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Une réflexion éduc-hâtive ! |
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Je vais porter mon attention sur les refoulements courants d’éducateurs. A mon sens, le label éducateur s’adresse à toutes les professions amenées à devoir aborder de façon régulière l’enfant. Tous les métiers de l’enseignement en particulier, des loisirs et de l’animation en général, sont présents à mon esprit, sans omettre "l’éduc", qu’il soit de rue ou de foyer.
"Laids" non-dits de l’éducation.
Une pratique attenive m’a permis d’observer que la sensibilité de l’enfant sollicite l’éducateur dans ce qu’il a de plus archaïque de désirs insatisfaits et d’insécurité. Elle attire celui qui reste attaché à sa propre enfance. L’enfant éveille le sadisme par sa faiblesse et déclenche automatiquement l’autoritarisme par sa passivité. Il attise l’immaturité du plus grand nombre et les tendances sexuelles perverses par son inachèvement psychique, physiologique et son besoin de tendresse.
Etre éducateur est un choix professionnel orienté par des désirs inconscients. La reconnaissance de ces désirs, admettre au moins leur existence, est indispensable.
L’éducateur bousculé est un individu bloqué par l’angoisse. Il n’a jamais pu atteindre une identification suffisante enécho d’une image paternelle vigoureuse et non agressive. Ces éducateurs chahutés sont les éducateurs chahuteurs. Leur vraie sensibilité est faite de fantasmes défensifs plus ou moins refoulés.
Ici se confirme que la valeur pédagogique réside moins dans ce qui est dit et fait que dans ce qui est ressenti en profondeur, c’est à diredans son propre degré de maturité. La méthode vaut par celui qui l’applique.
Vers un autre-delà.
Derrière le masque, que motive chez un éducateur son désir "d’adapter" (a/o) un enfant ?
Au-delà de lui ; il y a l’Autre, l’enfant du passé qu’il était et des projections qui le dépassent, "l’Autre-delà". A la croisée des deux chemins se situe l’origine de l’autorité : le "Grand Non du Père" (Grand-Père ?). Tout éducateur doit savoir ditinguer autorité et contrainte, liberté et laisser faire. Tout éducateur doit savoir qu’appel aux menaces, punitions, chantages affectifs prouvent son manque d’autorité ;il devient "l’éduc-acteur" d’un mauvais rôle. L’autorité s’impose d’elle-même. Elle est modèle. Elle n’a pas peur des pulsions de l’enfant. Elle admet les nécessaires maladresses de l’apprentissage sans jamais les considérer comme intentionnelles et mauvaises. L’autorité est tolérante. Elle est dans l’égalité d’Etre et l’humeur constante. L’importance en est évidente surtout pour l’enfant qui a besoin d’appuis solides pour se construire. La colère inattendue, le soupçon capricieux, brutal et déplacé sont nocifs. Nombre d’enfants doivent à cette perversité lunatique une partie de leurs perturbations de comportement. L’enfant n’entend jamais véritablement l’autorité apparente de l’éducatuer énervé. L’autorité vient en premier lieu de l’autorité acquise sur soi.
Miroir.
Les éducateurs sont porteurs de tensions inconscientes qui happent l’enfant qui les reproduit. C’est la maturité effective de l’adulte qui autorise à l’enfant ses mécanismes d’identification sans lesquels il ne peut exister d’intérêt culturel ni de communication sociale constructive. Il faut qu’aux demandes inlassablement répétées de l’enfant, l’éducateur réponde par un rapport correspondant justement aux besoins et intérêts réels et non fantasmatiques de l’enfant. Il doit prendre soin de ne surtout pas répondre en fonction de ses propres fantasmes.
Etre éducateur suppose cette double attitude d’être capable de se mettre à la place de l’enfant et, en même temps, en être suffisament détaché pour ne pas être pris subjectivement dans une aliénation réciproque.
Psychanalyse de l’éducateur.
Parelr de l’éducateur dans notre société, c’est en aborder un des sujets les plus "immaîtrisés". Un bon dressage ne suffit pas à réduire les impulsions humaines, chacun le sait. Le désir est porteur d’angoisses qui sont à l’origine de nombreuses formes d’inadaptations. Angoisses chargées de culpabilitées, angoisses frustrantes et castratrices annihilant jusqu’au principe de demande. Les symptômes-symboles sont par nature crus, brutaux et difficilement admissibles pour l’éducateur. La répulsion qui en découle peut lui interdire la compréhension des difficultés de l’enfant.
Souvent l’adulte régnant oppose une farouche résistance à devoir considérer un mode d’approche de son inconscient. Il nie, avant de renier, l’origine de ses réactions de défenses anxieuses, agressives, masochistes,etc.
L’éducateur ne se rend pas compte de son comportement affectif :il rationalise et n’a cesse de justifier ses réactions après coup, avant même d’être confronté aux questionnements. Il attribue sans vergogne aux seuls enfants l’origine des troubles rencontrés dans la pratique. Même ceux animés par ce qu’on appelle "le feu sacré" ne font qu’exprimer une tendance possessive pesante qui handicape l’auto-nomisation de l’enfant.
La compréhension psychanalytique issue de l’expérience, elle-même obtenue par la pratique, est indispensable pour une action efficace en faveur des enfants. En déchiffrant le langage symbolique, il devient possible d’atteindre la vérité camouflée par l’enfant.
