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Désobéissance civile et Résistance |
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C’est en 1849 qu’apparaît la notion de « Désobéissance Civile » avec Henry David Thoreau qui publie un essai sur le sujet. Cette prise de conscience fait suite à son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. La conviction que tout être humain a le droit voire même le devoir, d’obéir à sa conscience plutôt qu’à l’autorité politique, en cas de conflit entre les deux, est ancienne. Dans l’Antiquité, le mythe d’Antigone y faisait déjà référence. La désobéissance civile jalonne l’histoire de l’humanité.
Rappelons-nous : Aux Etats-Unis, la lutte idéologique oppose le Nord au Sud, sur la ségrégation raciale ; les désobéissants civils nommés « Freedom Riders » violent les règles de circulation, pour affirmer leur désaccord avec la politique raciale en vigueur.
Pendant la guerre du Vietnam, des personnes décident d’occuper les locaux diplomatiques américains pour alerter l’opinion sur leur opposition à la politique du gouvernement. Les opposants au régime franquiste d’Espagne appliqueront les mêmes actes de désobéissance civile pour dénoncer leur gouvernement.
La résistance et la revendication des noirs en Afrique du Sud avaient pour objectif la reconnaissance de leur citoyenneté ; après de dures années de résistance, leur nation sera reconnue et la justice raciale en partie rétablie...
En Août 1973, diverses actions de désobéissance civile sont mises en œuvre dans la lutte du Larzac opposant les agriculteurs à l’armée. Les paysans construisent des bergeries sans permis de construire, renvoient leurs papiers militaires ; cela contribue ainsi au renforcement de leur position sur place et dans l’opinion publique. 60 000 personnes soutiendront leur mouvement.
En 1980, des citoyens et élus du Finistère décident de perturber la circulation des trains en s’asseyant sur les voies ferrées. Ils demandent une révision de la politique de desserte ferroviaire des petites localités.
Le 11 février 1997, à Paris, une centaine d’artistes lance une campagne de désobéissance civile pour s’opposer au projet de loi Debré sur l’immigration visant à obliger tout citoyen à signaler aux autorités un étranger qui vivrait sous son toit. Des milliers de personnes vont suivre le mouvement. Les Sans Papiers occupent l’Eglise St Bernard à Paris. Ce mouvement prend une telle ampleur que le gouvernement Juppé doit faire marche arrière.
Plus récemment, les procès médiatisés de José Bové pour destruction d’un magasin de fast-food ou saccage de plants transgéniques ont suscité de vastes élans de solidarité et une amorce de débat sur la légitimité de ce type de pratique. Le gouvernement autorise des essais de cultures O.G.M. à l’air libre, malgré le positionnement contraire et immédiat de certains conseillers régionaux après leurs élections démocratiques en mars 2004 et malgré les campagnes organisées par différentes associations environnementales « Pas d’OGM dans ma commune » signées par de nombreux maires en France.
La désobéissance civile apparaît lorsque tous les moyens légaux de recours en droit ont été épuisés, qu’on ne perçoit aucun effet sur les décisions prises par les autorités. La désobéissance civile peut être perçue comme un danger pour la démocratie ; elle représente pourtant, l’ultime sursaut de la conscience civique. Car, en effet, il s’agit bien d’un acte de civisme, d’une volonté à œuvrer pour l’intérêt général : c’est un acte citoyen fait par des citoyens s’adressant à d’autres citoyens. Elle en appelle à l’opinion publique, pour alerter celle-ci sur des problèmes concernant les droits du peuple.
La désobéissance et l’infraction dans la désobéissance civile ne sont pas un but. Elles sont le moyen nécessaire (lorsque les voies légales n’ont rien donné) à la reconnaissance d’un litige, d’un désaccord démontré ainsi à l’opinion publique.
La désobéissance civile pourrait être considéré comme une garantie des libertés publiques. Elle n’est toutefois pas explicitement affirmée dans les lois françaises. Seul, l’article 2 de la Déclaration de l’Homme et du Citoyen nous dit :
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »
Il faut se demander ici quel sont les liens entre la résistance à l’oppression et la désobéissance civile ? La résistance à l’oppression va très loin ; le texte ci-dessus, en fait un droit, un devoir, ce qui ne représente pas seulement un moyen d’action (comme la désobéissance civile) mais un but en soi, une garantie pour affirmer sa citoyenneté ...
On sait que la démocratie est une notion sur laquelle une vigilance constante est de mise ... aucun régime n’est à 100% démocratique ; on sait que certaines décisions prises par nos élus peuvent résulter de jeux d’influence qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général : corruption, lobbies surpuissants, décisions technocratiques. Ces failles de la démocratie nous rappellent notre rôle à tous dans la citoyenneté. Lorsque des décisions aux effets graves voire irréversibles sont prises au dessus de nos têtes, n’avons-nous pas une responsabilité de citoyens à laisser faire ?
La désobéissance civile ne serait-elle pas un outil contre « la dictature de la majorité » qui sévit en démocratie ?
Cécile Hache
Création de l'article : 21 octobre 2005
Dernière mise à jour : 19 janvier 2006
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