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Solidaires des raisons de la colère |
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Lors de la rencontre des collectifs de solidarité Chiapas qui a eu lieu à Toulouse du 11 au 13 novembre 2005, le mouvement de rébellion de la jeunesse des banlieues a bien sûr été un thème important de nos discussion.
Le texte suivant a été écrit par l’un d’entre nous, lu et partiellement modifié suivant les suggestions des uns et des autres. Il a été distribué lors d’une manifestation partie, le samedi 12 novembre, du Mirail vers le centre-ville.
SOLIDAIRES DES RAISONS DE LA COLÈRE
Les beaux discours sur la République ont fait long feu. Ce qui brûle aujourd’hui par les mains de ses enfants, c’est l’accumulation de mensonges officiels. L’égalité de cette république est un mythe qui cache, derrière la répétition mécanique de beaux principes, la plus brutale des exclusions. La réalité de cette république est l’apartheid des anciennes classes ouvrières et de toute une frange appauvrie de la société. Une république qui fait de ses enfants les bannis du corps social, est-ce bien cela la république ?
La République autoproclamée "de la liberté, de l’égalité et de la fraternité" n’a que la police et la prison à la bouche. Elle ne garantit pas l’éducation, la santé et la justice sociale, comme elle s’était engagée à le faire hier seulement, au lendemain de sa victoire sur la barbarie nazie. Elle ne garantit plus que l’exercice de la violence d’Etat et l’état d’urgence, la criminalisation des colères et le bannissement des révoltés. Les taules sont pleines de jeunes, de pauvres et de fous, et la jeunesse se meurt en prison. Nous sommes solidaires des raisons de la colère.
Nous accusons l’Etat et les partis de ne représenter que les intérêts de l’économie marchande, de l’ordre et du spectacle. Nous accusons la République d’être devenue une vieille maquerelle qui troque ses principes révolutionnaires de liberté fraternelle pour l’égalité contre des pratiques ignominieuses d’abandon des anciennes classes productives.
Nous accusons l’Etat d’être au service d’ambitions personnelles qui servent les intérêts des classes dominantes, au lieu d’être au service de la république des citoyens.
Nous accusons l’Etat de casser l’éducation, la culture, les solidarités sociales et la santé et de n’avoir que le souci de criminaliser toutes formes de résistance et d’autonomie sociale.
Nous accusons l’Etat de la police, de l’armée, de l’injustice et de l’insécurité sociale.
Nous accusons ses ministres et ses gouvernements de poursuivre la conquête et la conservation du pouvoir contre la société.
Nous accusons la République française d’être la reine du spectacle, des mensonges et des faux-semblants.
Nous accusons le roi de tous ses crimes et d’échapper à la justice.
Nous ne décolérerons pas face à la violence de la société spectaculaire et marchande et de son bras armée d’injustice : l’Etat.
Nous prônons une réponse illogique, émotionnelle et irraisonnable à la violence de l’Etat des choses et de la marchandise. Nous en appelons au soulèvement humain par le rire, le détournement amusé et critique, l’explosion de la parole et des rencontres, la fête et le rêve.
Nous invitons chacun à mettre à bas les murs du silence, des ghettos invisibles, des apartheids organisés, des langues mortes et à être solidaires avec les rébellions. Nous invitons chacun à la résistance, au mélange urbain, rural et social et à l’explosion des imaginaires individuels et collectifs.
NOUS EN APPELONS À LA SOLIDARITÉ FESTIVE DE TOUTES LES COLÈRES
Quelques enragés, pour la liberté fraternelle et l’égalité
Mark le rost biff
Création de l'article : 16 novembre 2005
Dernière mise à jour : 15 novembre 2005
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