis les Accords de Marrakech, avec les objectifs de la « stratégie de Lisbonne. » En conséquence, ceux qui entendent construire une Europe fidèle aux valeurs dont elle est l’origine doivent se donner 5 objectifs :
5.1 Reconnaître la notion de service :
De manière principielle, la notion de service doit échapper à toute référence commerciale. Il s’agit d’une notion qui est étroitement liée aux droits collectifs. Ainsi on parle du service de l’enseignement, du service de la santé, du service de la culture, du service de l’eau, du service des transports, du service postal. Le service, c’est une prestation due à toutes et tous parce qu’elle met en ouvre un droit. Dès lors qu’il s’agit de rendre égal pour tous l’exercice d’un droit par une activité de service, celle-ci ne peut faire l’objet d’une activité commerciale respectant les règles de la concurrence et obéissant à la logique de la rentabilité.
5.2 Reconnaître le concept de service public (en rejetant SIG et SIEG) :
Le service public, c’est l’outil dont doivent pouvoir disposer les pouvoirs publics afin qu’un certain nombre de droits collectifs puissent être exercés par toutes et tous, dans la plus complète égalité. Le service public, c’est l’instrument par excellence de l’égalité des droits. Nous entendons conserver ces deux mots et nous rejetons les expressions forgées par les technocrates au service du patronat (Service d’Intérêt Général ; Service d’Intérêt Economique Général).
5.3 Interdire l’application des règles de la concurrence aux services publics :
Les critères de rentabilité, les règles de la concurrence sont incompatibles avec le principe du service. Les imposer, c’est choisir de réserver un certain nombre de services de base à ceux qui peuvent se les payer. Les refuser en choisissant de mutualiser le coût de ces services, c’est procéder au choix d’une société de solidarité, c’est confirmer l’objectif d’égalité comme un objectif majeur.
5.4 Extraire les services publics des contraintes liées à l’euro :
L’article Article III - 184, 2 : « La Commission surveille l’évolution de la situation budgétaire et du montant de la dette publique des Etats membres pour déceler les erreurs manifestes. » Les services et leurs implications budgétaires ne peuvent en aucun cas constituer des « erreurs manifestes. »
5.5 Permettre la constitution de services publics à l’échelon de l’Union européenne :
Les règles relatives à la concurrence inscrites dans le TCE, celles qui concernent la libéralisation des services déjà citées, interdisent la création de services publics de taille européenne dans des secteurs où cela pourrait s’avérer pertinent. Ceci est une raison supplémentaire pour rejeter ce traité et formuler cette exigence.
POUR CONCLURE :
Parce que le rejet du traité constitutionnel signifie aussi le rejet du néolibéralisme de l’AGCS d’une part et du néolibéralisme de la stratégie de Lisbonne d’autre part, les directives du type Bolkestein sont évitables si le traité constitutionnel est rejeté. Le modèle de société que nous voulons ne se trouve ni dans les accords de l’OMC, ni dans les propositions de la Commission européenne, ni dans le traité constitutionnel. Nous voulons un modèle de société qui soit fidèle aux fondamentaux qui caractérisent l’Europe au moins depuis le siècle des Lumières : laïcité, souveraineté issue de la seule volonté populaire, séparation des pouvoirs, contrôle de l’Exécutif par le Législatif, droits sociaux fondamentaux, services publics, primauté de la force du droit sur le droit de la force. Tous ces principes fondent l’Europe. Aucun ne se trouve consacré et mis en oeuvre dans le traité qui nous est proposé".
Raoul Marc JENNAR chercheur militant, signataire de l’Appel des 200 Il est également docteur en sciences politiques et chercheur à l’Urfig et à Oxfam (voir www.urfig.org)
2)SIEG = AGCS
"SIEG, « service d’intérêt économique général. » Ces mots sont utilisés dans le traité constitutionnel européen. Les socialistes et les Verts qui soutiennent ce traité affirment qu’ils signifient « service public » dans le langage européen. J’ai même été confronté à un Vert qui affirmait que « l’expression « service d’intérêt économique général » constitue un glissement sémantique pour service public » ! Ce qui permet à ces libéraux de gauche de prétendre que le traité protège les services publics.
