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35 heures, c’est aussi le temps de travail des imposteurs |
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une preuve de plus que la classe politique nous mène dans l’impasse. A quand une cogestion du pays avec la société civile ? Oseront-ils avouer qu’ils sont au bout du rouleau, que cacher leurs erreurs de gestion est un motif pour nous de désobéissance civile ? 40 ans et plus si affinités avec 35h minimum en attendant pire : combien d’heures font-ils pour nous manipuler ?
Dans la logique de l’entreprise, la réorganisation du temps de travail est une des 4 sources de gains de productivité : produire autant en travaillant 4h de moins par semaine amène un gain de productivité, un accroissement de la valeur ajoutée et donc du PIB, celui dynamise la croissance d’un pays pour un économiste pur et dur.
Dans la logique d’un gouvernement, lorsque l’on superpose un objectif de partage du travail, la situation se complique : les effectifs ne vont pas rester identiques, il s’agit d’embaucher de manière à ce que la quantité globale faite à 39h reste la même à 35h. ex : avec 10 salariés et 390h de travail, il faut passer ( pour toujours 390h de travail ) à 11 salariés travaillant 35h. Le problème vient qu’à production identique, la masse salariale augmente et donc les bénéfices diminuent. Pour financer ces créations d’emplois, l’entreprise doit créer davantage de richesses de manière à ce que la part de la masse salariale reste la même par rapport à la valeur ajoutée.
Passons de la théorie à la réalité française : entre 1980 et 1990, l’arrivée des robots et des automates programmables a modifié les technologies de production et ceci a permis une croissance des richesses sauf que des milliers d’emplois ont été supprimés dans le secteur secondaire alors que des emplois équivalents ne se créaient pas au même rythme dans le tertiaire. Les entreprises ont peu investi dans l’immatériel : formation, élévation des qualifications, réorganisation du travail. La France est le pays d’Europe qui a le plus misé sur les machines, comme si investir dans une machine automatique venait à supprimer des charges sociales et améliorer la rentabilité, un point c’est tout ! Les gouvernements, de leur côté, ont durant ce temps mis les moyens en oeuvre pour accélérer l’augmentation des qualifications : ouverture des Universités et des lycées à davantage de jeunes d’une même classe d’âge.
Fin des années 1990, ce gisement de productivité est essoufflé et les machines vieillissent. C’est alors qu’interviennent les lois sur les 35 h. Nous pouvons regretter que lors de la mise en place de ces deux lois sur les 35 h, il n’ait pas été dit que cette mesure avait deux finalités : certes partager le travail pour réduire le chômage mais aussi contraindre les PME-PMI et quelques grands groupes en retard, à mener enfin les changements nécessaires pour obtenir de nouveaux gains de productivité nécessaires car depuis trop d’années l’emploi était délaissé et ne participait plus que faiblement à l’augmentation du PIB. Or il fallait au pays, dans notre système économique, plusieurs années de forte croissance pour assurer l’équilibre à long terme des finances publiques et des comptes sociaux.
Oui mais ceci correspond à la doctrine économique libérale ! Un gouvernement socialiste et de la gauche plurielle peut-il s’atteler sans broncher à de tels travaux ? Tout est toujours possible... assurément... quoique !
Il s’agissait de dire que l’obtention de ces nouveaux gains de productivité, cette fois-ci, allait être utilisée non plus comme dans le fordisme au profit des salariés, non plus au profit des consommateurs par de nouvelles baisse des prix, non plus comme en 1998-2000 c’était le cas : au seul profit des actionnaires qui derrière l’exemple irrésistible des fonds de pension anglo-saxons, prenaient la direction de fait des entreprises et du partage de la valeur ajoutée. Non, il s’agissait de dire que ces gains allaient profiter au partage du travail car le niveau de précarité des emplois, le niveau de chômage et son coût pour la collectivité devenaient intolérable et menaçaient la cohésion sociale tout entière, la motivation de l’ensemble des salariés, cadres y compris, menaçaient le financement de tout le système de protection social, assurance maladie et retraite y compris... déroutaient et démotivaient les électeurs.
