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Autres courts textes qui disent NON à la constitution européenne |
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Une autre série d’articles concernant divers aspects de la constitution européenne suscités par des échanges sur le site officiel de ladite constitution.
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La constitution de toutes les revanches
La constitution qu’on soumet à notre approbation, c’est le parachèvement d’une longue et patiente construction néolibérale. D’abord purement théorique, le néolibéralisme de l’école de Chicago est peu à peu devenu le néolibéralisme réel tel que nous le connaissons partout. Les dates importantes sont 1973 avec Pinochet, 1980 avec Reagan et Thatcher, 1983 avec Fabius/Delors, 1991 avec Eltsine, etc.
En 1966, De Gaulle sortait la France du commandement intégré de l’OTAN et parachevait l’indépendance de la France vis à vis des État-Unis... La constitution qui soumet toute l’Europe à l’OTAN peut être vue comme la revanche des impérialistes étatsuniens...
En 1944, le Conseil National de la Résistance a élaboré le système de protection sociale qui sera adopté à la Libération, adopté sans problème parce que les adversaires naturels de ce projet étaient soit planqués, soit en prison pour affairisme avec l’ennemi... La constitution qui signe la fin du système de protection sociale français peut être vue comme la revanche du patronat collabo...
En 1905, la France se dotait de la loi de séparation de l’Église et de l’État qui parachevait la construction législative de la laïcité à la française... La constitution nous ramène le communautarisme anglo-saxon, la liberté religieuse sans limite, j’ai même lu que le drapeau européen serait lui-même une représentation catholique... La constitution peut être vue comme la revanche des calotins...
La construction du mouvement syndical de la fin du XIXe et du XXe siècle a imposé des conditions de travail et de salaire décentes... La constitution qui nie le droit du travail au profit du capital et de la rente, peut être vue comme la revanche du XIXe siècle et des maîtres des forges...
On peut même aller plus loin... En 1789, les privilèges étaient abolis, ouvrant la voie à une construction égalitaire de la société française. La constitution, en établissant les principes qui vont détruire le service public d’éducation, en préservant les paradis fiscaux, va rétablir l’hérédité des situations. Cette constitution peut-être vue comme la revanche du XVIIIe siècle...
Quant au Moyen-âge, voire plus loin, peut-être que sa revanche est dans la primauté que la constitution accorde à la chose économique par rapport à l’environnement, à l’écologie.
Le côté mortifère de la constitution européenne
La lecture de certains passages du texte de la constitution européenne laisse une drôle d’impression, comme si le futur de l’Europe livrée au néolibéralisme sans limite qui serait constitutionnalisé par ce texte était écrit par petites touches... J’ai relevé quatre thèmes :
1) le terrorisme. Les mot et expressions "terrorisme", "menace terroriste", "attaque terroriste", "prévention du terrorisme" apparaissent dans 6 articles : I-43, III-160, III-271, III-276, III-309, III-329. (la fraude, elle, n’est évoquée que 2 articles : I-53, III-415.) La solidarité entre États membres, l’harmonisation sont exigées pour lutter contre le terrorisme, c’est même le seul cas où l’harmonisation n’est pas interdite... Comme si l’avenir de l’Europe passait par le terrorisme. Pourquoi ? Est-ce parce que l’absence de démocratie effective, la misère, la tolérance des religions et sectes les plus exaltées vont à coup sûr générer le terrorisme ?
2) le droit à la vie. Dans l’article II-62 : "Toute personne a droit à la vie". Ça paraît bien de prime abord. Jusqu’alors c’était implicite, aucune des Constitutions françaises ne mentionnent ce droit, même les droits de l’homme et du citoyen de 1789. Ce qui est gênant, c’est que ce "droit à la vie" est un vocable utilisé uniquement par les furieux anti-avortement. Comme la constitution ne mentionne pas le droit à l’avortement (ni à la contraception, ni au divorce), on sent venir une société dirigée par les intégristes...
3) la peine de mort. Le même article II-62 : "Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté". Parfait, très bien. Mais, dans la déclaration 12 concernant les explications relatives à la Charte des droits fondamentaux, on trouve cette explication à l’article 2 : "(...) La mort n’est pas considérée comme infligée en violation de cet article dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu absolument nécessaire : (...) c) pour réprimer, conformément à la loi, une émeute ou une insurrection. (...)". La constitution prévoit aussi les émeutes... des émeutes de la faim ?
