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Causses toujours, il en restera bien quelque chose... |
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Difficile d’être "in", en tant que militant d’attac et politique "Vert" dans le Tarn et "out" en tant que ouèbe reporter. Je m’y essaie. Commentaires bienvenus en bas de page...
Larzac... Ca résonnait dans ma tête, depuis 73... je n’avais que 14 ans, mais tout le monde en parlait, dans mon entourage et j’avais été chagrin de ne pas en être.
Larzac, comme un drapeau, claquant séchement sous un petit vent du sud qui rafraichit les idées...
larzac, comme un morceau de bravoure, l’emergence de la non-violence... Une lutte emblématique.
Larzac 2003, jeudi 07 août :
Les Gaulois sont montés de la plaine, ils sont sur le plateau.
Le larzac 2003 commence à Saint-Afrique par un paradoxe climatique apparent, en pleine période de sécheresse : un orage violent, tropical... Bienvenue au pays du réchauffement climatique... Des trombes d’eau chaude nous forcent à stopper la voiture, dans une moiteur étouffante, alors que les rues de la ville sont submergées en quelques minutes de torrents de boue rouge... Nous repartons au ralenti, attentifs, sur cette route glissante. Pour éviter les bouchons, nous tentons les départementales tortueuses qui ménent au plateau, depuis Roquefort, jalonnées de slogans " Libérez José Bové ", Non aux OGM", "josé à la maison", en grandes lettres blanches dans les champs, sur les routes et les collines.
Le bouchon commence sur la nationale 9, à la sortie de L’Hospitalet-du-Larzac. Bienvenue ! Les tentes pointues, les chapiteaux et les scènes qui vont accueillir le rassemblement sont déjà plantées, on devine au loin le site, tout au bout de la N 9, qui trace tout droit vers le sud.
A quelques kilomètres au sud, il y a trente ans, toute la France contestataire était venue à l’appel de Bernard Lambert, des Paysans-travailleurs et de Lanza del Vasto : PSU de Rocard en tête, maoïstes : Serge July et Denis Kessler, trotskistes, antimilitaristes, militants non violents et écologistes, syndicalistes ouvriers et paysans, catholiques de gauche... même des généraux à la retraite comme Jacques de Bollardière ou le vice-amiral Sanguinetti. Dans une joyeuse pagaille, la génération baba cool était venue soutenir les paysans en lutte contre l’extension du camp militaire.
Certains ont bien vieilli et sont toujours là, fidèles au poste tandis que d’autres sont ailleurs : Alzheimer ou fatique ? Rocard aujourdhui approuve la casse des retraites par Raffarin, July dirige un quotidien libéral... pro-Bush et Denis Kessler veut casser la sécu au profit des assureurs.
Aujourd’hui, les militants altermondialistes d’Attac et de la Conf’, du mouvement social, les écolos, les non-violents viennent débattre, pour se battre contre l’OMC et préparer la rentrée sociale et politique. Ils sont venus en train, en bus, voiture, camping-car, avec la caravane, en camion, en train, à vélo, en stop, à pied pour certains.
Au vu de la fréquentation des pages co-voiturage sur le site Ouèbe (web) monde-solidaire, j’imagine que l’entraide a fonctionné. Très bien fonctionné, permettant à des nombreux participants, venus de la même région, de faire connaissance. Des centaines de bénévoles sont là depuis le début de la semaine pour préparer le site, il y a les anciens, les vieux de la vieille qui font découvrir le célèbre causse à la génération de leurs enfants, ceux qui ont pris des congés exprès, des paysans, des chômeurs, des étudiant-es...
Il y a quelques jours seulement, des messages alarmistes passaient sur le ouèbe, on manquait de tout (tables, chaises, chapiteaux, ordinateurs et bien sûr, de bénévoles). Interrogation vaguement inquiète : sont-ils prêts ? OUi, trois fois oui. Une sacrée organisation. 15 h 30 : un bouchon interminable pour accèder au site, bien plus d’une heure d’attente.
Partout, une floppée de bénévoles en maillot jaune (tous grands vainqueurs de cette étape formidable : s’ils sont dopés, ceux-là, c’est à la bonne humeur). On nous aiguille gentiment, mais fermement. J’ai le matériel pour le stand attac tarn dans la remorque et dois répéter souvent que si, si, je veux aller sur l’espace organisateur, que je sais où c’est, que je veux juste passer. C’est tout le charme, parfois un peu agacant du bénévole sourcillieux quant au bon résutat de sa mission. Pour un peu, une jeune fille très obligeante nous aurait conduit jusqu’au stand pour nous éviter de nous perdre...
C’est vrai que le site est vaste, gigantesque, hors de proportion avec aucun festival ou rassemblement jamais vu dans notre pays, le camping dépasse largement en taille ce que l’on a pu voir à Annemasse ou à Millau il y a trois ans. Les citernes réfrigérées, habituellement destinées au ramassage du lait de brebis pour les coopératives de Roquefort sont déjà sur place, pleines d’eau fraiche. Le site est immense, La grande scène est si loin, de l’autre coté de l’autoroute, que de nombreux participants hésiteront à s’y rendre.
Poussière... rouge comme la terre du Larzac, rouge comme les luttes paysannes qui ont émaillé l’histoire de ce plateau. Emaillé, par ce que la chaleur cuit tout. Il a rarement fait si chaud, même là-haut. Un plateau âpre, chiche en verdure, en arbres et donc en ombre, où le sol est jonché de pierres rouges qui roulent sous nos pieds en soulevant des nuages de poussière. Dur au derrière pour s’assoir, dur au dos pour les malheureux campeurs démunis de tapis,
le Plateau se mérite.
