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Freud l’évoquait avec prudence, alors nous avons cru bon de l’oublier. Erreur ?
On le dit souvent l’histoire n’est jamais que la répétition de l’histoire. Avancer qu’un autre monde est possible devient alors d’une incroyable audace. N’y aurait-il pas dans cette affirmation déjà une forme de répétition de cette absolue façon dont les hommes font leur histoire : par la négation du passé. Révolution au sens littéral du terme et au détriment de l’évolution.
La psychanalyse nous apprend que la répétition est un souvenir des affects, des actes et des savoirs, qui ne peut s’épanouir, un souvenir entravé, inhibé dans son expression, un souvenir transformé en son contraire, elle est la mise en actes. Soit, notre société marchande en serait à ses passages à l’acte. C’est vrai qu’elle a grandi depuis le moyen-âge. A l’échelle d’une lecture temporelle rapportée à l’évolution d’un organisme humain, notre société deviendrait aujourd’hui tout juste pré-adolescente.
Le problème ne semble pas tant être le profit retiré que dans la plupart des cas le mode de production. Troubles du comportement dirons-nous ! Evidemment les deux sont liés. Regardons ces quarante dernières années la façon dont les hommes ont fait leur histoire. L’opposition n’a jamais été que duelle : bons contre méchants, gauche contre droite, blancs contre noirs...
Pourtant ce qu’il nous faut aujourd’hui appréhender, c’est qu’aux dires mêmes de Freud, nous nous trouvons face à l’exercice de trois forces en présence et non deux comme les raccourcis hâtifs nous l’ont fait comprendre :
la pulsion répétitive ("pulsion de mort" appelée également Thanatos)
la pulsion sexuelle ("pulsion de vie" appelée également Eros)
la force inconnue (la pulsion de perfectionnement que Freud n’a associé à aucun mythe)
Le présent est ainsi composé de la mémoire en tant que résistance à l’apparition du souvenir (Eros), une mémoire officielle et muséale d’Etat (Thanatos), mais irrigué en permanence d’un affect de nouveauté : la force inconnue.
Ce qui compte en définitive, ce n’est pas seulement ce que l’on a fait de nous, mais ce que nous faisons, nous, de ce que nous avons reçu.
Benoît COMTE Sociologue
cbenoit
Création de l'article : 20 août 2003
Dernière mise à jour : 18 août 2003
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> Le cheval de trois !
20 août 2003
On peut très bien envisager un changement du monde par des hommes qui prennent en compte leur passé, leur présent et leur avenir...Cela demande peut être une autre conception du monde et de l’homme. Les hommes nient leur passé dans le sens où ils sont inconscients de ce qui a changé en eux par rapport à ce qu’ils étaient dans le passé. Avons nous toujours eu le même état de conscience que celui qui est le notre aujourd’hui ? N’y a-t-il pas eu une évolution de notre conscience ? Et aussi parce qu’ils répètent des erreurs qu’ils pourraient éviter en regardant le passé, parfois immédiat... Mais la répétition a aussi de bons côtés : elle peut aider à renforcer la volonté, etc. N’oublions pas ou remarquons que notre condition d’homme moderne n’est plus du tout la même que par le passé. Autrefois (comme au Moyen Age par exemple), les hommes pensaient en fonction de leur appartenance à un groupe social...Ils pensaient en tant que prêtres, bourgeois, aristocrates, etc. Leur comportement était guidé par leur classe sociale. Mais aujourd’hui, nous somme à une époque beaucoup plus individualiste (ce qui ne veut pas dire forcément qu’il n’y que de l’égoïsme, ou que des gens antisociaux, heureusement...), ce qui implique une plus grande liberté de penser mais aussi de grandes difficultés dans la compréhension de sa propre vie, pour avancer...La question sociale, qui implique un changement social, au vu des constats que l’on peut faire aujourd’hui, demande à être résolue collectivement, par des gens qui s’associent entre eux, qui partagent...Mais cela ne peut pas se faire globalement sans l’apport critique et la participation positive de chacun d’entre nous, dans la mesure de ses possibilités...
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