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Les archéologues seront sur le Larzac |
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Pendant plusieurs semaines, ce printemps, des archéologues ont refusé de fouiller et ont occupé (sous la forme d’un campement gaulois), malgré la pression politique et financière, un terrain faisant partie d’un tracé de piste pour l’acheminement des Airbus A 320. Voici un écho de leurs voix et de leur lutte.
Sur une large bande désertique, près d’un bois où le soleil tapait dur, des femmes et des hommes d’aujourd’hui ont installé les bagages de leurs revendications archéologiques pour barrer la route aux intérêts mercantiles de notre monde libéral... Là, un projet européen menaçait une mémoire préhistorique, et un peu plus loin, celle de nos ancêtres les Gaulois...
L’envergure du projet de piste airbus A380 n’a pas failli à son image : d’abord des moyens exceptionnels octroyés en temps de crise, puis finalement une double mesure conservatoire tout simplement... Et pendant ce temps là, à quelques dizaines de kilomètres d’ici dans le Gers, un aménageur a décidé de faire lui-même la fouille d’une église et d’une nécropole médiévale : les os à l’intérieur du bâtiment ont été ramassés et mis dans des sacs plastiques, ne nous plaignons pas...
C’est vrai, nous n’avons rien gagné d’autre que la démonstration de ce que nous dénoncions : une archéologie à multiples vitesses !
C’est vrai, nous n’avons été qu’un grain de sable dans le rouage du « progrès » mais, les trois semaines qui ont suivi la naissance de Labadix ont permis de poser des idées sur de nouvelles formes de luttes grâce aux nombreux échanges qu’a permis l’existence de ce lieu.
La mise en place à deux reprises d’assises nationales a peut-être contribué à fédérer malgré tout une lutte de plus en plus difficile partout...
Labadix est le symbole d’un esprit de résistance collectif face à la puissance du pouvoir économique et politique.
Surplombant la piste où les engins dévalaient, nous avions la sensation d’être nez à nez avec les pouvoirs financiers qui gouvernent le monde. Ce petit camp de bric et de broc, construit en deux jours, bravait les gros intérêts du pays et de l’Europe... Difficile à croire...
Nos esprits n’étaient pas assez mûrs pour prévenir les manipulations internes et externes, ce qui nous aurait permis de garder notre cap : le retrait de la loi 2003 modifiant le fonctionnement de l’archéologie préventive.
Quand la pelleteuse eut fini sa malheureuse besogne le lundi 23 juin, que la tour de guet, le grenier, la taverne, les tables, la tente de Max, la Maison du Peuple, la palissade et le temple furent terrassés et mis en tas au milieu du site, il ne restait qu’une croix surplombant le vide, plantée là avant le départ des derniers gaulois...
Va savoir pourquoi le conducteur de la pelleteuse ne l’a pas terrassée, elle aussi... Dessus, il y avait écrit en noir : Archéologie...
Parce que nous étions trop peu à y croire, le camp de Labadix a rendu ses armes. Mais non pas sans bruix. Et non pas sans douleur.
Cependant, l’essentiel de cette aventure est resté intact, et reste inachevé.
Labadix, c’est ici ou ailleurs.
C’est là où on le veut, quand on le veut, ensemble.
Labadix c’est nous, unis pour nous défendre.
Et s’il le faut, en sortant notre CUL (Collectif Urticant de Labadix) ! Labadix, à peine tombé, planait-il sur les marches de l’Opéra Garnier ce mardi 24 juin ?!
Labadix aujourd’hui est plus un esprit qu’un lieu-dit. Dans le long combat qui s’annonce encore, son esprit re-frappera par surprise là où on ne l’attend pas. Ou peut-être pas. Mais une graine a été semée pleine de fruits inconnus.
A chacun de la cultiver en soi. De trouver en soi la résistance absolue à l’ordre négatif imposé à notre monde.
Avant de partir, nous avons tagué et accroché des slogans sur la palissade :
« Non à l’AGCS », « Non à la dictature libérale », « Non à la marchandisation du sens », « Non à une archéologie à 2 vitesses », « Non à la mal-fouille », « Libérez José Bové », « La culture lutte »...
Labadix : une expérience collective élargie vers le refus frontal... ?
Dans un monde où il ne faut surtout pas faire de vagues et rester très politiquement correct, il en faudra des Labadix, des tentatives pour contrer réellement la marchandisation de notre société... Il en faudra des essais pour toucher notre cible et obtenir des avancées.
Il vaut mieux avoir de grands rêves pour ne pas les perdre de vue à mesure que nous avançons dans la vie ...
Les irréductibles n’ont pas dit leur dernier mot, même si la fatigue et le découragement les accablent tout naturellement... FRANCIX veille au grain à l’ombre de notre mémoire menacée...Il est même allé manifester aux côtés de la Confédération Paysanne à l’occasion de la venue du Ministre des Transports sur l’A20 près de Cahors...Son chômage technique récent ne lui a pas enlevé sa verve légendaire...Il criait haut et fort : « ASSEZ DE CADEAUX A LA FRANCE D’EN HAUT ASSEZ DE COUPS BAS A LA FRANCE D’EN BAS »
Il prévoit un voyage sur le Larzac pour un grand rassemblement des Gaulois Irréductibles. Il paraît que notre druide lui aurait confié discrètement une gourde de potion magique pour cette occasion...
Abracadabrax
Participants Larzac 2003
Création de l'article : 3 août 2003
Dernière mise à jour : 3 août 2003
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P.S. sur la lutte des archéologues :
www.canalarcheo.org
www.archeo.levillage.org
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