Climat continental typique : glacial en hiver, torride en été. En fait, plus visible qu’à l’ordianaire, nous avons sous les yeux un échantillon de désert. La température renforce cette impréssion, merci l’effet de serre !
Les bénévoles distribuent des cendriers pleins de sable sur chaque stand, à chaque groupe et font de la prévention incendie... Partout, dans toutes les langues, dès l’entrée du site, des panneaux indiquent que les feux sont interdits. Confédération Paysanne ne rime pas avec pyromane...
Le stand installé, nous voilà à la recherche d’un emplacement pour camper. Nous constatons que les lieux sont déjà très occupés, mais les tentes sont plantées de manière ordonnée, de manière à laisser libres des passages. Au vu de la foule déjà sur place, mon pronostic est que nous serons plus de 200 000.
Le travail d’acceuil est formidable. La Condédération Paysanne et toutes les organisations parties prennantes ont fait les choses en grand. EDF (on a eu peur un instant) a installé l’electricité sur tout le site, via des poteaux en bois, les espaces sont tous biens délimités et fléchés, l’on trouve au pied de chaque poteau poubelles et cendriers. Partout, les écriteaux rappelent dans toutes les langues que les feux sont interdits. Il n’y aura aucun départ de feu. De très nombreux containers sont près pour le rammassages des déchets et le tri selectif est vivement encouragé. Les bénévoles qui ont assuré cette tâche, ingrate mais nécessaire, nous ont dit que dans l’ensemble, le tri avait été fait. Altermondialiste ne rime pas avec j’m’en foutiste...
Comme il y a trois ans, le maire de Millau est encore à côté de la plaque :
En refusant que l’un des plus importants rassemblements de ce pays ne se tienne dans sa ville, il permet aux organisateurs de démontrer leur capacité d’organisation, d’hébergement sur un plateau désertique, notre capacité collective à vivre ensemble, avec infiniment peu d’interventions du service d’ordre... Le tout dans un délai très court...
José Bové vient tout juste de sortir de prison, mais déjà, il coordonne le tout, grave, heureux, mais très fatiqué, dans la bonne humeur, grâce cette très ancienne complicité qui lie les altermondialistes de L’Aveyron.
Sur le stand de la Conf’ Midi-Pyrénées, on travaille déjà d’arrache-pied à nourrir et à désoiffer tous ces arrivants alors que le stand ne devait ouvrir que le vendredi matin. Martine, bénévole toujours joyeuse et toujours verte, est ravie de cette affluence, malgré le boulot imprévu. La bière du Tarn coule à flot, elle n’aura jamais été aussi bonne que lors de ces quatre jours.
Après le repas, un tour de reconnaissance nous fait découvrir des centaines de stands, d’espaces à thème très variés, des luttes internationales (Palestine, Kurdistan) en passant par l’alimentation bio, le commerce équitable, l’artisanat, les alternatives qui retiennent toute notre attention, les stands plus politiques ou sociaux de AC, droit devant... Des centaines d’associations sont présentes, malgré de nombreux refus car la sélection a été sévère.
Les Kurdes du Congrès National Kurde (Le Pkk ayant été dissous et inscrit par l’Europe, sous la pression de Bush et de la Turquie, comme organisation terroriste) ont l’excellente idée de proposer de véritable kebabs, d’excellente qualité avec des crudités, sans frites. Une expo nous rapelle pourquoi le Kurdistan, dépecé avec la chutte de l’empire ottoman par les "alliés" de 14-18, principal reservoir d’eau et premier producteur pétrolier du moyen-orient a du mal à obtenir l’indépendance promise en 1923 au Congrès de Sévres...
Une innovation, judicieuse en ces temps de sécheresse, l’ouverture de bars linéaires sur des centaines de mètres, qui permettent à la foule de commander vite, donc de consommer plus tout en prennant son temps au contraire des entonnoirs permanents et étoufants, producteurs de gène et de bousculades. Du coup, le ton est joyeaux et calme, l’organisation favorisant les discutions. Bien entendu, cette logistique nécessite de très nombreux bénévoles. Nous en manquerons toujours un peu, sur les trois jours. Toute la soirée, on attend la pluie, mais las... l’orage aura éclaté tout autour du site sans jamais le refraichir, même de quelques gouttes.
Au stand Presse, j’apprends que les prévisions les plus optimistes sont en passe d’être dépassées. Il est déjà très difficile de téléphoner, les portables ne passent plus. Seul hic, il n’y a pas de cabines publiques, France Télécom aurait décliné la demande des organisateurs, trop couteux...pour quelques jours. C’est cela aussi, une gestion libérale. En terme d’image de marque, cela sera encore plus couteux pour eux. On s’en souviendra. Si j’avais sû, j’aurais persévéré avec un portable, car les trois jours suivants, c’était totalement impossible...
Vendredi 8 août :
Les tribus gauloises se chamaillent un peu, juste pour savoir qui est le plus éfficace au combat.
On dort bien sur le plateau, fatiqué du voyage et de l’installation, malgré (ou grâce à) une scène Techno qui nous assène très fort, évidemment, un rythme des plus répétitifs.
Le stand attac tarn monté, dans la bonne humeur, je confirme mon inscription comme ouebereporter au stand presse. Accueil sympa, il a un peu de matériel, de quoi travailler à l’ombre... et le plaisir de rencontrer Thierry, hibou souriant, un peu tendu, au vu de l’ampleur de la tâche. Depuis quand n’a-t-il pas dormi ? Il est là depuis le départ du projet et a fortement contribué à monter le site ouèbe monde solidaire.org, tout exprès pour le rassemblement.