4) le droit à la liberté. L’article II-66 : "Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté". Très bien. Mais, toujours dans la déclaration 12, à l’article 6, on trouve cette explication : "(...) 1. Toute personne a droit à la liberté et à la sûreté. Nul ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants et selon les voies légales : (...) e) s’il s’agit de la détention régulière d’une personne susceptible de propager une maladie contagieuse, d’un aliéné, d’un alcoolique, d’un toxicomane ou d’un vagabond ; (...)". D’un vagabond, vous avez bien lu. La constitution ni ses annexes ne définissent ce qu’est un vagabond. Un chômeur privé de ses allocations pendant un certain temps peut-être ? En route vers l’ostracisme social, vers les camps de relégués sociaux ? Ça fait froid dans le dos...
Nous ne voulons pas de cette horreur qui se dévoile aux hasards de quelques phrases. Votons NON pour donner un coup d’arrêt à cette dérive mortifère.
La paix, ça risque de ne pas durer
Les pères fondateurs ont fait l’Europe pour qu’il n’y ait plus de guerre en Europe...
La paix, ça risque de ne pas durer. Constitutionnaliser la concurrence comme seule valeur effective de l’UE aura des conséquences délétères. Concurrence entre individus et entre Etats membres. Avec la libéralisation des services (Bolkestein), les travailleurs en concurrence, les chômeurs locaux et les nouveaux émigrés, vont se trouver physiquement en présence. Nous avons déjà l’exemple des foyers turcs qui flambent en Allemagne de l’est, les travailleurs suédois qui s’attaquent aux travailleurs immigrés lettons.
Le populisme, la xénophobie, le racisme vont prospérer là-dessus. Il y aura des Le Pen dans tous les pays européens. On n’aura plus la guerre de 14, certes, mais des sales luttes de sous-prolétaires, la haine, le racisme,les pogroms. La concurrence non contrôlée par l’État, celle qui est libre et non faussée, ça conduit à la guerre économique. Et dans guerre économique, il y a guerre.
Ce n’est pas cette Europe que je veux. Je veux l’Europe de la coopération et de la solidarité. C’est pour ça que je vote NON.
L’Europe a été une malade bien-portante pendant 30 ans
C’est vrai que, depuis 1957, le traité de Rome porte inscrite en lui la concurrence néolibérale. Il faut noter que Pierre Mendès-France a été à l’époque un des seuls à dénoncer cette consubstancialité. C’est vrai aussi que le traité de Rome n’a empêché ni le keynésianisme gaullien, ni les nationalisations de 1981-82. Peut-on dire pour autant que le néolibéralisme de l’Union européenne ne sera pas un obstacle à des politiques plus sociales, plus solidaires ? Non, bien sûr que non.
Le néolibéralisme européen, c’est un virus qui est resté inactif, à l’état d’incubation pendant 30 ans... L’Europe était malade mais ne le savait pas. Depuis, le virus s’est réveillé et bien réveillé... L’Europe est malade maintenant et dégénère vers son agonie.
Ce virus se soigne par le gigantesque coup de pied au cul que la démocratie peut donner aux élites pathogènes... Votons NON.
Cette constitution mérite mon pied dans le recul
Les partisans du NON savent bien que ce qu’il y a dans la constitution est déjà dans le traité de Nice pour l’essentiel. Ils savent bien les petites avancées et les gros reculs... (cette constitution mérite mon pied dans le recul).
Mais ce n’est pas parce qu’on y est déjà dedans qu’on est obligé de dire qu’on en est content en votant oui, en constitutionnalisant tout ce qui nous déplaît. Au contraire, c’est la dernière occasion de dire NON. Ne la laissons pas échapper.
Les mots néolibéraux pour le dire
Les néolibéraux ont presque tout gagné face à l’impéritie munichoise de la social-démocratie. Cette constitution qui constitutionnaliserait les politiques libérales (comme le réclament les économistes libéraux Kydland et Prescott depuis 1977), serait le parachèvement de leur oeuvre... c’est le dernier moment pour les arrêter !!
Les néolibéraux ont une arme redoutable, ce sont les mots. Leurs slogans ont l’apparence, le son du bon sens, du bon sens populaire. (Raffarin est le parfait vecteur de ce faux bon sens, il a une tête à avoir de la boue aux chaussures et il cultive ce personnage). À mon avis, le slogan le plus efficace que les néolibéraux ont utilisé, c’est au moment de l’attaque sur les retraites :"la population vieillit, il faut réformer le système des retraites par répartition..." Le mouvement social, les syndicats se sont défendus sur ce terrain, sur le terrain comptable... et nous avons perdu. Car la bataille des retraites, nous l’avons perdue, non ?
