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Larzac : quelle suite ? Eviter les écueils habituels
Contrib’ trouvé sur Indymedia Lille (http://lille.indymedia.org). Les participantEs au Larzac ont promis qu’ils-elles ne s’arrêteraient pas là, que ce n’était que le début. Super, mais que va t-il se passer au juste ? Les mêmes « solutions » que d’habitude : grèves plus ou moins générales, manifestations plus ou moins unitaires, votes plus ou moins protestataire aux prochaines élections... ?, ou d’autres voies ? Il serait intéressant que les personnes qui sont vraiment dégoûtées par les systèmes actuels ou qui se posent sérieusement des questions ne tombent pas dans les culs de sac habituels. Le capitalisme, les Etats, les multinationales se contrefoutent des manifestations, fussent-elles de masse, qu’elles soient violentes ou pas. De plus, il n’est pas possible de changer vraiment de société par le processus électoral et les partis (ça se saurait). Il ne faut plus seulement manifester et se regrouper pour dénoncer tel ou tel aspect du système et se défendre contre telle ou telle aggravation de la gravité de la situation, il est temps de trouver d’autres voies et de les mettre en pratique, il est plus que temps de trouver des convergences et de dépasser les clivages et les peurs mutuelles. Quand les révoltés ne croiront plus aux partis ni aux syndicats, quand ils auront compris qu’ils ne vivent pas dans des démocraties, et que ces démocratures plus ou moins totalitaires ne peuvent pas évoluer progressivement, alors peut-être qu’un début de révolution non-violente sera possible, un début de construction d’une vraie alternative. Surtout s’ils ont compris qu’ils doivent évoluer profondément dans leurs mentalités mêmes, la révolution est d’abord intérieure et personnelle avant de pouvoir transformer les choses collectivement dans le sens de la justice et de la fraternité. Il ne faut plus se contenter de lutter contre, se limiter aux paroles justes et enflammées, aux zones autonomes trop temporaires. Il est grand temps, si on veut changer le monde, de passer à la pratique, et tous les jours, pas quelques jours par an dans une ambiance plus ou moins festive. La réflexion lucide, le partage, l’expérimentation, la rupture avec le système (capitalisme, sexisme, spécisme, racisme, esprit de compétition et de domination, propriété partout, égoïsmes, peurs, violences...), la liberté, l’ouverture... devraient être les lignes directrices de toute personne qui veut sincèrement changer les choses. Et en conséquence, il faudrait rechercher et pratiquer des formes de réseaux permanents, d’entraides, de systèmes d’échanges sur tous les plans qui aillent plus loin que les SELS ou des communications virtuelles, différentes sortes de communautés (petites ou grandes), des coopératives autogérées (salaire égal pour tous, démocratie dans les décisions...), multiplier les réunions, petites ou grandes, dans les rues ou dans les champs, etc... Plus les gens s’engageront en permanence, plus les choses pourront aller loin. Après il peut s’envisager des systèmes économiques parallèles, de plus en plus en rupture avec le capitalisme, des quartiers ou des villages qui font « sécession » et pratiquent le partage et la démocratie directe... Et puis il faudrait évidemment tisser des liens avec des mouvements similaires sur les autres pays et continents. La stimulation et l’action devraient être permanentes, sinon chacun reste dans son coin et retourne à ses affaires, et se retrouve complètement prisonnier du système existant et de ses diverses injonctions et contraintes, isolé et cerné par la violence, la laideur et le désespoir. Il faut privilégier cette sorte d’action révolutionnaire permanente au lieu de se contenter de tenter de faire face aux innombrables urgences et horreurs qui découlent du système actuel. Dans le réformisme et les luttes partielles, sectorielles, on est vite submergé. Tout est lié, si chaque personne change et vit différemment avec d’autres alors tout change, ce qui fait que le système compte moins d’adeptes et que les urgences et horreurs diminuent. Le problème n’est pas les excès du capitalisme, mais le capitalisme lui-même, ses violences et son aberration fondamentale. Le problème n’est pas les dérives ou les manques de nos « sociétés » que l’on nomme « démocraties », mais le fait qu’il ne s’agit que de fausses démocraties, des totalitarismes plus ou moins softs qui se donnent des apparences trompeuses et jouent sur le fait que c’est souvent bien pire ailleurs. La démocratie reste à faire, une démocratie directe qui commencerait à l’échelle locale. La société reste à faire, une vraie société, pas une barbarie qui se ment et se cache sous divers masques. Il faut absolument poursuivre les prises de conscience pour que les cris de rage ne soient pas que des feux de paille, ne pas s’arrêter en route sous le poids de la vie et les promesses douceâtres des gouvernants, et se contenter de réformes plus ou moins subversives (qui sont de toute façon refusées ou édulcorées par le système). Il faudrait s’auto-organiser à la base, construire cette fois « hors » du système existant (c’est à dire hors des mentalités et pratiques de pouvoirs, de violences, de domination et de compétition), hors de cette mondialisation libérale meurtrière et fondamentalement injuste. Altermondialisation veut dire d’inventer enfin d’autres vies ensemble, MAINTENANT, et de les mettre en pratique MAINTENANT et manière PERMANENTE, pas quelques jours de ci de là, quand il fait beau et qu’il y a des concerts sympas. Quelques idées pour commencer : Bref, inventer tous les moyens pour se passer du système, pour vivre de manière solidaire, libre et égalitaire, pour commencer à édifier un autre monde sans rien attendre des pouvoirs et des gens d’en haut. Même si on est prisonnier du capitalisme, c’est possible dans une large mesure, il existe des tas de failles, et nos esprits ne sont toujours pas enfermés. par : anonymous ( Gabriella ) mercredi 13 août 2003 P.S. Article provenant de http://lille.indymedia.org/article....
Auteurs divers, 15 août 2003
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