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Espagne, il y a 40 ans, des bombes atomiques sur Palomares |
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Nucléaire militaire : Quand les USA perdaient leurs bombes atomiques
Des ravages sans explosion
L’accident de Palomares près d’Alméria du 17 janvier 1966 est le résultat d’une collision lors du ravitaillement en vol d’un bombardier nucléaire B-52 de l’US Air Force (nom de code TEA 16) par un KC-135 de l’US Air Force au-dessus du sud de l’Espagne. Lorsque le KC-135, stationné sur la base américaine de Moron, au sud-ouest de l’Espagne est entré en collision avec TEA 16 à environ 9 000 mètres d’altitude, les deux avions ont explosé (huit des onze hommes d’équipage ont été tués).
TEA 16 transportait quatre bombes-H de type B-28 au plutonium. Une s’abîma en mer, fut endommagée mais n’explosa pas et une autre atterrit relativement intacte dans le lit asséché d’une rivière. Elles finirent toutes deux par être récupérées de façon à peu prêt sûre, mais il aura fallu l’intervention de 33 navires pour récupérer, au bout de 81 jours, la bombe tombée en Méditerranée. Dans un premier temps, on s’occupa d’avantage de celle-ci que des bombes tombées à terre. Ces deux autres bombes furent détruites lors de leur impact au sol près du village de Palomares, suite au déclenchement des dispositifs de mise à feu conventionnels, créant plusieurs cratères de 1,8 à 3 m de profondeur. Environ 4,5 kg de plutonium furent dispersés et environ 250 hectares contaminés (1/1 000 000 ème de gr de plutonium inhalé suffit à provoquer un cancer).
L’US Strategic Air Command voulut maintenir un black-out sur cette affaire, mais il fut impossible de dissimuler l’accident. Les militaires gardèrent un contrôle très ferme sur l’information diffusée aux médias. Le Département de la Défense US refusa d’admettre avoir perdu la moindre bombe atomique, alors même que la presse était au courant des efforts réalisés pour la retrouver. Cela conduisit à quelques dialogues surréalistes entre les journalistes et le porte-parole du Département de la Défense, tel que : "Je ne connais aucune bombe manquante, mais nous n’avons pas positivement identifié ce que je pense que vous croyez que nous sommes en train de rechercher".
Au cours des trois mois suivants, les interventions massives d’assainissement et de décontamination mobilisèrent près de 1 700 militaires américains et gardes civils espagnols. Il semble que les américains aient bénéficié de mesures de protection plus importantes (en particulier des vêtements spéciaux) que les espagnols. La JEN (Junta de Energia Nuclear) a participé avec la DNA (Agence Nucléaire de Defense des Etats Unis) à la coordination de la gestion de la crise, à l’assainissement et au contrôle de la radioactivité dans les régions d’habitation et de culture. Environ 1 750 tonnes de terre contaminée furent envoyées aux Etats-Unis à l’usine de retraitement de Savannah River en Caroline du Sud pour y être stockées. La JEN et les autorités américaines signèrent un accord de suivi post accidentel.
En 1971, Wright Langham (un spécialiste des questions biomédicales nucléaires) du laboratoire de Los Alamos visita Palomares pour étudier la situation. Il découvrit que seulement 100 villageois (environ 6% de la population) avaient été examiné pour une éventuelle contamination des poumons ou des urines. 29 tests furent positifs mais écartés car jugés "statistiquement insignifiants". L’analyse de l’air à la recherche de poussière de plutonium fut abandonnée deux ans après l’accident alors qu’on observait encore occasionnellement des concentrations élevées de plutonium par vent fort. Les échantillons de terre furent jetés car le JEN ne disposait que d’un seul spectromètre qui ne fonctionnait pas toujours correctement. Langham rapporta que l’intérêt des membres du JEN envers Palomares diminuait et que les Etats-Unis devaient fournir plus d’argent et d’équipement pour maintenir la surveillance.
Les auteurs d’un rapport de 1975 de la Commission de l’énergie atomique américaine sur les conséquences de l’accident de Palomares notèrent que "Palomares est l’un des seuls endroits au monde à offrir un laboratoire permanent d’expérimentation, et probablement le seul permettant d’étudier une région agricole". Le rapport précise également que les vents ayant remué la poussière de plutonium "l’envergure réelle de la dispersion ne sera jamais connue".