Pour la constitution, il y a aussi du faux bon sens qui fleurit. Dans les réunions publiques, j’entends souvent l’argument ouïste suivant : "la construction européenne se fait à 25, tous les pays ne sont pas au même niveau de services publics, de protection sociale, de droit du travail, etc. Il faut faire des concessions, on ne peut pas tout garder, etc." C’est-y pas du bon sens ça Madame ? Bon, on s’en va négocier avec nos 24 partenaires, qu’est-on prêt à abandonner au nom de ce bon sens ? La laïcité parce que certains ne sont pas laïques ? Les droits des femmes parce que certains n’ont pas encore fait leur évolution féministe ? Notre protection sociale parce que la Pologne, la Lituanie ? Le droit du travail parce que les mêmes et d’autres ? Quoi d’autres ? Les Services publics ? au fait pourquoi les services publics ? Bon, voilà,nous sommes prêts à tout lâcher dans la négociation parce que nous sommes pragmatiques, sérieux, réalistes, socialistes de gouvernement... C’est presque fait, il suffit de dire oui à la constitution euopéenne,..
Face au faux bon sens des slogans, je ne connais qu’une seule parade, parler de valeurs et d’éthique. Si nous avions fait ça pour les retraites, si nous avions opposé l’absolue nécessité de solidarité générationnelle au lieu de nous perdre dans l’argumentation économique, nous n’aurions peut-être pas été battus...
Pour la constitution voilà ce que je réponds quand un ouïste s’aventure sur ce terrain des "nécessaires compromis" : Ce que nous nous apprêtons à abandonner, à donner sans compensation (si ce n’est d’être à 25), qu’est-ce que c’est ? Notre protection sociale, notre droit du travail, certaines des valeurs fondatrices de notre République, les droits des femmes, etc. D’où nous viennent ces droits et ces valeurs ? Principalement des luttes ouvrières et paysannes du XIXe siècle et du XXe siècle. Pour notre protection sociale, ça nous vient même tout droit de la Résistance, du Conseil National de la Résistance et du Général de Gaulle qui l’ont imposée à la Libération. Tout ça représente des années et des années de luttes, des grèves, des privations, des combats, des morts. Des gens sont morts pour que nous ayons tout ça. Et nous, nous allons le jeter aux poubelles de l’histoire, avec désinvolture ? Pour avoir quoi en échange ? Une Europe dont la seule valeur effective est la concurrence...
Pauvres de nous, nous sommes prêts à trahir nos parents, nos grand-parents pour une Europe que nos enfants et nos petits-enfants nous reprocherons à jamais d’avoir acceptée...
Ne soyons pas la génération de tous les renoncements, de toutes les trahisons, de toutes les collaborations, pensons à nos aînés, levons-nous et disons NON. NON, maintenant, ça suffit.
En cas de oui, Bolkestein trouvera une assise constitutionnelle
Du point de vue juridique, les directives du style Bolkestein s’accomodent parfaitement des traités actuels. La preuve, si Jennar et l’Humanité n’avaient pas mis la lumière dessus, cette directive passait. (Pour le moment, elle est au frigo en atendant le 30 mai.)
La constitution ne s’oppose en rien à ce type de directives (qui deviendront des lois si la constitution est adoptée). Au contraire. Ainsi, la loi Bolkestein trouvera son assise constitutionnelle dans les articles : I-4 "Libertés fondamentales et non-discrimination", III-144, III6147, III-148, "Liberté de prestation de services", III-314, "La politique commerciale commune".
Une fois constitutionnalisé tout ce fatras néolibéral, ce sera dur de se battre contre. Mon conseil est donc, si vous n’êtes pas néolibéral par intérêt ou par idéologie, de voter NON.
La peur est dans la graphie du nom
La vraie orthographe du nom de l’ex-commissaire européen est Bolkestein. Que beaucoup l’appellent Bolkeinstein ou Bolkenstein me semble symptomatique de la crainte inconsciente que cette Europe qui se construit dans le laboratoire idéologique des ultralibéraux, des "spin-doctors", génére des Frankenstein...