Il faut reconnaître qu’il y a de quoi être induit en erreur. Le texte du traité (articles 96 et 122) indique que les SIEG contribuent à la cohésion sociale et territoriale, qualités qu’on reconnaît généralement aux services publics. Mais nulle part dans ce traité, on ne trouve de définition précise du SIEG
Ce que les partisans du texte omettent de signaler, c’est que le traité indique que l’Union veille à ce que ces SIEG puissent accomplir leur mission « dans le respect de la Constitution » (art. 122). Une Constitution qui par ailleurs martèle qu’elle instaure « une économie de marché où la concurrence est libre et non faussée. » Une Constitution qui ne reconnaît pas la notion de service, c’est-à-dire la mise en oeuvre de droits collectifs que tous peuvent exercer grâce à une mutualisation des coûts qui implique une intervention financière des pouvoirs publics. Or, cette intervention est incompatible avec les règles de la concurrence édictées par cette même Constitution. C’est d’ailleurs ce que précise le Livre Blanc de la Commission européenne qui indique que « les termes « service d’intérêt économique général » ne peuvent être confondus avec l’expression service public » (p. 23) et qui précise qu’un Etat peut mettre en place un SIEG à deux conditions : que le marché soit défaillant et que ce SIEG respecte les règles de la concurrence, respect également exigé par l’article 162 de la Constitution.
En fait, un SIEG, c’est une activité de service qui satisfait aux règles de l’AGCS, l’Accord général sur le commerce des services de l’OMC. Il ne s’agit plus de réaliser l’égalité dans l’exercice d’un certain nombre de droits collectifs. Il s’agit tout simplement de réduire toute activité de service à une activité marchande qui répond aux règles de la concurrence afin que la recherche de la rentabilité puisse s’accomplir sans entraves et dans le respect d’une concurrence « libre et non faussée », comme le veulent les accords de l’OMC. Les services, avec l’AGCS comme avec ce traité constitutionnel, c’est pour ceux qui peuvent se les payer.
C’est d’ailleurs en cela que le traité constitutionnel européen représente une mise en conformité de la société européenne avec les règles néolibérales de l’OMC.
Les sceptiques seront convaincus dès qu’ils compareront les différentes dispositions de l’AGCS (en particulier les articles 1 et 19) avec les articles 144 à 148 de la Constitution proposée. Les objectifs sont exactement les mêmes : libéraliser les activités de service en supprimant toutes les dispositions normatives qu’ont pu élaborer les pouvoirs publics locaux, régionaux ou nationaux et qui sont susceptibles de contrarier la libre concurrence dans le domaine des services. C’est également l’objectif poursuivi par la « proposition de directive sur les services dans le marché intérieur », soutenue par la Commission européenne et mieux connue sous le nom de son auteur : Frits Bolkestein. On sait que pour ne pas éveiller les craintes légitimes des électrices et électeurs de France avant le référendum, cette proposition a été mise au congélateur, mais il ne fait aucun doute qu’une victoire du « oui » provoquera immédiatement un rapide passage de la proposition au four à micro ondes.
C’est en Europe, pour concrétiser la volonté des travailleurs et des salariés d’introduire des mécanismes de solidarité dans une société de liberté, qu’a été élaborée la notion de service et qu’ont été conçus les services publics. Depuis une vingtaine d’années, la vague déferlante du néolibéralisme venue du monde anglo-saxon entend imposer au monde un modèle de société qui est à l’opposé du modèle peu à peu conçu en Europe au prix d’âpres luttes politiques et sociales. La social-démocratie a décidé que la bataille était perdue et elle a fait le choix de se résigner et de collaborer avec ses ennemis de toujours. Elle concrétise cette collaboration en soutenant un traité qui efface une des caractéristiques fondamentales du modèle européen.
Toutefois, après avoir subi le choc, les victimes de ce choix se relèvent et semblent de moins en moins disposées à en subir encore longtemps les conséquences. Le 29 mai, une occasion qui ne se représentera plus, est donnée de bloquer la dérive de la société européenne vers le modèle américain du chacun pour soi. C’est en 2005 et non en 2007 qu’on peut arrêter la déferlante néolibérale. Après, plus rien ne pourra s’y opposer. Ce sera dans la « Constitution ». Il ne faut surtout pas manquer cette occasion unique. Et dire fermement et tranquillement NON".
Raoul Marc JENNAR chercheur URFIG
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> ATTAC ? PAS SERIEUX....
5 mai 2005, par olivier
Bonjour,
Je vous répond bientôt par rapport à Attac... Je suis nouvel adhérent à attac d’ailleurs, donc pas évident de la "défendre"...Mais ce qui m’intéresse, c’est le débat d’idées, la recherche d’une certaine cohérence, etc. Donc je lis tout ça et je vous répond tranquillement bientôt...Et ne restons pas enfermés dans les logiques de groupes, pensons par nous mêmes... cordialement olivier
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