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Colombie : protéger les syndicalistes |
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Voici un article publié sur le site du Réseau Solidarité, sue nous publions ici vue l’urgence
Protéger les syndicalistes
Au triste palmarès des pays où des hommes et des femmes sont assassinés en raison de leur engagement syndical, la Colombie détient la première place. Depuis 1985, quatre mille syndicalistes ont été tués dont cent quatre-vingt quatre pour la seule année 2002. Alors que le gouvernement d’Alvaro Uribe mène une politique sécuritaire soutenue par les États-Unis, les Organisations Non Gouvernementales dénoncent la dégradation de la situation des droits humains liée à ces options répressives et exigent une meilleure protection des populations. Le SINTRAINAGRO, actif entre autres dans les plantations de bananes, est l’une des organisations dont les rangs ont été décimés au cours des dix dernières années [1]. En l’absence de protection, ses dirigeants ne peuvent pas se déplacer ni mener leurs activités sans risquer leur vie. Le SINTRAINAGRO demande l’appui de la mobilisation internationale pour obtenir des autorités colombiennes qu’elles assument leurs responsabilités et prennent des mesures garantissant la sécurité des dirigeants syndicaux.
Le 31 juillet dernier, des hommes armés entrent dans la maison d’Euclides Gómez, un dirigeant du SINTRAINAGRO dans le secteur des bananes à Ciénaga, département de Magdalena. Il ne doit la vie qu’au fait qu’il était absent de chez lui à ce moment-là.
Le 22 août, c’est le président du syndicat de l’alimentation SINALTRAINAL, Juan Carlos Galvis, qui réchappe de peu à un attentat : des hommes armés circulant à motocyclette font feu sur lui dans le véhicule qui le ramenait à son domicile.
Le 8 septembre enfin, le gouvernement retire brusquement - et sans donner d’explication - les mesures de sécurité (chauffeur, garde du corps, etc.) dont bénéficiait le président du SINTRAINAGRO Guillermo Rivera. Celles-ci viennent finalement d’être rétablies suite à une campagne de l’Union Internationale des Travailleurs de l’Agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) [2]. Mais cette organisation internationale, comme les syndicats colombiens, maintiennent la pression car d’autres responsables sont menacés.
Un contexte de violence et d’impunité
La détérioration de la situation est générale en Colombie, dans le cadre d’un affrontement des forces armées, qui utilisent les groupes paramilitaires, avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de Libération Nationale (ELN). Le gouvernement met en œuvre une lutte antisubversive agressive à l’égard de la population, et en particulier à l’égard des mouvements sociaux accusés d’être favorables aux guérillas.
Dans les faits, cette politique dite "de sécurité démocratique" constitue aussi un mécanisme de persécution contre les opposants civils, visant à faire taire l’opposition démocratique. Les organisations civiles sont d’ailleurs unanimes pour constater que l’État promeut et maintient une grave impunité s’agissant des massacres et assassinats commis dans ce cadre.
En 2001, l’École nationale syndicale de Colombie rendait public un rapport sur la situation faite aux syndicalistes dans le pays [3] : les responsables de ces violences sont en grande majorité les paramilitaires, puis viennent la guérilla et les forces armées elles-mêmes. Un quart des auteurs de ces exactions n’est pas identifié. Il s’agit généralement de situations où les travailleurs se mobilisent dans le cadre d’un conflit social ou pour créer un syndicat. Le rapport estime que les choses ne changeront pas aussi longtemps que État et des chefs d’entreprises "continueront à ignorer la valeur et l’importance du droit d’association pour une société", voire persisteront à "considérer les travailleurs syndiqués comme des alliés de la subversion".
Même si les mouvements rebelles ont une responsabilité dans cette persécution, les principaux responsables restent donc les compagnies - certaines comme Coca-Cola ont été directement mises en cause dans des actes de violence [4] - et les responsables gouvernementaux.
Organiser les travailleurs des plantations de bananes
Dans le cas du SINTRAINAGRO, les dirigeants les plus visés sont ceux qui organisent et appuient les ouvriers pour obtenir de meilleures conditions de travail dans les plantations de bananes. A travers des firmes transnationales comme Chiquita et Dole (États-Unis) ou Fyffes (Irlande), la Colombie est l’un des grands pays exportateurs de ce fruit exotique qui y représente dès lors un enjeu important.
Le SINTRAINAGRO est affilié à l’UITA et membre de COLSIBA, la Coordination latino-américaine des syndicats de la banane qui regroupe dix centrales dans sept pays du sous-continent. La constitution de ce type de structure, avec le soutien de réseaux internationaux, permet de peser plus efficacement dans les négociations avec les multinationales et les États.