Tous les combats féministes
Tous les combats féministes qui ont abouti à l’égalité, au divorce, aux droits à la contraception, à l’avortement, Pchuitt... absents de la constitution, pas la moindre référence...
Par contre, le "droit de se marier" (II-69), "droit à la vie" (II-62) sont en bonne place.
Le "droit à la vie" n’apparaît dans aucune constitution antérieure. C’est en outre un vocable utilisé uniquement par les intégristes anti-avortements... Il va y avoir de la régression sur le front féministe si cette constitution est adoptée. On ne peut laisser faire ça. Votons NON.
N’est pas Chouard qui veut
Ce qui est très bien chez Chouard, outre la simplicité de son courroux et de sa démonstration, c’est sa bonne foi, son honnêteté, son style lumineux. Ce qui le met à l’abri des furieux ouïstes.
Mentir, c’est facile. Par contre, faire passer sa sincérité comme a réussi à le faire Ètienne Chouard, c’est exceptionnel. C’est ce qui explique le succès que son texte a eu et continue d’avoir. Je constate ça autour de moi, au travail et dans les réunions publiques...
(un accès de contrition m’oblige à ajouter CQFD)
Le maté et la constitution
Article III-226 : "1) Le marché intérieur s’étend à l’agriculture et au commerce des produits agricoles. 2) Sauf dispositions contraires des articles III-227 à III-232, les règles prévues pour l’établissement ou le fonctionnement du marché intérieur sont applicables aux produits agricoles. 3) Les produits énumérés à l’annexe I relèvent des articles III-227 à III-232. 4) Le fonctionnement et le développement du marché intérieur pour les produits agricoles doivent s’accompagner d’une politique agricole commune. "
Et dans les annexes : " ANNEXE I LISTE PRÉVUE À L’ARTICLE III-226 DE LA CONSTITUTION (...) CHAPITRE 9 : Café, thé et épices, à l’exclusion du maté (no 0903) (...)"
Mon inquiétude est la suivante : est-ce bien raisonnable d’écarter constitutionnellement le maté du champ d’application de la politique commune ? Si nous voulions réintégrer un jour le maté, il faudrait une convention, l’unanimité du conseil des ministres et l’unanimité des ratifications nationales...
Refusez cette constitution inique pour le maté, votez NON
PS : J’ai pris le maté comme exemple... Ça vaut bien sûr pour la démocratie, le progrès social, la puissance industrielle, etc.
L’exemple de l’Airbus
Certains ouïstes peu regardants sur la vérité historique se sont crus autorisés à glorifier l’Europe lors de l’envol du nouvel Airbus A380.
Très bon exemple l’Airbus puisqu’avec la constitution européenne, ce projet serait impossible maintenant à cause de l’interdiction des aides publiques, du budget ridicule de l’UE, etc.
Ce qui serait possible, c’est d’encourager la guerre économique entre plusieurs constructeurs européens... comme ça a été fait pour les opérateurs de télécoms avec les faillites que l’on sait.
Si on rêve d’une Europe puissance, il faut voter NON.
L’exemple anglais
Prenons l’exemple des Anglais qui disent toujours NON à tout. Ils sont isolés ? Que non point, ils ont au contraire toujours obtenu ce qu’ils voulaient.
Voici une citation de Robert Badinter parue dans le Nouvel Observateur du 19 juin 2003 : « Tout au long de la Convention, les représentants britanniques ont témoigné d’une habileté et d’une constance de vues conformes à la grande tradition diplomatique du Royaume-Uni. La recherche du consensus permettait d’ailleurs à la partie qui témoignait de la plus ferme volonté de s’assurer, en définitive, de la maîtrise du jeu, en usant avec art des concessions sur l’accessoire pour s’assurer de l’essentiel. [...] Il serait équitable de dénommer le projet de Constitution de l’Europe des Vingt-cinq « la Britannique », en hommage au talent diplomatique de nos amis anglais. »
Suivons l’exemple des Anglais, pour une fois, disons NON.
Les moutons noirs parlent aux cabris
Concernant l’isolement de la France qui résultera d’une victoire du NON, ce ne sera pas la première fois que la France montre le chemin. Sans remonter à 1789, on peut se rappeler Villepin à l’ONU se dressant contre les Américains va-t-en-guerre. Ça avait de la gueule non ? Elle pouvait sembler isolée la France, isolée des autres gouvernements avant que l’Allemagne et la Russie ne la rejoignent, mais pas isolée des peuples, rappelez vous la gigantesque manifestation mondiale du 15 février 2003. Il ne faut pas se focaliser sur les états-majors des partis et des syndicats, sur les élites, ce qui est important, c’est la base, c’est le peuple. (voir l’excellent livre de Raoul-Marc Jennar, "La trahison des élites").