Plaisir identique de connaitre enfin Gilles d’Indymédia, avec lequel je corresponds depuis le sommet de Nice, c’est dire... Evidemment, nous parlons ouèbe : d’hébergement, de SPIP, de la coopérative Ouvaton, tous nos outils habituels... et projets de presse alternative.
Vers 11h30, sous un soleil de plomb, la file de voitures des arrivants atteint déjà les 5 km.
13h00 : José Bové arbore un grand sourire de satisfaction à l’occasion de l’inauguration de la tente Larzac, qui présente l’histoire de la longue lutte contre l’extension du camp militaire. Il en profite pour prédire à la presse que l’autoroute sera bientôt complètement bloqué, en raison de l’affluence, qui ne cesse de croitre. Il faudra sans doute compter, dans l’après midi, plusieurs heures d’attente pour accéder au site.
Question ambiance, nous sommes frappés, malgré l’énormité de la foule, de l’atmosphère bon enfant qui règne. Des champs innombrables remplis tantôt de voitures, de stands associatifs, des tentes ou de caranes à perte de vue... La référence à Wood Stock est sur les lèvres des plus agés. Les premiers débats ont commencé, ils seront partout animés ou studieusement calmes, mais toujours très suivis et commentés.
Les toilettes sont prises d’assaut, la chaleur aidant, l’air y est irrespirable... et l’affluence supplémentaire ne permet plus un nettoyage optimal... Un débat s’engage avec des partisans des toilettes sèches, une solution qui aurait été particulièrement adaptée, mais qui aurait refusée par la préfecture. Navrante société, qui au nom de "l’hygiène moderne, à la mode américaine", nous met dans des situtations dégradantes et prive le plateau de milliers de tonnes de compost, de plutôt bonne qualité, au vu de la nourriture servie, qui auraient pu fertiliser ce plateau aride...
L’eau est une préocupation majeure, ce qui permettra à tous de prendre conscience que ce bien commun ne doit pas être gaspillé et doit rester abordable...Cette mise en situation réelle sera salutaire pour de nombreux citadins, qui ont soudainement réalisé que l’eau pouvait être rare et difficile d’accès... Après tout, n’est-ce pas le lot quotidien de la majorité de l’humanité ? La génération de nos grands-parents a bien connu cette situation, pour ceux qui n’avaient l’eau au robinet. Une première gêne passée, les gens s’habituent à cette situation sans trop s’en plaindre. Nous sommes tous dans le même bain (de sueur...) et cela contribue même à détendre les rapports. Les files d’attente sont généralement calmes, les gens attentifs aux autres, au respect de la queue... Pas question de se doucher, certains ne se lavent plus les mains... Nous sommes couverts d’une pellicule de poussière rouge, qui colle à la peau grâce à la sueur, mais qui du coup protège un peu des coups de soleil. Certains découvrent sur eux des odeurs inconnues, mais rarement insupportables. Nous sommes en plein air...
Pour beaucoup, nous sommes sur une autre planète : les (insu)portables ne passent plus, les relais sont incapables de traiter cet afflux d’appels, tant mieux pour nos oreilles et la convivialité, tant pis pour les nouvelles à la famille.
Les stands associatifs font le plein, des vêtements bio au commerce équitable, en passant par Greenpeace, les ogm, les énergies renouvelables... Partout, sur les stands, entre les forums, toujours à l’ombre, des débats passionnés s’improvisent... Au hit parade, l’OMC et l’A.G.C.S. et bien sûr, les ogm... et notre mode de consommation.
Devant le stand d’attac Tarn, notre ami lionel pulvérise de l’eau sur les passants, pour leur faire comprendre que l’eau est un bien commun, rare, qui devrait être gratuit. Succès assuré, le stand ne désemplit plus et des centaines de dossiers sur l’A.G.C.S. partent en quelques heures.
Oui, un autre monde est possible et ca fonctionne plutôt bien !
Premier temps fort, le meeting d’ouverture résume les enjeux du rassemblement à un public un peu ramoli par la chaleur, mais heureux d’être là, attentif aux différentes interventions. C’est José Bové, visiblement très fatigué mais toujours combatif, qui donne le ton : Nous ne partirons pas d’ici sans avoir mis en place les actions à venir. Historique de la lutte de 1973 contre l’extension du camp militaire du Larzac, une centaine de familles de paysans contre l’armée... Lorsqu’on a vécu une telle victoire, on a plus envie de s’arrêter. Et il ne se sont jamais arrêtés (d’ailleurs, pour les arrêter, il faut leur envoyer des pelotons de gendarmes avec l’hélicoptère...). C’est le problème avec le peuple, tu lui laisse un doigt et il veut le bras !
Ovation pour le propriétaire des terrains sur lesquels nous sommes installés... C’est bien mérité, car c’est un sacré pari de sa part !
Lori Wallach (Public citizen) dénonce la vocation de l’OMC à devenir une constitution mondiale, se substituant aux décisions démocratiques, parle de coup d’état au ralenti. Trois technocrates se réunissent en secret et peuvent décider qu’une loi démocratique est un obstacle au commerce... puis attaquent le pays en question, en lui demandant d’abroger celle -ci. La première victime de l’OMC a été une loi indienne qui précisait que les semences ne pouvaient être brevetées. Un apéritif, avant l’attaque menée contre le moratoire européen sur les OGM. Les transnationales utilisent l’OMC pour provoquer des désastres démocratiques, paysans, environnementaux et dans les systèmes de santé. Une nouvelle période commence quand ceux qui sont en haut ne peuvent plus imposer leur point de vue à ceux qui sont en bas. Il faut inventer un nouveau monde si on veut contester l’ancien.
