Communiqué de Presse de Benjamin Deceuninck du 29 septembre 2006 à l’occasion du rendu du jugement pour refus de prélèvement ADN
Justice ?
500 € d’amende prononcé à mon encontre pour avoir refusé de me soumettre à un prélèvement ADN pour avoir arraché 4 malheureuses betteraves il y a 5 ans.
Une décision de justice ?
Dans tous les cas, la justice, C. Pasta, procureur de la République à Alès semble s’en moqué !
Celui-ci, n’a pas hésité à déclarer dans « Le Monde » [1] avant même l’annonce du verdict :
Refuser de donner son ADN est un "délit continu", (...) "Tant qu’il refusera le prélèvement, j’engagerai à nouveau des poursuites et il sera reconvoqué. On peut le mettre au trou pour récidive."
L’objectif de l’Etat est clair, dans son énoncé : « me mettre au trou » !
Dans ces conditions, pourquoi avoir organisé un procès ?
L’Etat réaffirme de toute façon ma culpabilité sans se préoccuper de ce que peut dire un tribunal.
Encore un petit effort Messieurs les législateurs, vous avez déjà donné le pouvoir à n’importe quel OPJ [2] d’ordonner le fichage de n’importe qui sur simple présomption. Soyez ambitieux ! Pourquoi ne pas voter une loi pour se passer tout simplement de la procédure coûteuse pour le contribuable d’un procès ?
En invoquant la notion de « délit continu », le Procureur d’Alès et donc l’Etat, ressort du passé la fameuse loi sur l’insoumission au service militaire. Le jeu consistait à l’époque à embastiller les opposants politiques. Une fois la peine purgée, ils étaient libérés... puis reconvoqués sous les drapeaux ... puis de nouveau embastillés...
A ce compte, le « Procès » de Kafka avait le mérite de savoir mettre fin à une situation absurde et autoritaire.
Le fichage ADN de tous les individus hors normes n’est malheureusement qu’une étape dans le projet totalitaire de nos gouvernants. Le procureur d’Alès l’annonce, la suite s’est la prison... et après ?
Le système est sans faille puisque le refus d’un prélèvement ADN constitue en soi un délit passible d’un prélèvement ADN dont le refus entraîne de nouveau ...
A chaque fois, une nouvelle condamnation s’ajoute et chaque fois dans le cadre d’une récidive, donc une peine plus lourde jusqu’à ce que la personne soit hors d’Etat de nuire, c’est-à-dire en prison.
En cette période d’élection présidentielle voilà la pensée lumineuse des représentants de la nation aux problèmes sociaux :
- L’Etat se donne la possibilité de ficher tout le monde
- Les personnes qui refusent ne peuvent être que coupables
- Si elles sont coupables, il faut les mettre en prison.
Le raisonnement est imparable d’autant que la justice n’a rien à en dire.
N’est-ce pas là une logique digne des régimes les plus sombres de l’histoire ?
Totalitaire ? Sûr puisqu’il s’agit d’une logique entièrement basée sur l’arbitraire.
Arbitraire de l’officier qui détermine qui est ou non suspect.
Arbitraire du choix des poursuites du Parquet.
Arbitraire du délit sans fin !
L’objectif de nos dirigeants est de contrôler tout individu à tout moment de sa vie tout en se donnant le droit d’intervenir contre celles et ceux qu’ils estiment dangereux.
Oui mais dangereux pour la population ou dangereux pour leur gouvernement ?
Sous prétexte de lutte contre le terrorisme et la criminalité, les politiques sont rentrés dans une spirale digne d’Orwell en créant des outils à la hauteur de leur projet.
Le FNAEG [3] vient s’ajouter parmi d’autres :
- au Fichier automatisé des empreintes digitales (FAED),
- au Fichier des personnes recherchées (FPR),
- au Fichier national des auteurs d’infraction à la législation des stupéfiants (FNAILS),
- au Système de traitement des infractions constatées (STIC)
La situation historique dans laquelle nous place le développement et l’utilisation de technologies répressives (video surveillance, ADN, biométrie, nanotechnologies...) sans contrôle nous obligent à agir.
Pour mémoire, rappelons que les policiers français regrettaient de n’avoir arrêté que 12 884 juifs lors de la rafle du Vel d’Hiv contre 15 000 espérés. Combien y échapperaient aujourd’hui ?
Nos dirigeants se sont donnés les moyens de poursuivre et de mettre à l’écart de la société toutes les personnes posant problème au pouvoir.
Je refuse, nous refusons de nous soumettre à des pressions politiques rappelant les méthodes des régimes totalitaires, à accepter que notre société soit fondée sur la peur, la répression et l’élimination à termes des contestataires.
Quand le pouvoir se trompe, chacun doit répondre à la question suivante :
Oui, je suis pour plus de sécurité, de contrôle, de répression et d’arbitraire
Non, je rentre en résistance et dans un non respect de lois à caractère totalitaire
L’heure est au choix :
ou se soumettre à l’arbitraire
ou RESISTER !
Notes
[1] Voir le Monde du 26 septembre 2006
[2] Officier de Police Judiciaire
[3] Fichier National Automatisé aux Empreintes Génétiques
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Création de l'article : 30 septembre 2006
Dernière mise à jour : 30 septembre 2006
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