Concernant la nécessité d’Europe, ça vaut le coup de réfléchir un instant. Quelle Europe voulons-nous ? L’Europe pour l’Europe, ça ne veut rien dire. C’est pourtant l’Europe pour l’Europe que mettent en avant les ouïstes quand ils reprochent aux nonistes de vouloir arrêter la construction européenne. De Gaulle les aurait moqués par son célèbre : "il ne suffit pas de crier l’Europe, l’Europe, en sautant comme des cabris". L’Europe à n’importe quel prix, c’est quoi ? En 1940, avec de telles ambitions, on eût bien accueilli les armées allemandes puisqu’elles faisaient l’Europe, en quelque sorte. On eût voté les pleins pouvoirs aux chefs collaborationnistes... Aujourd’hui, qu’est-ce que ça veut dire l’Europe à n’importe quel prix ? Les pères fondateurs ont voulu l’Europe économique parce que c’était le plus facile à construire. Le but premier était qu’il n’y ait plus de guerre. Ça a marché mais ça ne va pas durer. Si la construction européenne continue ainsi, sur des bases seulement économiques et seulement ultralibérales, si la valeur de Concurrence est constitutionnalisée, concurrence entre les individus et entre les États membres, c’est la lutte de tous contre tous qui est sacralisée au détriment des valeurs de coopération et de solidarité. Avec une telle construction, avec des Bolkestein aux commandes qui exacerbent la concurrence entre travailleurs qu’ils mettent par ailleurs en présence physiquement, c’est la xénophobie qu’on encourage, c’est des Le Pen qui vont fleurir dans tous les pays européens, ce sont des foyers de travailleurs émigrés qui vont flamber comme en Allemagne de l’Est, ce sont des des pogroms à venir, c’est l’horreur recommencée. La guerre économique, c’est une variété de la guerre. Si mon NON peut arrêter ça, je suis heureux.
Concernant l’avancée de la constitution par rapport au traité de Nice, c’est tout simplement faux, c’est de la propagande. Certains ont vérifié que les majorités qualifiées étaient plus faciles à obtenir avec Nice. Idem pour les coopérations renforcées. (sur le site d’Attac, c’est bien expliqué dans le document "10 mensonges et 5 boniments"). La charte des droits fondamentaux n’est qu’une pub mensongère, il n’y a rien de contraignant là-dedans. En plus, dans la constitution, il y a des vrais reculs par rapport à Nice, les SIEG qui ne sont plus une valeur de l’Europe, la sujétion à l’OTAN, l’AMI qui revient, etc. Donc, vous ne me ferez pas constitutionnaliser les politiques ultralibérales en échange d’un mensonge, d’un mirage. Mieux vaut Nice que la constitution.
Concernant Attac et son instrumentalisation, c’est un point de vue. Moi, je crois que c’est plutôt l’inverse, les idées d’Attac pénètrent les partis et les syndicats, ce n’est pas de l’instrumentalisation, c’est la raison d’être d’Attac. Le combat d’Attac pour les Services publics, comme celui de la Fondation Copernic, a 2 dimensions : 1) la défense des Service publics contre les privatisations 2) leur amélioration en interne, pour qu’ils soient plus efficients pour le contribuable et pour l’usager. Cette amélioration devrait atténuer les critiques les plus poujadistes à leur encontre.
Concernant les grands rassemblements à Porto Alegre ou ailleurs, la critique est recevable et largement formulée à l’intérieur du mouvement social et altermondialiste. Ces rassemblements vont s’arrêter, pour des raisons de coût et de cohérence écologique.
Le NON porte l’espoir d’un coup d’arrêt au libéralisme
Le NON porte l’espoir d’un coup d’arrêt au libéralisme effrenné. La France se retrouvera au centre de l’Europe, un rôle historique qu’elle sait bien tenir. Tenez, la dernière fois où ça s’est produit, c’est lors du beau discours de Dominique de Villepin à l’ONU, contre la guerre en Irak. (il y a du bon parfois chez l’imprévisible Chirac, pas comme avec ce prévisible Jospin qui nous aurait envoyé des soldats en Irak). La France a-t-elle été isolée ? Non, Elle avait la majorité des gouvernements de l’Europe contre elle mais elle avait les peuples d’Europe avec elle. Et avec notre NON triomphant, ce sera pareil, nous aurons les peuples d’Europe avec nous.