Abdelaziz, du MIB, fait judicieusement le lien entre les banlieuses et la disparition des paysans : 90 % des immigrés de première génération sont d’origine rurale, ils sont venus en france car ils n’arrivaient plus à vivre de leur métier". La surproductivité et l’ultralibéralisme sont la cause de la détresse de bien des pays. Et elle continue à sévir dans les quartiers car la destruction des services publics est exigée par l’OMC.
On passe par la Birmanie, histoire de ne pas parler de total par hasard... Avertissement à la Fnac, qui a tenté de récupérer l’image du rassemblement : Nous ne laisserons jamais aucune multinationale s’infiltrer dans notre mouvement, nous les identifierons et nous les chasserons.
Malgré la chaleur, un fort vent contestataire se léve sur le plateau. Il fait déjà plus frais... ou plus chaud, au choix. Alors, au boulot, nous ne sommes pas là que pour rigoler...
D’après les organisateurs, nous frisons les 200 000 participants et José Bové négocie pied à pied avec le Préfet pour qu’il ne ferme pas l’accès au site (le maximum de personnes accueillies dans de bonnes conditions ayant été fixé à 200 00). La physionomie du camping a totalement changé, il y a des tentes partout, plantées serrées les unes contres les autres, il faut désormais zigzager entre elles, en évitant cordes et élastiques.
Le soir, les concerts sur les 6 petites (relativement à la grande) scènes font le plein. Par contre, pour qu’ils atteignent la grande scène, il faut faire transiter des dizaines de milliers de personnes par un oviduc, tunel à bovins sous l’autoroute. La distance, la route caillouteuse effectuée dans le noir dissuadent les plus fatigués de leur journée. La nuit tombée, c’est la queue, la joyeuse pagaille, à la limite de la bousculade... Sous l’oviduc, un petit malin scande : Nous sommes tous des José Bovins... C’est vrai qu’on sent troupeau. L’espace de la grande scène n’est pas totalement rempli, c’en est d’autant plus agréable... les concerts sont entrecoupés de diaporamas très bien faits, de montages d’images illustrant les divers aspects des luttes contre la mondialisation libérale. Bien vu ! Pour ma part, je n’ai pas entendu un seul râleur, tant l’ambiance était agréable.
La foule est cependant telle qu’au retour, bien après minuit, la gendarmerie fermera l’oviduc par mesure de sécurité, pour faire passer la foule par une petite route qui enjambe l’autoroute, ce qui occasionne un grand détour et un embouteillage, heureusement sécurité par les gendarmes, à la sortie de l’autoroute.
Les nuits sont fraiches sur le Larzac, prévoyez une petite laine, qu’ils disaient... La température a pourtant bien du mal à baisser avant minuit... Fatigués, nous nous endormons avec l’aide de la musique tekno, agrémentée d’un drôle de concert. Dzing et dzong, font les pieds qui se prennent dans les élastiques et les cordes des tentes, les sardines volent... Bah ! Il ne pleut pas, il n’y a très peu de vent, les tentes tiendront bien ainsi.
Samedi 09 Août :
Les Gaulois se regroupent contre l’enemi commun.
Encore plus de stands, encore plus de monde, c’est énorme, gigantesque, hors de proportion... Levé tôt, je fais la queue pour un petit dèj dès 07 h00 au premier stand ouvert, celui du syndicat Sud, me fait griller la place par des nouveaux arrivants, énervés, qui ont roulé de nuit et on du patienter à l’entrée du site. Du coup, l’ambiance se fait un plus électrique, trop de monde pour certains ? Peur de manquer ? Au stand Presse, on confirme un chiffre de 250 000 personnes, en essayant de comptabiliser tous ceux qui campent à l’extérieur, faute de place et l’on annonce un point presse de José Bové dans l’après-midi.
Les forums font le plein, des foules attentives se pressent autour des chapiteaux bondés, tentant de se protèger du soleil comme elles peuvent. Heureusement, il fait un peu moins chaud et les points santé ne dénombreront que fort peu d’incidents liés à la chaleur. Stands associatifs et politiques pris d’assaut, la grande tribu altermondialiste dit et redit les raisons de sa colère : la libéralisation des services publics, le démantèlement des droits sociaux, des retraites, la décentralisation, la "répression policière", les brevets sur le vivant, la surconsommation, l’intervention américano-britannique en Irak, la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens...
Un débat formidable, très animé, intitulé La répression : le néolibéralisme par la peur, animé par Daniel Mermet, face à son public (vrai bonheur partagé) s’amuse de la renaissance d’un vieux slogan revenu de nos banlieues : "Police partout, justice nulle part" et se prolonge longtemps, trop bien diront les participants. On est vraiment bien, entre nous.
A signaler le courageux combat du MIB,
Mouvement pour l’intégation des Banlieues, qui doit se battre sur tous les fronts, contre :
l’abandon des banlieues par les pouvoirs publics successifs,
l’islamisme intégriste qui en a résulté,
la dictature du fric et de la fringue,
le chômage de faciès qui légitime souvent, lorsqu’on a baissé les bras,
la délinquance orchestrée par les maffias,
le poids de la tradition chez les parents magrébins
l’hostilité souvent raciste de la police et la justice française,
et l’incompréhension, voire l’indifférence de tous ceux qui n’y habitent pas...