Ce discours n’a pas été tenu par un manque de courage politique flagrant. Le gouvernement socialiste s’est limité à un discours éculé sur l’égalitarisme et un partage égalitaire du travail dans toutes les organisations productrices du secteur privé comme public sans rechercher le financement de ces mesures ni favoriser l’obtention de nouvelles richesses ou d’économies, en particulier dans les administrations publiques.
Le résultat en 2003 est navrant et inquiétant : de nouveaux gaspillages se sont ajoutés aux anciens et le moral des salariés est au plus bas tout comme la consommation et les investissements. Les salariés sont prêts à rejeter les lois sur les 35h car ils ont compris qu’une fois de plus les employeurs des PME-PMI ou des entreprises de moins de 20 salariés, ont détourné ces lois pour leurs profits de plus en plus mesquins. Auparavant, tout travail supplémentaire se lisait sur la feuille de paie et la réciprocité des efforts était évidente. Il fallait même dans certains services avec l’appui des délégués syndicaux faire baisser le niveau des heures supplémentaires qui profitaient à certains et rendaient jaloux les autres. Maintenant, par l’organisation de la modulation, le non-paiement des heures supplémentaires pour leur conversion en repos compensateur, en jour de RTT, les salariés n’ont plus cette réciprocité immédiate
Retirer demain les lois sur les 35 heures, c’est admettre publiquement qu’une bonne partie de nos entreprises sont incapable d’obtenir des gains de productivité autrement qu’en utilisant de nouvelles machines. Qu’elles sont incapables d’en obtenir à partir des 3 autres sources d’accroissement de la valeur ajoutée et donc du PIB ! Mais alors que ce soit dit et pris en considération par nos hommes politiques de droite comme de gauche !
Ou alors nos dirigeants cachent une autre vérité : celle de la sur capacité de production des pays industrialisés qui implique une baisse de nos niveaux de production et l’obtention des gains de productivité, dans ce contexte, rendu encore possible uniquement à travers des économies d’échelles, c’est à dire la concentration des entreprises et la suppression des emplois devenus inutiles. Ce qui se passe toutes les semaines quasiment. Effectivement dans ce cas, alors que le volume de production serait stagnant, ce serait une charge illogique que d’accroître les effectifs à cause d’une réduction du temps de travail. La solution est bien alors de réduire les effectifs et de les faire travailler davantage sans surcoût pour heures supplémentaires ou de les faire travailler plus longtemps en années, c’est une autre manière d’arriver à des gains de productivité dans l’utilisation du facteur travail. Cette solution reste contraire à toute motivation des salariés et les sondages démontrent amplement cette chute de leur motivation au travail. Il est aussi urgent d’en tenir compte ! La mondialisation accélère ce phénomène en y ajoutant pour les employeurs l’attrait des délocalisations vers des pays où la main d’œuvre même qualifiée est nettement moins chère. La comparaison des charges sociales d’un pays à l’autre leur fait dire que notre niveau doit être réduit et que la part de l’assurance privée doit devenir primordial au détriment des objectifs de solidarité mis en 1945 dans notre système de sécurité sociale.
Si nos gouvernements de droite comme de gauche entérinent ce constat tout à fait justifié et fort correct, qu’ils nous le disent tout autant ! Dans la logique de nos systèmes de pouvoirs dont ils sont les dirigeants, il n’y a plus qu’à laisser filer le libéralisme, tôt ou tard une main invisible fera que la somme des intérêts particuliers se transformera en intérêts collectifs... mais entre temps certains vont en baver et l’état qui n’a plus de sous, tentera de les aider envers et contre tout ! Qui y croit encore à cette fable ?
