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Compte rendu et remerciements de la présidente de Greenpeace France |
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Chers amis,
vous ayant fait passer un message de demande de mobilisation de soutien à Greenpeace pour le procès du 1er octobre dernier pour une action de juillet 2006, je vous fais passer ce message de ma présidente, Katia Kanas (c’était elle qui était assignée pour Greenpeace). Merci encore de votre réactivité, c’était vraiment bien qu’il y ait de quoi remplir la salle du tribunal. N’hésitez pas à faire passer ce message à ceux à qui vous aviez fait passer la demande de mobilisation.
Amitiés
Arnaud
Bonjour,
Voici un petit compte-rendu personnel sur ce qui s’est passé aujourd’hui à Marmande, à l’attention de mes amis et camarades qui m’ont soutenue dans cette aventure.
Extraits de discussion au petit déjeuner ce matin :
John, 9 ans : c’est plein d’OGM ces céréales ! (ndlmaman, céréales bio à l’amaranthe de chez Allos)
Léo, 12 ans : non ! mais il y a de la graisse de palme. Et ça, ça détruit les forêts tropicales !
Sam, 11 ans, ne dit rien, il mange.
Bon, au moins je sais pourquoi je vais à Marmande aujourd’hui.
Quand j’arrive, la première chose que je vois c’est une affichette dans la vitrine du marchand de journaux. C’est la Une de Sud Ouest du jour, en grosses lettres bien grasses : "ANTI-OGM, LA PRESIDENTE DE GREENPEACE AU TRIBUNAL". On se croirait dans un western, à la porte du saloon est clouée l’affiche "Wanted". Le marchand de journaux a la gentillesse de me donner l’affichette, en souvenir.
Une petite cinquantaine de militants anti OGM étaient présents au Tribunal Correctionnel de Marmande pour nous soutenir ; ça aide.
Contre toute attente, le président ne veut pas reporter le procès à après le Grenelle.
En tant qu’inculpée, je suis appelée à la barre. Je cite Borloo (la dissémination est inévitable), ce que j’ai retenu sur la problématique des OGM au cours de mes révisions du week end,(merci à la confédération paysanne pour une bonne petite brochure : "explique moi autrement les OGM" (3 euros)), et je développe sur le contexte et les valeurs qui sous-tendent l’action de Greenpeace. Mon nouveau slogan (j’étais trop jeune en 68, contrairement aux apparences) : la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. la liberté de M.Ménara de planter des plantes génétiquement modifiées s’arrête où commence la nôtre, celle de vivre dans un environnement sans ogm. Donc, légitime défense.
Après c’est au tour de Monsieur Claude Ménara, l’agriculteur qui nous attaque parce qu’on a dessiné une croix géante dans son champs d’OGM, d’être interrogé par le Président.On pourrait à priori avoir du respect pour une personne qui assume ce qu’il fait, à visage découvert, même dans l’adversité. J’étais donc fort interressée par ce qu’il avait à dire.
Je vous résume ce qu’il a répondu au juge à propos de la dissémination.
"cela ne pose pas de problèmes pour les agriculteurs conventionnels, seulement pour les bios. Or ; je connais bien mes voisins, il n’y en a pas de bios" (je vous passe les détails sur les quelques rangs "tampons" de mais non ogm, sur les discussions sur les 0.1% ou 0.9% de contamination)
Or :
- Bien sur que si, ca pose des problèmes aux agriculteurs conventionnels ainsi qu’aux apiculteurs, ainsi qu’aux 80% de Français qui ne veulent pas d’OGM dans leur assiette, ainsi qu’à nos enfants et à nos petits enfants.
- Bien sur que si, il y a des agriculteurs bios au voisinage de M. Ménara.
Quand bien même, la réponse de l’agriculteur militant est extraordinaire. IL ADMET QUE LE BIO ET LES OGM SONT INCOMPATIBLES, BREF, QU’IL FAUT CHOISIR ENTRE LES DEUX ;
L’avocate de Monsieur Ménara a lourdement insisté (faute de mieux, le préjudice matériel étant estimé à 311,20 Euros), sur le préjudice moral (l’impact psychologique) subi par M Ménara. Sa femme aurait eu une crise de tachicardie. (le champs visé par Greenpeace est à 8 km de son domicile).
Dans "La Croix" d’hier (pas la croix faite par Greenpeace, mais le quotidien), Monsieur Ménara et ses amis déclarent que s’il y a un moratoire ou un gel des cultures ogm, il rentreraient dans la clandestinité, en achetant leurs semences OGM par internet ou en Espagne. Voilà l’idée que celui qui traine en justice les militants anti-ogm se fait de la loi.
Comment son épouse vivra-t-elle cela ?
Qu’en est-il du double préjudice moral subi par les militants anti-OGM ?
- On leur impose des OGM (dans leur champs ou dans leurs assiettes, dans leur corps et celui de leurs enfants)
- Combien de dépressions nerveuses, de divorces, de nuits blanches, de comptes bancaires dans le rouge, de brimades, de menaces, pour les milliers de militants qui par leur monde s’engagent bénévolement, par légitime défense ou solidarité , pour préserver la liberté de produire et de consommer sans ogm, pour préserver la biodiversité, pour empêcher les mutations génétiques de tout ce qui est vivant , pour empêcher la contamination totale des cours d’eau ?
L’avocat de Greenpeace rapelle quant à lui que dès 1978, des actions "illégales" de Greenpeace ont permis de faire avancer la protection de l’environnement et le droit international. Quand on peignait les bébés phoques en rouge, pour rendre leur fourrure inutilisable, les chasseurs hurlaient que l’on portait atteinte à leur outil de travail, et que leur femme avaient elles aussi faim et peur. En 1995, c’est en toute illégalité que nous avons occupé la plateforme pétrolère réformée Brent Spar, pour empêcher son immersion en mer du Nord. Grâce à ces "infractions" les bébés phoques peuvent devenir adultes, et l’immersion en mer de plateformes pétrolière est interdite.
Mais le 1er octobre 2007 dans le Lot-et-Garonne, trois juges ont préféré s’affranchir du contexte socio-politique, fermer les yeux sur les vraies victimes pour se cantonner dans une interprétation très étriquée du droit. Ils ont condamné Greenpeace à 3000 Euros d’amende avec sursis, et à 3000 Euros environs pour les frais d’avocats, le préjudice matériel et le préjudice moral de Monsieur Ménara.
Ils ont raté une occasion de faire grandir la société, ils sont à la traîne d’un mouvement qui est en marche. On décide de faire appel. A la sortie du Palais de Justice, deux femmes ont adheré à Greenpeace. En France, ça fait 120 002 adhérents. Quant à moi, ce soir plus que jamais, je persiste et signe avec ce mouvement, pour la défense de nos libertés et de la vie sur terre.
Katia Kanas , le 1er octobre 2007
Auteurs divers
Création de l'article : 3 octobre 2007
Dernière mise à jour : 3 octobre 2007
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