Gilles Saynati, du Syndicat de la magistrature, dénonce la théorie de la tolérance zéro et les atteintes aux droits de la défense. Sarkozy n’est qu’un épiphénomène. La loi LSK a été votée sous la gauche. Toutes les procédures adoptées évacuent la contradiction et le rôle de l’avocat. On casse complètement l’individu pour de petites broutilles. Pendant ce temps, on oublie l’essentiel, la principale délinquance au monde, la délinquance financière. Un ange passe, il a un grand nez... comme un personnage très connu des guignols...
Jean-Claude Amara, de Droits devant, a fait huer la criminalisation de la misère, appellant au regroupement de tous les Sans ; sans-logis, sans-droits, sans-travail, sans-papiers, ne laissons pas un espace entre nos luttes !
Sous une autre tente, l’A.G.C.S. qui doit se signer à Cancun - a été passé au crible. Une privatisation de l’éducation, de la culture, de la santé, de l’eau et l’environnement... Les seuls services qui en sont exclus sont ceux qui n’entrent pas en concurrence avec le privé, c’est-à-dire la police, la justice (sauf les prisons) et l’armée... et encore, a expliqué Pierre Barge, membre de la Ligue des droits de l’homme et du collectif contre l’AGCS.
Un qui fait l’unanimité contre lui, dans toutes les discutions, c’est Pascal Lamy, commissaire européen au commerce, alias L’ami des multinationales : Il faut demander une évaluation des conséquences des accords déjà passés et un moratoire sur l’AGCS.
Sous le stand attac national, attac tarn explique l’A.G.C.S. à de nombreuses personnes qui n’avaient pas encore réalisé à quel point cet accord est une menace majeure pour la démocratie. Les débats sont longs et endiablés, le parti socialiste souvent conspué, pour avoir signé les accords de Nice et Barcelone, qui avalisaient la privatisation de nos services publics.
L’écrivain Miguel Benasayag résume assez bien la période : Nous sommes au cœur d’une époque obscure. Il faut construire en intensité l’alternative. Un autre monde est possible par d’autres choix de vie. Nous sommes à une époque de laboratoires sociaux. Tout est dit : Vive la mondialisation... des alternatives.
Même Les sujets qui fâchent, comme les moyens de lutte (rester ou non dans la légalité), le lien entre le mouvement social et les partis et les syndicats traditionnels sont abordés, lors de petits débats informels qui surgissent partout, plus encore que lors des forums, parfois un peu "blindés" par les intervenants politiques, qui savent bien qu’il faut craindre le débat contradictoire, quand la salle ne leur est pas acquise. Coup de chance pour eux, on sent bien que plus de débats contradictoires, l’on a besoin de se regrouper.
Sentiment commun : Il y a le feu, il faut mobiliser contre l’ennemi commun, l’OMC.
Par ce que ca cause, sur le causse, on est d’ailleurs venu pour cela... C’est bien gentil, les forums, mais il est bien rare qu’une petite dizaine de personnes, parmi des centaines de participants puisse s’exprimer, et encore, il faut faire bref. Alors, on se rattape sur les stands associatifs, à l’ombre des quelques haies, en faisant la queue pour l’eau et bien entendu, à la buvette !
N’allez pas croire que les altermondialistes soient plus soiffards que la moyenne, mais il fait si chaud, on est à pied, tous les prétextes sont réunis pour bavarder et trinquer entres amis, même de rencontre. Preuve de modération, même très tard le soir, on ne croise que très peu de personnes ivres... Bon, il y a bien, cà et là, quelques étranges cigarettes, mais puisqu’ on vous dit que c’est de la bio ! Etrangement, comme pour bien marquer la différence avec les années babas cool, peu de pétards (sauf aux concerts) ou de seins nus...
Car surtout la grande tribu pense à l’avenir, comment bloquer l’OMC, demain matin. Elle explore les alternatives, pille en doc le stand de Greenpeace, veut savoir commenter boycotter les OGM, envahit le stant de Biocoop (coopératives bio), de la Nef, banque alternative, s’intéresse au carburant Tournesol, veut tout savoir sur les Sels, fait le plein de solutions pour changer sa vie. Bref, arrêter de consommer idiot et de nourrir les multinationales... Car ce qui a réellement changé depuis Millau 2000, ce qui frappe l’oeil, c’est que les marques sur les vêtements ont totalement disparu au profit des tee shirts du rassemblement ou ornés de slogans, contre les ogm, l’OMC, le nucléaire... tout comme les canettes de coca-cola. Enfin, diront certains, les altermondialistes ont pris conscience que changer le monde, c’est d’abord changer soit-même, ses propres habitudes de consommation, de vie... et même son état d’esprit. Et bien voilà, c’est fait, et les certains, ils étaient où ?
Je n’ai jamais autant entendu parler de décroissance soutenable, d’une autre croissance, d’un autre développement. Pour le coup, lors d’un débat sur la création de l’Organisation Mondiale de L’Environnement, la représentante des verts apparait totalement anachronique en utilisant le terme (si vite récupéré par les industriels) de développement durable. Allez, Encore un effort... Total, Esso, EDF, Dupont de Nemours font aussi du développement durable, il doit y avoir méprise...
Pour le coup, l’immense majorité trouve naturel de manger des produits bio ou de l’agriculture durable, de recycler ses déchets, de parler d’économie solidaire... Le commerce équitable, café et vêtements en tête, fait un triomphe, la bière bio du Tarn un malheur... On discute ferme des ogm, du nécessaire combat pour protéger l’agriculture paysanne, des semences fermières de l’emprise de Terminator... des AMAP, associations pour le maintien de l’agriculture de Proximité, qui font le lien direct entre petits producteurs et consommateurs.