Grandeur et servilité du journaliste
Ce matin sur France Inter, dans un flash d’info, on a eu droit à de larges extraits d’un meeting de Cohn Bendit dont la journaleuse avait préalablement vanté l’humour. Il a raillé Mélanchon et Emmanuelli et ceux qui votent NON, il a fait l’apologie de cette merveilleuse constitution. Et rien pour lui donner la réplique. Peut-être que le CSA comptabilise tout ça, peut-être pas. C’est agaçant la servilité des journalistes. Mais certains expliquent que ce sont les rédacteurs en chef qui contrôlent tout ça, que le journaliste de base n’est servile que par crainte du chômage. Si le NON l’emporte, peut-être qu’il y aura un grand appel d’air frais dans cette profession...
La politique de Raffarin/Chirac et le référendum sont liés
La politique de Raffarin-Chirac (et aussi celle de Jospin-Chirac) est en parfaite adéquation avec la construction européenne. Il n’est donc pas stupide de lier l’appréciation de cette politique avec le référendum. Si vous contestez la politique du gouvernement français, il vaut mieux ne pas constitutionnaliser ces politiques, donc il faut votre NON.
Autre chose, plus franco-français. Si vous ne voulez pas que Chirac interprète une victoire du OUI comme un plébiscite gagné de sa politique et profite des 2 ans qui lui restent pour finir de casser tout ce qu’il reste de social, alors il vaut mieux voter NON et lui infliger sa 3ème baffe électorale. Peut-être que ce coup-là, il comprendra. Mais c’est pas sûr, il faudra de la pression sociale aussi...
La Constitution de 1958
Voici une Constitution immédiatement compréhensible par la quasi-totalité d’un électorat, celle de 1958, on peut la trouver sur ce site www.legisnet.com.
Voici ses premiers articles, c’est non seulement compréhensibles mais c’est beau.
"Article 1er : La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
Titre I - De la Souveraineté. Article 2 : La langue de la République est le français L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L’hymne national est la Marseillaise. La devise de la République est Liberté, Egalité, Fraternité. Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple."
Cette belle Constitution de 1958 fait une vingtaine de pages (contre 850 pages qu’on nous demande d’approuver pour l’européenne). Quand on ne comprend pas le texte qu’on nous demande d’approuver, le réflexe salvateur est de voter NON.
Le 21 avril 2002, c’est le néolibéralisme qui a été sanctionné
Le 21 avril 2002, on a cru que c’était Jospin qui avait perdu, mais c’est le néolibéralisme qui a été sanctionné. L’irruption de Le Pen a faussé l’analyse...
Les élections suivantes, toutes perdues par la droite au pouvoir a redonné l’espoir aux socialistes de la Place des Vosges... Espoirs vains.
Ce coup-là, avec leur alliance sur un même texte avec l’UMP et le MEDEF, ils ne vont pas être déçus du résultat. C’est vrai que le mot socialisme, c’est un peu galvaudé. Hollande est socialiste comme Guy Mollet était secrétaire général de la Section Française de l’Internationale Ouvrière...
Remettre à l’endroit ce que le libéralisme a fait fonctionner à l’envers
1) si on enlève la partie III au texte, ça redevient une constitution à peu près potable, pas terrible mais bon, je crois qu’elle serait votée sans problème. Comme les politiques n’ont rien à faire dans une constitution, ce serait une façon simple de continuer.
2) maintenant que le débat est lancé, l’idée 1) ne me parait plus la meilleure pour avancer. Je sens que l’espoir, la dynamique, les idées sont portées par le NON et que le camp du OUI se nécrose, à l’image des pioupious socialos-ouïstes qui sont en première ligne et qui dépérissent. Le NON à la constitution sera un vrai événement fondateur, un coup d’arrêt au libéralisme effréné. Si ce NON vient de la France, c’est quasiment symbolique. Il faut savoir que beaucoup de pays ne ratifient pas la constitution par référendum et qu’à cet égard, le peuple de France a une mission particulière, "au nom de l’Europe" pour dire NON.
