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Menace de fermeture d’un labo public détecteur d’OGM |
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Détection des OGM
Non à la privatisation des laboratoires !
Le laboratoire de protection des végétaux de Fleury-les-Aubrais (Loiret) est une des unités du Service de la Protection des Végétaux de la Région Centre. Il est rattaché à la Sous-Direction de la Qualité des Végétaux (SDQPV), elle-même rattachée à la DGAL (Direction Générale de l’Alimentation du Ministère de l’Agriculture).
D’après des informations concordantes, obtenues de plusieurs sources, ce laboratoire, serait aujourd’hui menacé de fermeture.
Le Laboratoire de Fleury-les-Aubrais a plusieurs activités mais la principale est la détection pour le compte du ministère de l’agriculture de la présence d’OGM dans les semences importées en France.
De taille conséquente, ce laboratoire, mis en place récemment, répond à des exigences élevées en matière de confinement et a donc nécessité des investissements importants : 2 millions d’euros il y a seulement 3 ans.
Ce laboratoire a la réputation d’être particulièrement performant dans le domaine de la détection des OGM puisqu’il aurait la capacité de les détecter à l’état de traces jusqu’au seuil de 0,01% ( une graine sur 10 000 !).
Les services de la protection des végétaux interviennent pour vérifier à l’importation l’absence effective d’OGM dans les semences importées (ou encore la conformité des semences génétiquement modifiées avec les indications portées sur les étiquettes pour le cas des OGM autorisés en France). Des prélèvements sont réalisés de façon inopinée par les agents des DRAF sur les lieux d’importation et les contrôles sont exercés par les services de la protection des végétaux.
Les résultats de ces analyses sont assez remarquables : on les trouve dans le rapport d’activité 2004 du Ministère de l’Agriculture (en ligne sur le site du Ministère).
Ainsi, pour ce qui concerne les semences de maïs importées en 2004, 205 prélèvements ont été réalisés par les DRAF et 196 échantillons analysés : il a été détecté dans 35% des cas la « présence fortuite d’OGM » (72 échantillons positifs sur les 196 analysés). En ce qui concerne les seuls lots de semences de maïs en provenance des USA c’est dans 62% des lots analysés qu’il a été détecté la présence d’OGM ( 44 échantillons sur 71). [1]
Les lots pour lesquels il a ainsi été démontré des traces (supérieures au seuil de détection de 0,01%) d’OGM non autorisés ont pu être soit refoulés (les bateaux ont dû ramener leur cargaison à l’envoyeur) soit détruits par la puissance publique.
Le risque de pénétration massive d’OGM dans les semences importées est donc totalement avéré. Dans ces conditions, on s’interroge sur la politique du Ministère : est-ce vraiment le moment de baisser la garde quand on constate la présence de traces d’OGM dans 35 % des semences importées ? ...
A moins qu’on ne comprenne trop bien ... et qu’il ne s’agisse au fond que de faire disparaître un témoin gênant : l’activité d’un laboratoire particulièrement performant, appliquant des méthodes rigoureuses, préoccupé par sa mission de service public, est sans doute trop négative pour tous ceux qui cherchent à imposer de facto la dissémination des OGM en France.
On avancera sans doute pour fermer le laboratoire de Fleury des raisons d’économie : au nom du libéralisme et de la sacro-sainte « maîtrise des dépenses publiques ». Les analyses de semences importées pourraient être très prochainement confiées à des laboratoires privés. Et pour obtenir les marchés ces laboratoires privés travailleront au rabais comme c’est déjà le cas dans d’autres pays de l’Union Européenne. La capacité d’analyse et d’expertise acquise à Fleury-les Aubrais risque ainsi d’être perdue.
On constate ici une nouvelle fois que libéralisme économique et principe de précaution ne font guère bon ménage. L’Etat va peut-être faire des économies de fonctionnement en fermant le laboratoire de Fleury ( tout en gaspillant les investissements réalisés il y a peu) mais il va aussi faciliter ainsi l’introduction et la dissémination de semences OGM pour le plus grand profit des firmes multi-nationales concernées.
Le coût pour les agricultures durables risque de se révéler demain désastreux : comment garantir par exemple au consommateur l’absence d’OGM dans l’alimentation animale lorsqu’on constate une telle pollution transgénique des semences de maïs importées ? Quelle sécurité pourront avoir les agriculteurs engagés dans des labels de qualité vis-à-vis d’éventuels contrôles en aval, si l’Etat abaisse le niveau de détection en amont ( semences) ?
La fermeture programmée du laboratoire de Fleury apparaîtrait donc, si elle se confirme, totalement conforme à la politique actuelle du gouvernement en matière d’OGM et à son projet de loi actuellement en débat à l’Assemblée Nationale : imposer avec cynisme le fait accompli contre l’avis d’une grande majorité de la population hostile aux OGM.
Les Verts-Centre dénoncent cette politique à courte vue et réclament le maintien en activité du laboratoire de Fleury : en matière d’application du principe de précaution, le minimum c’est tout de même de pouvoir disposer d’informations fiables !
Orléans, le 7 avril 2006
Olivier Masson, président des Verts-Centre,
Jean Delavergne, vice-président Vert du conseil régional Centre,
Notes
[1] Dans le cas des semences de soja, dans 21% des prélèvements effectués (en provenance des USA et de Roumanie) les analyses ont été « positives » démontrant la « présence fortuite » de semences OGM, résistantes au glyphosate.
Auteurs divers
Création de l'article : 20 avril 2006
Dernière mise à jour : 19 avril 2006
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