Quelques jeunes râlent bien sur le prix de la nourriture aux stands, qui a pourtant été étudié pour rester abordable. Ils ne connaissent pas les prix pratiqués dans certains salons bio... j’essaye de leur expliquer que les producteurs et la conf ne margent qu’au minimum, rien n’y fait. Pour eux, c’est encore trop cher ! Difficile de leur faire comprendre, pour l’instant, que l’alimentation et leur santé ont un prix... Verront bien, après quelques années de Malbouffe...
Il est vrai que les prix pratiqués sur certains petits stands de producteurs et transformateurs paraissent parois un peu chers, surtout la bouteille d’eau à 1,50 Euros. A décharge des organisateurs, les tonnes d’eau fraiche n’ont jamais été longtemps vides, ainsi il a toujours été possible de trouver de l’eau gratuite... pour les plus patients ou les plus fauchés.
Une prof parisienne pessimiste ne comprend pas pourquoi et comment une foule aussi disparate peut faire la fête, tous ensemble, alors qu’au printemps, le mouvement social en a pris plein la gueule. Un débat s’instaure : justement, toutes ces luttes récentes ont permis de refaire du lien, nous comprennons tous beaucoup mieux quel est l’enemi commun. Les forums sociaux, les luttes en commun, dont la libération de José Bové ont créé un lien durable entre des militants de sensibilité différente, qui aujourd’hui s’écoutent et se respectent mieux. Toujours cela de gagné, à défaut de victoire !
Et puis, les positions de tous tendentà s’harmoniser, ceux qui défendaientle productivisme, le « développement » doivent bien admettre, après tant de délocalisations, qu’il n’a plus aucun sens, puisque les gains de productivité vont toujours aux mêmes...
Pour preuve, la sensibilité à l’environnement, à l’idée de bien commun, la volonté de conserver des services publics en bon état, le rejet du libéralisme qui ravage tous les aspects de nos vies, font l’unanimité.
La grêve terminée, on est entre nous, tout le monde s’accorde qu’il faudra aussi réformer les services publics car ils ont depuis trop longtemps perdu de vue leur mission. Défendre le bien commun, ne pas confondre avec préserver des avantages, il nous faut des services efficaces...
16 H oo : Rapide Conférence de Presse de José Bové, les ouèbes reporters se font littéralement monter dessus par la presse "professionnelle", pour accéder en priorité à José Bové, faire les meilleures photos, nous n’avons pas pu poser une seule question pertinente ! agréable...
En tant que web reporter bénévole pour le site monde-solidaire, je m’interroge... Je propose qu’a l’avenir, les militants altermondialistes, dont José Bové se mettent en confirmité avec leurs propos en organisant deux conférences de presse, l’une pour les « chiens » de la presse commerciale, l’autre pour la presse alternative y compris web, bénévole et moins expérimentée qui, du coup, se trouve exclue d’une couverture correcte d’un événement que nous avons pourtant largement contribué à faire fonctionner ! Si un autre monde est possible, ce sera avec l’autre presse, pas en déroulant le tapis rouge à une grognasse (avis général) de « Radio Télé Luxe on bourre les autres de coups de pieds pour passer »... et un reporter de « Té Fous 1 coude de coude pour mieux assurer ma prise »...
En accord avec le Préfet de l’Aveyron, le comité d’organisation a du se résoudre à fermer l’accès au site. Il y a plus de cinq heures d’attente pour entrer ! En effet, il y a sur le site beaucoup plus de 200 000 personnes, des voitures sont garées partout le long des routes d’accès, pertubant encore plus la circulation car leurs occupants ne pouvaient plus rester à faire la queue en plein soleil ou sont même tombés en panne d’essence. Alors, ils sont venus à pied, 5 à 10 kilomètres pour certains. Des barrages filtrants sont installés à 50 Km du site, au Nord comme au Sud, pour dissuader les arrivants de tenter l’accès au site. Du rarement vu en France, des organisateurs débordés, mais très responsables, qui prennent une décision courageuse, au risque de mécontenter de nombreux partisans, venus parfois de très loin. C’était bien la peine de nous piétiner, la grande presse n’en parlera que peu, préférant se cantonner à annoncer, selon le degré d’honnêteté, entre 200 et 250 000 personnes !
Tandis que José file au stand de Radio Lengua d’Oc, qui a couvert les 3 jours, nous mettons en ligne la nouvelle sur le site ouèbe, pour prévenir ceux qui n’ont pas encore pris la route... Bien vu, le site est très fréquenté, puisque les portables ne passent pas.
Les plus mécontents auront été les jeunes qui sont venus, à la fraiche, pour le concert de Manu Chao... Dommage pour eux, mais la gratuité à un revers, le surnombre... Certains, plus obstinés, ont du laisser leur véhicule à plus de 20 km du concert et ont fini à pied ou en stop, juchés par grappes humaines sur les capots... à la vitesse de l’escargot. Pour voir Manu Chao, on se débrouille, comme en Amérique latine...
Anecdote, montée en épingle par une presse trop heureuse de « traiter » un incident : A Millau comme sur le Larzac, on a le démontage facile. Ils étaient nombreux, parmi les militants des causes des sans droits et des précaires, regroupés dans No Vox ! à penser que le PS est à l’altermondialisme ce que Mac Do est à la Bouffe... Alors, après une journée à ruminer, un groupe, emmené par No vox, est passé à l’action... Certains ont objecté que le Parti en question avait contribué à financer le rassemblement. En fait, c’est la région Midi-Pyrénées, gérée par la gauche plurielle, qui a financé avec nos impôts et nous en sommes ravis, c’est notre pognon aussi, après tout.