Concrètement, si le NON l’emporte, c’est ennuyeux pour Giscard, Chirac, Raffarin, Hollande, Strauss-Khan, Seillières et toute la bande. Pas pour l’Europe. Il faudra écrire une autre constitution, pourquoi pas avec une assemblée constituante, d’ailleurs. On a le temps, les traités actuels sont là. Pour reprendre la device de la Fondation Copernic, la victoire du NON pemettrait de "remettre à l’endroit ce que le libéralisme a fait fonctionner à l’envers".
Mendès-France, le marché et la démocratie
Pierre Mendès-France est intervenu à l’Assemblée Nationale le 18 janvier 1957 lors du débart sur le traité de Rome. Voici ce qu’il a dit :
"Le projet du marché commun, tel qu’il nous est présenté, est basé sur le libéralisme classique du xxe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes. L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale."
En 1957 ! Sacré visionnaire... Il avait prévu la Commission, la BCE, peut-être même la Convention giscardo-golpiste... Car nous y sommes... presque...
La démocratie, ça s’entretient, ça se bichonne, il faut s’en occuper, il faut que les hommes politiques fassent leur boulot. Si on l’abandonne au marché, la démocratie, elle meurt... Pour que revive la démocratie, votez NON...
Il faut considérer la constitution comme un tout, dans sa solennelle importance
On ne nousdemande pas d’approuver que les changements entre le texte de Nice consolidé et le texte de la constitution. Ce qu’on nous propose, c’est l’ensemble du texte et ses annexes (850 pages). Quand on me pose une question par référendum sur une constitution, je la lis, je me renseigne, je me fais mon idée et si la constitution dans son ensemble ne me plaît pas, je vote NON. Pourquoi irai-je me prononcer sur le différentiel d’avec Nice alors que c’est tout le texte qui veut être constitutionnalisé ?
En fait, on nous demande d’approuver DÉFINITIVEMENT les politiques libérales de l’UE. Ce n’est pas rien. C’est à la fois solennel et très important... Plus important que les élections françaises qui suivront si cette constitution était approuvée... Car ces élections, subséquemment, ne serviraient plus à rien...
L’enthousiasme européen sera là à danser et à chanter
Je suis bien d’accord que l’Europe a besoin d’enthousiasme. Enthousiasme pour une Europe forte face aux Etats-Unis, une Europe de grands projets, de grands travaux, une Europe soucieuse de l’environnement et qui montre la voie, enthousiasme pour une Europe des peuples, de la solidarité, de la fraternité, de la Paix, une Europe sociale, une Europe de services publics. Enthousiasme pour une Europe démocratique, une Europe des Peuples souverains...
Au lieu de ça, la constitution nous propose un nain économique, un nain politique, le pouvoir aux instances économiques non-élues, la destruction des services publics dans un désert social. Cette constitution interdit sa propre modification, c’est un coup d’état rampant. Cette constitution ne promeut comme valeur effective (ce qui est dans la partie III) que la concurrence. Elle porte en germe toutes les violences que génère la concurrence constitutionnalisée. Cette constitution, c’est la guerre économique totale, c’est la guerre de tous contre tous, c’est la guerre...
Il faut la rejeter. Il ne faut pas casser le rêve européen. Et cet acte est en soi porteur d’espoir, d’enthousiasme même. Si le NON l’emporte de manière éclatante, vous verrez que l’enthousiasme européen sera là à danser et à chanter le soir du 29 mai à la Bastille...
La constitution européenne ne promeut que le mercantilisme
Belle audace que d’affirmer que le texte de la constitution ne promeut pas le mercantilisme. C’est bien dans la rhétorique libérale, affirmer des énormités avec l’air sûr de soi...
Or, ce texte ne promeut que ça (avec la stabilité de la monnaie). Ce forum déborde d’exemples dont le plus caricatural est à l’article III-131 qui protège "le fonctionnement du marché intérieur", même en cas de guerre...
Une constitution incompréhensible est forcément mauvaise
Il me paraît tout à fait sain de voter NON à un texte que l’on ne comprend pas... surtout quand on a quand même compris que ce texte serait irréversible... Ça s’appelle principe de précaution...
Le rejet d’un texte qu’on ne comprend pas n’est pas un "simple réflexe irresponsable"... c’est une attitude citoyenne cohérente et responsable...
Une constitution DOIT être comprise par tout citoyen normalement éduqué, directement, sans la médiation de juristes... Relisez la Constitution de 1958 et ses précédentes, vous comprendrez ce que je veux dire...
