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Le Collectif des "faucheurs volontaires" communique

Par sa décision de reporter le procès des six "faucheurs volontaires" inculpés pour leur participation au fauchage d’une parcelle de maïs transgénique, le 14 août à Marsat (Puy-de-Dôme), une décision argumentée par le fait « qu’un procès équitable justifie que tous les co-auteurs soient jugés en même temps », le tribunal correctionnel de Riom, par la voix de son président Jean-Pierre Franco, a apporté, le 14 décembre, une confirmation de la décision rendue par le tribunal de Toulouse, le 8 novembre, dans le cadre d’une affaire similaire (neuf "faucheurs volontaires" inculpés pour l’action du 25 juillet en Haute-Garonne).

A Toulouse, deux cent vingt-quatre personnes avaient revendiqué leur participation au "délit" et demandé à être poursuivies avec les inculpés. A Riom, cent soixante-sept personnes en ont fait autant. En accédant à leur demande, contre l’avis du Parquet, les tribunaux de Toulouse et de Riom sont en train de créer une jurisprudence qui reconnaît la désobéissance civile, engagement à la fois individuel et collectif, essentiel en démocratie.

Une nouvelle fois, alors qu’on les présente trop souvent comme des hors-la-loi, voire des terroristes, les "faucheurs volontaires" ont donné, par l’intermédiaire de leurs avocats Maîtres Marie-Christine Etelin et François Roux, une véritable leçon de droit, en se basant sur le Code de procédure pénale pour revendiquer un procès équitable. Désormais, il ne sera plus possible, après une action collective quel qu’en soit le domaine, de prendre quelques personnes en otages, comme cela était jusqu’à présent pratiqué. Une brèche légale est maintenant ouverte, où l’ensemble du mouvement social peut s’engouffrer pour la préservation du bien commun.

Le Collectif des "faucheurs volontaires" se réjouit par ailleurs de cette nouvelle démonstration de l’indépendance de la justice, et par-là même du second camouflet infligé à M. Perben. Le Garde des Sceaux, qui s’était senti autorisé à exiger la plus ferme sévérité pour les "faucheurs", doit enfin comprendre que nous sommes encore en République, où existe la séparation des pouvoirs. C’est à la justice de décider, pas à lui.

Cette décision renforce la détermination des "faucheurs volontaires" pour continuer et accentuer leur résistance à la dictature des OGM, imposée par les firmes semencières avec la complicité de l’Etat, jusqu’à ce que celui-ci accepte enfin d’organiser un débat démocratique sur la question des OGM, un débat qu’il a jusqu’à présent refusé avec une obstination suspecte, au dépend de la démocratie et de la santé publique.

Le Collectif des "faucheurs volontaires"

Gilles Gesson, 15 décembre 2004