Çà y est, c’est arrivé
Un fleuve français est en train de mourir sous nos yeux,
et ce n’est pas un gag
C’est du Rhône qu’il s’agit : 812 kilomètres de long, pour 97 800 km², ce fleuve imposant peut être comparé, par l’étendue de son bassin, à l’Amazone.
En effet, depuis le mardi 7 août 2007, il est interdit de consommer le moindre poisson de ce fleuve en raison d’une pollution sans précédent aux PCB (polychlorobiphényles), plus communément connu sous le nom de Pyralène de triste mémoire.
Interdits à la vente en France depuis 1987, les PCB sont connus pour entraîner chez l’homme, s’ils sont ingérés régulièrement sur une longue durée, des pertes de fertilité, de croissance ou des cancers.
Utilisés notamment dans les transformateurs électriques, ils font partie des douze polluants chimiques les plus dangereux, appelés par l’Onu polluants organiques persistants (POPs). Ils ont été largement déversés dans le Rhône dans les années 1980.
On estime qu’environ 1200 millions de tonnes de Pyralene ont été produits dans le monde et qu’environ 400 millions de tonnes se trouvent dispersés dans l’environnement.
Très peu solubles, ils se sont accumulés dans les sédiments, puis dans les graisses des poissons.
Comme cette pollution s’additionne, les petits poissons étant, comme chacun sait, mangés par les plus grands, et les plus grands finissant dans nos assiettes, il est probable que nombre de cancers sont imputables aux Pyralènes depuis des dizaines d’années.
La première pollution a été constatée en 1986, les études ont démontré que la contamination provenait d’un site spécialisé dans la destruction des Pyralènes. Les concentrations mesurées à l’époque (en moyenne 5ppm) étaient nettement supérieures à la limite considérée comme admissible aux USA (2 ppm). En effet, à l’époque, il n’existait pas de normes en France. : des analyses réalisées à la demande de la Fédération Rhône-Alpes des Associations de Protection de la Nature (FRAPNA) à partir des moules d’eau douce ont permis de préciser l’origine de la pollution. Les concentrations en PCBs étaient 100 fois plus élevées chez les individus capturés en aval du collecteur des effluents de la zone industrielle de la plaine de l’Ain, site sur lequel se trouve une usine de destruction des PCBs.
Nouvelle alerte en septembre 2006,interdiction de consommer du poisson dans le département du Rhône, ont suivi en février 2007 l’Ain et l’Isère, puis l’Ardèche et la Drôme en juin , et maintenant c’est la totale.
Ce qui paraît le plus invraisemblable, c’est que, malgré son débit important (1800 mètres cubes à la seconde à son embouchure), et la dilution de la pollution que cela entraîne, il reste suffisamment de danger pour que l’on interdise la consommation du poisson.
Il a tout vu, le Rhône, on a commencé par y poser des barrages, en prélever l’eau pour l’irrigation, les centrales nucléaires, puis on l’a bétonné sur sa quasi longueur.
Mais là il vient de décrocher le pompon.
Une enquête est ouverte.
Montrée du doigt, L’usine Trédi (spécialisée dans le retraitement des déchets) de Saint-Vulbas (Ain), l’une des deux en France habilitées à retraiter les appareils contenant des PCB, est autorisée à rejeter de faibles quantités de ce produit dans le Rhône. Mais elle n’est pas seule en cause, d’après un pré-rapport de synthèse qui avait conclu que les sources de contamination étaient « anciennes, multiples et difficilement identifiables ».
On l’aura compris, les coupables ne sont pas près d’être identifiés, et ils peuvent continuer de polluer en rond sans être inquiétés.
Il vaut mieux s’occuper des voleurs d’oranges, ou de mobylettes.
olivier cabanel
Création de l'article : 14 août 2007
Dernière mise à jour : 14 août 2007
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La mort d’un fleuve
18 août 2007, par
Et ou va l’eau du Rhône ?
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