Prenons brièvement l’exemple des 35h dans les hôpitaux. Parler de 35h vers 1999-2000 pour les hôpitaux alors qu’en 1997 le gouvernement Juppé avait limité l’accès aux professions de médecins et d’infirmières, ces prescripteurs des dépenses de santé ingérables, relève tout au moins d’une certaine imprudence. Comment recruter dans le cadre de la réduction des horaires alors que le nombre de personnel en formation vient d’être réduit ? Mais allons un peu plus loin : comment financer cet accroissement d’effectif dans les hôpitaux autrement qu’en utilisant bêtement un accroissement des impôts et taxes ? Des économies sont toujours possibles mais elles ne seront jamais de taille face au vieillissement de la population, à la baisse des actifs et des cotisations sociales. Le domaine de la santé n’est-il pas le premier dans lequel doit se mettre en place une réelle complémentarité entre économie marchande et non marchande ? L’administration de la santé, déjà non marchande, ne doit-elle pas aller plus loin que la simple utilisation du bénévolat de la Croix-Rouge ou des associations d’aide aux malades ? Que dire de l’instauration d’un échange non marchand pour que les personnes qui aident et participent à la gestion de la santé et surtout à la prévention des risques, s’enrichissent dans cet échange ? Ne peuvent-elles pas obtenir des droits pour le moment venu, bénéficier à leur tour de soins qui leur soient facturés moins cher ( à eux ou à l’assurance santé ), recevoir à leur tour des accompagnateurs de fin de vie après en avoir accompagné d’autres ? Voulons-nous ne rester que des assistés et payer toujours des impôts aussi élevés ?
Si l’état est incapable de mettre fin au système capitaliste, ne faut-il pas supprimer l’état pour mettre en place une autre organisation du pouvoir fondée sur une économie en réseau sachant relier l’économie marchande et l’économie non marchande, réaliser le mariage des cultures ? Accéder au pouvoir pour en jouir au point de raconter n’importe quoi n’amuse plus personne. Nos systèmes de pouvoirs ont donné la priorité à l’économique et à la maximisation des profits soit ! Mais nous ne sommes pas condamnés à rester dans de tels systèmes ! Faire changer d’avis les dirigeants de nos systèmes de pouvoir paraît être une tâche délicate et insurmontable. L’histoire de France nous apprend qu’une organisation en réseau est capable de ruiner les dirigeants d’un système de pouvoir et d’enrichir davantage des individus, qu’elle est capable de développer une période florissante en Europe sur plus de trois siècles.
Cette gestion de la réduction du temps de travail et de la réduction du chômage en France sert de preuve que la classe politique de gauche comme de droite est coupée des réalités économiques et sociales, qu’elle ne les gère qu’en fonction de ses idéologies de partis politiques, défendant ses partis pris pour justifier le maintien de son activité politicienne et son commerce électoraliste à grand renfort de polémiques abjectes. Le refus depuis bientôt 35 ans, de voir la société civile cogérer le pays commence à présenter une facture franchement indigeste, écœurante ! Nous valons mieux que cela et ce n’est ni de la pub ni de la mystification, encore moins une tromperie sur le devenir de l’être humain !
fileane.com
Création de l'article : 25 octobre 2003
Dernière mise à jour : 23 octobre 2003
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> 35 heures, c’est aussi le temps de travail des imposteurs
19 octobre 2005, par fileane
nous avons noté que M. Bayrou et l’UDF s’engagent à revoir la loi sur les retraites en disant d’une manière générale que la protection sociale ne peut plus être financée que par des prévèlements sur les revenus du travail. Les gains de productivité doivent aussi participer à ce financement.
notre article avait pour but de savoir si oui ou non, les partis de gauche entendaient prendre en compte la notion de gains de productivité. Pour nous ces gains sont bien un objectif pour toute organisation de production de richesses. Mais la question de leur répartition doit faire l’objet d’une nouvelle considération politique. Nous disons sur fileane.com que la primauté accordée à la propriété individuelle est une erreur datant de 1789. La restauration de la propriété commune, bien différente de la propriété collective gérée par l’état ou par un parti unique qui a pris le pouvoir, va permettre cette meilleure répartition des richesses obtenues par la réalisation des gains de productivité.
