Bilan 2005 et prévision 2006 : plus d’un million de morts en Europe à cause des produits chimiques
Communiqué de presse - 12 janvier 2006
Alors que les media ont récemment reparlé des près de 300 000 victimes du
tsunami de décembre 2004, pas un mot sur les plus d’un million de décès
annuels en Europe imputables aux effets toxiques des substances chimiques
et, donc, pour une large part, évitables. Plus de trois tsunamis ont
déferlé sur l’Europe en 2005 et, comme aucune mesure n’a été prise, au
moins trois autres ravageront le continent en 2006.
Ce chiffre n’est pas une exagération. Au contraire, le nombre de victimes
est probablement sous-estimé. Prenons la France comme exemple. 150 000
personnes sont décédées du cancer. On estime que 5 à 10% des cas sont dus à
une prédisposition génétique. 135 000 décès seraient donc dus aux facteurs
cancérigènes présents dans l’environnement, au premier rang desquels
figurent les produits chimiques. Depuis les années 1960, alors que ces
produits ont été massivement mis sur le marché, la courbe des décès par
cancer a pris l’allure d’une exponentielle. Toujours d’après les
statistiques officielles, près de 20 000 personnes sont décédées suite aux
effets secondaires de médicaments, le chiffre réel étant sans doute entre 2
et 3 fois plus important puisque ces statistiques ne recensent que les cas
aigus déclarés. 30 000 Français dont décédés en raison de la pollution de
l’air dans les villes. Une rapide addition et une règle de trois pour
calculer le nombre de victimes dans l’ensemble des pays de l’Union
européenne nous amènent à ce chiffre consternant d’un million. Et nous ne
parlerons pas de la souffrance des millions d’Européens non décédés mais
atteints de la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, d’asthme, d’allergies,
d’insuffisance hépatique ou rénale, de stérilité ou de malformations
génitales. On peut s’attendre à voir encore augmenter la violence des
tsunamis chimiques qui déferleront sur l’Europe dans les prochains 10 à 20
ans et ce, même si des mesures immédiates étaient prises. Si ces mesures
devaient tarder, l’espérance de vie ne pourra que diminuer et les personnes
en bonne santé seront des exceptions.
REACH, la future réglementation européenne visant à évaluer la toxicité des
produits chimiques est donc plus que nécessaire et urgente. Encore faut-il
que les tests qu’elle imposera soient fiables. Or, les tests courants,
surtout fondés sur l’expérimentation animale, ne fournissent pas de données
fiables sur la toxicité des substances pour les humains, en plus d’être
longs et chers. Sur les 100 000 substances qui devaient initialement être
testées, le coût des tests a déjà servi de prétexte pour n’envisager
finalement de tester que 12 000 substances. Est-il acceptable de continuer
à produire et à utiliser plus de 88 000 substances dont on ignore les
effets toxiques ?
Antidote Europe propose une méthode - la toxicogénomique - fiable, rapide
et peu coûteuse, qui permettrait de tester les 100 000 substances en moins
de 3 ans et pour seulement 1000 euros environ par substance. Une étude
publiée en novembre dernier a démontré la pertinence et les avantages de
cette méthode, mise en oeuvre pour tester 28 substances parmi les plus
présentes dans notre environnement. Le 17 novembre dernier, en première
lecture de REACH, le Parlement européen a admis la toxicogénomique parmi
les possibles méthodes de tests. Il faudrait à présent que les autorités
soient cohérentes et prennent les mesures nécessaires pour instaurer cette
méthode.
Antidote Europe est une association à but non lucratif créée par des
chercheurs issus du CNRS.
Contact : Claude Reiss (33 (0)1 64 86 58 24 / Hélène Sarraseca (33 (0)1 45 77 48 15
http://www.antidote-europe.org