Mais pour l’heure, l’urgence pour les membres du SINTRAINAGRO et des autres syndicats colombiens est de pouvoir exercer leur activité de défense des droits des travailleurs sans mettre leur vie en péril.
Pour en savoir plus :
Le fruit le plus vendu dans le monde
La banane représente des enjeux importants au niveau économique, social, et environnemental. Etudier cette filière revient à se pencher sur les conditions de travail dans les plantations, le rôle des multinationales, les règles de l’Union européenne et de l’OMC, et la place que peuvent trouver les réseaux civils internationaux.
A lire : La banane à tout prix !, 2003, 79p., (à commander à notre adresse à Rennes, 10 € port compris).
Une représentante de COLSIBA au Forum Social Européen
En tant que membre de la coordination EUROBAN (réseau d’organisations œuvrant pour une économie durable de la banane), la fédération Peuples Solidaires invite Iris MUNGUIA (Honduras), représentante de COLSIBA, à intervenir dans un séminaire du Forum Social Européen (FSE).
Le FSE se déroule en région parisienne du 12 au 15 novembre (programme sur : www.fse.org).
Appel en lien avec l’U.I.T.A. (voir note n° 2) : www.iuf.org
Comment AGIR ?
Par courrier postal : vous pouvez recopier le modèle de lettre ci-dessous ou le télécharger en cliquant ici . Ce modèle est donné à titre indicatif, n’hésitez pas à le personnaliser. Envoyez votre courrier au destinataire (adresse indiquée dans la lettre), sans oublier d’inscrire vos coordonnées et de signer. Affranchissement : 0,90 € (ou enveloppe internationale 8,40 € les 10)
Par Internet : pour envoyer un message Internet au Président colombien, il faut se rendre sur le site http://www.presidencia.gov.co et cliquer en bas de page sur "Escribale al presidente" : un formulaire s’ouvre dans lequel on indique ses coordonnées et avec un espace pour recopier la lettre (ou ).
Délai de réaction : dès réception, mais pour donner plus d’ampleur à la campagne, vous pouvez la diffuser jusqu’à fin novembre 2003.
Texte de la lettre :
Dr. Alvaro Uribe Vélez
Presidente de la República
Palacio de Nariño
Carrera 8 no 7-26
Santafé de Bogotà
Colombia
Fecha (date) :
Asunto : Seguridad para E. Gómez y otros dirigentes de SINTRAINAGRO
Señor Presidente de la República :
Por medio de la Red Solidaridad - Francia (Réseau-Solidarité, 10 quai de Richemont, 35000 Rennes - France) me enteré de que el 31 de julio, hombres armados irrumpieron en el hogar de Euclides Gómez, un directivo de SINTRAINAGRO. Pudo salvar su vida debido a que no se encontraba en su casa.
Dado el riesgo que corren las vidas de los dirigentes y miembros de SINTRAINAGRO, le exhorto a actuar inmediatamente para garantizar que se proporcione toda la protección necesaria al Sr. Gómez y a toda la dirigencia del sindicato que así lo solicite.
La protección ha sido restituida al presidente Guillermo Rivera y no puede existir una razón válida para negársela a otros directivos.
Muy Atentamente,
TRADUCTION
Objet : Mesures de sécurité pour Euclides Gómez et les autres dirigeants/tes de SINTRAINAGRO
Monsieur le Président,
Par le biais du Réseau-Solidarité (....), j’ai appris que le 31 juillet, des hommes armés ont fait irruption chez Euclides Gómez, un dirigeant du SINTRAINAGRO. Il a eu la vie sauve parce qu’il était absent de chez lui.
Etant donné les risques que courent les dirigeants/tes et membres de SINTRAINAGRO, je vous prie de prendre immédiatement les mesures nécessaires afin que M. Gómez et les autres membres de la direction de SINTRAINAGRO qui en feront la demande bénéficient de toute la protection nécessaire.
La protection a été rétablie pour le président du syndicat Guillermo Rivera, et il ne peut y avoir de raison valable de la refuser à d’autres dirigeants/tes de SINTRAINAGRO.
Notes
[1] Sindicato Nacional de la Industria Agropecuaria. Depuis 1989, plus de 400de ses dirigeants et membres ont été assassinés.
[2] Le secrétariat de cette organisation est basé en Suisse. L’UITA soutient nombre de syndicats du Sud dans leurs négociations et lance également des campagnes urgentes.
[3] Source : DIAL, D 2476 - Colombie, 1-15 juin 2003.
[4] Cf. Appel n° 248 du Réseau-Solidarité (mai 2002) : "Coca Cola : boisson universelle, droit syndical bafoué".
louison
Création de l'article : 18 novembre 2003
Dernière mise à jour : 18 novembre 2003
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