D’autres soutiennent, à juste titre, que Lionel Jospin avait inscrit la France dans le processus de Cancun, en signant la privatisation des services publics. Pire, il n’a rien fait contre l’A.G.C.S. accord scélérat, anti démocratique, qui vise à déposséder tous les peuples du monde de leurs droits élémentaires... D’autant plus que le Commissaire européen Pascal Lamy, alias l’ami des multinationales, membre du PS, a été nommé à ce poste par Lionel "C’est de la faute à tout le monde sauf à nous...". Encore plus intéressant que l’évènement lui-même, le débat qui s’ensuivuit devient passionnant... quant au rapports futurs avec le PS ! A suivre de près : les résultats des élections européennes et régionales...
Le stand Culture en danger, des intermittants, dites interluttants, est très fréquenté, les échanges vifs et le soutien quasi unanime. Le désormais célèbre "cri" des intermittants retenti tous les soirs à 07 h 00, comme une horloge, pour nous ramener, un instant, un instant seulement, dans le monde où le temps se compte. C’est l’heure de l’apéro, après, on oublie vite, de nouveau, l’heure...
j’ai beau scruter la foule, j’ai bien du mal à y retrouver des amis. Pourtant, il sont nombreux à être venus, dont ma jeune nièce. Trop de monde, trop de sollicitations, pas moyen de se retrouver...
Le soir, nous renonçons, devant la marée humaine, à prendre la direction de la grande scène pour le concert de Manu Chao, renforcé par deux Zebdas. En fait, nous avons très bien entendu le concert, à plusieurs kilomètres de la scène. Pour le coup, la grande scène était pleine à craquer, le concert est génial, plus de 150 000 personnes nous dit-on. Après les concerts, encore une première en France : il a fallu couper la circulation sur l’autoroute (un samedi soir de fort trafic, retour de vacances oblige) pour laisser passer le troupeau, à pied... Image irréelle d’une foule, hésitante, malgré les encouragements des gendarmes, n’osant pas traverser l’autoroute...
Dimanche 10 août.
Les Gaulois sont rassemblés, l’arme au pied,
près à partir pour la victoire de Gergovie (tte proche de Vulcania, le parc de VGE, le père spirituel de Raffarin) mais pas près à partir pour Alésia, d’ailleurs, on ne sait toujours pas où c’est...
Encore une nuit de musique boum, boum, couverte seulement par le bruit du concert de Manu Chao. Encore moins reposés, nous commencons à regrouper nos affaires et démontons le stand attac, toujours dans la bonne humeur, avec l’impression d’avoir vécu quelque chose de grand... Un peu partout, autour des stands, on signe encore des pétitions, on échange des adresses, des informations, des techniques de lutte, on parle encore plus organisation, réseaux, regroupement, on plaisante, on traine, on n’est pas pressé de partir, comme à la fin des vacances.
Des amitiés, des amours sont nés ces 3 jours... Une jeune étudiante, belle blonde de Rouen a rencontré un beau gosse bronzé des banlieues de Lyon. Ils sont beaux, allez, n’ayez pas peur, aimez-vous et faites de beaux « batards ». Mais ce qui est né là, surtout, plus qu’un espoir, c’est une vague, ho combien petite, mais qui va grossir, pour devenir une lame de fond... Nous sommes très nombreux à mesurer cet instant. Une impulsion de plus, pour changer le monde.
Encore une fois, si tout le monde veut changer le monde, chacun est fermement décidé à changer, d’abord de mode de vie, reprendre sa vie en mains, "arrêter de les nourrir" pourrait être le slogan de ce dimanche.
Une foule immense, encore plus, pour le meeting de cloture : Ce doit être le départ des luttes pour les semaines à venir, lance José Bové, rappelant que ce combat est pour tous les paysans de la planète. Il annonce aussi la fin de ses fonctions de porte-parole de la Conf’en avril 2004 : Il ne doit pas y avoir chez nous telle ou telle personne qui aurait vocation à incarner pendant dix ou quinze ans, les valeurs que nous défendons : Je ne veux pas être l’arbre qui cache la forêt a-t-il conclu, sagement. Une mise au point salutaire, pour tous ceux qui s’acharnent à personaliser le mouvement altermondialiste. Nous sommes si heureux de voir un militant sorti de prison, mais nous n’avons pas besoin de chef, de maître à penser. Toute La forêt te remercie, José, on va leur montrer que tous ces arbres, ces arbrisseaux et même ces petits glands peuvent devenir de beaux chênes...
José donne plusieurs rendez-vous :
dès la fin du mois, à l’université d’été du Medef et à celles des partis politiques ; à partir du 6 septembre, dans la rue pour faire échouer le sommet de OMC au Mexique, mettre les 146 gouvernements sous contrôle citoyen pour qu’ils ne signent pas à Cancun. mi-septembre pour soutenir des inculpés de Fumel ( 47 ) qui ont reçu leur citation à comparaître pour la destruction citoyenne de l’incinérateur le plus polluant du pays, en 1999.
Il doit y avoir des manifestations sur tout le territoire, devant le siège des multinationales. Reprenons ce que font les intermittents devant les hôtels de ville : poussons un cri, pour que la vie triomphe de l’OMC. Il y a trente ans, le mot d’ordre était Gardarem lou Larzac, le slogan que nous garderons de ce rassemblement, c’est Gardarem lou terra, la terre.
