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Carnet de voyage N°4
Altermondialisation : une définition ? Pas la seule... On admet volontiers que les langues varient, tout comme les rites de politesse, les coutumes et les religions. Admettons-nous qu’il en soit de même pour la morale ? Ainsi sous le cercle polaire il est considéré comme normal le meurtre d’un ennemi personnel mais il est considéré comme absurde de partir en guerre et de tuer des inconnus. Certaines tribus indiennes de Californie étouffaient les vieillards, les habitants des îles Fidji, eux, les enterraient vivants. On peut penser que dans toutes les sociétés il existe un "bien" et un "mal", parce qu’une société ne peut pas se passer de ces valeurs. Si les hommes devaient céder toujours à la peur, si la seule violence régissait leurs rapports, s’ils ne respectaient aucun contrat et étaient incapables de la moindre générosité, même une société de brigands serait impossible ! Même la Maffia respecte des valeurs. Seulement voilà : si les termes sont les mêmes, leur sens sont loin d’être identiques toujours et partout. Ainsi limitons nous au mot justice car il n’est pas de société sans justice. Partout, même les plus "injustes" ont besoin de la justice des autres. C’est le seul principe qui reconnaisse à chacun son dû. Il est alors question de savoir ce que l’on doit et à qui. Il est aisé de s’apercevoir que les sociétés européennes ont encore des difficultés à considérer que l’on doit les mêmes choses à l’homme et à la femme, qu’il s’agisse de conditions de travail ou de rémunération par exemple. Ce que l’on doit est-il le droit de l’Autre ? Par exemple ceux qui rejettent les droits de l’homme au nom des droits de Dieu tolèrent-ils l’attitude contraire ? Notre culture occidentale moderne se caractérise par le pouvoir de mettre en cause, trait spécifique de l’époque, générosité ou masochisme ? La vie moderne tend à nous épargner toute espèce de souffrance et multiplie les analgésiques et les tranquillisants, même médiatiques. Ainsi est-il du droit de l’enfant de s’entendre sans cesse dire "fais attention" ? A trop s’enfermer dans une défense peureuse et haineuse, des parents enferment leurs enfants, des maris leurs femmes et une société tourne le dos à ce qui fait la valeur de sa culture : pouvoir changer sans se renier, s’ouvrir sans périr. Chez la plupart, la tolérance ne porte que sur des différences qui ne dérangent personne. On peut aisément imaginer que ces réflexions ne concernent que de lointains pays, en voie de développement, se situant au seuil de la pauvreté. Que penser alors de la conduite à gauche en Grande-Bretagne, des breakfast, ou du processus de paix en Irlande ? Comment concilier la structure familiale en Italie du Sud avec celle qui existe en Suède ? L’Espagne, l’Autriche, la France portent autant de contradictions que le Sénégal avec ls Etats-unis si l’on veut bien les remarquer. Les différences régionales sont parfois tout autant impressionnantes. Voyager en Europe ne prend que quelques heures mais demande les mêmes qualités d’adaptation que n’importe quelle destination à la surface du globe. Communiquer avec son voisin c’est déjà partir très loin et le voyageur se reconnaît là. Le voyageur partage, échange, communique à chaque instant de son existence. Il n’a jamais l’impression de savoir, de tout connaître. Dès qu’il sort de chez lui, il sait qu’il a tout à découvrir. De cet état d’esprit peut naître le possible d’un autre monde, une altermondialisation qui se pésente à nous, tous uniques, tous citoyens Européens, tous citoyens du Monde, tous voyageurs. Benoît COMTE Sociologue
cbenoit, 17 août 2003
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