Le passage aux 35 heures en 2000 a bien été alors une source de gains de productivité, ou alors il fallait réaliser obligatoirement des gains de productivité d’au moins 10% pour financer dans l’entreprise l’augmentation des embauches et de la masse salariale consécutive à cette réduction du temps de travail. Pour les petites entreprises, la seule source immédiate de gains de productivité reste l’obtention d’économies d’échelle en menant une croissance externe à travers des alliances avec d’autres partenaires, en intégrant un réseau d’affaires pour des achats en commun, etc. Mais nous rencontrons là la traditionnelle volonté d’indépendance de certains dirigeants de PME/PMI ou alors la situation de la soustraitance de capacité pas plus reluisante entretenue par les donneurs d’ordre. Le gouvernement des années 1998-2002 n’a pas voulu imposer cette vision complète de la transformation nécessaire de nos réseaux d’entreprises. Les 35 heures n’ont été qu’une mesure ponctuelle à l’application bâclée. Tout est à reprendre pour que la répartition des richesses finance prioritairement la protection sociale des citoyens. L’économie ne sert pas d’abord à enrichir des propriétaires privées. Cette culture que l’on tente de nous faire avaler est à renverser par une révolution culturelle : la mise en avant d’autres valeurs, d’autres normes sociales, d’autres modes de vie. Les 35 heures ont modifié nos modes de vie, c’est un pas mais il reste incomplet, les normes sociales et les valeurs doivent évoluer et l’économie doit céder sa première place actuelle dans le fonctionnement de nos institutions. Le politique passe avant.
Nous ne voulons pas devenir vieux et pauvre ! Nous voulons répartir autrement la richesse que nous produisons à travers notre travail et notre participation à la vie commune dans l’économie non marchande actuelle... en attendant la généralisation de l’économie solidaire, en réseau de volontaires.
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> 35 heures, c’est aussi le temps de travail des imposteurs
17 novembre 2003, par
Les quelques lignes de l’article sur les 35 h révèlent un certain nombre de stigmatisation de la problématique liée à la réduction du temps de travail. J’entends par là, une soumission complète aux modèles économiques. Vous mettez en exergue la volonté du gouvernement Jospin d’établir une loi de réduction du temps de travail pour réduire le chomage. Néanmoins, la lecture des discours politiques de ce gouvernement sous tend un grand nombre d’évolution de la représentation même de la valeur du travail. FInalement, ce projet de loi remet en question ou du moins invite à la réflexion sur le modèle de société qui nous est imposé depuis près d’un siècle et qui se fonde essentiellement sur le travail.
La réduction du temps de travail symbollise une remise ne question du travail, et surtout, me semble t’il, opère une distinction fondamentale avec l’idée de loisir. Le travail réel, appréhendé comme un engagement physique, est désormais admis comme non passionnel. Ainsi, le message des discours politiques des 35 h offre enfin la possibilité de remettre en question le fantasme social de nos sociétés qui vise à glorifier le travail, en le représentant comme un fondement du lien social et également un moyen de se réaliser.
Les théories d’Hegel ont pendant longtemps perdurer inconsciemment dans nos esprits. Notre réalisation dans le travail revient en fait à nos capacités d’humaniser la nature, notre environnement. A travers le monde que nous créons, nous nous reconnaissons et nous nous réalisons. Or le contexte aujourd’hui est extrêmement différent, et une grande partie des emplois (et non du travail) restent aliéné.
Ainsi, nous devons avant tout réfléchir sur un nouveau projet de société et sur la place que doit occuper le travail. nous devons imaginer de nouveaux systèmes qui permetteraient d’accomplir les vertus que rempli aujourd’hui le travail...
Notre société de service, n’est en aucun cas une solution en terme d’emploi. NOus pouvons aisément observer un approfondissement du déséquilibre des relations contractuelles ce qui se cristallise par une augmentation de la précarisation des emplois. Finalement notre réflexion doit s’orienter en priorité sur la notion de travail, sur la notion de contrat et sur un projet de société imaginant de nouveaux systèmes permettant de l’épanouissement...
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> 35 heures, c’est aussi le temps de travail des imposteurs
25 août 2004, par
dans l’atelier 2 de notre site www.fileane.com, nous avons mis en ligne une page web sur l’histoire de la notion de travail et une page sur les positions actuelles sur le travail.
Ces deux pages sont un résumé du livre : "une 3ème voie pour le travail" de Jean-Louis Laville. Nos propositions vont suivre prochainement.
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> 35 heures, c’est aussi le temps de travail des imposteurs
9 novembre 2003, par
Le calme faisant suite à cet article diffusé voici plus de 2 semaines est lui aussi révélateur de la résignation du peuple.
Réagira-t-il un jour ?...Là est la question ! A.L.
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