Je me "Freudonne" à l’oreille que le moi doit déloger le ça qui parle dans le symptôme ! Cette progression du désir brut à travers des significations de plus en plus maîtrisables est violente, impulsive, virulente et se fait du symbole pré-verbal, au verbal. Il ya alors abandon du ça par l’enfant et restructuration progressive du moi. Lespropres désirs de l’enfant, jusqu’alors enfermés derrière les angoisses d’autrui, se libèrent et avec eux une grande partie de sa psychosomatique et de ses aptitudes certaines à la relation humaine. Cette pratique ne s’intellectualise pas. Elle se pratique sur soi, pour se pratiquer sur les autres, même si ces autres sont des enfants.
Je n’ai toujours que sentiment d’horreur à la rencontre de ces enfants étiquetés, classés vis-à-vis d’eux-mêmes et des autres, soumis d’office par leur infériorité officialisée, devenus objets de la vigileance des adultes, qui ne sont plus que ce que l’adulte cultive en eux : l’impuissance et l’angoisse à être parmi les autres.
Benoît COMTE Sociologue
cbenoit
Création de l'article : 16 août 2003
Dernière mise à jour : 15 août 2003
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Une réflexion éduc-hâtive !
14 février 2007
Je suis éducatrice depuis trois ans dans un foyer d’hebergement pour jeunes filles, je n’ai qu’une chose à te proposer : venir passer du temps parmis l’équipe éducative, et les jeunes ... il est quasi certain que ton discours changera, et ce en peu de temps !! à bon entendeur .... élo
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Une réflexion éduc-hâtive !
29 septembre 2007, par
Lorsque l’on saura apprendre aux enfants et à nos adolescents autre chose que des mensonges, alors je changerai peut-être de discours. Votre foyer je m’y rends quand vous le désirez, ça fait parti de mon travail et bein entendu ce n’est pas gratui. changer les choses n’est jamais gratuit !
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> Une réflexion éduc-hâtive !
23 février 2004
En pension toute ma jeunesse, malgré des parents qui avaient tout pour ............
Centre d’observation,maison de correction, foyer de jeunes travailleurs ...........
Un enfant décédé du jeu du foulard ........
J’ai été tuteur de mon beau frère ( 8 ans à 18 ans ) pour qu’il ne soufre pas comme moi...... Il est entré dans une famille sectaire ......... Ses soeurs souffrent de son absence en silence ...... Le temps passe ...... vite, très vite ......
La vie est un gros paquet de merde déposé par les autres qui vous regardent sans réagir,et vous laisse marcher dedans, jusqu’à la bouffer !
Les éducateurs sont certainement les seules personnes que j’ai rencontré dans ma vie, qui étaient digne d’intérêt ........... Mais à l’époque, je ne pouvais pas en être conscient ...........
Aujourd’hui, j’écris un grand livre, pour mes petits enfants, afin qu’ils ne perdent pas leur temps à réinventer la vie qui n’est qu’un éternel recommencement !
Je suis tombé par hasard sur votre site .....
Beaucoup de mots compliqués, mais écrire, c’est mieux que d’être indifférent ........
Alors, belle vie ......... à tous !
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> Une réflexion éduc-hâtive !
17 août 2003, par
Salut, ton article m’interpelle car, âgé de 24 ans, je souhaiterais m’impliquer dans l’éducation des enfants, en faisant maître des écoles.
Je trouve ton texte tout à fait lucide, toutefois, je te trouve un tantinet trop catégoriste...
Personnellement, les raisons que je me donne pour justifier ce choix sont justement, grosso-modo les mêmes qui t’ont poussé à écrire cet article à savoir :
Apprendre à l’enfant le sens de la vie en communauté par la solidarité et le respect de chacun
Le refus de l’enfermement individualiste
Le refus de tout classement, conditionnant l’enfant à se plier à la hiérarchie et le résignant à n’avoir pour seul objectif que de devenir Kalife à la place du Kalife.
Ces points de vue me viennent de l’alchimie entre mon passé et ma sensibilité, par réaction, et sont peut-être les reliques de blessures enfouies inconsciemment...
Et alors ? Si l’on veut creuser la fange, on ne trouvera toujours que de la m...
On est tous, en train d’harmoniser le présent avec le passé, et bien-sûr des garde-fous sont indispensables pour que cette harmonisation de l’éducateur ne déteigne pas de façon nocive sur l’enfant...
Mais qu’est ce que tu propose de mieux ? On ne va pas soumettre l’éducation des enfants à des machines déconnectées de la vie mais tout à fait logiques...
Et l’éducation reste un privilège :
Je pense que tu mets le doigt sur un problème de forme en critiquant les éducateurs alors qu’à mon avis c’est le fond de l’enseignement qu’il faudrait repenser.
Et je pense qu’en développant l’autonomie de l’enfant, son sens relationnel, son aptitude à l’ouverture par les programmes, les enfants apprendraient mieux et pourraient également enrichir leurs éducateurs créant ainsi une relation d’échange favorable aux deux parties...
Maintenant, je ne suis pas sociologue, et ne dispose pas de la même éloquence que toi...
Je tenais simplement à réagir à tes propos dans lesquels j’ai ressenti une sorte de violence latente malgré tes références à la psychanalyse, à ton expérience ou à tes lectures ne serait ce que par la généralisation un peu facile.
Cordialement, Manu
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