Monsieur le Président,
Je me permets de vous écrire dans le cadre du jugement des 32 faucheurs accusés d’avoir volontairement neutralisé, le 14 août 2006 à Villereau, une parcelle d’essai (de la société MOSANTO) de maïs génétiquement modifié.
En effet, je suis vigneron en Agriculture Biologique. J’ai donc fait le choix dans ma pratique culturale de ne pas utiliser de produits phytosanitaires ou de synthèse pour préserver la biodiversité naturelle existante et assurer une qualité intrinsèque optimum de ma production. Je suis à ce titre contrôlé par Ecocert (organisme de contrôle sur le respect des règles du mode de production biologique, agréé par le Ministère de l’Economie et le Ministère de l’Agriculture).
Mon vignoble est enherbé, beaucoup de plantes et de fleurs sauvages abritent différents insectes et animaux. J’accompagne la vigne au quotidien par différents travaux manuels (taille, ébourgeonnage, etc.) en m’efforçant de respecter au mieux le vivant (cycle de reproduction, abris, etc.).
A ce jour, je constate qu’une harmonie s’est installée entre les différents écosystèmes et que la bonne interaction de ceux-ci m’a permis d’esquiver, sur plusieurs campagnes, les différents traitements préventifs naturels (sulfate de cuivre, soufre, etc.) auxquels j’avais recours auparavant.
Je suis heureux de voir des randonneurs, des familles et surtout des enfants surpris et émerveillés par les senteurs, les couleurs florales ou la beauté des papillons lorsqu’ils s’égarent dans cet endroit de nature bordant les chemins de campagne.
Ce procès sur le fauchage des plants O.G.M. m’interpelle, car mon avenir professionnel en dépend. Depuis plusieurs mois, je me documente sur les O.G.M., j’assiste à des conférence de professionnels (chercheurs à l’INRA) et je ne doute plus à ce jour de la dangerosité des O.G.M. à l’égard de l’environnement et de la santé. Comment pouvons nous contrôler la dissémination d’O.G.M. (par exemple : gène « terminator ») ? En effet, depuis toujours , le vent, les oiseaux et autres (agriculteurs, roues de voitures, etc.) propagent sans mesures les graines de plantes jusqu’à des centaines de kilomètres.
Au delà de l’aspect environnemental, les O.G.M. concernent également notre alimentation et par conséquent notre santé. Pourquoi la question des O.G.M. ne suscite pas un débat, une réflexion, un moratoire de la part des pouvoirs publics français ? Faut-il attendre un déséquilibre environnemental dont le seuil de gravité reste inimaginable ou la mort de personnes pour se poser ces questions ?
Par le passé, L’Homme s’est empressé de tester en grandeur nature des pratiques agricoles nouvelles dites « modernes » en utilisant des produits dont il ne soupçonnait pas la puissance maléfique. Malheureusement, le lourd tribut se paie maintenant... Nombreux sont les agriculteurs qui périssent aux abords de leur retraite (Alzheimer, Charco, Parkinson, cancers... Tant de maladies dont pourrait se porter témoin la M.S.A.). Pour information, mon père fait parti de ceux-là.
Mon écrit ne vous interpellera peut-être pas, mais c’est un témoignage de paysan. Je vous remercie de relaxer ces citoyens faucheurs d’O.G.M. qui permettent à l’agriculture biologique de ne pas s’éteindre et qui alertent notre pays sur les dangers irréversibles à venir si nous n’affrontons pas le problème des O.G.M. de façon démocratique. Comme le réchauffement climatique, les faucheurs sont quelques part une alarme qui retentit pour réveiller notre conscience. Merci d’honorer leur bravoure.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de mes respectueuses salutations.