Et si à l’avenir, la politique de l’Union penche dans un sens social ?
Intrigué par le style de Monsieur Thibault, je suis allé consulter son oeuvre à l’adresse indiquée par Google. C’est intéressant comme une interview de Serge Dassault, ça renseigne sur les limites de l’argumentation.
Si notre expert en droit européen est toujours à l’écoute, pourrait-il faire acte de pédagogie en développant l’article suivant que je recopie de son rapport : "Le Traité constitutionnel pour une Europe sociale ou libérale ? Ni l’un ni l’autre... Une Constitution est un contenant et non un contenu. Ce sont les dirigeants politiques européens qui influent sur le contenu des politiques, et non les Institutions. Si à l’avenir, la politique de l’Union penche dans un sens libéral, ce ne sera pas dû à la Constitution. Cela s’expliquera par le fait qu’une majorité politique a émergé parmi les gouvernements européens, qui estime que les relations du travail relèvent uniquement du Marché. Le Traité constitutionnel pose un cadre au sein duquel se dessinera les orientations de la politique européenne." Ce qu’il dit est vrai "si à l’avenir, la politique de l’Union penche dans un sens libéral"...
Ma question est : "que se passera-t-il si à l’avenir, la politique de l’Union penche dans un sens social ?". Comment tous les articles de la partie III qui figent la politique de l’UE dans le dogme libéral pourront-ils être dépassés ?
Juste un marché ouvert aux quatre vents...
La constitution européenne ne pose ni les fondements d’une Europe fédérale, ni d’une Europe d’États-nations. Bien au contraire. Cette constitution est la négation des État-nations : "ARTICLE I-6 Le droit de l’Union. La Constitution et le droit adopté par les institutions de l’Union, dans l’exercice des compétences qui sont attribuées à celle-ci, priment le droit des États membres." (Ce qui est normal pour une constitution européenne).
Mais cette constitution ne pose pas pour autant les fondements d’une Europe fédérale. Tout le contraire même. L’Europe politique se lie les mains par les articles de la partie III dans les domaines économiques (indépendance de la BCE, interdiction d’emprunter), diplomatique (unanimité requise pour les affaires étrangères), social (interdiction d’harmoniser), fiscal (interdiction d’harmoniser), militaire (sujètion à l’OTAN)...
Tout est écrit pour qu’advienne le règne sans partage du seul marché où "la concurrence est libre et non faussée".
L’Europe est ainsi constitutionnalisée comme un marché, juste un marché. Plus de nations, pas de fédération, l’Europe sera une "zone géographique" ouverte aux transnationales... La fin du rêve... Pour le contentement des États-Unis qui resteront la seule puissance de la planète...
Inmodifiable pour aller vers une Europe plus sociale
Peut-être faudrait-il être plus précis quand nous disons que la constitution sera inmodifiable... Elle sera inmodifiable pour aller vers une Europe plus sociale, plus politique, plus fédérale, pour aller vers une Europe de la solidarité, des services publics, du plein emploi...
Parce que c’est vrai, que pour aller vers encore plus de marché, de concurrence, d’ultralibéralisme, ça a été possible et ça semble encore possible... malgré la règle de l’unanimité. Il suffit que les libéraux convainquent leurs compagnons de route sociaux-démocrates et socialistes... L’inverse ne se produira pas. Ce n’est pas parce que Jospin est capable de démanteler EDF à Barcelone qu’il faut espérer que le Grand Duché accepte une avancée contre les paradis fiscaux ou une harmonisation fiscale...
La pétition de Madame Royal
Madame Royal s’amuse à faire signer une pétition démago pour faire accroire que la démocratie participative arrive. Voici ce que je lui ai répondu :
Madame Royal, Je pense que vous perdez votre temps avec cette pétition. Elle ne peut aboutir que si elle agrée à la Commission (I-47-4). Peut-être que si vous pétitionniez pour avoir plus de libéralisme, par exemple pour une mise en oeuvre immédiate de la directive Jospin-Bolkestein, ça pourrait marcher...
J’espère qu’après avoir tout perdu, nos illusions, notre confiance, votre parti, votre honneur, vous allez perdre le référendum. Comptez sur moi, sur nous, pour toujours oeuvrer à votre défaite, à la défaite des sociaux-traîtres.
Une autre Europe est possible. Louis Amigo
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Louis Amigo
Création de l'article : 9 mai 2005
Dernière mise à jour : 8 mai 2005
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