Le "programme de surveillance" continua apparemment jusqu’en 1986 (la radioactivité du Plutonium diminue de moitié en 24 000 ans). En 1985, sur proposition d’Antonio Flores, maire de Palomares (et qui fut témoin de l’accident étant enfant), les villageois qui furent examinés purent finalement accéder à leur dossier médical qui, selon Francisco Mingot, le directeur de l’Institut de Radiobiologie et de Protection Environnementale du JEN, fut tenu secret sous la pression des Etats-Unis, et plus tard sous la dictature de Franco, ce qui devait éviter des inquiétudes excessives, dixit l’autorité américaine.
www.dissident-media.org/infonucleaire
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Création de l'article : 18 janvier 2006
Dernière mise à jour : 18 janvier 2006
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Espagne, il y a 40 ans, des bombes atomiques sur Palomares
27 octobre 2006
tres interessant !!! existe t il ,encore aujourd’hui des risques de contaminations ? merci pour la reponse
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Il y eu aussi :
25 janvier 2006, par Infonucléaire
- La Caroline du Nord :
Le 24 janvier 1961, suite à une défaillance, un B-52 de l’USAF explose en vol à 20 km de Seymour Johnson Air Force Base, en Caroline du Nord, perdant deux bombes H Mark-39 d’une puissance de 24 mégatonnes chacune.
Une des bombes tomba en chute libre dans un champ boueux à environ Mach 1. Les débris furent retrouvés à 7 mètres de profondeur, mais ne purent jamais être totalement récupérés.
La deuxième bombe atterrit sans encombre grâce à son parachute automatique. Dans un premier temps l’USAF confirmait que tous les dispositifs de sécurité empêchant son explosion s’étaient bien déclenchés, mais après étude, il fut établi que cinq des six dispositifs de sécurité n’avaient pas fonctionné.
Un seul commutateur avait empêché l’explosion de cette bombe thermonucléaire 1200 fois plus puissance que la bombe d’Hiroshima !
- Thulé :
Le 21 janvier 1968, un bombardier B-52 de l’USAF contenant 4 bombes H de 1,1 mégatonnes chacune, s’écrase sur une étendue d’eau glacée à 11 km de la base arctique de Thulé. Sous l’impact, le fuel s’embrase déclenchant l’explosion de l’enveloppe extérieur (l’amorce) d’au moins une des bombes B28 qu’il transportait. L’explosion pulvérisa des fragments de plutonium et d’uranium. Les débris des bombes et l’épave brûlèrent durant au moins 20 minute. La chaleur de l’incendie fit fondre la glace qui plus tard regela, enfermant certains débris. Une des bombes coula au fond de la mer de Thulé. Le haut commandement du SAC exigea que l’histoire soit tenue secrète.
La décontamination du site impliqua plus de 700 militaires américains et des travailleurs civils danois de Thulé, au final, environ 1200 travailleurs de Thulé furent exposés aux produits radioactifs. Les conditions de travail furent impossibles, obscurité, glace, neige, rafales de vent, températures de -33 à -57°C, des équipements fonctionnant mal ou pas du tout par grands froids, et une grosse pression de la hiérarchie pour terminer le travail avant la débacle du printemps (des déchets résiduels furent quand même coulés dans la baie au cours de la débacle).
Au total, 10 500 tonnes de neige, de glace et de débris contaminés furent collectés dans des fûts et expédiés par bâteau au centre de retraitement et de stockage de Savannah River en Caroline du Sud. Les débris de l’avion furent envoyés au centre d’Oak Ridge où ils furent enterré.
Malgré le black-out sur cet épisode, des journalistes danois publièrent des documents "classifiés" indiquant qu’une des quatre bombes n’avait pas été retrouvée et l’article expliquait que la bombe non explosée se trouvait toujours au fond de la mer de Thulé.
Officiellement il n’y a pas eu d’effets liés aux radiations et les mystérieux cancers des anciens travailleurs contaminés de Thulé sont officiellement liés au tabac, à l’alcool et ...au Soleil (UV).
Et il y eu bien d’autres accidents impliquants des bombes atomiques, voir en anglais, "Broken Arrows".
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