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Je viens d’entendre à la télévision française 2 informations :
 la gauche allemande comprend que la gauche française refuse l’ultra-libéralisme, mais ne fait pas comme elle l’association avec le traité constitutionnel
mais pour l’heure son prinicipal sujet d’intérêt est son dernier échec électoral.
Eh bien peut-être la gauche allemande devrait-elle justement faire le lien entre ces 2 informations : si elle a perdu les élections, c’est peut-être parce que la politique qu’elle mène -avec les Verts- est une politique libérale, la politique du patronat ; et comme “il vaut mieux s’adresser au bon dieu qu’à ses saints”, entre l’original et la copie, les Allemands ont préféré l’original ! et voté pour les chrétiens démocrates ; comme en France en 2002, si la gauche veut réussir, elle doit proposer à ses électeurs une politique de gauche.
Si les Français ont refusé le TCE, ce n’est pas comme beaucoup de menteurs des 2 côtés du Rhin le disent "par refus de l’Europe", mais par refus de CETTE Europe que le TCE voulait imposer à tous ; le TCE a été analysé par les Français -particulièrement par les couches populaires, l’analyse du scrutin le montre bien- comme libéral, massivement libéral et anti-social. C’est là le sens du vote français ; en aucun cas il ne faut croire que la France refuse de poursuivre la construction Européenne. Nous VOULONS l’Europe, mais sûrement pas celle du TCE, ni des traités précédents.
Maintenant, nous -nous tous, citoyens européens, Français, Allemands, Britanniques, Espagnols, Portugais, ...- devons retrousser NOS manches -pas celles de quelques politicards qui s’auto-proclament représentants des peuples -euh, non : ils ne représentaient pas les peuples, mais les Etats, justement : il faut faire l’Europe des peuples, c’est la seule qui ait une chance de succès- retrousser nos manches et bâtir une Constitution pour l’Europe ; pour les CITOYENS européens, pas pour les entreprises européennes : car c’est aux entreprises de servir les hommes, pas le contraire. Cette constitution, au vu de l’histoire récente, ne pourra être l’œuvre de spécialistes patentés, elle devra être l’œuvre de tous, et il faut que PARTOUT en Europe se créent des clubs, des comités, des collectifs, des groupes de réflexion, appelez çà comme vous voulez, qui alimentent les travaux d’une VERITABLE assemblée constituante. La campagne qui vient de se dérouler en France montre que lorsque les peuples en ont l’occasion, ils peuvent se mobiliser, discuter, proposer, faire avancer les idées. Même en 2005. La démocratie, ce n’est pas ringard. Ce ne sera pas facile, mais c’est la SEULE solution pour arriver à nous entendre, nous Européens, et cesser de nous faire la guerre.
Car certes les guerres qui se mènent de nos jours en Europe sont moins sanguinaires, mais elles sont tout aussi réelles que par le passé : le TCE, en érigeant le principe de la concurrence "libre et non faussée" en dogme central, sacré, intouchable, ne faisait que renforcer encore ce qui se passe depuis des années, et qui voit -sauf exceptions liées aux politiques publiques- nos entreprises se détruire les unes les autres, avec le soutien, la complicité et pour le profit des entreprises américaines ou japonaises.
Nous ne voulons pas que la concurrence soit le principe d’organisation de la société européenne : la société doit être fondée sur la solidarité. La concurrence est une réalité, il ne servirait à rien de la nier, mais il n’est pas possible d’en faire le pivot central : ce serait nier toute civilisation ; depuis toujours, la civilisation s’est construite pour que la société ne soit pas une jungle, pour que le faible ne soit pas écrasé par le fort, pour que chacun de ses membres puisse vivre dignement, et exprimer sa part d’humanité, et en enrichir l’Humanité. L’idéologie qui fait de la concurrence entre individus, entre entreprises, entre nations, entre TOUT LE MONDE le principe organisationnel rejoint l’idéologie nazie qui faisait de la compétition entre races le principe moteur de la société. Certes les libéraux ne sont pas des nazis, mais je ne suis pas convaincu que leurs buts soient très éloignés. Tous deux ont une vision de la société basée sur la recherche de l’efficacité à tout prix, au mépris de l’humanité.
Philippe Matet
Millau
Ph Matet
Création de l'article : 4 juin 2005
Dernière mise à jour : 31 mai 2005
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