Annick Coupé, porte-parole du G-10 Solidaires (SUD) : Nous repartons beaucoup plus forts qu’il y a 48 heures. Ce gouvernement arrogant a essayé de nous faire baisser la tête. Il s’est lourdement trompé. Nous sommes encore plus déterminés à nous battre contre la régression sociale.Le combat des mois à venir, c’est la sécu, le marché de la protection sociale. L’enjeu financier est important pour les multinationales qui n’attendent que la privatisation de la Sécurité sociale et de la santé. Jacques Nikonoff, président d’attac, se réjouit de ce rassemblement qui prouve la belle vitalité de l’altermondialisation.
Le dernier meeting fini, orateurs, organisateurs, bénévoles ont bien du mal à contenir leur émotion devant le succès du rassemblement, qui s’est déroulé sans aucun heurts ni incidents majeurs. François Dufour, vice-président d’Attac et membre de la Confédération paysanne, est au bord des larmes, José Bové, aphone, tire machinalement sur sa pipe éteinte, pour les nerfs.
Une chose est bien sûre, la rentrée sociale s’est faite ici, sur ce plateau aride où pas moins de 300 000 personnes comptabilisées ont convergé, sans pouvoir jamais compter tous ceux qui ont du rebrousser chemin... Nous attendions tous des amis qui ne sont pas venus. Pour ma part, j’en compte plus d’une dizaine...
A la radio, les commentaires de la droite libérale sont dans la droite ligne du passage en force du printemps, sur les retraites, stigmatisant l’extrème-gauche... qu’on a pourtant fort peu entendu (LO et le Parti de Travailleurs étaient absents) et les altermondialistes qui n’auraient pas le monopole de la conscience écologique ou citoyenne...
Alors, Chiche, vous signez pas à Cancun ?
Parmi les commentaires, un seul homme politique me semble avoir pris la mesure de ce qui s’est passé, c’est François Bayrou, qui constate que quelque chose de grand et fort s’est passé.
Tout doucement, pour profiter encore un peu de ces instants, nous rangeons, plions, tentes et bagages. Après une dernière bière du Tarn (je vais quant même pas vous donner l’adresse de Garland, son jovial fabricant, il faut qu’il nous en reste) nous nous faufilons vers la sortie. La Nationale 9 est très encombrée par des milliers de véhicules garés n’importe comment. Les gendarmes ont du mal à régler la circulation, il parait que c’est bien pire vers le Nord...
Pour sortir plus vite de la zone, nous prennons une petite route de montagne qui devrait nous faire échapper aux bouchons. Pari gagné, les passagers dorment, accablés par la chaleur tandis que je repense à ces trois jours. En roulant tranquilement vers Albi, je me vois déjà, vieux et sans doute un peu con : Moi, jeune homme, le Larzac 2003, j’en étais ! C’est de là que c’est vraiment parti...
Alors, d’abord merci à tous, ceux qui ont préparré avec beaucoup d’énergie, de dévouement, à ceux qui sont venus, qui ont pris la mesure et on respecté ce travail formidable, ont répondu à l’appel et se sont inscrits, à peine arrivés, comme bénévoles...
Plus tard, il nous faudra analyser, décortiquer, non pour nous étriper ou régler des comptes, mais simplement pour comprendre comment faire encore mieux la prochaine fois !
Si le mouvement altermondialiste, entre aproximation, manque de moyens et urgence, est capable d’organiser et de vivre 3 jours pareils, alors, oui, un autre monde est possible...
Sousmarin vert, Ouèbe reporter.
sousmarin vert
Création de l'article : 16 août 2003
Dernière mise à jour : 17 août 2003
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P.S.
Tout savoir sur l’attitude des "grands médias", lire en ligne
le Démontage du stand du PS, MIllau, capitale du Démontage
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> Causses toujours, il en restera bien quelque chose...
28 août 2003, par christian
j’ai lu et relu ton témoignage sur le rassemblement et je le trouve tellement authentique, que je l’ai imprimé et distribué à des amis :qui auraient du venir mais... à des qui ne pouvaient mais...à des qui la prochaine fois... à des quoiaa !le Larzac... Enfin bref ta prose circule, à faible tirage,mais comme tu ne touche pas de droits d’auteur.
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> Causses toujours, il en restera bien quelque chose...
24 août 2003, par Anus
On n’a pas du aller au même Larzac ! Le bonjour à Bayrou, que tu sembles vénérer...
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> Causses toujours, il en restera bien quelque chose...
21 août 2003, par christian
salut, que ton ego ne se surdimensionne pas, j’ai énormément apprécié ton reportage ,quel plaisir aussi bien dans le fond que dans la forme.merci
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> Causses toujours, il en restera bien quelque chose...
21 août 2003, par chritian
j’espere que ton ego ne se surdimensionnera pas.je me suis régalé de ton reportage merci
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> Causses toujours, il en restera bien quelque chose...
21 août 2003
félicitations pour ton article empreint de réalisme objectif !
au fait, pour l’anecdote, sais tu que sur le LARZAC il subsiste encore des voies romaines, que les Gaulois y ont réellement habité, et qu’avant eux, des tribus celtes y avaient élus domicile, on a retrouvé des vestiges celtes (ponts et constructions en bois) du côté de saint georges de Luzençon,au pied du plateau ?
Millau était d’ailleurs un trés grand centre de production de poteries qui fournissait toute l’europe, et s’appelait à une époque condatomagos.
c’était juste une anecdote en rapport des gaulois....et c’est le peu que j’en sais. tschaw, à +,
PMG
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> Causses toujours, il en restera bien quelque chose...
21 août 2003, par
Merci... Je savais que les celtes avaient habité le coin, sans plus, merci donc de la précision.
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